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II

— Exactement. Pioche si tu veux, je vais tout installer.

Il se perd dans le décor. Je zieute un instant la petite boîte et hésite.

— Alors, comment on va s'occuper ? Lui demandé-je en me détournant de ces sucreries.

— Tu vas me peindre, et on va s'occuper comme on peut. Finir la boîte, parler, j'en sais rien.

Il m'observe quelques secondes, hausse les épaules et continue d'installer le petit espace qui nous servira. Je pioche avec innocence dans la boîte, le regard ailleurs. Le bruit du plastique et de l'aluminium entre mes doigts fait déjà plaisir à mes oreilles et à mes papilles, même si ma frustration contre Raphaëlle prend davantage de place dans mon cœur. J'aimerais comprendre pourquoi maintenant, pourquoi nous avons toutes les deux tué l'amour. C'est inconscient et surtout effroyable. Je me perds en mordant dans ma barre chocolatée. Elle m'en veut depuis assez d'années pour nous mettre à mal dans ce projet et m'éviter, rester dans le déni d'une conversation qui pourrait nous faire du bien. Je récupère l'usage de mon corps lorsque Giovanni s'installe sur le tabouret noir de l'atelier.

— Tu penses qu'elle a fait exprès de nous laisser tous les deux ? l'interrogé-je en réfléchissant à voix haute.

J'ai l'impression qu'elle a discerné l'intérêt maladif que je peux porter à ce nouveau-venu, mais est-ce que lui, l'a remarqué ?

— Vous avez besoin d'air. Laisse couler pour l'instant et travaillons. Il est comment, ce Kinder ?

Sa question s'accompagne d'un petit rire. J'ai encore ce goût sucré au bout de la langue, un peu nostalgique.

— Il y a longtemps que je n'en avais pas mangé.

Je le termine en quelques secondes avant de m'assoir à mon poste. Il m'observe par-dessus le chevalet. Ses cheveux clairs retombent sur son front, près de ses épais sourcils. Il est aussi magnifique que peut l'être Raphaëlle lorsque je pose les yeux sur elle. Quant à moi, j'ai parfois le sentiment depuis une semaine d'être aussi amoureuse face à lui que je peux l'être face à elle. Ma conscience me souffle pourtant que ce n'est pas dans ma nature.

— Mets-toi en place, dis-je d'une voix étrangement douce.

Je me débarrasse de mon plastique en l'enfonçant dans ma poche avant de sortir soigneusement mes pinceaux, mes couleurs et ma palette posés dans un bac en bois. Giovanni reste silencieux. Lorsque je relève le regard dans sa direction, sa pose m'interpelle. Le doigt du silence traverse verticalement ses lèvres blanches. Le reste de ses phalanges et de ses ongles, eux, sont repliés les uns sur les autres en une figure que je ne peux oublier.

— J'ai déjà vu cet air.

— David Bowie, exactement. Je pense que c'est une manière de me rapprocher du pop'art. Le portrait fait de lui est extraordinairement bien fait.

Je trace va verticale et mon horizontale au crayon fin pour définir les angles du visage. Plus je l'observe et paradoxalement, plus j'ai de difficultés à me concentrer, à tracer tous les contours à main levée avant d'ajouter :

— Tu lui trouves quoi à David Bowie ?

— Le charisme.

J'acquiesce.

— Surtout le charisme.

— Et la musique ? enchaîné-je.

— Aussi oui, des influences de mon père, j'imagine.

Au bout de quelques minutes, je viens esquisser les phalanges de ses doigts, sa main, son poignet, chaque pli et chaque défaut de sa peau, comme si je le dépouillais de toute sa vie et de tout son passé. Il reste immobile un moment, le regard rivé vers le mien. Une chaleur lancinante me traverse, même lorsque j'appose mes premières couleurs sur la toile. La première à s'y coucher est le rouge sur le tracé à la volée de ses cheveux. Je reste focalisée longtemps, à parfois apercevoir le regard de Giovanni sourire sur le tableau.

— Tu es bien silencieuse.

— C'est parce que Raphaëlle ne me fait pas parler. Je préfère dessiner ou me maquiller pour m'exprimer.

— J'ai vu que tu changeais tous les jours, oui.

— Tout un art, dis-je en passant les yeux par-dessus le chevalet.

J'ébauche mon œuvre encore un instant avant de poser mon instrument coloré de bleu, de jaune et de vert. La frénésie de la peinture me pousse à traverser la pièce et à me débarrasser des particules qui m'emprisonnent. Je me tiens un instant au lavabo, loin de Giovanni et de dos. La tension en moi, les images de ses prunelles grises disparaissent. Sur le coup, je me sens submergée. Dépassée surtout par ce silence émotionnel depuis que j'ai posé les premiers coups de crayons alors que je devrais éprouver encore plus de colère envers Raphaëlle. Je n'y arrive pas. J'ai besoin qu'elle me déteste pour aller mieux, mais je dois continuer de l'aimer pour réussir à vivre. Cette fatalité est douloureuse. Comme une épine au bout du doigt.

— J'ai terminé, lui lancé-je, l'esprit calme.

Aussitôt, il se lève et se poste à ma droite. L'expression sur son visage est indéchiffrable lorsque celui-ci détaille en profondeur les traits fins de son visage couverts d'autres plus gros de peinture. Plusieurs pinceaux reposent au bord du chevalet tandis qu'un autre remplit encore le creux de ma paume. L'odeur de l'acrylique m'emplit encore les narines. J'y suis si habituée que m'en rendre compte n'est plus désagréable. Il reste silencieux, les bras ballants le long du corps.

— Alors ?

— J'ai pris dix ans, se marre-t-il.

Sur le coup, je ne réfléchis pas, dresse le bras et lui colore le visage. Un hoquet s'échappe de sa gorge. En une fraction de seconde, il attrape un manche et me rend mon attaque. La peinture s'étale sur mon front. Et là, c'est comme si je redevenais une adolescente. Outrée et amusée par son geste, je me dresse sur mes jambes, attrape ma palette et utilise l'un de mes pinceaux comme arme. Des gouttes par dizaines s'échouent sur son visage et sa nuque, le col de son sweat.

Un peu désavantagé, il n'hésite pourtant pas à riposter et à me peintre le bras d'un panel de couleurs vives. Le jaune et le bleu sont les principales et descendent à quelques centimètres de mon poignet. Nos rires se mêlent sans difficulté, comme deux êtres qui se connaissent depuis plusieurs années.

— Allez, terminées les conneries, lance-t-il avant de m'éclabousser une dernière fois.

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