August - Cultures/Around the world
Manga/animé : Naruto de Masashi Kishimoto/Studio Pierrot
Mots : 3 709
Publié : 31/08/2020
Résumé : La diversité ce n'est pas montrer à quel point nous sommes différents. La diversité c'est embrasser l'unicité de chacun.
Le seul jour animé de Javouhey est dimanche. Le marché attire touristes, habitants des autres villages aux alentours ou encore autochtones qui peuvent trouver fleurs et fruits tropicaux produits localement, de l'artisanat hmong, de la nourriture laotienne et plein d'autres trucs chouettes qui explosent de couleurs aux yeux.
Cependant, la meilleure période de l'année, qui alimente l'économie de ce petit village basée uniquement sur l'agriculture, est en décembre.
Attention, il ne fait pas froid et il n'y a pas de neige. C'est totalement le contraire. Il fait chaud et sec. Un climat idéal pour le festival tant attendu à la fois par les habitants en effervescences et par les visiteurs émerveillés.
Le festival du nouvel an hmong était ce que Naruto préférait le plus ici. Il se sentait moins à l'écart des autres puisque les étrangers et les villageois se rassemblaient pour célébrer les esprits et la fin des récoltes de l'année. Et ce, pendant dix jours, jusqu'à pas d'heure.
A l'époque, toujours en sa compagnie, il ne voyait pas ses parents de la journée. Ce n'était pas intéressant d'écouter les adultes parler. Cependant, les voyageurs de passage, c'était autre chose.
Curieux de nature, Naruto sirotait son jus de concombres, grignotait des nems et écoutait ce qu'ils avaient à raconter sur le monde, ou sur la forêt amazonienne, tout en buvant de la bière.
Pour un bref moment, il ne se sentait pas différent. Il pouvait agir comme tout le monde. Il ne subissait pas le regard des autres posé sur lui.
Mais maintenant, il ne peut plus se permettre de s'éclipser dans le dos de ses parents pour vagabonder dans le village. De toute façon, il ne trouvera personne à leur point de rendez-vous.
Tant de choses ont changé. Et ça le rend nerveux.
Il a l'impression d'être en territoire inconnu alors qu'il avait vécu ici jusqu'à ses dix-huit ans avant de partir à Cayenne. La capitale était située à trois heures de voiture d'ici et vu les routes dangereuses, il ne rentrait que rarement voir ses parents.
Trois ans étaient donc passés. Tous ses amis, et elle, avaient grandi. Ou plutôt évolué. Leur vie entière avait changé. La plupart sont maintenant mariés, ont carrément des enfants.
Face à ça, Naruto ne sait plus où se positionner.
Célibataire, vivant dans un minuscule appartement, son étude des tortues luth est ce qui anime sa vie, creusant un peu plus le fossé entre lui et les hmongs.
Malgré ça, il sourit. Enfin, tente de ne pas grimacer aux collègues de sa mère qui ne l'avaient pas vu depuis qu'il était parti. Il inspire et expire profondément. Il n'arrive pas à se sentir à sa place. Il ressemble à un petit garçon qui ne veut pas s'éloigner de la jambe de son père.
Ses mains moites frottent son pantalon noir. Il tire le col blanc de sa chemise boutonnée jusqu'au cou sous son gilet noir. Son costume semble vouloir l'étouffer aujourd'hui. Alors qu'hier, il lui allait très bien.
Est-ce parce qu'il prend conscience de la signification de l'habit traditionnel ? Lui, qui avait voulu faire un effort pour se fondre dans la masse, commence maintenant à regretter son choix d'être venu au festival de cette année.
Sans arrières-pensées, sa mère lui présente quelques-uns de ses élèves qu'il salue de loin, trop mal à l'aise pour s'approcher, avec ou sans ses parents, et avoir une conversation normale.
Rien que l'idée de discuter avec des gens qu'il ne connaît pas le transforme en un chaos transpirant à grosses gouttes.
Et puis, il ne peut pas s'empêcher de se sentir mal, comme s'il est en train de la tromper, dès qu'il voit une jupe blanche et son tablier en mailles roses secoués par le vent, exposant des jambes laiteuses. Les tissus sophistiqués et colorés qu'elles portent dévoilent le travail fait main. Chaque costume est unique. Les chaînes en argent autour de leurs cous et tailles attirent les regards sur le corps de ces jeunes poupées maquillées.
Mais, il ne dit rien.
Il sait que les hmong sont mariés tôt.
Dès qu'ils sont en âge, ils doivent accumuler plusieurs casquettes. S'occuper de la maison, de leurs frères et sœurs, aider leurs parents aux champs, continuer à avoir des bonnes notes à l'école.
Il se force à ne pas penser à celle qu'il admirait trois ans plus tôt en regardant ailleurs.
Autour de lui, quand même pas trop près de lui, les jeunes hommes sont là, observant respectueusement la gente féminine. Leurs cheveux sombres sont bien peignés. Leurs costumes exposent parfaitement leurs musculatures formées sous le travail aux champs. Leurs sourires sont naturels.
C'est à celui qui fera tomber le plus de prétendantes à ses pieds.
Celui qui a le clan le plus connu du village a une légère avance.
Mais, il ne faut pas négliger celui qui est le plus travailleur.
Ou celui qui a beaucoup de terres.
Naruto a d'énormes handicapes. Son "clan" est composé de ses parents, non mariés, et lui-même. Son père ne travaillant pas, la situation ne leur permettait pas de vivre dans le luxe comme ils le souhaiteraient. Il n'avait donc ni frère ni sœur. Il ne connaît pas la famille du côté de sa mère qui vit en France. Il ne possède aucune parcelle de terre. Ils ont juste un petit jardin où il avait l'habitude de planter des fleurs tropicales. Ses études ne lui apportent encore aucun salaire. Il venait tout juste de terminer sa License. Plus que quelques années et il obtiendra son doctorat. Il espère trouver du travail après. Et il est bien trop anxieux de nature pour paraître décontracté.
Il est pitoyable. Il le sait et il n'arrive pas à changer.
La tension dans ses épaules devient de plus en plus insupportable. Hors de question qu'il quitte sa chaise aujourd'hui, décide-t-il en regardant ses cuisses. Sa main passe dans ses cheveux. De toute façon, il n'avait pas réussi à les rendre présentable.
Cette pensée baisse encore un peu plus son moral, déjà pas bien haut.
Il prétend garder les places lorsque sa mère lui demande s'il veut venir l'aider à distribuer les œufs durs, signe de paix et de bonheur. Ça est pourtant un bon moyen de voir du monde mais son anxiété lui noue la gorge. Impossible qu'il puisse former le moindre mot devant quelqu'un. Même face à ses anciens camarades de classe.
Donc, de son coin, il observe ses parents profiter de la fête. C'est une image familière qui réduit son angoisse.
Comme chaque année, Kushina aide beaucoup pendant le nouvel an. L'institutrice du village est appréciée de tout le monde. Puisqu'elle apporte le savoir aux petits mais aussi aux grands, elle s'est faite une place rapidement parmi le peuple hmong.
Pour son père, c'est une autre histoire. Mais, cela ne l'empêche pas de sourire et d'être gage de sa compagne. Blond, yeux bleus, grand et svelte, Minato a l'allure des colons français que certains réfugiés hmongs craignent.
Voici la racine du problème de Naruto. Étant la copie conforme de son père, il est, depuis petit, sujet aux stéréotypes ancrés dans la culture hmong.
Même s'il est aussi le fils de Kushina. Même s'il porte son nom. Même s'il allait à l'école avec les enfants hmong lorsqu'il était jeune, il reste différent.
Trop différent pour être vraiment accepté.
Il sent le trou dans sa poitrine s'élargir. Ça fait mal. Il veut s'échapper. Il n'a rien à faire ici. Il n'est pas hmong.
Pourquoi essaye-t-il de se faire accepter ?
Pourquoi ?
Un parfum de lait de coco et de fleurs d'hibiscus attire son attention. Cette odeur lui est agréablement familière mais, il sait que ça ne peut pas être elle. Les femmes mariées, comme elle doit l'être depuis toutes ces années, ne portent rien d'aussi sucrée, d'aussi tentant.
Pourtant, il lève les yeux.
Son corps sursaute. Ses membres se tendent. Son cœur s'arrête. Il a peur que se soit une illusion parce que tout ici lui rappelle Hinata.
A travers son ombrelle, le soleil jette des ombres sur son visage angélique. Un léger fart, non dus à son maquillage, colore ses joues. Le reste de sa peau est pâle, lui donnant l'air de n'avoir jamais vu la lumière du jour. Sous sa coiffe décorée de piastres, ses cheveux sombres sont retenus en un chou serré, dévoilant le point de rencontre entre sa fine mâchoire et le début de son cou. Sa veste noire, ornées de symboles géométriques multicolores, et son chemisier blanc moule sa poitrine. Sa touche personnelle est les nuances de violet pigmentant ses manches. Sa jupe blanche avec son tablier en mailles roses terminent son costume traditionnel.
Elle montre sa fortune.
Et comme il n'a jamais été intéressé par ça, il se retrouve perdu dans ses grands yeux gris, scintillants avec intensité.
-N-Na-Naruto... B-Bonjour.
Elle bégaye. Elle s'était normalement débarrassée de ce petit défaut que lui trouvait adorable. Cependant, sa voix est toujours aussi douce. Elle lui avait manqué.
Et qu'est-ce qu'elle est belle.
Sa nervosité ne lui échappe pas. Il remarque une balle rouler entre ses doigts nerveux. Il se rend compte qu'il n'a toujours rien dit. Il se redresse et sourit. C'est tellement plus simple face à elle.
-H-Hinata, bonjour.
-T-Tes parents ont dit que t-tu étais là d-donc...
-Tu veux t'asseoir ?
Il veut qu'elle soit en confiance avec lui. Comme avant.
Elle hoche la tête et le remercie. La voyant s'asseoir, son cerveau se retourne. Il est déjà debout avant même d'en avoir conscience. Ça attire l'attention. Et il se maudit intérieurement.
Il s'apprête à excuser son manque de politesse - qui pour lui n'en est pas une - mais il remarque le tendre sourire d'Hinata. Elle n'est pas offensée. Au contraire. Son fart est plus prononcé. Elle est touchée. Il prend alors place en même temps qu'elle et lui pousse son assiette de nems. Pour partager, comme au bon vieux temps.
Comme si c'est possible, le visage d'Hinata rayonne encore plus.
Pour la première fois depuis longtemps, il est assez à l'aise pour oublier tout ce qui l'entour. Dans sa bulle de confort, il ne peut pas s'empêcher d'admirer l'amour de sa vie.
Hinata Hyûga vient d'une grande famille hmong. Pourtant, ils étaient meilleurs amis.
D'abord juste camarades de classe, il l'avait protégé des harceleurs. Alors que c'était un combat d'un contre trois. Elle lui avait offert un baume fait par ses soins juste après. Puis, devenus amis, elle l'avait soutenu face à un groupe de braconniers qui chassaient un puma blessé. Alors qu'il tentait de soigner l'animal, elle avait sauté avec élégance entre lui et les six hommes. Elle les avait retenu le temps que Minato intervienne.
Depuis ce jour, ils faisaient les quatre cent coups.
Ils se donnaient les réponses en cours. Ce n'était pas de la triche. C'était de l'entraide.
Ils ne laissaient pas l'autre douter. Dès qu'ils avaient le moral à zéro, ils étaient là pour se soutenir.
Ils faisaient des balades en forêt, dans le village.
Ils se baignaient dans le fleuve de Mana.
Ils se taquinaient.
Jusqu'à ce qu'ils soient trop âgés.
Jusqu'à ce qu'il y ait plus que de l'amitié entre eux.
Jusqu'à ce que Naruto décide de l'embrasser.
Jusqu'à ce qu'Hinata lui rende son baiser.
Un baiser innocent et si maladroit qu'ils avaient rougi, à limite de l'évanouissement.
Ce moment c'était marqué au fer rouge dans son esprit, lui faisant tourner la tête, lui serrant la poitrine, rendant ce qu'il ressentait pour elle incompréhensible.
La même année, Hinata participa à son premier festival. Elle fut courtisée par des dizaines de jeunes hommes. Bien plus vieux qu'elle. Et Naruto n'avait rien pu dire.
Il est différent. Il n'a pas la même éducation, la même religion, la même culture, se répétait-il tout au long de la journée.
Pourtant, c'est lui qu'elle traîna à l'écart de la fête après minuit. C'est lui qu'elle embrassait et qu'elle continuait d'embrasser même après cette nuit.
Malheureusement, ils se perdirent de vue lorsque Naruto devint étudiant. Malgré son cœur déchiré par la séparation, il n'était pas resté. Il devait continuer ses études, se forger un avenir stable. Et Hinata devait rester pour aider sa famille, trouver un bon mari.
Rien que penser à ça le rendait mal.
Alors il s'était déclaré la veille de son départ. Hinata avait été si surprise qu'elle n'avait rien dit.
Ce n'est que bien plus tard qu'il comprit que ce « je t'aime » n'avait pas la même importance pour eux. Il venait de lui ouvrir son cœur. Pour lui, c'était la chose à faire. Pour elle, c'était sans vraie signification.
Voilà pourquoi, il n'était plus revenu à Javouhey. Il avait fauté. Malgré lui, son égo en avait pris un coup.
Pourtant, la revoilà devant lui. Et il n'aurait jamais cru qu'elle se soit souvenu de lui. Il n'aurait jamais cru la voir à nouveau porter ce costume traditionnel qui signifie qu'elle n'a pas de partenaire.
Qu'elle n'a pas d'époux...
Le début de leur conversation est hésitant, gênant par moments. Parler de la pluie et du beau temps ne leur ressemble pas. Alors, il tente une blague. Elle est nulle mais ça la fait rire.
Sa beauté le secoue. Etre avec elle l'adoucit.
Par moments, leurs mains se frôlent. Le silence entre eux tombe. Leurs regards se croisent. Le sien est si intense qu'il détourne les yeux, rougit, avant d'être attiré par elle à nouveau. Il remarque qu'elle aussi est rouge.
Ils reprennent timidement la discussion là où ils l'ont laissé.
Seulement, c'est maintenant leurs jambes qui se touchent. Ils se figent. Massant sa nuque, il s'apprête à s'excuser mais elle l'accuse d'avoir essayer de la frapper. Il est choqué. Comment peut-elle penser ça ? Elle dit que ça n'est pas la première fois qu'il tente de faire ça. Il défend ses erreurs de jeunesse en lui rappelant qu'elle aussi l'embêtait à table. Elle bat des cils innocemment.
Elle n'a pas changé.
Il essaye d'être décontracté mais tous les signaux qu'elle lui envoie le chamboule.
-Comment vas-tu depuis ?
Son changement de sujet la surprend. Elle laisse ses doigts caresser la nappe en madras.
-Tu m'as manqué.
Elle l'a dit doucement. Pourtant, le couteau remue dans la plaie. Ça fait mal. Il se frotte l'arrière du crâne. Il tente d'adoucir la douleur.
-Je ne t'en veux pas, s'empresse-t-elle de dire.
Sa main atterrit sur la sienne. La chair de poule serpente sa peau. Son cœur ratte un battement. Son toucher lui avait manqué.
-Je sais pourquoi tu es parti, Naruto. Et je suis vraiment fière de toi. Je sais que tu travailles toujours dur.
Ses mots lui donnent des ailes.
-Mais... Je pensais que tu reviendrais plus souvent..., finit-elle d'une petite voix.
Réalité le fait s'écraser au sol. A nouveau, il remarque leurs différences. Il se souvient qu'elle était censée épouser hmong. Devenir une mère. S'occuper d'un foyer.
-Je pensais que tu m'avais oublié.
Autant être honnête.
-Je ne pourrais jamais t'oublier, Naruto.
Voilà que ses yeux redeviennent intenses. C'est familier. Ça le réchauffe. C'est doux.
-Je suis désolé d'avoir dit tout ça à cette époque.
-Je suis désolée de ne pas avoir compris ce que tu ressentais plus tôt.
-Tu n'as pas à t'en vouloir Hinata. C'est moi qui...
Blocage.
Qui quoi ?
Qui aurait-dû savoir que ce n'est pas comme ça que deux personnes déclarent leurs sentiments dans tous les pays. Que chacun a sa manière de faire.
Mais, il l'aime tellement que ça fait mal de garder tout ça pour lui. Il veut le lui dire. Seulement, il a déjà fait l'erreur de se lever tout à l'heure. Ce n'était pas correct. L'embrasse n'est pas autorisé.
Il a déjà été assez égoïste comme ça. Il l'avait embrassé et s'était confessé sans lui avoir demandé sa permission.
Que peut-il faire alors ? C'est si dur de se comprendre. Ils se disent la même chose mais de deux façons différentes. Comme s'ils ne parlaient pas la même langue.
Tout ce qu'il veut c'est l'inonder d'affections.
-Naruto, respire-t-elle. V-Voudrais-tu venir lancer la b-balle avec moi ?
A-t-il bien entendu ? Il n'est pas sûr à cause des battements de son cœur bruyants dans ses oreilles. Ses yeux se posent sur la balle. Elle le veut lui pour partenaire de jeu ? Lui, l'exact opposé d'un mari convenable ?
Bouche-bée, il la fixe. Elle rougit encore plus mais ne baisse pas les yeux. Ils sont si intenses.
Voilà pourquoi il est ici. C'est pour elle qu'il essaye d'être accepté. Il veut intégrer les bonnes manières hmong pour être avec elle. Personne d'autre.
Naruto se force à déglutir, à se calmer.
-A-Avec plaisir !
Sa voix est une octave trop haute. Il frotte à nouveau ses mains contre ses cuisses. Elles restent moites. Il se lève quand même, attend qu'elle passe devant mais Hinata sourit et se rapproche de lui. Son parfum se fait plus fort, causant des tremblements dans tous ses membres.
Il sent leurs doigts s'entremêler. Elle a toujours été la plus audacieuse des deux. Mais, il tente quand même de l'éloigner.
Elle ne devrait pas...
-Tout va bien, le rassure-t-elle. Je t'ai choisi.
Ses yeux reviennent vers les siens et ne la quittent plus. Le bout de ses oreilles est maintenant rouge. Il rougit lui aussi lorsqu'elle resserre ses mains autour de son bras avec douceur, le gardant contre elle.
Il est si grand par rapport à elle, qu'elle penche légèrement la tête sur le côté pour voir son visage. Pour s'assurer qu'il est d'accord pour s'avancer. Ou plutôt, pour se mettre à découvert. Ce geste innocent comprime sa poitrine.
Elle n'aurait pas eu à faire ça s'il était comme elle. Mais son regard ne vacille pas, rendant ses jambes flageolantes. Elle est si proche, si confiante. Son cœur palpite.
Il se laisse guider vers le centre de l'attention. Il sent les regards sur lui alors qu'il rejoint la ligne des hommes. Sans regarder, il sait qu'il dépasse les hmongs d'une tête.
Lui faisant face sur la ligne des femmes, Hinata semble beaucoup plus composée. Elle se tient bien droite et ne regarde que lui, une sourire aux lèvres.
Lorsqu'il réalise alors qu'ils sont tous les deux en costume traditionnel à jouer au lancer de balle, à exposer leurs sentiments aux autres et elle accepte ça.
Son estomac se serre.
Avec ce contexte, il comprend ce qu'elle veut lui dire. Elle accepte sa différence à lui. Elle accepte ses sentiments pour lui. Elle l'accepte lui.
Toi, m'acceptes-tu ? semblent demander ses yeux alors que la balle devient de plus en plus lourde au fur et à mesure des allers-retours qu'elle effectue entre eux.
Comme si elle transportait les sentiments qu'Hinata a cultivé pour lui.
Il rougit. Il n'arrive pas à croire qu'elle ait eu le courage suffisant pour venir le chercher alors qu'ils ne se sont pas vu depuis trois ans. Qu'elle soit prête à affronter sa famille pour passer du temps avec lui. Que ses sentiments pour lui soient restés intactes.
Comment a-t-il osé douter que tout changerait entre eux ?
Il est stupide.
Hinata est vraiment incroyable.
Cette seule pensée le rend léger. Un sentiment chaud fleurit dans sa poitrine. Il ne peut pas s'empêcher de sourire niaisement. Hinata baisse les yeux, gênée, mais les relève rapidement.
Elle lui lance la balle.
Naruto ne la renvoie pas.
Il ne la laisse pas tomber non plus.
Il la tient fermement dans sa main.
Il réussit à étonner Hinata lorsqu'il traverse la distance qui les sépare. Elle ne recule pas. Sa respiration est saccadée, comme s'il avait couru. Il prend sa main avec délicatesse. Il a vraiment l'impression d'avoir atteint la ligne d'arrivée, d'être chez lui.
Et il a vraiment envie de regoûter à ses lèvres.
Il repousse sa pulsion. Ça serait vraiment inapproprié devant la famille d'Hinata. Il se permet quand même de caresser sa joue.
-Je veux t'épouser, avoua-t-il.
Il veut pouvoir l'aimer et le lui dire librement. Il veut l'emmener avec lui. Il veut vivre avec elle. Il veut beaucoup plus, mais il préfère voir son père avant tout ça. Il sait que ça ne sera pas simple. Mais, il veut faire les choses bien, pour elle.
Et il sait que c'est la bonne chose à faire lorsqu'elle sourit comme ça.
Voilà ce qu'il aurait dû dire le soir de leur séparation.
-Je le veux aussi, Naruto.
Hinata balaye sa restriction en se hissant sur la pointe des pieds, l'enfermant entre ses bras pour l'embrasser. Devant tout le monde !
Il sait qu'il n'est pas le seul choqué. Mais la présence des autres ne le gêne plus.
Ses ongles frôlent son crâne. Ses doigts s'enroulent dans ses cheveux blonds. S'ils n'avaient pas été aussi en désordre, elle n'aurait pas pu faire ça. Il est content de ça.
A nouveau, il a chaud au col de sa chemise. Mais c'est bon. La passion brûle ses entrailles. Il fond contre elle. Elle si douce. Elle sent si bon. Coco et hibiscus, ça lui fait fermer les yeux. Apprécier ce qu'il avait perdu. Ce qu'il a retrouvé.
Il a du mal à revenir sur terre lorsqu'elle le relâche. L'air pénètre ses poumons. Ses paupières papillonnent.
-Je t'aime aussi, chuchote-t-elle juste pour lui.
Ses sens lui reviennent d'un coup. Bleu rencontre gris et il frissonne. Ses yeux brillent, des larmes de joies menacent de saccager son maquillage.
Peut-il... ?
Sa gorge est sèche. Il a peur. Mais il le veut tant.
-Je t'aime, dit-il timidement. Je t'aime.
Au plus il le répète, au plus il se sent mieux. Il est tellement, tellement heureux.
Elle ne prête pas attention aux spectateurs et l'embrasse à nouveau. Une part de Naruto ressent les regards fixés sur eux. Les marques d'affections en public ne sont pas quelque chose de commun ici. Il le sait.
Pourtant, ils semblent moins lourds que d'habitude.
Il repousse alors sa nervosité pour capturer ses lèvres une nouvelle fois. Pour le presser un peu plus son corps contre le sien.
Leur baiser a un tout autre goût. Il est passionné. Il est légitime.
Son cœur bat la chamade. Elle est si petite par rapport à lui. Elle doit s'accrocher à ses épaules pour être à sa hauteur. Ses mains sont sur ses hanches pour la stabiliser.
Il se sent si bien. Il ne pense pas pouvoir la lâcher de sitôt.
C'est l'heure des explications de Chloé :
-Javouhey et Cayenne sont des villes de la Guyane Française. Le département d'outre-mer numéro 973.
-Les Hmongs sont des gens très, très gentils ! J'ai accentué leur animosité envers Minato et Naruto seulement pour l'histoire. Je n'ai pas vécu exactement ce qu'ils ont vécu. J'avais des amis Hmong et je ne me suis jamais sentie à l'écart. Par contre, se sentir différent, oui. De part la taille ou la couleur des cheveux ou d'autres trucs, je me suis sentie étrange.
-Le but de l'histoire était surtout de montrer la différence entre les cultures asiatique et européenne. Ce n'est pas parce que les Hmong ont été accueilli en territoire français qu'ils ont changé leurs habitudes. Voilà pourquoi Naruto et Hinata ne sont pas ensemble plus tôt. Voilà pourquoi Naruto dit à Hinata qu'il veut l'épouser. Voilà pourquoi Hinata choque tout le monde en disant "je t'aime". Mais au final, ils sont chacun prêt à s'adapter à l'autre pour pouvoir s'aimer (et je pense que ça c'est magnifique.)
-Le jeu de la balle est à la base un jeu pour que les adolescents célibataires puissent se rencontrer. Si il ou elle fait tomber la balle, il ou elle doit amener l'autre en un genre de rendez-vous. Voilà pourquoi Naruto ne laisse pas tomber la balle. Mais il ne l'a renvoi pas non plus à Hinata car il sait ce qu'il veut.
-Même si la base est la même, les costumes traditionnels sont différents en fonction des villages et des familles (il y en a des tonnes sur internet). J'ai décrit donc ceux que j'ai vu à Javouhey.
J'espère que vous avez aimé ^^
Aimez vous les uns les autres.
Peace !
P.S : je n'ai pas oublié Juillet, la suite arrive.
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