✎ Chapitre 9.
Samuel.
Je regarde Jun et Minghao se parler dans leur langue maternelle. Ça se sent que malgré cette histoire, leur amour est fort. J'espère qu'ils vont rester ensemble malgré tout, même si je pense que Jun, après avoir entendu son histoire, n'a pas besoin de ça.
Je ne sais pas comment ça se fait que je sois arrivé ici, et surtout après les autres garçons. Mes souvenirs sont comme effacés, et je ne saurais dire ce que je faisais avant de me retrouver dans cette salle, mais tout ce que je sais, c'est que ça m'angoisse, et je sais que je ne suis pas le seul. Plus le temps passe, plus j'ai peur de ce que je vais raconter. Mais j'ai surtout peur de la réaction de Seokmin.
Chan essaye de me rassurer depuis que je suis arrivé ici, et je m'en veux au passage car il n'a pas osé me dire qu'il avait le VIH. Je me dis qu'il avait peur certainement de ma réaction, ce qui est compréhensible. Je trouve au passage que tout le monde est très courageux ici, et c'est méchant de penser ça, mais ça me rassure de voir que tout le monde a vécu ou vit quelque chose d'assez difficile. C'est pourquoi, je pense que ce sera plus facile pour moi de raconter mon passé. Mais encore une fois, la personne qui me fait "peur", en quelque sorte, c'est Seokmin.
Le bruit de tremblement habituel se fait entendre et comme à chaque fois, je sursaute. Chan m'a expliqué leur théorie, et celle-ci est assez flippante. Mais j'apprécie ce côté de solidarité, puisque tout le monde raconte son histoire, sans savoir ce qui leur attend, ni pourquoi leur nom est noté sur ce bout de papier. C'est comme s'ils voulaient rester ensemble.
— Bon... Murmure Joshua. A qui le tour ?
Si je me réfère à la feuille de Chan, nous sommes déjà à la neuvième histoire. Donc nous sommes déjà à plus de la moitié, puisque nous sommes quatorze. Je me mets à réfléchir. Plus le temps passe, plus je m'angoisse à l'idée de raconter ce qu'il s'est passé, donc plus ce sera difficile pour moi de raconter cette histoire. Je prends donc une grande inspiration.
— Je veux bien... Murmuré-je, tout en levant la main.
Quelques regards se tournent vers moi, notamment celui de Chan, et c'est à ce moment que je regrette de m'être porté volontaire. Je ne m'étais pas rendu compte à quel point le regard des autres était si angoissant.
— Bon... Par où commencer...
— Tu dois d'abord te présenter, m'informe Chan.
— Oh, oui... Je m'appelle Kim Samuel, je sors avec Chan, et je connais que vaguement Seungkwan et Vernon, il y a aussi Jihoon, mais ça date un peu... Et aussi, j'ai dix-sept ans...
— Sérieux !? Me demande Seungcheol, l'air surpris.
— Ouais, dis-je en grattant l'arrière de la tête.
— Je pensais pas... Tu es si jeune, je trouve...
— Je sais, enfin, j'imagine.
En regardant tout le monde, je me rends compte que le regard de certains s'est attendri. C'est vraiment encore plus angoissant. Je pense que le but était de me rassurer, mais c'est loupé.
— Bon, faut savoir que je suis en famille d'accueil et que c'est justement comme ça que j'ai connu Chan, puisque ma famille d'accueil est justement la famille de Chan. J'y vis depuis six mois, et avant eux, j'ai eu d'autres familles d'accueils et je change de temps à autres depuis quatre ans. J'avais donc treize ans quand ma vie a changé.
— C'est encore plus jeune... Murmure Jeonghan.
— Oui, mais au moins, avec cette histoire, je pense avoir gagné beaucoup en maturité. Bref, je vivais donc dans une famille plutôt calme à la base. Mes parents s'entendaient bien, j'avais un grand frère absolument adorable, je pense que je ne pouvais pas rêver d'une meilleure vie. Mais rapidement, j'ai appris qu'il pouvait y avoir des bas dans une famille et la nôtre avait de gros problèmes d'argent.
— Dans quel sens ? Me demande Joshua.
— On avait des dettes à payer et tout nous est tombé dessus, d'un seul coup. Ma famille a donc dû dépenser beaucoup d'argent, et c'est peu si on ne pouvait pas finir le mois.
— Ce doit être si stressant dans une famille, me dit maintenant Joshua.
— Oui, ça l'est. En soit, ces problèmes auraient pu être rapidement réglés, mais d'autres problèmes sont arrivés les mois suivants, nous mettant à la limite dans le rouge. C'est à partir de ce moment que mes parents ont commencé à se disputer. C'était au début de temps en temps et ils finissaient toujours par se réconcilier.
— Le récit au passé ne me dit rien de bon... Murmure Wonwoo.
— En effet, car plus le temps avançait, plus ça empirait. Mon frère essayait toujours de me rassurer, me disant que ça allait aller mieux. Un jour, ma mère est partie chez ma grand-mère, le temps d'une soirée. Comme les disputes ne nous touchaient pas, elle nous a laissé à mon père. Sauf que ce dernier était furieux et il a commencé à faire passer sa colère sur mon frère et moi.
— Il vous battait ?
— Oui, après, ma mère est rentrée et elle a vu qu'on était couverts de bleus. Elle a directement compris que mon père avait dépassé les bornes. Et donc, nouvelle dispute entre mes parents, qui a été assez violente. Si bien que ma mère est partie à l'hôpital, elle a été lourdement blessée et... Elle en est décédée quelques mois après.
— Oh... Vraiment désolé, me murmure Chan.
— Ce n'est rien, enfin si... Perdre ma mère était difficile. Suite à ça, mon père avait tout de même notre garde, disant qu'elle s'était faite battre par quelqu'un d'autre, et en nous disant qu'on ne devait pas dire la vérité, sinon, on le paierait cher.
— Vous êtes donc restés chez lui... Il a continué à vous maltraiter ?
— Oui, je ne reconnaissais pas mon père, celui qui nous avait mis au monde, mon frère et moi. Plusieurs mois se sont écoulés, et un jour, mon frère a dit qu'il allait mettre fin à cette histoire. Grâce au téléphone fixe, il a appelé la police, chose qu'on aurait dû faire plus tôt. Le problème est que mon père était là. Furieux, une nouvelle fois, il s'est attaqué à mon frère.
— La police est arrivée à temps ? Demande curieusement Vernon, j'hoche la tête négativement.
— Non, quand elle est arrivée, il était trop tard. Mon frère... Est mort sous les blessures de mon père.
— Hein !? Il est mort !?
C'est Jihoon qui vient d'hausser la voix, pour la première fois depuis que nous sommes arrivés. Lui et mon frère étaient très proches à une époque, mais Jihoon avait coupé les ponts avec lui il y a environ six ans. En repensant à tout ça, les larmes me montent aux yeux. Pour cacher ça, je mets ma tête dans mes mains, et j'essuie les gouttes d'eau salées qui commencent à rouler sur mes joues. Je sens Chan me prendre dans ses bras, sans rien dire. Sa présence est si rassurante.
— Et toi... Comment ça se fait que tu sois encore là ? Chuchote Jeonghan.
— Mon frère m'avait demandé de me cacher dans ma chambre et de ne surtout pas sortir, et que si j'entendais du bruit dans le salon, je devais fuir par la fenêtre. C'est ce que j'ai fait, à contre cœur...
— Et au final ? Demande Jeonghan.
— Mon père a été arrêté, et j'ai donc été placé en famille d'accueil.
Je peux voir la plupart hocher la tête, sans oser ne rien dire. Mon cœur bat la chamade. Je dois dire ce que je me retiens de prononcer depuis tout à l'heure.
— Une personne aurait pu tout changer... Murmuré-je.
— Qui ça ? Les autres membres de ta famille ? Demande Seungcheol, en fronçant légèrement les sourcils.
— Non, eux, ne se doutaient de rien, et on préférait ne rien dire... Mais... J'ai besoin de le dire, et je ne veux surtout pas qu'il se sente coupable mais... Mon frère était Kim Hyeon-tae, celui dont parlait Seokmin, tout à l'heure...
Silence de plomb dans la pièce. Je regarde Seokmin, qui est à priori mon véritable frère de sang. Sa tête se décompose en l'espace de deux secondes et je peux voir les larmes lui monter aux yeux, comme les miennes pour la deuxième fois. Je sens également mon cœur s'alléger. Ça fait du bien de le dire.
— Samuel...
— Ne t'excuse pas... J'aurais été tout aussi paniqué à ta place, et je comprends ta réaction...
Je peux voir Seokmin se lever du canapé, se détachant de Joshua et il s'avance vers moi. Sans me prévenir, il vient me prendre dans ses bras, et mes larmes recommencent à couler à ce moment précis.
— Je suis quand même désolé...
Je ne réponds rien, la seule chose que je fais, c'est le prendre dans mes bras à mon tour, et le serrer comme j'aurais aimé faire à Hyeon-tae avant qu'il ne nous quitte.
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