Manga/Animé : Naruto de Masashi Kishimoto/Studio Pierrot
Mots : 2 000
Publié : 08/07/2020
Résumé : Ils pensaient que tout était fini, mais les revoilà au centre d'une affaire suspicieuse.

Naples, Italie

Regardant les photos affichées sur le mur, Hinata se dit qu'elle était sûrement la seule capable de faire la différence entre les yeux bleus de Naruto et ceux de Menma.

Ou devait-elle dire, Clone 2.0. 

Cependant, pour elle, il n'avait rien d'un clone. Ses cheveux ternes et gras, la stupidité dans son regard et le manque d'expressions ne pouvaient être comparés à la chevelure brillante et douce, aux yeux pétillants et au sourire franc de son mari.

Pourtant... 

Il fut un temps où Naruto affichait ce même masque...

Mordillant son pouce, Hinata continua de fixer son attaquant. Elle pouvait encore sentir son poids écraser ses hanches, ses mains brutales sur ses épaules et surtout, la chaleur du coussin sur son visage.

Instantanément, sa respiration s'accéléra. Au plus les événements de cette nuit s'enchaînaient devant ses yeux, au plus ils s'humidifiaient. La pièce devint trop petite. Elle n'arrivait plus à se concentrer sur la photo. L'envie de sortir prendre l'air l'étouffa. Son cœur battait vite, trop vite...

Aussitôt, une autre main attrapa la sienne.

Hinata émergea de sa crise de panique pour retrouver son seul et unique réconfort. Naruto enlaça leurs doigts pour les éloigner de ses lèvres, un air faussement contrarié sur le visage.

-Tu m'as promis de ne plus faire ça.

Des yeux, elle suivit ses lèvres embrasser le dos de sa main. Ses doigts caressèrent ses articulations. Elle ne s'était même pas rendue compte à quel point elles étaient crispées. D'un rythme lent, son pouce traça des cercles sur sa paume. Naruto lui offrait un point d'ancrage pour qu'elle puisse s'échapper de la spirale sombre qu'étaient ses pensées.

Devant son absence de réaction, il haussa un de ses sourcils blonds. Malgré encore quelques pansements à son arcade et sur sa joue droite, son visage avait déjà bien guéri. 

Comme toujours, il avait évité le pire...

Elle resserra sa main pour se rappeler qu'il était là, avec elle.

-On va visiter la ville après ? proposa-t-il à voix basse. Est-ce que tu savais que Naples était jumelée à Kagoshime-shi ?

C'était sa ville natale donc, bien sûr qu'elle le savait. Il cherchait juste à la distraire. Car, il la connaissait trop bien pour savoir, en un regard, qu'elle aurait aimé être n'importe où plutôt que d'être assise dans une pièce appartenant aux Services Secrets.

Elle hocha quand même la tête pour s'engager dans la conversation.

-Hé, tu sais ce qu'on peut voir à Naples ?

-Il y a des musées, des théâtres...

Le menton dans le creux de sa main, il pouffa. Elle se sentit tout de suite mieux lorsque ce son si familier, contrairement à cet environnement inconnu et froid, vint à la fois serrer et réchauffer son cœur.

-Une vraie intello, j'adore. On pourra faire ça si tu veux. Mais, je pensais à quelque chose d'autre.

A la vue de son sourire doux, elle sentit l'excitation électriser sa peau.

-La mer.

Entendre le roulement des vagues. 

Sentir l'écume chatouiller ses orteils.

Voir l'horizon infini.

Tenter de bronzer au soleil malgré sa peau de porcelaine. 

Flirter avec Naruto pour qu'il lui offre une glace.

Quel parfum choisira-t-elle ?

-Monsieur Uzumaki, pouvez-vous suivre, s'il vous plait ?

Son image joyeuse disparut pour laisser place à la réalité. 

Ils n'étaient plus seuls. Dans la pièce glaciale, une dizaine d'employés les regardaient. Kakashi, toujours devant le tableau, se pinçait l'arête du nez et Yamato, celui qui venait d'interpeller son mari, semblait bien plus agacé que son supérieur.

Comme depuis tout à l'heure, Naruto ne dit rien. Elle savait que lui aussi n'était pas à l'aise. Sa mâchoire se contracta à nouveau et ses yeux redevinrent orageux dès qu'il ne la regarda plus. Se remettant face à l'écran, il ne s'excusa pas du dérangement.

Après s'être raclé la gorge, Kakashi reprit son explication. Ou plutôt, son énumération des informations qu'ils avaient collecté ces dernières années pendant que ses employés prenaient des notes. Leurs mouvements étaient raides, remarqua Hinata. Et, ils ne se gênaient pas pour jeter des regards noirs en direction de Naruto.

Il faut dire que personne aurait cru voir un jour Uzumaki Naruto, assassin surentraîné, assis librement dans la même pièce que Hatake Kakashi, le directeur de la sécurité nationale au Japon.

Ces deux-là partageaient un passé dont même Hinata ne connaissait pas tous les détails. 

Elle savait que ça avait commencé avec l'Akatsuki, l'ennemi numéro un des les Services Secrets. 

A l'époque, cette organisation louait des tireurs à gages partout au Japon. Au début, ce problème concernait que les japonais. Mais lorsque l'ennemi trouva la formule pour cloner ses meilleurs recrues, la menace devint mondial.

Naruto était le seul à avoir survécu au programme Bijû. Les neuf autres cobayes avant lui étaient tous morts suite à des complications lors de la création du clonage. Il était donc vite devenu le chouchou de l'Akatsuki mais aussi des puissants patrons. Ces derniers, tous plus corrompus les uns que les autres, se l'arrachaient en payant des sommes monstrueuses.

Bien entendu, il était si souvent sur le terrain que son nom finit par atteindre les oreilles des Services Secrets et un jeu de « attrape-moi si tu peux » s'installa entre lui et Kakashi. Mais, il était aussi rusé qu'un renard et s'échappait toujours des situations les plus périlleuses.

Dans le milieu, les rumeurs disaient qu'il avait un don. Tuer sans états d'âme puis disparaître sans laisser une seule trace n'était pas donné à tout le monde. Mais à un homme qui n'avait connu que la sueur, les armes et le sang, cette vie était normale.

Mais pouvait-on appeler un homme un « homme » s'il vivait comme un robot ?

Hinata aimait croire que oui. Naruto en était l'exemple flagrant. Même ceux qui n'avaient jamais connu l'amour ou le bonheur pouvaient éprouver des sentiments puissants comme l'empathie ou la compassion.

C'est ce que Naruto ressentit lorsqu'il dut tuer Teuchi, ordre de ses supérieurs. 

Quand il braqua l'arme sur sa cible, il vit sa fille, Ayame, et quelque chose grandit dans sa poitrine. Il ne pouvait pas tuer cet homme. Il savait ce que c'était de ne pas avoir de famille, d'être commotionné par la violence. Il ne pouvait pas, ne voulait pas, être celui qui arrache un père à son enfant devant ses yeux. Il pensa donc supprimer les deux. Mais, l'idée de tuer la petite le rendit malade.

Alors, il abandonna la mission.

Et dès qu'il se réveillait, paniqué et en sueur, pensant avoir mis fin aux jours de cet être innocent, Hinata était là pour lui rappeler à quel point il avait été courageux d'avoir brisé l'emprise qu'ils avaient eu sur lui.

Les sentiments faisaient peur, ça, Hinata le savait mieux que quiconque. Donc, quand Naruto refusa d'obéir aux ordres et appela Kakashi pour lui dire qu'il se rendait, il manifesta de la terreur dans les rangs de l'Akatsuki. 

Ils ne pouvaient plus contrôler leur pièce maîtresse.

Entre temps, ils avaient crée huit autres Naruto et ils furent chargés d'éliminer l'original. 

Ils l'attaquèrent le jour où il quitta la Chine en bateau pour rejoindre le sol japonnais. Le combat fit rage mais Naruto en tua quatre sur huit avant de se prendre deux balles dans le dos et de passer par-dessus bord.

Sauvé par les eaux, il échoua sur une plage.

C'est là qu'Hinata le trouva. 

Comme un ange, elle était venue le sauver des ténèbres, lui disait-il souvent avec un regard rempli de gratitude.

Mais, comment pouvait-il la regarder ainsi alors que c'était à elle de se sentir le plus redevable.

Aujourd'hui, elle savait son acte naïf mais à l'époque, lorsqu'elle avait vu ses blessures, elle l'avait vite conduit à l'hôpital sans se poser de questions. Jamais elle aurait pensé tomber sur des assassins en voulant aider un homme blessé. 

Rapidement, elle se trouva au milieu d'un chaos sans nom mais Naruto la protégea, alors qu'elle était une inconnue. Elle, qui avait toujours été manipulée par sa famille, ne put s'empêcher d'admirer son envie d'être libre.

Sans réfléchir, elle lui proposa de partager son minuscule appartement universitaire le temps que ses blessures guérissent et que ses poursuivants le croient mort. 

C'est pendant ce temps d'attente qu'ils apprirent à se connaître. Ou plutôt, Hinata et Naruto apprirent à connaître qui était-il vraiment. Petit à petit, il s'ouvrit à elle. Il était si gentil, son innocence était adorable et il avait de l'affection pour tant de choses, futiles ou non. Fatalement, elle tomba amoureuse de lui.

Malheureusement, ce ne fût que lorsque Kakashi passa les menottes à ses poignets qu'elle se déclara. Les joues rouges, les yeux brillants, elle n'avait jamais été aussi sûre de ce qu'elle ressentait. Mais, Naruto resta silencieux. Trop surpris que quelqu'un comme elle pouvait avoir ce genre de sentiment pour quelqu'un comme lui. 

Hinata ne lui en voulait pas. Elle comprenait qu'il n'avait pas su quoi dire. Elle le lui avait déjà dit mais, encore aujourd'hui, il se traitait d'idiot pour n'avoir rien dit à ce moment-là alors que lui aussi, avait développé des sentiments pour elle.

Elle le comprit le jour où elle l'aperçut devant son université. En échange de ses informations et de son aide pour avoir arrêté l'Akatsuki, Kakashi l'avait laissé partir. 

Malgré les années, il était revenu vers elle. 

Il lui avait juré ne plus jamais partir. De toujours être là pour elle.

Jusqu'à présent, il avait toujours respecté sa promesse.

Ils avaient eu quelques rendez-vous. Ils s'étaient mariés. Ils attendaient un enfant. 

Tout aurait pu finir bien mais Hinata n'avait jamais oublié l'épée de Damoclès qui pendait au-dessus de leurs têtes. Ils déménageaient sans arrêt pour l'apaisement psychologique de Naruto qui n'aimait pas rester au même endroit trop longtemps.

La raison était qu'il lui avait toujours dit ne pas faire confiance aux Services Secrets et aujourd'hui, elle se rendit compte qu'il avait peut-être raison depuis le début...

Sans prévenir, ce qui était inhabituel ici, la porte s'ouvrit avec fracas, ramenant Hinata à l'instant présent.

-Hatake-sama ! Le prisonnier vient de se réveiller !

-Ce n'est pas le moment, répondit l'interpellé.

-Mais, il demande à vous parler personnellement.

Chaque personne présente frémit, même Naruto. Elle le sentit resserrer sa main sur sa cuisse. Il avait quelque chose derrière la tête. Elle le comprit à la façon dont ses yeux faisaient le tour de la pièce, analysant les employés qui sortaient pour écouter l'interrogation entre le directeur et l'homme contre lequel il s'était battu.

-S'il vous plait, attendez-nous ici, demanda Kakashi en s'arrêtant à côté d'eux.

-C'est qu'on a autre chose à faire, rétorqua Naruto d'une voix neutre.

-Ça ne sera pas long.

Le directeur fut le dernier à quitter la pièce, laissant Naruto et Hinata en compagnie des gardes.

Ce retournement de situation la mit très vite mal à l'aise. Sa gorge se serra et elle se mit à gigoter sur son siège.

Quelque chose n'allait pas.

-Hé, Hina. Regarde-moi, demanda-t-il en capturant son menton entre ses doigts. Je suis là, ok ? Tout va bien.

-J'ai un mauvais pressentiment, chuchota-t-elle à son tour.

-Je sais, bébé. Je sais.

Il passa un bras par-dessus ses épaules pour la rapprocher de lui. Pour donner l'impression qu'ils se câlinaient. Sa main toujours sur sa cuisse, il ramena sa tête contre son épaule. Ses lèvres maintenant à quelques centimètres de son oreille, il lui chuchota ses instructions.

-Je fais pas confiance à Hatake. 

-Comment ça se fait qu'il existe encore des clones ?

-Ce gars, pointa-t-il Menma du doigt. Est pas de l'Akatsuki.

-Mais... trembla-t-elle.

-Ouais, Hatake blablatait pour gagner du temps. Par contre, je sais pas encore pourquoi mais, on va sortir d'ici, ok ? Tu me laisses les gardes, continua-t-il après son discret « mmh » de confirmation. Toi, tu t'occupes du transport et de la communication, ok ? Comme je t'ai montré.

Gardant un contact visuel, ils se séparèrent. 

-Je t'aime.

Le calme dans ses yeux la relaxa. Il savait ce qu'il faisait. Elle lui faisait confiance. 

-Je t'aime.

Elle prit un profonde respiration et à peine eut-elle le temps d'expirer que Naruto était déjà debout.

Ce chapitre donne pleins d'indices sur le film que j'ai choisi mais j'ai l'impression que personne va reconnaître haha