Chapitre 16 - « Maman ? »
Viens.
Non.
Allez viens.
Je ne peux pas.
C'est faux, viens.
Je te jure que si tu me demandes encore une fois de venir Lucas, je te fais manger ton téléphone et on verra si tu peux le réparer cette fois.
Lucie soupira et posa son portable sur le bureau, face cachée. Son regard scanna le titre des livres qui s'empilaient à ses côtés, une grimace se dessinant sur les traits de son visage. Elle aurait vraiment dû en apporter plus, mais elle ne s'attendait pas non plus à devoir passer la moitié de ses vacances enfermée entre quatre murs.
Elle s'ennuyait de pied ferme. Après leur sortie de la veille et alors qu'elle était rentrée juste à temps pour ne pas que ses parents se rendent compte qu'elle leur avait désobéis, elle avait décidé de ne pas tenter le diable et de rester chez elle aujourd'hui.
Elle n'était pas non plus persuadée qu'il s'agissait de la bonne chose à faire, elle avait été très orale quant à son désaccord de rester enfermée pendant les vacances. Sa résilience risquait d'attirer l'attention, mais elle savait également qu'ils ne s'intéressaient pas assez à elle pour remarquer cette différence.
Dans tous les cas, elle était dans sa chambre et ne savait pas quoi faire. Personne n'était disponible pour lui tenir compagnie, Lucas essayait désespérément de la convaincre de venir le rejoindre et elle n'avait plus un seul livre à lire.
Lucie tournait donc en rond à chercher dans tous les recoins de la pièce une activité pour l'occuper. Malheureusement, sa quête était veine et elle n'était pas sûre de réussir à tenir toute la journée de cette façon.
Soupirant une nouvelle fois, elle tourna la tête vers la porte fermée qui la séparait du reste de la maison. Elle aurait très bien pu descendre dans le salon pour trouver quelque chose à faire, mais elle ne se souvenait pas avoir entendu ses parents partir.
Honnêtement, elle n'avait pas vraiment envie de les voir. Leurs expressions sérieuses et lassées dénotaient bien trop avec l'ambiance décontractée et enjouée des vacances et suffisaient à lui donner le cafard. Elle préférait éviter de s'infliger une telle torture autant que possible.
Elle jeta tout de même un coup d'œil à l'horloge accrochée au mur. Le matin était bien avancé, ils devaient forcément être partis au travail à cette heure-ci. Elle ne prenait pas beaucoup de risques à descendre maintenant.
Se levant d'un bond de sa chaise, la jeune fille s'empara de son téléphone et le glissa dans sa poche avant d'atteindre la porte en deux enjambées. Elle sortit de sa chambre et descendit les escaliers à pas feutrés, par peur de s'attirer les foudres de quiconque pouvait encore être présent si elle faisait trop de bruit.
De plus en plus convaincue qu'elle était seule, elle s'immobilisa brusquement en entrant dans le salon, son cœur ratant plusieurs battements.
Discrètement agenouillée devant le meuble télé, sa mère lui tournait le dos et ne semblait pas l'avoir entendu descendre. Lucie n'arrivait pas à voir ce qu'elle était en train de faire, mais quelque chose dans sa position la mettait mal à l'aise.
Outre le fait que ce n'était pas dans ses habitudes d'être à la maison à cette heure-ci, il l'était encore moins d'être à même le sol à farfouiller dans des meubles qu'elle n'approchait généralement pas. Son comportement ne lui ressemblait pas.
Elle n'avait pas la moindre idée de ce qu'elle était en train de faire, mais Lucie se sentait obligée de rester figer. Elle avait peur que, si elle tentait de retourner dans sa chambre, elle ferait du bruit et trahirait ainsi sa présence. Elle ne pouvait donc qu'observer sa mère, respirant le moins possible pour ne pas éveiller les soupçons.
La jeune fille ne se souvenait plus de ce qui était rangé dans ce meuble, elle n'avait pas encore eu l'occasion d'y jeter un coup d'œil depuis que la décoration avait été refaite. Peut-être s'agissait-il d'anciens dossiers que ses parents avaient gardés, c'était en tout cas l'explication la plus logique de ce qui pouvait attirer l'attention de sa mère de cette façon.
Et pourtant, quelque chose dans l'aura qui se dégageait d'elle lui disait que ce n'était pas le cas.
À la regarder accroupie ainsi, elle avait l'impression de s'introduire dans son intimité. Elle donnait l'impression d'être détendue, mais un sentiment de grande tristesse semblait l'envelopper. Cette sensation venait s'insinuer sous la peau de Lucie et remonter lentement le long de sa colonne vertébrale, laissant derrière elle des picotements presque douloureux.
Étrangement, elle se sentait attirée par sa mère comme si un aimant les reliait. Elle ressentait le besoin urgent d'avancer pour aller la regarder dans les yeux dans l'espoir d'y voir ce qu'elle pouvait ressentir à cet instant précis. Pour savoir si, elle aussi, en ressentait ce besoin.
Peu à peu, sans même qu'elle ne l'ait véritablement décidé, ses pieds firent un pas puis un autre, toujours aussi silencieusement, jusqu'à ce qu'elle se trouve au milieu de la pièce. Elle s'arrêta à seulement quelques mètres de sa mère, son cœur s'agitant à lui en couper la respiration.
« Maman ? »
Sa voix n'était pas plus élevée qu'un murmure, l'appréhension lui donnant des inflexions nouvelles, la peur d'un mot et d'une réaction.
Cela faisait longtemps qu'on ne s'était pas adressé à Catherine Collin de cette façon, tant qu'elle faillit ne pas réagir si ce n'était pour sa conviction d'être seule dans la maison. Elle sursauta donc en entendant la voix de sa fille, se retournant brièvement avant de se mettre à ranger ce qu'elle avait dans les mains.
« Oh Lucie, je ne t'avais pas vue. »
Cette dernière n'osait plus s'approcher, les yeux fixés sur sa mère dont les gestes étaient imprécis et maladroits. Elle se dépêchait de ranger les deux livres qu'elle tenait à la main, mais Lucie eut le temps d'apercevoir deux photographies avant qu'ils ne disparaissent dans le placard du meuble.
« Qu'est-ce que tu fais ? »
Mais elle secoua la tête et se releva, donnant également l'impression de s'essuyer discrètement les yeux avant de lui faire face. « Juste un peu de rangement, ça n'a pas été fait correctement lorsqu'on a refait la pièce. » Elle se racla difficilement la gorge et posa un regard inhabituel sur sa fille. « Qu'est-ce que tu fais ici ? J'ai cru que tu étais sortie. »
Lucie se balança inconfortablement d'un pied à l'autre, évitant de la regarder directement. « Je n'ai pas le droit de sortir. »
Sa mère ferma les yeux, se remémorant ce qu'il avait été dit la veille. « Tu devrais y aller, ton père ne rentre pas ce soir de toute manière. »
La respiration de Lucie se coupa. Il y avait quelque chose dans sa voix, une émotion sur laquelle elle ne pouvait pas mettre le doigt, mais qui provoquait en elle un élan de culpabilité. Elle allait à l'encontre de la décision de son mari, elle lui donnait l'autorisation de sortir justement parce qu'il ne rentrait pas.
Que se passait-il ?
Une vague d'émotions inconnues submergea Lucie. Les battements de son cœur cognaient contre sa cage thoracique et ses poumons ne prenaient pas le temps de s'étendre à pleine capacité. Elle ne comprenait plus ce qu'il se passait au fond d'elle, mais elle ressentait le besoin urgent de parler à sa mère.
« Maman, je- » Elle écarquilla les yeux, la panique s'emparant de son estomac. « J'ai un copain. Du lycée, vous l'avez déjà rencontré. »
Elle aurait pu garder cette information pour elle, elle ne savait même pas ce qui l'avait poussée à la partager, mais un poids s'enleva de ses épaules lorsque les mots quittèrent sa bouche. C'était un moment qu'elle rêvait de partager avec sa mère, pour que celle-ci lui donne des conseils ou simplement pour qu'elle participe à cette expérience avec elle.
Leur relation n'était pas propice à ce qu'elle lui en parle, mais, à cet instant précis, elle la sentait tellement vulnérable qu'elle avait besoin de se montrer elle-même fragile. D'avoir quelque chose qui les relie, qui les rapproche.
C'était bête et très certainement inutile, une bouteille lancée à la mer. Elle le regretterait, elle savait qu'elle le regretterait. Et pourtant, elle l'avait dit. Était-ce trop demandé de sa part de vouloir son aide, son soutient ?
« Tu- » Sa mère déglutit. Elle eut un petit sourire qui ne dura pas, ses yeux cherchant par tous les moyens à l'éviter. « Ne le dis pas à ton père, » finit-elle par dire, « il n'a pas besoin de le savoir. »
Lucie hocha la tête, la regardant une dernière fois avec plus de désespoir qu'elle ne l'aurait voulu, et tourna les talons pour remonter dans sa chambre. Arrivée en haut, elle s'empara de son sac avec ses affaires de plages et se précipita en bas pour sortir de la maison, sans plus croiser sa mère.
Le vent qui soufflait à l'extérieur lui fit l'effet d'un électrochoc. Elle se sentit happée, lui déliant ainsi l'accès de l'air à ses poumons. Elle ferma donc les yeux en s'arrêtant en bordure de propriété et prit plusieurs inspirations. Elle ne s'était pas rendue compte qu'elle étouffait à l'intérieur, ne parvenant plus à s'oxygéner correctement pour fonctionner correctement.
Lucie n'arrivait plus à réfléchir, elle n'entendait plus ses pensées et n'avait plus conscience du temps et de l'espace. Machinalement, ses pas la guidèrent jusqu'à la plage alors que ses yeux ne voyaient pas réellement ce qu'il se trouvait autour d'elle. Ou alors était-ce son cerveau qui n'intégrait pas l'information qui lui était transmise ?
Une sensation de vide l'accompagna tout au long du trajet, ralentissant ses mouvements et limitant sa capacité de jugement. Elle n'arrivait pas à déterminer si ce qu'il venait de se passer était réel ou s'il s'agissait simplement d'un fragment de son imagination.
S'était-elle endormie d'ennui et était-ce simplement un rêve ? Ou un cauchemar ?
Elle arriva sur la plage sans s'en rendre compte, marchant jusqu'à leur spot habituel. Ses amis devaient être là, ils s'étaient donnés rendez-vous il y a une heure. Ou alors était-ce hier ? Elle ne se souvenait plus.
Non, ils étaient bien là, juste un peu plus loin.
Plus elle s'approchait et plus la sensation d'écrasement qu'elle avait ressentie chez elle réapparaissait. Un poids se développait progressivement, partant de sa poitrine et se répandant jusqu'à son estomac, remontant lentement le long de son œsophage.
Elle avait l'impression qu'elle allait suffoquer.
Arrivée à quelques mètres de ses amis, Lucie s'arrêta, incapable d'aller plus loin. Elle ne pouvait plus bouger, se sentant bloquée dans son propre corps, incapable de bouger un seul muscle.
Lucas ne mit pas longtemps à la remarquer, un sourire venant éclairer son visage. « J'ai cru que tu ne pouvais pas venir. »
« Ma mère- »
Lucie tenta de parler, mais ses mots n'étaient pas audibles et sa respiration accéléra. Il n'en fallut pas plus au brun pour remarquer que quelque chose n'allait pas. Sautant sur ses pieds, il combla la distance qui les séparait, alerte.
« Qu'est-ce qu'il se passe ? »
Elle essaya de lui répondre, mais elle avait du mal à reprendre son souffle, sa respiration se bloquant dans sa gorge. Sa tête était sur le point d'exploser, ses yeux la brûlant et ses muscles commençant à trembler de manière involontaire.
Elle ne contrôlait plus rien. Son corps, ses pensées, sa réaction. Elle ne s'appartenait plus.
Son regard accrocha celui de Lucas et ce n'est que lorsqu'il la prit dans ses bras qu'elle craqua complètement. Les larmes coulaient le long de ses joues sans qu'elle puisse les en empêcher, incapable de dire ne serait-ce qu'un mot, et elle ne tenait debout que grâce à l'étreinte du garçon.
Ce dernier était complètement paniqué. Jamais il ne l'avait vu dans cet état, aussi vulnérable, aussi angoissée et terrifiée. Il l'avait eu au téléphone, elle était la Lucie qu'elle avait toujours été. Vive, cassante, rayonnante.
Maintenant, c'était comme si elle s'était laissée rattrapée par des mois de déni et il n'avait pas la moindre idée de ce qui l'avait déclenché. Il avait peur de la lâcher, peur que s'il le faisait, alors elle allait s'effondrer et ne plus se relever.
Fermant les yeux, Lucas resta silencieux et attendit. Le temps passa sans qu'aucun d'eux ne bouge, ignorant ce qui les entourait et l'inquiétude grandissante chez leurs amis.
« Je crois qu'il y a quelque chose qui ne va pas. » Finit par murmurer Lucie d'une voix si basse qu'il faillit ne pas l'entendre.
Elle resserra son étreinte, l'invitant à ne pas la lâcher, que le moment n'était pas encore venu. Au bout de quelques minutes supplémentaires, sa respiration se stabilisa, ses muscles arrêtèrent de trembler et son esprit s'éclaircit. Seulement, le vide et la douleur qui s'étaient installés au fond de son cœur persistaient.
« Elle était là, » murmura-t-elle en se reculant, mais Lucas l'empêcha d'aller trop loin, « elle regardait des photos d'avant que je naisse et de quand j'étais petite. Je ne l'ai pas vu avant car je ne me souvenais plus si elles étaient chez moi ou ici, mais- »
Lucie s'interrompit, sentant de nouvelles larmes couler sur ses joues. Elle les essuya d'un geste rageur, mais c'était inutile puisque d'autres faisaient leur apparition.
« Elle pleurait, elle n'a pas voulu que je le vois, mais je sais que c'était le cas. »
Elle ne ressentait pas la nécessité de préciser de qui elle parlait, elle savait qu'il avait compris. Secouant la tête, elle baissa les yeux vers le sol avant de le regarder à nouveau.
« Je n'ai pas pu lui parler Lucas. Je lui ai dit pour nous, je ne sais même pas pourquoi, mais je n'ai pas pu lui parler. Je crois- » Elle s'arrêta, coupée par un sanglot, et ferma les yeux. « Je crois que je n'en suis pas capable. »
Lucas fronça légèrement les sourcils. « Lucie tu ne peux pas- » Il essaya de trouver les bons mots, submergé par la dégradation subite de la situation. « Tu ne peux pas attendre de toi-même de lui parler aussi facilement après autant d'années sans, surtout lorsque vous n'êtes pas toutes les deux dans le bon état d'esprit. »
Il la chercha du regard, réussissant à capter son regard vert et brillant d'une lueur qui lui brisa le cœur. Il y trouva tout l'espoir qui sommeillait en elle et la blessure à vif qui y vivait depuis tout ce temps, mais qu'elle cachait si bien.
Mince, pourquoi est-ce qu'il n'avait pas réussi à l'aider plus tôt ?
« Ce qu'on te demande de faire est juste impossible pour une majorité des gens, soit clémente avec toi-même. » Lucas essuya la larme qui coulait lentement le long de sa pommette. « Ce qu'il s'est passé aujourd'hui est la preuve que c'est possible et que c'est ce que tu veux, même si ça va être dur. Prends le temps qu'il faut et fais-toi confiance. »
Lucie hocha doucement la tête prenant en compte ses paroles, mais toujours perturbée par ce qu'il s'était passé. « Je ne sais pas pourquoi je réagis comme ça, pour si peu en plus. »
« Parce que ça te tient à cœur, parce que tu as passé des années à rejeter l'idée d'une relation avec ta mère. Ne te jette pas la pierre Lucie, une crise de panique ne prévient jamais quand elle arrive. »
La jeune fille avait du mal à l'admettre puisqu'elle n'y avait jamais été sujette, mais elle savait qu'il avait raison. Elle avait été prise de court par sa mère et n'avait pas pu gérer le rush d'émotion que ça avait créé, entraînant chez elle une angoisse à laquelle elle n'était pas habituée.
Elle avait perdu le contrôle et son corps avait dû trouver une solution pour extérioriser. Lucie soupira et ferma les yeux, espérant que le vent allait emporter ses pensées et ses soucis.
« Je suis fatiguée. » Marmonna-t-elle, le bruit des vagues couvrant pratiquement ses paroles.
À ces mots, elle sentit Lucas s'éloigner, la forçant à rouvrir les yeux. Elle le vit prendre ses affaires, dire quelque chose à leur amis qu'elle n'entendit pas et le regarda la rejoindre et lui prendre doucement la main.
« Allez viens. »
Elle ne répondit pas et le laissa l'entraîner à sa suite, n'ayant ni la force, ni l'envie de lui demander où il l'emmenait. De toute façon, elle était prête à le suivre jusqu'au bout du monde.
Quelques minutes de marche plus tard, ils arrivèrent chez lui. La maison était vide, Marie et son père étant allés faire les courses, mais ils montèrent tout de même dans sa chambre pour être sûrs de ne pas être dérangés.
Lucas regarda sa copine se laisser tomber sur le lit, à bout de force. Il n'aimait pas la voir ainsi, la voir si fatiguée mentalement et émotionnellement parlant qu'elle préférait retourner s'enfermer à l'intérieur plutôt que de profiter du monde extérieur.
Il aurait aimé pouvoir prendre sa place, pouvoir la décharger de ce fardeau qui lui pourrissait la vie depuis bien trop longtemps déjà. C'était quelque chose qu'il voulait lui offrir, mais dont il n'avait pas la possibilité. Il aurait aimé pouvoir faire plus que de la rassurer avec de simples mots, il voulait en faire plus même s'il ne savait pas comment.
Jetant un coup d'œil à sa chambre, ses yeux se posèrent sur sa guitare. Après quelques secondes de réflexions, il alla s'en emparer et s'installa sur sa chaise de bureau. Ce n'était pas grand chose, mais il savait qu'elle allait aimer.
Calmement, il commença à jouer une mélodie douce et reposante, ses yeux naviguant entre ses mains et Lucie. Un petit sourire flottait sur les lèvres de cette dernière, venant effacer les vestiges de sa crise de panique et alors qu'elle avait les yeux fermés. Les rayons du soleil traversaient la fenêtre et venaient s'échouer sur sa peau, lui donnant un air angélique.
Au fur et à mesure des accords, il vit sa respiration se faire plus régulière jusqu'à ce qu'il soit sûr qu'elle s'était endormie. Il ne s'arrêta pas pour autant de jouer, passant d'une musique de sa composition à une musique qu'il savait qu'elle aimait.
Peut-être ne pouvait-il pas encore solutionner tous ses problèmes comme il le souhaiterait, mais il pouvait au moins être présent pour elle et essayer de lui changer les idées.
Et au final, c'était tout ce qui comptait.
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