Je passe la slide et me contente de leur montrer un bout d'article pris lors de mes recherches :

« Rapport publié en France sur l'homophobie. Le suicide est la première cause de mortalité chez les 25-40 ans et la deuxième chez les adolescents après les accidents de la route. Chaque année en France près de 160 000 0 000 personnes LGBT font des tentatives de suicide, environ 12 000 y parviennent. Depuis quelques années, le suicide ne cesse d'augmenter. Pour certains nombres de ces adolescents, la décision de mettre fin à ses jours est liée à des problèmes de l'acceptation de l'orientation sexuelle ou de leur identité de genre. Selon plusieurs études nord-américaines sur les tentatives de suicide, les adolescents homosexuels, bisexuels ou identifiés comme tels présentent un risque 6 à 16 fois plus élevé que leurs homologues hétérosexuels.

En 2003 le docteur Mc Shelly a fait le même constat sur le sol français. De nombreuses études concernent le taux de suicide montrent que la découverte de son orientation sexuelle est un facteur de risques très importants. Une thèse soutenue en novembre 2011 à Toulouse est très instructive sur la problématique : Orientation sexuelle : Facteur de suicide et de conduites à risques chez les adolescents et jeunes adultes ? L'influence de l'homophobie et de la victimisation homophobe en milieu scolaire.

Le dernier bulletin épidémiologique hebdomadaire sorti le 13 décembre 2011 concernant la situation de suicide en France comporte un article intéressant sur les minorités sexuelles. Ces faits sont d'ailleurs reconnus et mentionnés dans le rapport relatif aux auditions sur les discriminations en milieu scolaire remis au ministre de l'Éducation Nationale le 22 septembre 2011.

— Ça fait froid dans le dos, comment une autre fille.

Lorsque les messes-basses se soulèvent, je décide de couper court :

— Vous savez pourquoi je tiens à vous montrer cette partie avant toutes les autres ?

— Pour nous faire peur, commente un autre au fond de la salle.

Certains rigolent.

— Parce qu'il s'agit surtout d'une réalité. Cette étude date d'il y a sept ans, ce n'est pas si ancien. Je l'ai justement prise parce que d'année en année, les chiffres ne baissent pas, d'où ma présence dans votre classe et celle de vos camarades.

Suivant.

J'actionne le pavé tactile de mon ordinateur qui change de couleur cette fois-ci. Le fond clair laisse entrevoir un texte que je récite :

— Avec la loi du 17 mai 2013 sur le mariage pour tous appelée la loi Taubira, la France est devenue le 9e pays européen et le 14e pays au monde à autoriser le mariage homosexuel. Cette loi a ouvert de nouveaux droits pour le mariage, l'adoption et la succession, au nom des principes d'égalité et de partage des libertés. En 2014, les mariages de couples de même sexe ont représenté 4% du total des unions.

— Et les divorces, du coup ? se marre l'un des deux garçons au premier rang.

Un rictus agacé apparaît sur mes lèvres.

Voilà pourquoi tu détestes les hommes, Alexane.

Toujours là, avec leur petit ego fragile.

— Figure-toi que très peu de pays ont de chiffres sur les divorces de personnes homosexuelles, donc je ne peux pas te répondre.

Il lève les deux bras en signe de paix.

— C'était juste une innocente question, Mademoiselle.

Je passe outre et continue en me tournant vers le tableau. Vaut mieux que j'évite ce regard insolent. Je tombe sur la section : « un peu d'Histoire » pour laquelle je leur laisse le temps de lire. Du coin de l'œil, j'observe la professeure en faire de même, tout aussi captivée par le discours et les vives teintes que comportent les diaporamas.

Le triangle rose (en allemand : Rosa Winkel) était dans l'univers concentrationnaire nazi le symbole utilisé pour « marquer » les homosexuels masculins. Appartenant donc à la plus basse caste du camp, les travaux les plus pénibles et les tortures les plus dégradantes et les plus douloureuses leur étaient réservées. Ils étaient aussi les cobayes préférés des nazis pour des expériences scientifiques : sur l'étude du paludisme, du typhus, de la stérilisation féminine, de la castration, ou encore des injections d'hormones synthétiques dans l'aine droite... afin d'obtenir, en principe, une inversion des tendances de l'individu. Vers la fin des années 1970, le triangle rose a été adopté comme symbole pour la protestation des droits LGBT.

Le triangle rose est la base du design de l'Homomonument à Amsterdam, le Mémorial de l'Holocauste gay et lesbien à Sydney, le Parc du Triangle Rose à San Francisco. C'est aussi la base du design des souvenirs LGBT à Barcelone. Act Up New York a adopté un triangle rose inversé avec le slogan « SILENCE = MORT » comme son logo peu de temps après sa formation en 1987

Les Triangles Bleu et Rose : Malheureusement, l'origine exacte de ce symbole est introuvable Le triangle rose est évidemment pris le symbole gay. Le triangle bleu n'a jamais été utilisé par les nazis. Il peut avoir été ajouté. Considérant que le triangle de couleur rose soit pour les filles et bleu pour les garçons

Le Triangle Bordeau : Un triangle bordeau aurait existé pour désigner les prisonniers transgenres, mais il semblerait que ce soit qu'une rumeur, Je n'ai pas trouvé d'autres informations ou de symbole correspondant.

Stonewall: : Vu comme la naissance de la libération moderne de la communauté gay/lesbienne. L'auberge Stonewall a été attaquée par la police en juin 1969. Contrairement aux nombreuses descentes de police, cette fois, les drag queens, gays et lesbiennes et la clientèle transgenre se sont battus pendant cinq jours d'émeutes et de révoltes qui ont transformé la conscience des LGBT.

— Si on ne vous l'a pas encore expliqué, je suis là parce que je fais partie de cette belle communauté et j'aimerais transmettre un message de bienveillance dans mon intervention. J'ai eu de la chance que mes parents n'aient aucun mal sur ça, mais je sais que tout le monde n'est pas dans ce cas-là.

Je me tourne vers mon PowerPoint et passe mon dernier slide où nous trouvons en gras surligné des numéros et des adresses.

— Pour ceux qui ont des difficultés, voici les contacts de certaines associations qui pourraient vous donner leur aide. Si vous avez des questions, c'est maintenant ou jamais.

— C'est normal de ne pas savoir ce que nous sommes ?

La petite voix peinée de la jeune adolescente me rappelle ce que je suis en train de vivre depuis deux semaines : un perpétuel questionnement. J'inspire et me prononce dans une ultime tentative d'assumer ce que je ressens :

— Eh bien, il n'y a rien de dramatique, surtout aussi jeune. J'ai longtemps pensé être quelque chose et la vie a fait que je me questionne, tout comme peut l'être un adolescent ou une personne déjà grand-parent. Le plus important, c'est de rester respectueux envers soi-même. Ne vous oubliez pas en cherchant la vérité parce que j'ai compris que c'est elle qui vient à vous.