Chào các bạn! Vì nhiều lý do từ nay Truyen2U chính thức đổi tên là Truyen247.Pro. Mong các bạn tiếp tục ủng hộ truy cập tên miền mới này nhé! Mãi yêu... ♥

I

Gagner notre Starbucks habituel est d'une douleur inextricable. Les pas lents et maîtrisés de notre nouveau camarade résonnent en moi. Ce sont les tic-tac d'une montre à gousset en train de m'apporter une vérité pittoresque. Tout ce que je perçois en moi est immoral, loin de ce que j'ai pu imaginer depuis ma tendre enfance. Aimer un garçon. Ne serait que le regarder d'un air hébété comme je m'y adonne depuis la première minute relève d'une prétentieuse déficience.

Je ne suis pas normale.

— Alors, vous vous êtes connues comment, toutes les deux ? nous questionne Giovanni en ne nous pensant qu'amies.

Quel cauchemar.

Nous passons le seuil du coffee shop. La population s'entasse dans ce genre d'enseignes, un moyen pour moi de toujours me fondre dans la masse. Aujourd'hui, et ce malgré mes cheveux toujours colorés de façon artificielle par un arc-en-ciel, j'ai l'impression que tout le monde me dévisage.

— En cours de théâtre, au collège, tonne la voix de Raphaëlle.

— C'est moi qui suis venue lui parler. Elle était seule dans son coin.

— Je suis toujours seule dans mon coin, Alexane, me rectifie-t-elle avant de commander sa boisson.

J'en fais de même face à la serveuse et m'octroie le droit de regarder de travers n'importe quelle personne prête à me juger. Et, alors que quelques minutes plus tard, nous récupérons nos gobelets, une table de quatre places se libère. Depuis huit ans, je me suis attachée à Raphaëlle comme à une bouée de sauvetage - même si je ne suis finalement que l'ancre d'un navire. Là, ce que je fais va à l'encontre de tout ce que je m'évertuais à prouver ces dernières années et m'installe aux côtés de Giovanni. Raphaëlle est seule derrière la table, silencieuse et triste.

— Pourquoi l'art, Giovanni ?

— Parce que c'est le reflet de l'âme. Un livre triste guérit les blessures de l'auteur, une chanson d'amour transmet celui-ci aux auditeurs. Le désordre d'une peinture est au bout du compte la forme la plus pure de la liberté d'expression face à un public.

— C'est beau, admet Raphaëlle.

— Chacun peut avoir sa propre interprétation.

Son profil sourit. Puis, il aspire une gorgée de son café. Par automatisme, j'effectue le même geste. Raphaëlle m'observe du coin de l'œil. Je suis éprise de frénésie lorsqu'enfin, ma bouche quitte le bout de la paille. Raphaëlle ne veut plus de moi ? Très bien. Elle déteste ma provocation ? Encore mieux. Je ne peux pas supporter ne plus être importante dans sa vie, ne plus avoir de repère dans la mienne. J'ai vingt-deux ans, merde. Autant essayer de comprendre les épiques urticantes qui me piègent à chaque fois que la voix de Giovanni s'élève.

— Tu as quelqu'un, le nouveau ?

— On passe aux choses sérieuses, rit-il à gorge déployée.

— De la simple curiosité.

Mon ton placide le convainc contrairement à Raphaëlle qui me lance des éclairs.

— Pour tout vous avouer, l'amour et moi, ça n'a jamais existé. Je préfère les expériences.

— Plutôt fille ou garçon ? Enchainé-je.

Lui et Raphaelle s'observent l'un en face de l'autre.

— Si tu as un problème avec la pudeur, t'es pas obligé de répondre. C'est juste que tu débarques au moment où nous commençons un nouveau projet, c'est plus sympathique de se connaître à cette table que pas du tout.

— Ne discutons pas des deux heures que j'ai passé avec votre professeur pour me briefer sur le projet et la situation. Sans pudeur ni tabou, je suis plutôt fille.

Mon âme sourit face au visage devenu impassible de Raphaëlle. Giovanni boit une deuxième fois.

— Continuons à action ou vérité.

Sa plaisanterie me fait sourire.

— Pourquoi un faux pansement sur le nez ?

— Je ne suis pas étonnée que tu l'aies remarqué. J'ai une obsession pour ces stickers depuis plusieurs années, mais c'est surtout pour cacher le seul défaut que je me trouve.

— Ton humilité me déconcerte.

— Mes parents m'ont élevé dans la modestie d'esprit, oui. Le cartilage de mon nez, en revanche, a décidé de prendre trop de centimètres carrés sur mon nez. La bosse ressort trop, alors je la cache.

— « Love Boy », récite-t-il alors.

C'est l'expression que j'y inscris à la manière d'une police glitch bleu et rouge.

— Au collège, elle ressemblait plus à un garçon qu'à une fille, note Raphaëlle pour s'intégrer davantage dans la conversation.

Nous nous observons, mais au lieu de la couper dans son élan, je lui fais comprendre en silence qu'elle peut continuer. Je perçois un petit sourire en coin.

— Nos camarades l'appelaient Tomboy, « garçon manqué » en anglais. Nous voir ensemble n'a pas aidé non plus.

Je vire au cramoisi et manque de m'étouffer avec ma boisson. Prompt à me sauver, j'accueille pourtant la réaction de Giovanni à ma droite.

— Ah, vous... ? Ok, pas mes oignons, se rectifie-t-il.

Pour détourner l'attention, il repose ses lèvres pleines sur sa paille et entoure son gobelet de sa main charnue, blême. Le regard de Raphaëlle me souffle l'inévitable ; « il fallait bien que ça arrive ».

— Elle m'a largué, ça compte pas. Bref, un jour, je me suis battue avec un garçon qui nous harcelait et qui m'appelait ainsi. J'ai eu le nez touché. Pas cassé, mais ouvert. J'ai eu un sacré pansement grand comme celui-ci et un vrai sur lequel Raphaëlle a écrit Love Boy. L'écriture ne ressemblait à rien, mais on trouvait ça drôle en plus de pouvoir jouer de ce surnom. J'ai rapidement commencé à imprimer des stickers capables de tenir sur la peau en inscrivant ces deux mots à chaque fois.

— Je lui disais que la couleur rose du faux pansement faisait ressortir la couleur de ses yeux, ajoute Raphaëlle, adoucie par les souvenirs. Un bleu azurin captivant.

En un temps record, toute l'animosité que j'ai ressentie pour elle depuis la veille s'est envolée. Giovanni, lui, reste respectueux envers l'histoire pleine de vulnérabilité que nous lui racontons.  

Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro