Je jette un regard à la scène en contrebas, et je suis surprise de me rendre compte que je me suis presque habituée à la hauteur et à la vue plongeante.
En effet, nous sommes placés à l'avant dernier rang du quatrième étage de la salle de concert, et la vue est vertigineuse.
Mais vraiment vertigineuse, à tel point que j'étais cramponnée à mon siège durant presque toute la première partie du concert, de peur de tomber.

La lumière s'éteint.
J'échange un regard avec mon père, souriant à en avoir mal aux joues.

Car aujourd'hui, c'est le jour que nous attendons depuis 172 jours.
Oui, j'ai compté les jours.
Aujourd'hui, c'est le 16 juin.
Aujourd'hui, c'est le jour du concert de Billie Eilish.
Alors même si nos places ne sont pas les meilleures, même si on est loin de la scène, on s'en fout: aujourd'hui, c'est notre jour.

Je vois autoir de moi des milliers de personnes ayant sur eux le même tee-shirt que je tiens entre les mains.
Des milliers de personnes qui scandent son nom en claquant des mains.
Je vois des personnes dans la fosse brandissant des pancartes "WE love you Billie".
Je vois que la personne devant moi à une photo de Billie en fond d'écran.
Je ne suis donc pas la seule à faire ça.
J'ai ce sentiment de ne pas être seule.
Car toutes les personnes dans cette salle, quelles que soit leurs différences, ont toute une même passion, nous aimons tous la même personne.
Je ne suis plus "la meuf cheloue fan de Billie Eilish".
Je suis une fan partie tant d'autre.
Je me sens entourée.
Et ça à un côté très rassurant.

La fumée emplit la scène, la bande instrumentale s'amplifie, et une silhouette surgit par une trappe sur la scène, en même temps que les cris emplissent la salle. C'est elle. Billie.
En réel.
Celle que je regarde en vidéo, celle dont j'écoute la musique tout les jours depuis plus d'un an et demi.

Et elle se tient là, en chair et en os, à une où deux centaine de mètres de nous.
J'avais beau savoir que j'allais enfin la voir en vrai, et m'être préparée à ce moment, cela me fait une drôle de sensation.
Elle devient si réelle à mes yeux, comme si jusqu'à maintenant ce n'était que le fruit de mon imagination.
Son énergie incroyable emplit la scène tandis qu'elle commence à chanter, accompagnée par la foule.

[...]

C'est la dernière musique.
Les premières notes de guitare, jouées par Finneas, commencent.
Après environ 1h30 de concert, voilà enfin la chanson finale.
Après avoir chanté et hurlé de toute mes forces, avoir applaudi jusqu'à en avoir mal aux mains, avoir été au bord des larmes durant when the party's over, avoir profité de sa voix magnifique, m'être penchée dangereusement vers le vide pour me reprocher le plus de la nacelle dans laquelle elle était, avoir sautée jusqu'à n'en plus pouvoirs, c'est la fin.
La dernière musique.
Happier Than Ever.
Alors elle commence à chanter, et le fond de nuages d'ors derrière elle se transforme en nuages d'orages, la musique augmentes, les lumières blanches clignotent, les lasers fusent a travers la salle tels des éclairs.
Et tout le monde chante cette dernière phrase lâchant toute sa rage et sa frustration, criant à s'en déchirer la gorge.

Made all my moment your own,
Juste fucking leave me alooooonne!

J'écris ce chapitre pour essayer de n'a jamais oublier ce moment que j'ai vécu, un moment magique que je veux graver à tout jamais dans ma mémoire.
Et si vous avez une idole, j'espère de tout cœur que vous aurez la chance de la voir en concert, c'est quelque chose de merveilleux.