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p.24 › tu donnes du goût à mes carottes.

Ce matin j'ai vidé la quasi-totalité des placards de la cuisine, bouffé la moitié des petits pains, fini le pot de nutella et fait couler le café comme jamais. Moi qui pourtant ne mange jamais autant, je ne sais pas ce qui m'a pris.

Lorsque je me suis réveillé, je planais. J'avais le ventre chaud, les membres engourdis. Du flot de la douche jusqu'à la table du petit déjeuner je n'ai cessé de penser à notre conversation de la veille. Avec un sourire stupide, en plus. J'avais l'impression de revivre les premiers émois de l'adolescence, l'excitation qu'insuffle la nouveauté, l'interdit, le sentiment de plaire à quelqu'un de différent. Ça parait stupide dit comme ça. Mais cela avait suffit à me remonter le moral pour le restant de la soirée.

Mais quand l'heure fut venue de pousser les portes du lycée, toute mon excitation retomba. Aussi brutalement que lorsqu'elle m'était apparue, d'un coup, sans prévenir. Partout, j'avais l'impression de n'être entouré que de couples. De filles avec des mecs, de mecs avec des filles, qui s'embrassent goulûment contre les murs de l'enceinte, sans honte ni retenue. Tous ces jeunes si bien habillés, qui finiront probablement par se marier et fonder une famille, procréer d'enfants eux aussi bien habillés et qui finiront par se lier à leur tour... Un protocole entendu par la totalité de la commune, et auquel il est impensable de déroger. Mais je m'emballe : cette aventure demeura sous les limbes. Personne n'a besoin de connaître les détails de ma vie privée. Cela restera entre nous, comme d'une expérience à vivre avant que notre existence ne tombe dans la routine.

Je suis entré comme si de rien était. Comme tous les jours je me suis rendu à mon casier. J'ai attrapé des manuels que je n'utiliserais jamais, maté Cecelia qui sortait de physique, salué ma bande de requins. Une matinée normale, en soit. Sauf que quelque chose avait changé : je n'ai rien ressenti lorsqu'Anastasia m'a approché.

« Eh, ça va ? m'a-t-elle demandé en voyant mon air distrait.

— Ouais, ouais, t'inquiète pas pour moi, ai-je marmonné sans grand intérêt. Je vais bien. Très bien.

Sur le coup, j'ai eu l'air un peu con : il m'était impossible de lui prêter attention. L'esprit ailleurs, je regardais les élèves passer sans pour autant les voir.

— Oh, d'accord, a-t-elle soufflé en repassant les plis de sa robe. Tu sais, Sylvester et moi ça ne va pas très bien en ce moment...

Je crois qu'elle a essayé de me tester. Mais à vrai dire, je n'écoutais rien.

— Hm-mh. Cool.

Elle m'a fusillé du regard. Puis elle a fait volte-face, emportant Maé dans son sillage – qui passait par hasard en compagnie du groupe – et s'est empressée de grommeler à mon sujet. Mace aussi a eu l'air impressionné, la preuve : il a foncé sur moi juste après qu'elle m'ait quitté.

— Attends, Kyrel sourit ? Il a remballé Ana ? T'es sûr que ça va ? a-t-il lâché sur le ton de la plaisanterie.

— Tout - va - bien, j'ai retorqué en faisant mine d'être agaçé. Ma classe d'anglais vient de passer, il faut que j'y ailles. À plus. »

Vous connaissez la suite. Je l'ai laissé planté là, hébété à côté du distributeur à boissons.

Maintenant je suis assis. Assis à ignorer Mr Maldive, à écouter mes pensées et à jouer avec mon stylo quatre couleurs. Nous sommes un lundi banal. Un lundi de 15 février. Il neige à peine, ou du moins il pleuviote, et les jeunes de la région sortent peu à peu de leur période d'hibernation. Dans une semaine exactement les Sharks et moi partirons à Columbus pour une compétition qui risque de s'avérer tendue. J'ai finis troisième à la dernière, alors je compte bien y remonter ma réputation.

Mr Maldive m'observe du coin de l'œil. Insistant, il aurait aimé me voir répondre à sa question. Sauf que nous savons tout les deux que je n'y connais strictement rien en littérature américaine. Et heureusement pour moi, mon téléphone se met à vibrer juste avant que cela ne devienne trop embarassant. Je l'allume discrètement.

de :: Roshe/Sheldon à :: ky
(10:19) [ce message est vide]

J'ai réussi à choper le numéro de Roshe, il y a quelques temps. Histoire de pouvoir discuter avec lui plus souvent, j'imagine. Et m'envoyer des messages vides fait partie de ses activités favorites pour attirer mon attention.

de :: ky à :: Roshe/Sheldon
(10:20) que se passe t il? + de PQ?

Je n'ai pas revu Roshe depuis dimanche soir. Ça paraît logique, mais j'ai l'impression qu'une éternité s'est écoulée entre notre conversation et ce cours d'anglais. Et puis après ça, je ne sais pas vraiment comment je dois me comporter avec lui.

de :: Roshe/Sheldon à :: ky
(10:20) J'aime la finesse avec laquelle tu réponds à mes messages. Ça me réchauffe le cœur.

de :: ky à :: Roshe/Sheldon
(10:20) --'

de :: Roshe/Sheldon à :: ky
(10:20) Quoi ? Moi non plus j'ai pas le droit de jouer avec l'ironie ?

(10:22) Bon ok. Demain midi, ça te dirait de manger à l'extérieur ?

de :: ky à :: Roshe/Sheldon
(10:22) avc toi?

de :: Roshe/Sheldon à :: ky
(10:22) Non avec le pape.

de :: Roshe/Sheldon à :: ky
(10:30) Bon d'accord j'arrête.
(10:31) Je crois qu'on a des trucs à se dire.

Nous convenons d'une heure, puis il éteint son portable. Enfin je présume : il est de ces gens qui ne captent pas l'utilité de posséder un téléphone, si ce n'est pour papoter. Le fait que nous puissions avoir besoin de l'avoir joignable ne lui vient absolument pas à l'esprit.

La suite de la journée se déroule à merveilles. Malgré quelques contrôles pataugeant sous la moyenne, rien de bien alarmant ne vient m'encombrer l'esprit. Je me sens juste bien.
Et ça faisait longtemps que ça ne m'était pas arrivé.

Le soir est, selon moi, le pire moment de la journée. Je suis contraint de manger avec ma famille, supporter mon père qui se plaint et ma mère qui piaille, subir les infantilités de ma sœur qui ne veut toujours pas me rendre cette foutue télécommande, et surtout, contraint d'être seul.

« Oh, je ne vous ai pas raconté ! s'exclame mon père entre deux bouchées. Une nouvelle tête s'est pointée à mon cours du lundi, et Dieu sait que ce jeune homme est brillant... »

Ça paraît stupide de ne pas se sentir à l'aise dans sa propre famille. D'habitude, qui en possède une l'aime et se fait chérir en retour. Mais dans mon cas, j'ai surtout l'impression d'être le rouage défectueux source de nos disputes familiales et de notre vie de merde.

« Un certain Alexander, de bonne famille et propre sur lui. Si vous l'aviez vu ! Propre sur lui, un langage comme je n'en ai jamais vu de la part de ces sales mioches... Et puis quelle perspicacité ! Il t'aurait plu, Effy.

— Ah oui ? répond ma mère en souriant jusqu'aux oreilles.

— Il est promu à un très grand avenir, c'est certain. Et il pratique l'aviron !

— Tu sais Kurt, j'entame en avalant un amas de carottes pas cuites, les Sharks sont entrés dans le top 5 des meilleures équipes d'Ohio.

— Et au lycée ? Tu fais toujours partie du top 5 des pires élèves de terminale ?

— Oh Kurt..., glisse Effy en pinçant les lèvres.

— Rooh, je rigolais ! Un peu d'humour dans cette famille, non ? » il poursuit avec un grognement.

Je sais qu'il le pense vraiment. Alors je me contente de manger en prenant l'expression froide des dîners de famille. Je fais un peu mine d'avoir compris, je mâche consciencieusement ; ils n'y voient que du feu.

« Mon prof d'anglais m'a dit que j'avais beaucoup d'esprit aujourd'hui, débite Jil sans lever les yeux de son portable.

— Bravo ma chérie..., s'enthousiasme Effy en mimant une moue.

— Bon, j'vais me coucher. »

Je n'ai pas envie de les entendre éloger ma sœur jusqu'à n'en plus pouvoir parler. Je débarrasse mon couvert et monte rapidement dans ma chambre. De là-haut je les entends se choisir un film pour le restant de la soirée.

Mon lit craque lorsque je m'y laisse tomber. Comme tous les soirs depuis un ou deux mois, j'ai l'âme meurtrie. À force de m'évertuer à parer leur piques, je me blesse plus qu'autre chose. J'aimerais bien que cette foutue situation s'arrange, rendre mon père un peu fier, pour une fois. Mais plus je me force à essayer, moins mes efforts semblent fonctionner.

Mais ce soir, quelque chose change. Je me sens mieux et je n'ai plus envie de dormir pour le restant de mes jours. Et ça, c'est grâce à lui.


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