Cela faisait plusieurs minutes que Aya et le jeune garçon esquivaient les coups de la marionnette.

- Pas de solution ?

- Non, avoua-t-il.

- On va crever ici alors, rigola-t-elle avec sarcasme.

- Ton démon ne pourrait pas intervenir ?

- J'aimerais bien qu'il rapplique comme il le fait d'habitude, mais je crois que le truc qu'a mis Tenshi sur mon ventre l'en empêche.

- Tu as dis Tenshi ?

- Oui ?

- Tu ne connais pas le grand Tenshi Tenmo ?

- Non, il est si connu que ça ?

- C'est le meilleur stone hunter du dernier siècle. Héritier du clan Tenmo, il maîtrise la technique de l'ange et du démon et est le seul survivant de la technique du dernier souffle.

- La quoi ?

- Technique du dernier souffle. Concentration d'énergie antique, l'utilisateur a 99% de chance de tuer. Tenshi et une autre personne ont survécu, mais l'utilisateur meurt obligatoirement.

- Trop flippant.

Il n'eut pas le temps de continuer sa phrase que l'un des bras de la marionnette explosa et tomba au sol en le creusant. Alors qu'Aya et le garçon cherchaient la source de cette explosion, Aya entendit une voix de fille chuchoter à son oreille : "Salut, t'as besoin d'aide ?" Surprise, Aya se retourna brusquement. La fille qui se trouvait derrière elle ne bougea pourtant pas d'un pouce, les yeux fermés et un grand sourire. "Visiblement oui", dit-elle en s'avançant vers la marionnette sans croiser le regard ni d'Aya ni du garçon.

Quand elle se pensa assez proche, elle tendit le bras, la paume pointant vers le ciel. "Bakuhatsu". En prononçant ces mots, elle créa une explosion dans sa paume et dans la fumée apparut un katana. La lame était blanche, le manche également. Des losanges jaunes étaient présents sur ce dernier. Le bout du manche était entièrement jaune, avec cinq perles également jaunes accrochées. La garde ressemblait à une étoile, mais la lame avait des dents, lui donnant des airs de scie. Le katana tenga tomba sur le côté dans la main de la fille. Le géant tenta désespérément d'attaquer la fille avec son bras restant, mais celle-ci esquiva. Profitant de la distance réduite entre elle et le bras de la marionnette, elle monta dessus.

Après avoir sauté sur la main du géant avec une élégance remarquable, elle planta son katana dans le bras du géant et courut le long de celui-ci pour atteindre sa tête. Arrivée à son épaule, elle retira son katana du bras du pantin et le planta dans sa gorge. Malgré le fait qu'elle ne soit pas vivante, la marionnette poussa un cri de douleur. Elle n'eut pas le temps de repousser la fille, qui déclara "Explosion, niveau 6". Sur ces mots, le katana provoqua une explosion qui fit s'envoler la tête du pantin.

Avant que le corps du géant ne s'écroule, la fille sauta de son épaule. Après avoir atterri, elle fit disparaître son katana. Pendant qu'elle s'approchait, Aya put l'observer plus en détail. Les pupilles de ses yeux étaient jaunes, ses cheveux longs et mal coiffés, noirs avec des mèches blondes aux pointes créées par sa coiffure, et elle avait une cicatrice sur la joue droite. Elle portait une longue robe noire, dont les côtés étaient découpés au niveau des jambes. À la jambe droite, une longue chaussette jaune, et à la gauche, une noire. À la taille, une ceinture blanche contrastait avec le noir de sa robe, avec un cœur taillé au niveau de sa poitrine pour créer un décolleté. Quand la fille fut proche d'Aya, celle-ci prit la parole.

- Qui es-tu ?

- Bonjour, je m'appelle Cujonha, et je suis une détentrice comme toi, répondit-elle tout sourire.

- T'es une détentrice ? répéta la brune étonnée. T'as quelle pierre ?

- Celle de l'explosion. T'as dû le remarquer quand même, non ?

- C'est vrai. Et pourquoi t'es ici ?

- Je m'amuse à tuer les mauvaises personnes et je cherche à faire évoluer ma pierre, répondit la fille en continuant de sourire.

- La faire évoluer ? On peut faire ça ? demanda Aya étonnée.

- Bah oui, tu le savais pas ?

- Pas vraiment.

- Attends, on est d'accord que lorsque tu as assimilé la pierre, tu as fait des cauchemars en dormant ?

- Oui, pourquoi ?

- Il n'y avait pas un message dans ce cauchemar, qui te disait d'accomplir quelque chose afin de la faire évoluer ?

- Attends que je réfléchisse.

Puis, Aya essaya de se remémorer tout ce qui lui était arrivé depuis qu'elle avait acquis les pouvoirs de cette pierre. Elle se rappela du cauchemar qu'elle faisait en boucle, puis de la phrase que les livres formaient.

- Oui, je me souviens. "Trouve chaque stèle antique, et tu découvriras le vrai pouvoir de cette pierre."

- Donc, t'as la pierre des langues.

- Comment tu sais ?

- Parce que tout le monde sait que c'est cette pierre qui permet de trouver les stèles antiques et d'utiliser la technique de l'apocalypse.

- La technique de l'apocalypse ?

- Tu ne connais pas cette technique ? Mais tu vis dans une grotte ou quoi ?!

- Mais vous allez arrêter de dire ça ! s'exclama Aya. C'est vexant à force.

Le garçon s'approcha.

- On pourrait éviter de me mettre de côté ? demanda-t-il.

- Désolée, mais je ne te fais pas confiance, lui dit Cujonha en continuant de sourire.

- Et pourquoi ? Et arrête de sourire comme ça, ordonna le garçon agacé.

- Mais pourquoi tu veux que j'arrête de sourire ? demanda-t-elle en continuant.

- Tsss, tu m'énerves franchement, dit agacé le garçon.

- Eh les deux, excusez-moi de casser l'ambiance électrique entre vous, mais je ne connais toujours pas ton nom, dit-elle en parlant au garçon.

- Je m'appelle Minarai.

- Pourquoi tu t'appelles comme ça ? demanda Aya.

- C'est le marionnettiste qui m'a appelé comme ça quand il m'a adopté.

- Il t'a adopté ?! s'exclama Cujonha, Aya, c'est une raison de plus pour ne pas lui faire confiance.

Minarai souffla sans pour autant répondre. Un long silence s'installa durant quelques instants.

Cela faisait plusieurs jours qu'ils marchaient dans la zone de l'eau. Comme d'habitude, Minarai et Cujonha se faisaient la guerre pour savoir qui était digne de confiance, comme deux frères et sœurs. Aya, elle, ne prenait pas part à ces enfantillages. La seule chose qui occupait son esprit était la fameuse phrase qui hantait ses rêves.

Ce que Cujonha lui avait dit était aussi ancré dans son cerveau. Quelle était la puissance de cette technique nommée "l'apocalypse" et que permettait-elle ? Elle n'en savait rien, et elle ne pouvait cacher que cela l'agaçait. Elle ne pouvait tellement pas le cacher que quelques jours plus tard, entre deux disputes avec le garçon, Cujonha lui demanda :

- T'es énervée ?

- Non, répondit sèchement la brune en faisant tout pour ne pas la regarder. Pourquoi ?

- Depuis qu'on est parti, tu es toujours à cran. Tu dis que tu as mal au crâne, et hier tu nous a carrément engueulés parce qu'on n'allumait pas le feu assez vite à ton goût.

- C'est vrai, désolée.

- Alors qu'est-ce qui te tracasse ?

- L'énigme. Et ensuite, toi qui me parles de l'apocalypse. C'est l'apocalypse le vrai pouvoir de Gengo ?

- Je ne sais pas vraiment, répondit Cujonha. Mais apparemment, sur les stèles antiques, il y a écrit des mots qui, mis bout à bout, permettent de trouver la technique de l'apocalypse. Donc, à moins d'avoir un niveau extraordinaire en langues anciennes, la pierre des langues est la meilleure solution. Mais personne ne sait ce qu'est l'apocalypse, ni si c'est cette technique le vrai pouvoir de ta pierre.

Cela faisait une douzaine de jours que le trio marchait, mais ils n'étaient toujours pas sortis de la zone. Après tout, ils savaient que la zone des eaux était la deuxième plus grande zone du pays. Minarai remarqua quelque chose,

- Aya, arrête-toi deux secondes !

- Quoi ?

- C'est quoi ce losange sur ta main ?

- Oh merde, chuchota Aya.

Au moment où elle se rendit compte de son erreur, il était déjà trop tard. D'un coup, elle sentit une pression ressemblant à celle qu'elle avait ressenti face à Gengo. Elle se retourna et vit un homme. Ses cheveux étaient rouges sang et il était vêtu d'une cape rouge, mais malgré le fait qu'il portait un masque dont les yeux et la bouche étaient entièrement noirs, elle avait l'impression de reconnaître chaque détail des accessoires.

Après un court instant, deux hommes, vêtus entièrement de noir, apparurent derrière lui. Eux aussi, Aya avait l'impression de les avoir déjà vus. Après que les deux trios se soient observés, Cujonha prit les devants et fit apparaître son katana. Puis, sans crier gare, les deux hommes derrière le garçon explosèrent et furent coupés en deux. Aya vit les tripes de ses adversaires voler, mais surtout, elle constata que peu à peu, les tripes explosées se reformaient, et que les deux moitiés de corps se rattachaient.

- T'es foutu petite, lui avoua Gengo dans sa tête.

- Pourquoi faut-il que tu te manifestes uniquement pour me dire des mauvaises nouvelles ?

- Désolé, mais j'étais en train de dormir, s'excusa-t-il. Pendant deux semaines...

- Dis-moi juste pourquoi je suis foutue !

- Peut-être parce qu'il porte un masque de contrôle ?

Quand il dit ça, les trois opposants commencèrent à avancer.

- Tu peux expliquer plus vite ? s'impatienta-t-elle.

- C'est un masque que portent les personnes qui ont acquis une arme ou une pierre de tiers neuf ou dix sans l'entraînement adéquat. Ça veut dire que soit il a changé de pierre, soit il a changé d'arme, et dans les deux cas, elles sont puissantes.

Avant qu'Aya ne puisse répondre, elle vit le garçon apparaître devant elle, comme s'il se téléportait. Il la fixait sans bouger, ignorant ses amis. Cujonha pensa que c'était le moment opportun. Elle se retourna, tenant son katana à deux mains pour maximiser sa force, et visa le cou du garçon. Quand elle fut à deux doigts de le toucher, il sauta avec force, posant sa main sur la tête de la brune pour se tenir. Pour Cujonha, cela ressemblait plutôt à une provocation. Elle tenta de lui couper le bras, mais il esquiva habilement et atterrit accroupi au sol. Cujonha commença à respirer de plus en plus fort. Pour la première fois, Minarai et Aya remarquèrent que son sourire avait disparu.

En les observant, toujours accroupis, le garçon leva lentement la main pour pointer du doigt quelque chose. Minarai et Cujonha se retournèrent au moment où les deux autres hommes les attaquèrent. Rapidement, Cujonha bloqua l'attaque avec son katana, et Minarai utilisa un couteau qu'il avait sorti de sa poche. Aya fut la dernière à faire l'erreur de se retourner. Lorsqu'elle ne vit plus le garçon, elle sentit quelque chose attraper ses cheveux et les tirer. D'un coup, elle fut projetée dans la forêt à côté d'eux, puis le garçon s'élança afin de la suivre.

Le vol plané de la brunette s'arrêta quand elle percuta un immense chêne. Elle s'écroula par terre et le choc contre le bois dur la fit énormément souffrir. Le garçon s'approcha lentement et lui mis un coup de pied qui envoya sa tête contre l'arbre, et l'impact fut si violent et rapide qu'elle fut à deux doigts de s'évanouir. Puis le garçon l'attrapa par le col et le projeta contre un autre arbre proche.

- TU POURRAIS M'AIDER ? s'exclama Aya en criant sur son démon.

- Ça me fait mal de l'avouer mais je ne peux pas, avoua-t-il, gêné. Le sceau de Tenshi me bloque.

- Mais là je vais me faire buter !

Aya roula dans l'herbe verte, pareille à la couleur des feuilles d'arbre, sur plusieurs mètres. Ensuite, le garçon s'approcha d'elle lentement et dégaina son katana, d'où une aura sombre s'échappait. Aya commença à essayer de s'enfuir, courant malgré les bleus et les blessures provoqués par les coups et les chocs qui la ralentissaient.

Le garçon continuait de marcher, mais malgré sa lenteur, il gagnait du terrain. Pendant qu'il avançait, l'aura de son sabre devenait noire et grandissait. Il se jeta sur elle et tenta de la trancher, mais elle esquiva rapidement en roulant sur le côté. Après sa roulade, elle se releva et courut à travers la forêt. Le garçon continuait à la poursuivre sans prononcer un seul mot. Aya ressentait la puissance de son sabre derrière elle, l'impression d'être un gibier, poursuivi dans une forêt par un chasseur qui s'amusait avec elle.

Elle réussit à se cacher derrière des arbres, le garçon continuant à avancer même s'il ne l'avait pas vue. Pendant qu'elle reprenait son sang-froid, elle repéra une pierre par terre. Aya la ramassa avec sa main droite, "L'entraînement du camp va enfin servir", pensa-t-elle.

Le garçon continua à marcher et ne remarqua pas Aya, qui avait escaladé les arbres afin de se surélever. Quand il la dépassa, elle sauta et atterrit derrière lui. Alerté par le bruit, il se retourna rapidement, mais il n'eut pas le temps de la voir qu'elle s'élança vers lui et frappa son visage avec la pierre. Il vacilla à cause du choc et tomba en arrière. Aya soupira et commença à marcher vers l'endroit où elle avait laissé ses amis.

Mais après avoir enjambé le corps inerte du garçon, elle sentit quelque chose de dur et froid transpercer son ventre. Elle baissa lentement les yeux et vit le bout d'une épée qui passait dans son ventre.

Elle commença rapidement à trembler sous la panique. Sa vue se troubla et elle cracha du sang au moment où l'épée fut extraite de son ventre. Elle posa lentement la main sur sa blessure et se retourna doucement. Elle vit le garçon devant elle, son masque se fissurant et de l'énergie antique noire aux contours rouges sortant de son corps sous la forme de plusieurs petites éclairs.

Le masque du garçon se fissurait de plus en plus, jusqu'au moment où il tomba au sol en deux morceaux. Ses yeux étaient devenus noirs à l'exception de ses pupilles qui étaient devenues jaunes et avaient pris une forme ovale.

- Là, t'es dans le pétrin, jeune humaine, remarqua Gengo.

- Au lieu de me décourager, tu pourrais pas m'aider ? demanda-t-elle.

- Je vais devoir te dire combien de fois que je suis bloqué par le sceau de Tenshi Tenmo ? Décidément, les humains, vous êtes tous plus bêtes les uns que les autres.

- Tenshi, espèce de...

- Ce n'est pas en l'insultant que le sceau disparaîtra, imbécile.

- Plutôt que de me rabaisser, tu pourrais m'expliquer ce qu'il a, celui-là, dit-elle en pointant le garçon du doigt.

- Il est en train de se faire posséder. Le démon retenu dans son sabre est sûrement un tiers neuf, voire un tiers dix. En brisant son masque, tu as signé ton arrêt de mort.

Aya ne répondit pas et s'enfuit. Au moment où elle essaya de courir malgré sa blessure qui la faisait énormément souffrir, le garçon s'avança, leva son katana et lui trancha le dos. Elle tomba au sol en hurlant de douleur.

Il la fixa. Le démon qui le possédait savait très bien qu'elle ne pouvait plus se lever, mais il planta quand même son sabre dans la jambe droite d'Aya, qui poussa un nouveau cri de douleur.

- Tu me fais pitié, Gengo, dit le possédé.

- Et pourquoi ? demanda-t-il en contrôlant la bouche d'Aya

- Tu te rabaisse vraiment à te transférer dans un réceptacle si faible, soupira-t-il. Avant, tu étais respecté, tu étais l'un des plus forts, mais maintenant, après toutes ces années à te haïr, je peux me venger, car tu es faible.

Quand il prononça ce mot, deux des sept verrous du sceau disparurent, sans que personne, sauf Gengo, ne le remarque.

- Je ne suis pas faible, hurla Gengo.

- Si, affirma le possédé. Regarde-toi, tu es à ma merci, et tout ça à cause d'un simple sceau.

- Tu ferais moins le malin si tu étais dans ma position.

- Sauf que cela ne m'arrivera jamais. Sur ce, adieu, Gengo...

Il leva son sabre et l'abattit sur Aya, mais quelque chose bloqua son katana. Il regarda attentivement et vit une femme avec de longs cheveux lisses et blonds qui bloquait son épée avec son armure. Elle le repoussa et commença à parler :

- Tenshi t'a bien eu. Franchement, il n'en fait qu'à sa tête. À quoi pensait-il en refilant un sabre retenant un tiers neuf, sérieusement ?

- Je ne comprends pas ce que tu me racontes, alors je vais me dépêcher de te tuer, s'exclama le possédé.

- Voyons, Kurushimi, ce n'est pas très sympa de traiter une femme de la sorte.

- T'es toujours aussi relou que quand on était gosses, Jintoku.

- Tu ne sauras décidément jamais parler aux filles, soupira-t-elle.

- Maintenant, soit tu me laisses passer, soit tu meurs, dit-il.

- J'aurais aimé qu'on se revoie dans d'autres circonstances, mais bon, tu ne me laisses apparemment pas le choix.

Quand elle eut fini sa phrase, Kurushimi s'élança vers elle. Pendant qu'il s'approchait, le poing de la femme brillait de plus en plus. Il tenta de lui trancher la tête, mais elle esquiva en se baissant et le frappa de toutes ses forces au menton. Il roula sur plusieurs mètres mais ne se releva pas. Après cela, la femme se retourna et dit en souriant :

- Bonjour, je suis Jintoku, et je dois te ramener à Kami.

Aya essaie de reculer en rampant, mais elle n'y arrive pas.

- Mes amis sont encore là-bas.

- Ne t'inquiète pas pour eux.

- Je dois les rejoindre, dit Aya, sa vue se troublant.

- Tu n'as pas le choix.

Elle entendait ces mots comme un écho, puis elle s'évanouit.