STRAWBERRY

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Assis sur le banc de son parc préféré, Jisung regardait les enfants courir et le temps passer sans qu'il ne puisse écrire ne serait-ce qu'un mot. Peut-être, pensait-il, qu'observer le comportement de ses semblables lui donnerait de l'idée, une pointe d'imagination qui lui manquait, mais non. Rien de cela. Il n'y avait que des enfants pour se chamailler et faire peur aux créatures sauvages, des mères racontant les derniers potins à d'autres mères, ne surveillant même pas leurs enfants, et des adolescents venant probablement de terminer les cours. Aucun sujet n'était assez bien pour Jisung, aucun d'entre eux ne méritaient d'être exploités par ses soins. Aucuns ne méritaient de voir le jour par son talent.
Jisung avait des mains d'ors, comme aimait dire sa mère, et elles ne pouvaient être souillées par des clichés.

Jisung cherchait le meilleur.

Il avait essayé plusieurs endroits tout au long de la semaine. Lundi, il s'était retrouvé dans un fast-food. Mardi, c'est un restaurant plutôt chic. Mercredi, son fidèle bureau de chambre, et enfin, ce jeudi, il se retrouvait dans ce parc. Et plutôt que de se concentrer sur une soudaine idée qui pourrait apparaître, Jisung préférait penser à l'endroit qu'il pourrait emprunter le lendemain. Il fallait absolument qu'il trouve une idée avant après-demain, son histoire était à rendre pour la semaine prochaine et il savait que la terminer en une semaine serait rude et très difficile, alors, il n'avait plus le choix. Il devait trouver l'inspiration, il devait trouver une source remplie d'idées les plus créatives les unes que les autres, il devait trouvait une muse. Sa muse.

Il soupira, fermant son ordinateur d'un coup.

Son regard divagua sur les écureuils se battant, les cygnes majestueux mangeant, son reflet déprimant.

— Qu'est-ce que je vais devenir si je ne rends pas cette histoire à temps...

C'était important pour son avenir, s'il ne rendait pas ce travail à son supérieur dans les jours qui suivaient, il pourrait dire au revoir au futur métier de ses rêves, il pourrait dire au revoir à ce à quoi il a consacré ses cinq dernières années.

Les feuilles volaient au dessus de sa tête, et il pouvait s'imaginer quoi que ce soit avec, rien ne faisait un bon scénario.

Non, le parc n'était vraiment pas une bonne idée.

L'homme avait fermé les yeux un instant, profitant de l'air frai afin d'y respirer un grand bol. Il passait ses journées entières devant son ordinateur sans rien écrire, et ses yeux commençaient à se crisper tant il ne supportait plus cette lumière d'écran, de jour, comme de nuit.

Après quelques minutes, le releva son regard vers le parc, essayant de trouver dans un dernier espoir une idée qui pourrait surgir comme par magie. Mais toujours rien, son esprit restait aussi vide que lors de ses examens de mathématiques et Jisung savait que c'était définitivement peine perdue.

Alors, il prit son ordinateur portable et se leva. Il prit le premier bus pour rentrer chez lui et, une fois arrivé à son appartement, enleva ses chaussures et s'allongea de tout son long dans le lit où il passait ses nuits.

Sur internet, il tapa quelques questions idiotes et inutiles telles que « Comment trouver l'inspiration. », ou alors, « Plot Generator. » et même « Je m'ennuie. », il avait touché le fond.

— Qu'un dieu quelconque fasse que je trouve une idée, je vous en supplie... Avait murmuré Jisung tout doucement.

Mais malheureusement, Jisung n'était pas croyant aux miracles, et il ne pensait encore moins qu'un quelconque dieu, auquel il ne croyait sans doute pas, l'aiderait dans sa pauvre recherche.

Était-ce un mauvais tour qu'on lui faisait ? Lui qui avait toujours des milliers d'idées qu'il n'arrivait jamais à réaliser, lui qui n'avait jamais rendu un devoir en retard, lui qui n'avait jamais été autant embêté qu'aujourd'hui.

Soudainement, une notification sonna. Jisung en sursauta presque. Un de ses amis proches lui demandait quand est-ce qu'il comptait sortir de sa grotte, et Jisung fut presque déçu de constater que ses dieux imaginaires n'aient pas entendu ses pensées.

Voyant qu'il n'avait pas répondu dans la seconde qui suivait, son ami avait décidé de l'appeler, ce qui eu le don de faire rouler des yeux Jisung.

— Allô, Changbin ?

— Tu comptes sortir quand de t'as grotte Sung' ? Ça fait super longtemps qu'on t'a pas croisé.

— Si tu m'avais laissé le temps de te répondre tu aurais déjà ta réponse... Avait-il soupiré, exaspéré de son ami impatient. Je suis submergé par le travail en ce moment, désolé.

— Décroche un peu sérieux, t'es toujours planté le nez dans ton ordinateur.

— Trouve-moi une idée ou un lieu inspirant et je te laisse m'emmener où tu veux. Si j'arrive à boucler cette histoire à temps grâce à toi, je deviens ton ami à traîner dans tous les bars de la région.

Trouvant la proposition alléchante, Changbin avait réfléchi quelques instants afin de trouver une histoire un minimum à la hauteur des talents de son ami, mais rien. Changbin n'était pas un écrivain, loin de là, il était plus spécialisé dans les sports à roulettes et ça n'allait pas aidé son ami.

— Tu pourrais aller à la bibliothèque ?

— La bibliothèque, sérieusement ?

— Bah ouais, il y a pleins de bouquins pour se renseigner, tu trouveras sans doute un truc. Avait-il dit dans une nonchalance sans pareille. Ou alors tu recopies l'histoire de quelqu'un en la modifiant un peu.

— Ce n'est pas être auteur, c'est être voleur.

Changbin avait roulé des yeux, se fichant pas mal des droits d'auteurs tant que son ami pouvait de nouveau sortir avec lui et sa bande d'amis.

Alors, comme promis, Jisung s'était rendu à la bibliothèque le lendemain. Espérant y trouver son bonheur. Il s'y était prit à l'avance, venant dès l'ouverture à sept heures du matin, et il ne comptait pas repartir tant qu'une idée n'était pas apparue dans un coin de sa tête.

S'installant sur la table la plus éloignée de toute civilisation, Jisung avait sorti son ordinateur portable avant de se remette au travail, essayant encore par tous les moyens d'écrire quoi que ce soit. Dans un sens, il ne voulait pas donner raison à son ami, mais dans l'autre, trouver une idée là, maintenant, lui serait très utile.

Alors, il tapait des mots au hasard dans la barre de recherche. Il regardait de nombreuses vidéos sur YouTube, écoutait toutes les musiques de sa playlist, mais rien n'y faisait.

Il avait le total syndrome de la page blanche.

Une heure avait passé, puis deux, trois et bientôt une dizaine. Il n'avait pas quitté sa chaise, il ne s'était pas levé pour voler une histoire dans un des nombreux romans présents à ses côtés, il n'avait rien fait de tout cela. Il attendait simplement que le temps passe.

Tip, tap, toup.

Trois tapotements se firent entendre sur le bois de la table de Jisung.

— Qu'est-ce que tu fais ? Pourquoi ça te prends autant de temps ?

Il releva le regard vers un jeune inconnu aux cheveux orangés qui lui souriait. Mais lui, ne souriait pas du tout. Il n'avait pas besoin d'être interrompu dans sa recherche, et encore moins par un impoli jeune homme.

— J'écris un livre, j'ai besoin de concentration. Avait marmonné Jisung en sous-entendant à l'homme de partir.

Mais au contraire, la petite orange avait tiré une chaise sous la petite table et s'était assis en face de lui.

— Moi aussi j'écris, beaucoup même ! Je suis un grand auteur à succès mais je me cache derrière une identité secrète pour qu'on ne puisse pas me reconnaître.

Un menteur en plus de cela, Jisung n'avait décidément pas de temps à perdre avec un gamin de ce genre.

— Une fois, j'ai raconté l'histoire de mes parents disparus en mer. Ils avaient payé une croisière de luxe pour leur trentième anniversaire de mariage, mais leur bateau a coulé tragiquement après s'être cogné à un iceberg... Avait murmuré le jeune homme d'une façon tristounette. J'ai décidé d'appeler cette histoire comme le nom du bateau qui a causé leur perte. Le « Titanic ».

Jisung n'en croyait pas ses oreilles. Ce gamin osait rire de la, fausse, mort de ses parents tout en mentant encore et toujours plus de sottises.

— Donc, tu es James Cameron ? Tu as sorti cette histoire 1997 ? Je suis certain que tu n'étais même pas né !

— James Cameron n'est qu'un de mes employés ! Je te jure que c'est vrai.

Le plus jeune avait rit alors que Jisung le regardait, incrédule.

— Écoute, ce n'est pas contre toi mais je n'ai pas de temps à perdre avec un menteur.

— Un menteur ? Je ne me nommerais pas ainsi. Le jeune orangés avait réfléchi un instant, cherchant un mot plus adéquat à la situation. Je pense que je suis ce qu'on pourrait appeler un véritable auteur.

— Un véritable auteur, rien que ça.

— Oui. Un auteur doit savoir mentir. Il doit savoir imaginer être le héros de ses propres histoires. Et moi, j'incarne le personnage de LeeKnow aujourd'hui.

— LeeKnow ?

— Le petit garçon qui savait tout. Avait-il dit en souriant. Un jeune homme vivant de rêves, celui de pouvoir incarner le personnage qu'il veut être.

Le blond fronçait les sourcils, ne comprenant rien à ce que le garçon lui racontait.

— C'est simple. Avait-il pourtant dit comme une évidence en prenant l'ordinateur de l'auteur. Regarde... Il tapota les touches. Nom, LeeKnow. Plot, un enfant rêveur qui s'imagine être le héros des films qu'il voit. Auteur, Lee Minho.

Jisung fronçait toujours les sourcils, ne comprenant pas pourquoi le susnommé Lee Minho lui donnait toutes ces informations.

— Et à partir de ça, tu es en mesure de construire ta propre histoire.

— Ce n'est pas mon problème. Je sais comment construire une histoire, j'ai juste besoin d'une idée.

— Tu n'as qu'à prendre celle-ci.

Jisung regardait Minho, toujours certain de ne pas vraiment comprendre.

— Je n'ai pas envie de te voler ton histoire.

— Je le sais. Il lui avait sourit. Je te testais juste.

L'orangé s'était relevé, partant à l'autre bout de la bibliothèque avant d'y revenir avec un grand livre.

— Un dictionnaire anglais ?

— Oui, on va commencer par te trouver un titre. Ça sonne toujours mieux en anglais. Dis-moi stop.

Le jeune homme faisait défiler les pages à toute vitesse, s'arrêtant une fois que Jisung lui ait demandé.

— Strawberry.

— Strawberry ?

L'orangé avait acquiescé, reprenant l'ordinateur dans ses mains.

— Alors, Titre, Strawberry.

Minho notait, et Jisung le regardait faire.

— Maintenant il nous faut un personnage principal. Avait-il doucement murmuré.

— Lee Minho.

— Oui ?

— Non, mon personnage s'appellera Lee Minho.

Le jeune inconnu avait doucement rigolé, un peu gêné de la situation. Il s'attendait à tout sauf à cela. Mais, il tapa tout de même le prénom du personnage, son prénom.

— D'accord. Et qu'attends-tu de ce Lee Minho ?

Jisung réfléchissait, qu'attendait-il de lui ? Beaucoup.

— Qu'il me raconte encore milles et une histoires qu'il a inventé. Qu'il vienne de nouveau me sauver sans que je ne le connaisse. Minho tapait les idées du jeune auteur à la vitesse de la lumière, un petit sourire en coin. J'attends qu'il ne perde jamais son côté rêveur et spontané.

-/ Faisons en sorte qu'il ne le perde jamais alors.

Jisung avait doucement sourit. Il n'avait toujours pas d'histoire, mais il avait un titre et un personnage principal.

— Ensuite, tu veux quel genre d'histoire ? D'action ? D'amour ? De fantaisie ?

— Une histoire d'amour. Avait murmuré Jisung en plongeant son regard dans celui du jeune orange. Ça me parait bien, une histoire d'amour avec Lee Minho.

Le rouge aux joues, Minho s'était contenté d'acquiescer et d'écrire. C'était étrange d'entendre parler de son nom sans qu'il soit le premier concerné.

— Il nous faut un rapport avec le titre maintenant. Avait murmuré Minho.

— Fraises...

— Un jeune Lee Minho vivant dans une petite misère...

— Malgré tout, Avait continué Jisung, Il reste aussi rêveur d'un monde meilleur, d'un monde imaginaire dans lequel il se réfugierait.

— Mais malheureusement pour lui, la réalité le rattrapait bien trop souvent.

Minho tapait au fur et à mesure.

— Ses parents l'avaient envoyé en ville afin de faire des courses, de quoi nourrir sa petite famille une petite semaine.

— Il décida de prendre un paquet de fraises. Il voulait faire une surprise à sa petite sœur. Continuait Minho sous l'approbation de Jisung.

— Arrivé à la caisse, la jeune caissière passait ses articles un par un. Minho cachait les fraises bien trop chers à son goût derrière son dos.

— Puis, voulant vérifier qu'on ne le regardait pas, il bloqua son regard sur la caissière. Elle était belle, ses cheveux étaient blonds et très courts, elle portait une veste noire ouverte, une chemise blanche en dessous.

Jisung baissa un instant le regard sur sa tenue actuelle. Il sourit en remarquant que Minho venait de la décrire, mais passa outre. Ce n'était qu'une coïncidence.

— Minho s'en voulait presque d'arnaquer une femme aussi belle. Il ne voulait pas passer pour un voleur à ses yeux. Il ne voulait pas passer pour un menteur.

— Mais n'était-ce pas ce qu'il était ? Un menteur depuis le début. Avait murmuré Jisung.

— Si. Il était un menteur. Mais un voleur, sûrement pas.

— Alors, il reposa le paquet de fraise sur le grand tapis roulant.

Minho s'était arrêté de taper, réfléchissant si ce qu'il allait dire était vraiment une bonne idée. Il prit son courage à deux mains et s'exprima.

— J'ai tenté de vous voler madame. Avait murmuré Minho, comme s'il s'agissait vraiment de lui.

— Pourquoi ne l'avoir pas fait ? Je n'aurai rien vu. Avait à son tour murmuré Jisung, bloquant son regard dans celui de Minho.

Plus rien autour d'eux n'existait. La bibliothèque semblait être vide de présence, ils semblaient être les seuls survivant alors que la nuit commençait à tomber.

— Parce que la seule chose que je veux vous voler est votre cœur.

Jisung ne détachait pas son regard de celui de Minho alors que ce dernier venait de prononcer cette dernière phrase. Ne prenant même plus le temps de l'écrire. Des frissons avaient parcourus ses bras, son cou, tout son être.

— Je ne suis pas une femme monsieur. Avait murmuré Jisung doucement. Je m'appelle Han Jisung et je suis un homme, tout comme vous.

La respiration de Minho s'était bloqué. Il ne savait plus s'ils jouaient encore ou si la réalité était revenue, mais cette histoire commençait à étrangement lui plaire.

— Et bien, je crois que j'ai eu un coup de foudre pour vous. Han Jisung.

Plus aucun d'eux ne parlaient, ils se contentaient de se regarder sans rien dire.

Cette histoire était clichée, elle n'était sans doute pas la meilleure que Jisung aurait put trouver, mais elle venait, en l'espace d'un instant, de devenir une des plus sincères et importantes à ses yeux.

— Voyez-vous un problème au fait d'aimer un homme, monsieur Han ?

— Je n'y vois aucun problème. Avait-il doucement murmuré.

Minho arrache une petite feuille blanche de son carnet de note avant d'y inscrire quelque chose et de le rendre à l'inconnu.

— Alors voici mon numéro. Avait-il dit, les joues rouges, avant de se lever et de partir presque en courant.

Jisung n'en revenait pas. Il ne comprenait pas ce qu'il venait de se passer.

Il regarda d'un œil nouveau le bout de papier ainsi que les petits numéros se trouvant dessus.

Quel était cet étrange sentiment qu'il venait de ressentir ?

Minho était sorti du bâtiment qui allait bientôt fermer ses portes alors que Jisung l'observait traverser la rouge à travers la fenêtre.
L'orangé sorti son téléphone et passa un coup de fil important, sa main toujours aussi tremblante.

— Allô Changbin ? Avait-il murmuré en attente d'une réponse. Ton Jisung a bien trouvé une histoire, mais c'est plus que trente euros que tu vas devoir me donner parce que je crois que tu viens de me jeter dans la gueule du loup.

Il raccrocha sans attendre de réponse. Plus jamais il n'aiderait son ami s'il devait finir dans cet état à chaque fois.

Vous avez un nouveau message.

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Et donc, comment se termine l'histoire ?

Fin.

De l'épilogue.