Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

III

Alexane : Il faut qu'on parle. Je peux passer chez toi ? 20h53.

Raphaëlle : Quelque chose d'important ? 20h55.

Alexane : Question de vie ou de mort. N'esquive pas, j'ai compris pourquoi tu n'étais pas venue aujourd'hui. 20h56.

Raphaëlle : J'attends. 20h57.

Je quitte mon appartement dans la foulée, toujours perturbée par ce baiser échangé avec Giovanni. Après ce dernier, j'ai coupé court au malaise et en partant m'enterrer chez moi. Je brûle d'un feu prométhéen en allant chez elle. Il fait déjà nuit noire, mais je connais le chemin par cœur. Et lorsqu'après vingt minutes de route à pied ainsi que de RER, je grimpe deux étages d'un immeuble miteux. Les escaliers tiennent à peine en place, les murs sont trop étroits.

Lorsqu'elle ouvre, je ne suis déjà plus moi-même. Elle me lance des meurtrières, mais plus je l'observe, plus je comprends que son absence préméditée avait quelque chose à voir avec Giovanni. Elle me laisse entrer en silence, penaude. Son appartement est plus petit que le mien. Nous avons toutes les deux grandies dans de confortables familles, un privilège que d'autres n'ont pas, mais qui lui permet de vivre dans un vingt mètres carrés et moi dans un trente. C'est le seul luxe de ma vie. L'argent héréditaire.

— Tu voulais me parler de quoi ?

— On doit discuter, par rapport à la semaine dernière.

— J'ai déjà tout dit, Alexane, soupire-t-elle en allant s'avachir sur son canapé convertible.

En face : une télévision sur une table basse. Derrière : une table ronde et deux chaises. Sur tous ses murs se trouvent des tableaux de peinture, tous alignés à la même hauteur. Raphaëlle est obsédée par la symétrie. D'un côté, c'est ce que j'aime chez elle. Mes habitudes n'ont pas changé puisque je m'installe au bord de cette table basse, les yeux rivés dans les siens.

— J'ai été si méchante que ça ? lui murmuré-je.

— Tu n'étais pas méchante. Juste trop sûre de toi et moi, pas assez.

C'est une évidence depuis le début, personne n'a pu en faire abstraction, mais j'ai compris qu'elle n'en voulait pas à cette facette de moi, mais plutôt à la sienne d'avoir été si effacée. Même si j'ai voulu lui laisser toute la place du monde, elle n'a jamais saisi.

— Il n'y a rien à faire entre nous, alors ?

Elle arque un sourcil.

— Pourquoi cette question ?

— Parce que j'essaie de garder espoir.

Elle laisse sa tête se penche en arrière. Puis, ses paupières se ferment. Elle s'avachit sur le dossier de son clic-clac, les traits grimacés par l'effet que lui provoque cette conversation.

— J'ai envie de m'affirmer seule. Je ne dis pas que je garde ma porte fermée, parce que je t'aime encore, mais je ne sais plus où j'en suis. Puis, j'ai vu comment tu regardais le nouveau et quelque chose me dit que ton esprit travaille sur ça en ce moment. Il est peut-être temps que nous découvrions toutes les deux autres choses pour mieux s'aimer après, tu ne trouves pas ?

Mon cœur soulagé a du mal à se remettre de l'information. Elle m'aime toujours. Donc, je ne suis pas obligée de me morfondre d'avoir perdu l'amour de ma vie ? Mon âme sourit tandis que ma conscience ne pense toujours qu'à assouvir les pulsions de mon corps. Elle a raison. Pendant qu'elle guérit de son côté, je peux avoir la vie que je fantasme d'avoir et qui m'effraie tout autant.

— Je savais que tu n'étais pas dupe, déclaré-je. Tu le trouves comment, ce concept de bisexualité ?

Un peu surprise, elle ne répond pas de suite.

— On en a jamais discuté, Alexane. Tu t'y intéresses juste parce que tu t'es trouvé une autre occupation.

Je me pince les lèvres.

— J'ai l'impression d'être un monstre.

— Sauf que tu ne l'es pas, Alexane. Une personne qui se pensait hétérosexuelle depuis des années et qui découvre subitement que son genre l'attire aussi aura les mêmes réactions que toi.

— Alors, je suis hétérosexuelle ou pas ?

Son regard peiné se détourne une fraction de seconde.

— Il n'y a que toi qui puisses y répondre. Quand tu auras compris que ce n'est ni un caprice, ni une passe comme on me l'a trop souvent répété, ça ira mieux. Et lorsque ce sera le cas, je serai là. Tu vas avoir beaucoup de questions, autant qu'un garçon qui se découvre gay ou que, quelque part dans ce monde, une autre fille se découvre bisexuelle.

— Certains disent que ça n'existe pas, soufflé-je.

Elle rumine.

— Tu sais ce qu'on raconte, que nous sommes tous malades. Autant l'être jusqu'au bout et accepter ce que nous sommes, sinon, autant aller brûler en enfer, plaisante-t-elle en se décontractant.

Un rire m'échappe.

Pendant ce temps, mes yeux restent figés sur cette bouche que j'ai tant aimée embrasser. Maintenant, c'est clair, la sienne et celle de Giovanni m'obsèdent autant l'une que l'autre. Un court instant avec lui et j'étais devenue une néophyte farouche, hors catégorie par rapport à toutes les filles qu'il aurait pu trouver là-bas, dehors. Mais lorsque je suis face à Raphaëlle, ce n'est plus moi qui porte le rôle d'innocente. Je sais ce que je fais, comment je le fais et dans quelle mesure je suis capable d'agir pour rester dans ma zone de confort.

Avec lui, c'est... chaotique.

Alors je me lève, l'esprit embrumé par l'idée la plus saugrenue que j'aie pu avoir jusqu'à maintenant. J'ai terminé de parler. Je ne veux plus. Parce qu'elle m'a prouvé que tout n'était pas perdu entre nous, que je peux encore racheter mes fautes et que contrairement à ce que je pensais, j'ai le droit de vivre une autre vie que celle à laquelle je me destinais depuis huit ans. Je m'approche à pas feutrés, l'aide à se relever et me contente de lui souffler :

— Embrasse-moi, juste encore une fois. Avant que la lumière ne s'éteigne et que tu en retrouves la flamme. 

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro