LAZULI

Dépassant toute douleur, elle n'avait jamais couru si vite. Pourquoi ? Elle-même ne le savait pas vraiment, au fond. C'était comme si ses jambes agissaient toutes seules, rapprochant son cœur de l'implosion a chaque pas la rapprochant un peu plus de Winterfell. Sa capture, la mort de Topaze... Tout semblait lié, comme s'il s'agissait de rouages permettant d'activer un engrenage géant. Pourquoi retourner là-bas, dans la gueule du loup ? Non, il faut fuir, rentrer chez moi, partir loin d'ici... ! Et pourtant, c'était bien là-bas qu'elle retournait, dans un piège. Mais impossible d'y remédier, ses jambes refusaient catégoriquement d'obéir. Tandis qu'elle se rapprochait, une sensation désagréable transperça sa poitrine. Un pré-sentiment... Elle trébucha sur une pierre et roula dans la boue. Un moment, elle resta là, ses forces l'abandonnant, s'en remettant au destin. La douleur la brûla à nouveau de l'intérieur, et elle crut se consumer vivante. Non... Je dois continuer... Je dois...

RAMSAY

Malgré sa volonté, les larmes commencèrent à couler en masse sur son visage, donnant à Sansa de quoi s'extasier encore plus. Mourir ne me fait pas peur, ne cessait-il pas de se répéter. Je ne suis pas faible, je ne... Mais il ne servait plus à rien de lutter, dorénavant. Les chiens grondaient, léchant leurs babines monstrueuses, s'approchant toujours plus, trop. Ainsi donc, mon père avait raison depuis le départ... Il sourit tristement face à l'horrible réalité. Je ne suis qu'un bon à rien... Les mots suivants lui firent plus mal qu'un coup de poignard en plein cœur : je ne suis qu'un bâtard... Il s'efforça de garder les yeux ouverts. Même dans la mort, il serait digne. Peut-être ne pouvait-il pas s'empêcher de pleurer, mais jamais Sansa ne l'entendrait crier, il ne lui ferait certainement pas ce plaisir. L'un des limiers -le plus gros-, vint se poster juste devant lui, à seulement quelques centimètres de son visage ensanglanté. Sansa ne laissa rien transparaître, mais elle riait à l'intérieur d'elle-même, il n'y avait aucun doute. Ramsay dut se mordre la langue pour réprimer un cri de terreur. Cette fois, plus personne ne pouvait le sauver.

LAZULI

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Réalité n°1 : La flèche eut tant de puissance que Sansa en tomba par terre. Le limier fit volte-face en grondant. Lazuli se retrouva en un éclair dans le chenil, préparée à défier tout chien et/ou homme se mettant en travers de son chemin. Dans ses yeux brillait un éclat diabolique. Une flèche dans chaque main, elle poignarda les chiens qui s'avançaient trop près d'elle. Elle leva les yeux pendant une fraction de secondes et le regard de Ramsay croisa le sien. Elle se retrouva paralysée, incapable de maintenir ses armes. Elle se reprit vite, bien sûr, mais cet instant d'inattention lui fut fatal : déjà, les cerbères lui sautaient dessus, dans un moment de synchronisation parfaite, et se partageaient le festin. Elle tenta de repousser les assauts incessants des bêtes enragées, mais la douleur et la fatigue lui prohibèrent le moindre geste. Elle hurla, pleura, mais les grognements hystériques étouffaient tout autre son. La dernière chose dont elle se souvint, avant que son âme se détache de son corps, fut l'expression d'épouvante de Sansa tandis que son sang se répandait au sol.

Réalité n°2 : Lorsqu'elle arriva, il était déjà presque trop tard. Sans même prendre le temps de respirer, elle serra les dents. Ses yeux se révulsèrent d'un coup, passant du gris-vert au lilas, puis enfin au blanc laiteux. Elle sentit le sol froid sous ses pattes, prenant à présent contrôle d'un chien. Sans réfléchir, elle se jeta sur le plus féroce animal, sous le regard stupéfait de Ramsay et de Sansa. Elle enfonça ses crocs dans la gorge de sa proie, lui brisant les os. Mais le reste de la meute fondit instantanément sur elle. Son âme revint dans le corps de la blonde platine si brusquement qu'elle manqua s'évanouir. Sansa s'approcha d'elle, déboussolée. Alors, Lazuli sourit et tint sa chance. 

 Non sans plaquer la jeune Stark au sol pour l'empêcher de se débattre, Elle ancra son regard démoniaque dans celui de la rousse, comme pour sonder son âme.

" Ah... aaah... ?! "

De nouveau, elle sentit son propre esprit s'envoler, pour cette fois prendre possession du corps de la rouquine. Elle s'empressa d'ouvrir la grande grille du chenil et de foncer libérer Ramsay, guettant les chiens. Mais ils étaient bien trop occupés à se repaître de leur camarade pour prêter attention à elle. Elle délia les liens qui retenaient le bâtard prisonnier et l'aida à se relever. Mais à peine eut-elle le temps de dire "ouf", qu'elle se retrouva plaquée contre la grille gelée.

" Qu'est-ce que tu fous ?! " Bien évidemment, elle ne pouvait pas répondre. 

 " C'est quoi exactement, ce bordel ??! :-# Réponds, sale putain ! ", s'emporta t-il en l'étranglant à moitié. Voyant qu'elle ne disait mot, il renforça son emprise sur elle. De son côté, Lazuli respirait de plus en plus fort, suffoquant presque. Il ne fit même pas attention à elle et continua à serrer le cou de Sansa. Finalement, il lâcha prise, la donnant en pâture aux molosses. Tandis que la Stark rendait son dernier souffle, Lazuli revint à elle. Elle s'écroula dans la boue, exténuée.

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Elle arriva en trombe dans la cour de la forteresse, poursuivie par des gardes Stark. Elle ne voulait pas tuer d'innocent? Pas encore... Mais elle sauverait Ramsay coûte que coûte ! Elle hurla, se débattit tant bien que mal tandis que deux soldats s'emparaient d'elle. Oh, et puis peu importe ! Elle se concentra de son mieux, et ne fit plus qu'un avec le plus féroce animal. Elle sentit l'odeur du sang s'amplifier dans son museau, perçut les battements frénétiques du cœur de Ramsay, parvint même à sentir l'odeur de ses larmes (elle ne savait pas elle-même que cela était possible). Toujours dans le corps du limier, elle se jeta sur l'un des congénères, le réduisant en charpie. Les autres, intrigués par cet acte, se jetèrent instinctivement dans la mêlée. Grâce à sa force et sa taille (tout-à-fait immense comparé aux autres chiens), l'animal n'eut aucun mal à mettre les autres hors d'état de nuire. Tous les regards convergèrent vers le chenil. C'est alors que la jeune femme profita de ce moment de confusion générale pour trancher la gorge des deux soldats. J'ai toujours un coup d'avance, sourit-elle. Sous le regard incrédule de Sansa, elle fonça à toute allure vers les cages. Sansa n'eut pas le temps de réagir que la lame sanglante se trouvait maintenant sous sa gorge.

"Tu m'as pardonné alors que j'allais mettre fin à tes jours. Aujourd'hui, c'est moi qui te pardonne... ", murmura t-elle d'une voix chantante. 

Le chien n'avait pas hésité à déchiqueter ses compagnons, ce qui rendait la situation encore plus glauque. 

"J'ai menacé de d'ôter la vie, t'ai volé la clé et me suis enfui vers le Sud. C'est ce que tu leur diras" 

La rousse opina lentement du chef, puis, peu sûre de ses paroles, elle demanda faiblement : 

" Et... Et si je refuse ? 

- ...Tu le feras ", assura t-elle en lui prenant les clés. 

D'une démarche fantomatique, elle pénétra dans le chenil, sans même prêter attention au massacre que le molosse avait commis. Elle caressa d'un geste évasif les cheveux de Ramsay. 

" Shhh... " 

Il ne réagit pas. 

Le voir dans un tel état la révoltait, elle en avait la nausée. Au fond de lui, il devait sans doute penser quelque chose du genre "Comment puis-je être si faible ? Comment puis-je me laisser sauver par UNE FEMME ??! " Cette pensée la faisait énormément souffrir, mais elle s'efforça de sourire. Elle le libéra de ses liens et se tourna vers Sansa. Elle n'avait pas bougé, noyée dans une myriade de sentiments contraires. Lorsqu'ils sortirent (la blonde avait pris soin de vérifier qu'aucun ennemi se trouvait dans les parages), Ramsay lança un regard noir à la jeune Stark, mais il était à l'évidence trop faible pour lui faire quoi que ce soit. " Ne m'abandonne pas. Je le saurais... J'ai des yeux partout, Sansa", fit-elle en s'enfonçant dans l'obscurité.