Seokmin.

C'est seulement la deuxième histoire que nous écoutons, plus le temps avance, plus je me sens stressé par rapport à ce que moi, j'ai fait. En soit, ce qu'il se passe, ce n'est pas si grave je pense, mais j'ai juste empiré la chose.

Bien évidemment, je devrais énormément en vouloir à Joshua, mais ce n'est pas le cas, enfin si, un peu. Il nous a juste mis dans une merde noire, et il me l'a caché en plus de ça. Mais bon. Pour le moment, nous sommes justes enfermés ici, donc on ne peut rien y faire.

Seungcheol arrête de parler à Jeonghan, après une discussion que nous avons tous suivi. Nous attendons tous un petit peu, dans le silence, histoire de savoir si quelque chose se passe ou non. Les secondes se transforment en minutes, et pendant ce temps, mon angoisse ne cesse d'augmenter.

— Bon, la théorie de la liste était fausse apparemment, dit Wonwoo, en soupirant.

Je regarde Joshua, qui se mord violemment la lèvre. Lui aussi se retrouve maintenant angoissé. Peut-être même que le problème vient de Seungcheol, mais pas de lui. Je me dois de le rassurer. C'est pour cette raison que je prends doucement sa main dans la mienne.

— Ça va aller, ok ? Demandé-je.

— Oui... J'es-

Un grand bruit se fait entendre, je sursaute à ce moment. C'est exactement le même bruit que tout à l'heure, sauf que cette fois-ci, le bruit est accompagné de violentes secousses. Je prends instantanément Joshua dans mes bras, et heureusement que nous sommes assis. Sous la peur, mes yeux se sont fermés, et ils le restent ainsi même une fois qu'il n'y a plus de secousses. J'ai toujours été très peureux.

— Seokmin... C'est fini, me murmure Joshua, d'une voix douce.

Je rouvre les yeux à ce moment et je regarde Joshua, qui a un léger sourire sur les lèvres. Il s'approche ensuite doucement de moi pour embrasser mes lèvres, certainement pour me rassurer, mais j'y réponds avec plaisir, sans forcément bouger.

— Les gars... Murmure quelqu'un, nous rompons notre baiser à ce moment pour regarder Junhui, qui est celui qui vient de parler. Il y a quelqu'un au sol...

Notre regarde se dirige automatiquement vers où il regarde, et on peut en effet voir quelqu'un d'allongé sur le sol. Je peux voir également Chan se lever du fauteuil sur lequel il était assis d'un seul coup pour courir jusqu'à lui. Apparemment, ils se connaissent. Il s'assoit donc à côté de lui et il commence à le secouer doucement.

— Samuel... Murmure-t-il, réveille-toi, s'il-te-plaît...

Les yeux de tout le monde sont tournés vers les deux garçons. C'est en peu de temps que le jeune homme qui s'appelle à priori Samuel se réveille. Chan le prend dans ses bras. Ils ont l'air proches, tous les deux. Pour leur laisser un minimum d'intimité, je décide de détourner le regard et je vois la feuille que tenait Chan au sol. Je m'excuse auprès de Joshua et je me lève pour la récupérer. J'ouvre le papier, puisqu'il était plié et je soupire. Le nom de Seungcheol est maintenant sur la feuille, en-dessous de celui de Joshua.

— Seungcheol, dis-je, ce dernier se retourne vers moi, ton nom a été rajouté.

C'est certainement un peu méchant de penser ça, mais je suis rassuré de voir que Joshua n'est plus le seul sur cette liste, et je l'admire pour ça. Il a un certain courage que je n'ai pas. Après cinq nouvelles minutes, où Chan a raconté à Samuel ce qu'on fout là, enfin, lui expliquer du moins la situation, Samuel nous a donc rejoint. Il semble très perdu, encore plus que n'importe qui. Il paraît également très jeune, même plus que Chan, qui semblait lui-même être le plus jeune. Il se présente à nous.

— Bonjour... Je m'appelle Kim Samuel... Murmure-t-il.

— Samuel ? Nous nous retournons vers Jihoon, qui vient tout juste de parler. Je ne sais pas si tu te souviens de moi... Je suis Lee Jihoon, j'étais un ami de ton frère...

Je peux voir le regard de Samuel s'éclaircir, et un sourire vient se poser sur ses lèvres, comme rassuré de voir quelqu'un d'autre qu'il connaît et il hoche la tête. Mais rapidement, son sourire disparaît, sans qu'on ne sache pourquoi. On se présente rapidement à notre tour, pour qu'il puisse à peu près savoir qui est qui.

— Bon, maintenant ? Demande Vernon.

Et on en revient au point de départ. Personne ne veut parler, moi non plus, surtout que j'ai été lâche. Comme d'habitude, et ce, en partie à cause de la peur.

— Seokmin, m'appelle Joshua, tu sais, je ne veux pas te forcer, mais...

— Josh... Je ne sais pas...

— Je te connais Seokmin, je suis sûr que tu n'as rien fait de mal, ou que si c'est le cas, tu regrettes. Tu sais, tu es mon petit soleil.

— Joshua, je me sens rougir, j'ai peur que tu ne me regardes plus de la même manière.

— Tu n'as pas à t'inquiéter, je t'aime, et tu le sais.

— Ok, je me lance, soupiré-je.

Je peux voir Joshua sourire, les autres regards se sont tournés vers nous. Ils semblent prêts à m'écouter et c'est vrai que tant que j'y pense, nous sommes tous attentifs aux histoires des autres.

— Donc, je m'appelle Lee Seokmin, j'ai vingt-et-un ans. Je suis le copain de Joshua et je connais Seungkwan, Vernon et Soonyoung. Un peu comme tout le monde j'ai des parents et...

— Mais, on s'en fout de tes parents, je me retourne vers celui qui m'a coupé, Minghao, pardon, c'était un peu méchant...

— Ce n'est rien, mais c'est qu'ils sont très importants pour l'histoire.

— Oh, ok, vraiment désolé, murmure Minghao.

— Ce n'est rien. Donc mes parents et moi avons toujours été une famille heureuse, je suis fils unique également, et vous savez, parfois, on dit « oh, ton fils te ressemble, c'est ton portrait craché ». Sauf que ce n'était pas le cas pour moi. A chaque fois, les gens disaient plutôt « votre fils ne vous ressemble pas » et j'avoue avoir commencé à douter. J'ai pensé que j'étais adopté, sauf que ce n'est pas le cas, comme on avait des photos de ma naissance, jusqu'à aujourd'hui.

— Donc ? Demande curieusement Jeonghan.

— J'y viens. Mon père, ayant marre d'entendre ça, a cru que ma mère l'avait trompé neuf mois avant ma naissance. Ils ont donc fait un test de paternité, après de nombreuses disputes. Les résultats après plusieurs semaines étaient clairs : je n'ai pas le même sang que mon père.

— C'est triste de dire ça mais... C'est basique comme histoire, dit Soonyoung, on a la preuve juste ici que ça peut arriverx

— Elle est loin d'être finie , cette histoire, soupiré-je, ma mère a donc assuré qu'elle n'a pas trompé mon père. Il l'a donc refait, mais ma mère l'a également fait.

— C'est un peu con de faire ça, dit Seungcheol, en fronçant les sourcils, tu es sorti de son ventre, elle t'a pris dans ses bras à ta naissance, ça ne peut être que toi.

— Elle a au contraire bien fait, puisque si les résultats n'étaient une nouvelle fois pas concluants pour mon père, ils ne l'étaient pas non plus pour ma mère.

Je peux voir tout le monde faire une tête étonnée. Je dois avouer que ce genre de résultats n'étaient pas attendus. Cette histoire, même Joshua n'est pas au courant, personne ne l'est et ça me fait vraiment bizarre de la raconter.

— C'est pas possible, dit Chan, l'air perdu, comment tu ne peux pas être le fils de ta mère ?

— On s'est aussi posé des questions, on est donc remonté à ma naissance. Ma mère m'a dit que j'ai été pris en charge pour quelques heures, pour passer quelques petits examens.

— Oh merde, je crois que j'ai compris, entends-je Joshua dire.

— Ce n'est plus très difficile à comprendre. J'ai été échangé à la naissance, certainement par maladresse du personnel de l'hôpital, et ma mère, ayant simplement aperçu le bébé qui est sorti de son ventre, n'a pas pu faire la différence entre moi et ce bébé.

Des murmures se font entendre dans toute la salle. Je me retrouve maintenant légèrement embarrassé et la main de Joshua vient prendre la mienne, certainement pour me rassurer.

— C'est vraiment horrible ce qu'il t'est arrivé, Seokmin... Murmure Joshua.

— J'ai envie de dire que ce n'est pas le pire... Le pire, c'est ce qu'il s'est passé après. Et c'est là, que j'ai peur de raconter...

— Ne t'inquiète pas, prend ton temps.

Je sens à présent la main de Joshua doucement caresser la mienne. De toute façon, je n'ai plus le choix. Je dois finir l'histoire.

— Après avoir compris ça, mes parents m'ont assuré qu'ils me traiteraient toujours comme leur fils, et je les ai malgré tout toujours considérés comme mes parents. Ils se sont occupés de moi et ont dû supporter, genre... Ma crise d'adolescence. Mais il faut savoir que je suis quelqu'un d'énormément curieux à la base et donc, je ne pouvais m'empêcher, malgré tout, de me demander qui étaient ceux qui m'avaient mis au monde.

— Tu t'es donc mis à les chercher, je suppose ? Me demande Seungkwan.

— Oui, c'est ce que j'ai fait. C'était compliqué, mais j'ai fini par arriver à un nom, des prénoms, et une adresse.

— T'es allé les voir ? Me demande maintenant Soonyoung.

— Pas exactement... C'est là que j'ai honte de ce que j'ai fait... Je me suis rendu à l'adresse. On habitait dans la même ville puisque j'avais pas déménagé depuis ma naissance et quand je suis arrivé, j'ai vérifié la boîte aux lettres, c'était bel et bien leurs noms. Je m'apprêtais donc à toquer à la porte, mais avant, je me suis rendu compte que je pouvais les voir par la fenêtre...

Je sens les larmes me monter aux yeux à une vitesse fulgurante.

— Par curiosité... J'ai regardé... Et j'ai vu un homme de mon âge... Et... Et...

— Seokmin... Respire...

— Il se faisait battre par son père, assez violemment...

Je fonds à ce moment en larmes. C'est dans ce genre de moments que je me rends compte de ma sensibilité. Je n'ai jamais raconté cette histoire, par honte. Par honte envers moi-même.

— Eh... Ce n'est pas de ta faute, Seokmin... Me murmure Chan, pour me rassurer.

— Je sais mais... J'ai vu la scène et... Je me suis retrouvé comme tétanisé... J'aurais pu intervenir, j'aurais pu appeler la police, j'aurais pu appeler les voisins... Mais je n'ai rien fait... Je suis juste parti, comme si je n'avais rien vu... Je suis si lâche...

Personne ne dit rien. Je pense qu'on peut juste m'entendre pleurer. J'ai le cœur lourd en ce moment, repensant à lui, à celui qui était de base le fils de mes parents. J'espère qu'il va bien aujourd'hui.

— J'aimerais juste le retrouver, pour lui dire à quel point je suis désolé... Et que j'aimerais me rattraper... J'ai voulu, mais ils ont déménagé...

— Comment s'appelait-il ? Peut-être que l'un d'entre-nous le connait ? Dit Mingyu.

— Il s'appelait Kim Hyeon-tae...

Je regarde les treize garçons et tous, ou presque, hochent la tête négativement, j'ai pourtant l'impression que l'expression de l'un d'eux est plus froide envers moi, ce qui prouve le contraire. Mais je préfère ne rien dire. J'ai si honte de moi-même.

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