Manga/Animé : Naruto de Masashi Kishimoto/Studio Pierrot
Mots : 1 999
Publié : 14/07/2020
Résumé : Naruto et Hinata sont à deux doigts de connaître la vérité. C'est le début de la fin.

Konoha, Japon

Il y avait bien une chose pour laquelle Hinata était plus que compétente, c'était l'observation.

A l'origine, analyser son environnement sans rien dire et rien faire lui permettait de s'échapper de son stresse permanent et de sa façon de toujours trop réfléchir sur tout.

Seulement, à ses dix ans, sa famille remarqua son don. Elle était une surdouée capable de mémoriser une tonne d'informations en peu de temps.

Sans lui demander son avis, on la déscolarisa, la sépara de sa sœur et sa seule et unique tâche fut de mettre son don au service de sa famille.

Les Hyuga avaient besoin d'elle, c'était le mantra d'Hiashi.

Est-ce que son père cherchait à lui retourner le cerveau ? Hinata se le demandait encore aujourd'hui.

Elle le savait qu'elle avait été manipulée. Mais à l'époque, elle voulait rendre sa famille fière d'elle.

En faisant ça, elle perdit de vu celle qu'elle était vraiment. Elle n'avait plus d'objectif propre pour la faire avancer dans la vie. Elle refusait d'être vénérée par d'autres. Elle n'était qu'Hinata, n'est-ce pas ? Pourtant, on continuait de la regarder comme un objet qui valait des millions.

Elle ne se sentait pas à sa place. Elle réfléchissait toujours trop, subissant des crises d'angoisse au point de vomir et se s'endormir de fatigue à force de pleurer. En manque d'affection, elle devint instable, maigrissait, périssait jour après jour. Et personne n'était à ses côtés pour l'aider à comprendre.

Jusqu'au jour où elle se blessa.

Rétines abîmées, avait dit le docteur.

Elle souffrait tant qu'elle ne pouvait même plus pleurer.

Ce n'est qu'une fois guérie qu'elle quitta les Hyuga. Elle ne pouvait plus vivre comme ça, elle refusait de continuer. D'être utilisée au point d'être brisée. Il fallait qu'elle prenne soin d'elle-même si personne allait le faire pour elle.

Elle fuit Kagoshime-shi, s'inscrit à l'université et travailla d'arrache-pied pour ne plus jamais avoir affaire à sa famille.

Malheureusement, malgré toute sa détermination pour se libérer de ses lourdes chaînes, elle n'avait toujours pas de but. Pour la première fois de sa vie, elle avait le savoir mais ne voyait pas le problème à résoudre.

Pas de futur pour elle.

Pas de liberté.

Pas de jours heureux.

Pas de fin à cette douleur suffocante.

Jusqu'à ce qu'elle rencontre Naruto.

Sa volonté d'obtenir justice pour lui-même en faisant ce qui était juste, lui fit réaliser ce qui n'allait pas. Pourtant, la peur de souffrir à nouveau la rongeait.

Ne devrait-elle pas juste se cacher derrière ce nouveau protecteur ? Tout serait plus simple. Comme lorsqu'elle était encore avec son père.

Mais, Naruto...

Ses yeux...

Ses prunelles si bleues la regardèrent avec tant de douleur et de tristesse mais aussi avec intensité et curiosité.

Lui disant qu'elle avait le droit de ne rien dire à côté de lui, si c'était ça qu'elle voulait. Il parlerait pour deux. Il était resté silencieux si longtemps.

Qu'il n'allait pas la juger. Pas de panique, lui aussi avait des démons, des regrets.

Qu'il attendrait de voir sa vraie personnalité. Seulement si elle voulait bien la lui montrer, bien sûr. Pas de précipitation, il cherchait aussi la sienne.

Mais surtout, il lui disait qu'elle n'était pas un objet. Il savait ce que c'était. Il connaissait ce sentiment de trahison. Celui d'avoir été trompé. Celui d'avoir cru être important alors que non.

Pourtant, Hinata n'avait jamais vu de sourire plus vrai, plus éclatant que celui de Naruto. Surtout lorsqu'il la complimentait au point de la faire rougir jusqu'à la racine de ses cheveux.

Ils étaient à la fois complémentaire et opposé.

C'était si intriguant !

Si inattendu !

Si réel !

Avec lui, elle était Hinata. Et rien d'autre.

Avait-elle donc le droit d'être égoïste ? De vouloir le garder pour elle ? Rien que pour elle ?

-Hinata...

La main de Naruto posée sur sa cuisse la secoua avec douceur. Ses yeux papillonnèrent pour chasser l'état de sommeil dans lequel elle était en train de s'enfoncer en pensant au passé. Elle s'étira sur le siège passager, se maudissant une nouvelle fois de ne pas avoir beaucoup dormi dans l'avion.

-Bébé, je veux pas t'alarmer mais, nous sommes suivis.

Instinctivement, elle se redressa. Ses yeux nacrés se posèrent sur le rétroviseur gauche. Sourcils froncés, elle observait la file de voitures derrière leur mini-Jeep.

Konoha n'était pas une grande île mais la population qui y habitait était si dense qu'elle cachait les noirs desseins de beaucoup de gens malhonnêtes. Comme l'Akatsuki. La pauvreté était aussi un des premiers fléaux. Tuant des dizaines d'habitants par jours. Et savoir que Naruto avait grandi ici, manquant de tout, serrait le cœur d'Hinata.

Malheureusement, son mari tentait de couper tous les liens qu'il avait avec le passé. Et le meilleur moyen de faire ça, était de revenir là où tout avait commencé.

Elle avait espéré qu'ils fassent d'abord un arrêt au siège des Services Secrets à Tokyo. Mais Naruto lui avait dit que c'était se jeter aveuglément dans la gueule du loup. A coup sûr, même si Kakashi n'était pas encore là-bas, il avait dû donner des directives à appliquer si jamais les employés voyaient ne serait-ce qu'une mèche blonde ou un regard nacré.

Les Uzumaki avaient donc quitté l'aéroport pour le port et avait accosté à Konoha sans encombre. Sous une des autres identités de Naruto, ils louèrent une voiture, espérant que personne les remarque.

Sauf que la vision de la voiture noire et brillante à quelques mètres derrière eux, indiqua à Hinata qu'ils venaient d'être retrouvés. Sa gorge s'assécha.

-D'après toi, je peux les atteindre ?

Sa question résonna dans ses oreilles mais elle n'arrivait pas à articuler un seul mot. La situation était pire qu'à l'ambassade. En voiture, elle savait qu'il était impossible de tout contrôler. Avec la vitesse, les autres véhicules autour, c'était facile de causer un accident...

L'air dans l'habitacle se raréfia. L'impression d'être enfermée la secoua. Ses ongles percèrent ses paumes...

-Bébé, respire. Prends ton temps et quand tu es prête, dis-moi si je peux les atteindre à cette distance.

-J-Je... Oui, tu peux... confirma-t-elle en se tournant vers lui. Q-Qu'est-ce que je fais ?

-On échange de place.

Soulagée d'avoir quelque chose à faire pour distraire son esprit, Hinata détacha sa ceinture de sécurité. Avec des mains maintenant plus sûres, elle attrapa le volant pendant que Naruto penchait son dossier au maximum. Dès qu'il plia les jambes et se tracta hors du passage, elle s'assit sur le siège conducteur, pieds près des pédales.

-Continue tout droit.

Maintenant à côté d'elle, il rajusta le dossier pour elle puis ouvrit la boite à gants. Pas besoin de baisser les yeux pour savoir qu'un flingue s'y trouvait. Le bruit des cartouches dans la chambre. Le clique de la sécurité levée. Elle les connaissait déjà.

Hinata se força à rester concentrer sur la route. Pour l'instant, ils n'étaient pas attaqués. Juste suivi. Un frisson serpenta entre ses nerfs, dressant tous ses poils.

-Naruto, je vais être obligée de m'arrêter.

Un feu tricolore les menaçait au loin en passant au orange. S'arrêter semblait être une très mauvaise idée.

-Tourne à gauche dès que tu peux.

-Mais on s'éloignera de la circulation.

-On la retrouvera plus loin. Vas-y Hina.

Un coup d'œil dans les deux rétroviseurs, elle coupa la route d'un véhicule sur la ligne à côté d'elle. Au klaxon de mécontentement, elle accéléra dans l'allée à sens unique. Grillant toutes les priorités, elle continua droit devant.

-Ces bâtards nous suivent pas.

-Leur voiture est plutôt large par rapport à la notre, dit-elle en regardant dans le rétroviseur intérieur.

Soudain, un bruit sur sa droite attira son attention. Elle fronça les sourcils mais Naruto rapprochait déjà sa tête vers lui avant qu'elle puisse comprendre ce que s'était.

-Baisse-toi !

Courbée, elle ne voyait pas grand chose mais au moins, ils avaient évité la balle. Lorsqu'ils se redressèrent, elle rajusta la direction de la Jeep. Ils aperçurent alors la voiture les suivant dans l'allée parallèle à la leur. Leurs poursuivants tiraient dès qu'ils apparaissaient à un croisement.

Le comprendre rendit Hinata nerveuse.

A chaque carrefour, elle allait devoir se baisser ? Ce n'était pas bon ça. Pas bon du tout. Elle ne pouvait pas détourner le regard trop souvent de la route avec tous les piétons vulnérables autour d'eux.

Le prochain croisement arrivait mais, avant même qu'elle puisse dire quelque chose, elle vit Naruto se rapprocher d'elle. Ses bras l'entourèrent, son souffle se fit continu et dès que la voiture adverse entra dans son champ de vision, il tira.

Une balle, une mort immédiate. Elle savait comme il fonctionnait.

La balle se logea dans la tête d'un des hommes en face. Et quand l'autre voulut riposter, Hinata pila après s'être assurée qu'aucune voiture était derrière elle.

La balle destinée à Naruto passa devant eux.

Repassant la première, elle appuya sur la pédale d'accélération, prête à sortir de cette situation difficile aussi vite que possible.

-Quand tu sortiras, tu verras le pont. Faut qu'on le traverse. De l'autre côté, y'a un parking souterrain. Si on les a pas semés avant, on le fera là-bas.

Pour seule réponse, Hinata accéléra. Elle ne faisait pas confiance à sa voix coincée dans sa gorge. De toute façon, sa seule tâche était de ne pas les tuer en perdant le contrôle du véhicule. Naruto s'occupait du reste.

A la sortie de la ruelle, elle était toujours aussi tendue. Pourtant, ils étaient de retour au milieu de la circulation. Et comme il l'avait dit, un pont entra dans son champ de vision. Elle le reconnut tout de suite. Elle l'avait vu sur la carte que Naruto lui avait donné dans l'avion. Elle avait mémorisé toutes les routes possibles pour y accéder.

D'un coup de volant, elle dépassa une voiture.

Soudain, la lunette arrière explosa. Elle sursauta, n'ayant pas vu la balle arriver, mais Naruto était déjà sur elle pour la protéger des débris. Immédiatement, le vent s'engouffra dans la voiture, perçant leurs oreilles et ébouriffant leurs cheveux.

La voiture noire était déjà derrière Jeep.

Grognant, Naruto tira à nouveau et Hinata ne perdit pas une seconde pour se rabattre à droite, le protégeant des tireurs adverses.

Peut-être... Si elle ziguait assez, elle pouvait les semer. N'est-ce pas ?

Elle mordit sa lèvre jusqu'au sang. Pas de panique, Naruto était encore derrière elle.

-Attention !

Elle arrêta la voiture, tendant le bras pour que Naruto ne bascule pas en arrière mais il se tenait déjà à la poignée au plafond. Un camion de livraison bloquait la moitié de la route. Le corps d'Hinata trembla.

Étaient-ils coincés ?

-Faut reculer, bébé. Vite.

Marche arrière sur le levier de vitesse.

Bras sur le siège passager.

Hinata se tordit pour avoir une meilleur perception et ainsi, faire attention aux voitures arrivant face à eux.

Parmi elles, la voiture noire. Naruto tira, moins de fois à cause des autres conducteurs. Ces derniers paniquèrent lorsqu'ils entendirent les coups de feu.

-Droite, Hina.

Main sur le levier de vitesse.

Marche avant.

Braquant le volant, elle s'engouffra dans une nouvelle allée. Le pont toujours droit devant elle. Ses yeux firent des allers-retours entre le rétroviseur intérieur et la route mais aucune voiture apparut. Naruto resta quand même sur ses gardes.

Elle accéléra.

Le pont se rapprochait.

Toujours aucune voiture.

Étaient-ils que deux à les suivre ?

Elle humidifia ses lèvres. Son cœur tambourinait un rythme endiablé. Naruto croisa son regard. Sa main se posa sur son épaule.

Donc, Naruto les avait tous les deux tué ?

Ils passèrent sur l'autre rive sans problème. Il y avait de moins en moins de vie autour d'eux. Hinata trouva le parking souterrain et, sans réfléchir, s'y engagea. L'obscurité fut réconfortante. Naruto se rassit à côté d'elle, jetant des coups d'œil à l'arrière.

Puis, lorsqu'elle ne supporta plus de conduire, elle se gara derrière un coin et laissa sa tête tomber par-de ses mains posées sur le volant. Le silence fut vite interrompu par Naruto qui la fit glisser sur ses cuisses. Elle enfonça son visage dans son torse.

Ils avaient survécu.

Je survie à cette chaleur accablante !