Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

II

— Je dois prendre ma revanche !

Trois enjambées et un coup de l'autre côté de la mâchoire. Il postillonne lorsque le bout de la brosse frôle sa bouche. Il tente de me désarmer, entrecouper d'autres rires et de mouvements douteux, presque dangereux pour la survie du matériel. Un peu machiavélique ou manipulatrice, je le laisse faire. Et pour la première fois, son corps touche le mien. Il s'éclaircit la gorge et récupère mon pinceau. Ses yeux restent plantés dans les miens un instant, détaché du temps. Le calme règne.

— Désolé.

Il recule, mais son visage ne perd aucune de ses couleurs. Après avoir posé nos instruments d'art, il est le premier à partir en direction du lavabo. Je reste livide en entendant l'eau du robinet ruisseler contre la céramique. Est-ce que j'ai encore tout gâché ? Comme je l'ai fait avec Raphaëlle ?

— Trop de proximité ? tenté-je à l'autre bout de la pièce.

Il ne se retourne même pas.

— Ce n'est pas ça. Pour tout te dire, je suis habitué à la proximité.

— Mais ?

— J'ai croisé tes yeux, lâche-t-il en coupant le robinet.

Il se tourne et sèche à peine ses mains sur un torchon propre. Et j'ai plongé dans les siens. Plutôt que de rester pantelants tous les deux, il me quémande en silence de me joindre à lui. Ce que je fais à pas lents, encore désabusée de cette scène qui semblait si innocente.

— Je ne suis pas hétérosexuelle, essayé-je de me convaincre.

— Et je ne suis jamais sorti avec qui que ce soit. Alors toi et moi, on ferait mieux de se regarder de loin, d'effectuer ce travail qui nous a été attribué et de ne plus se voir après, déclare-t-il froidement.

Puis je comprends.

Je saisis la hauteur de la responsabilité que m'a donné Raphaëlle en me laissant seule avec lui. Elle n'est pas dupe. Moi, oui. J'ai l'impression que cette fois-ci, c'est mon cœur qui parle au lieu de mon esprit, c'est mon corps qui brûle et non mon esprit sous ces incessantes questions.

— Je veux être une de tes expériences, alors.

Il réceptionne mon audace comme il le peut. Celle-ci m'a toujours porté préjudice. Il reste silencieux, mutilé par ma remarque.

— Je veux juste savoir ce que je suis, pourquoi ton visage me semble si fascinant alors que seul celui de Raphaëlle me donnait cet effet-là. Une semaine que je suis en quête de vérité, que j'ai trop de doutes en moi. J'ai pas envie d'être en couple ou quoi, je veux juste savoir...

Si je suis hétérosexuelle ou non.

Si je suis anormale ou inexistante.

Comme la bisexualité, selon certains.

— Approche, on va nettoyer ce visage, se prononce-t-il comme si notre discussion n'avait pas eu lieu.

Malgré moi, je m'exécute à m'en décrocher les chevilles. Plus j'écrase les mètres qui nous séparent, plus je me dois de garder la nuque dressée, tordue, douloureuse à cause de l'angle étrange qu'elle adopte. Tout ce que je souhaite faire, sur le moment, c'est d'effleurer la commissure de ses lèvres. Comme s'il s'agissait d'une fille. Dans cette vision, j'y trouve un air de bizarrerie, presque salace. Sauf qu'au lieu d'exaucer mon vœu silencieux, il trempe le torchon sous l'eau pour le rendre humide et le passe sur mon visage avec trop de précaution.

— Ce n'était pas une plaisanterie, recommencé-je.

— Fais comme si tu n'avais rien dit, dans ce cas. Tu ne penses pas que ce serait mieux de faire ça avec quelqu'un avec qui tu es en couple ?

— J'ai vingt-deux ans, Giovanni. De nos jours, aucun garçon ne veut d'une pucelle de vingt-deux ans. Du moins, pas ceux qui considèrent que le sexe entre deux femmes ou deux hommes, ce n'est pas du vrai sexe.

Il arque un sourcil. Je devine qu'il ne pense pas ainsi.

— Je ne suis qu'un illustre inconnu.

— Justement, qu'est-ce que ça changerait pour toi ?

Il ne me répond pas et se contente de me nettoyer la nuque. Du moins, de terminer. Il se retourne, rince le tissu et me laisse planter là, avant de traverser la pièce et de s'asseoir à même le bureau présent dans la salle. Pas de table, beaucoup de chevalets, de tabourets, d'odeurs et de pinceaux, mais juste un office presque vide. Ses talons ne touchent plus le sol lorsqu'une fois assit, il ajoute :

— En réalité, ça pourrait changer beaucoup de choses. Pas que pour moi, mais aussi pour toi et Raphaëlle.

— Raphaëlle m'a laissé tomber, ça ne compte pas.

— Parce que vous avez des différends, ça compte et c'est normal. Je t'ai dit que vous devriez discuter toutes les deux plutôt que de discuter avec moi.

— Alors tu ne veux pas, en déduis-je, presque fanée.

Il semble soupirer. Il n'a pas besoin de me le quémander une deuxième fois pour que je décide de mon propre chef d'avancer dans sa direction. Chaque tableau est unique, même peint par la même personne. Un peintre a beau vouloir du plus profond de son cœur produire le même paysage, le même portrait plusieurs fois, il y a toujours quelque chose qui diverge de l'un par rapport à l'autre. Mes gestes, en revanche, se répètent. La sensation de déjà-vu me guette.

— Ton regard a l'air déterminé.

— Mes parents m'ont appris à obtenir tout ce que j'avais envie d'avoir. Je crois même que j'ai été trop gâtée dans ma vie.

Je reste en premier lieu à une distance respectable de lui. L'atmosphère n'a rien à voir avec celle qui me guidait lors de nos enfantillages. Quelque chose change, mais pas pour se détruire. Le fil rouge qui me captive chez lui reste toujours mon point d'équilibre. Comme un funambule essayant de garder l'équilibre. Garder le mien dans mon esprit ne se fera que lorsque j'aurai éteint toutes ces ruminations.

— Si j'essaye quelque chose, tu iras lui parler ?

Cette fois-ci, c'est moi qui fléchis. J'hésite un instant avant de hocher la tête, sans comprendre où sa requête me mène. Il me fait signe du menton, m'oblige en silence à ne plus être respectable. Giovanni est le créateur de tous les désirs inassouvis que je peux éprouver, à tel point que lorsque je loge mes cuisses entre les siennes, j'ai du mal à rester debout. Sa main droite effleure ma tempe avant de coincer l'une de mes mèches derrière mon oreille. Ses pupilles grises brillent davantge à cette distance, si près d'une bouche qui me ferait ignorer le sexe de mon interlocuteur.

Lorsque je profite du calme pour clore les paupières, sa seconde main s'échoue dans mon cou, caresse les racines de ma crinière. Son souffle chaud se rapproche de moi avec trop de dangerosité, mais il faut que je tienne parole. Pas envers lui, mais envers moi. Les ravages de mes pensées vont me rendre amorphe si je ne parviens pas à aller jusqu'au bout.

Puis, ses lèvres frôlent les miennes. Il hésite. Moi aussi. Il finit par s'appuyer avec davantage de confiance. Il me fait voir le désir sous une autre angle. Il se fraye un chemin et, contre toutes mes attentes, je le laisse faire. J'y prends goût, peut-être un peu trop puisque je trouve là toutes les sensations que m'a provoqué Raphaëlle ces huit dernières années. Je perçois la délicieuse sensation de mes cellules se consumer, la même folie des passions. Je ne peux qu'abdiquer quand son corps se détache du mien, même si ses mains glacées par les températures de novembre me recouvrent encore la peau.

Tu n'es pas normale.

— Tu restes toujours un homme.

— Oublie ma nature et on pourra changer la donne.

— L'art parfait, c'est celui qui parvient à tromper la nature.  

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro