Chapitre trois
Ma violence me resta en travers de la gorge. Autant que mes douleurs persistaient. Autant que des images me revenaient. Et c'est à ce moment là. Allongé. Nu. Sur le canapé du salon. La lune terminant sa course. C'est à ce moment là que la première pensée de fuite germa. Un simple espoir. Une simple utopie. Mais elle persista plusieurs secondes. Assez pour m'en rappeller. Plusieurs jours après. Alors que je sortais. A la même heure. De la maison du Meneur.
Ses gestes avaient était plus brutals. Ses coups plus forts. Ses paroles plus violentes. J'en tremblais encore arrivé à notre foyer.
Je réussi. Une fois de plus. À ne réveiller personne en entrant dans ma chambre. C'était un exploit. De ne déranger personne malgré le sommeil léger de Hyunjin. De ne croiser personne malgré les insomnies de Chan. Mais je ne pouvais me résoudre à dormir dans la forêt après une nuit comme celle-ci. Bien qu'elle me manquait. J'étais trop fatigué. J'avais trop besoin de confort. Et cela se voyait.
J'étais plus calme. Moins concentré. Souvent perdu dans mes pensées. Dans les images de ces soirées. Dans les sensations de ces nuits. J'essayais de rattraper mon sommeil quand je le pouvais. Sans éveiller les soupçons de mes pairs. Je faisais mine d'être amusé par ce qu'ils disaient. Par ce qu'ils faisaient. Mais je ne suivais pas. Si je me remémorais pas ces affreux souvenirs. Je rêvais. À une vie plus calme. À une vie plus douce. Sans entraînement. Sans combat. Sans violence. À une vie qu'on pouvait vivre. Tous les neuf. Sans humilié. Sans écraser. Sans tuer.
Des idées allaient et venaient. Mais je m'interdisais de les laisser s'implanter. De me laisser espérer.
Les autres le remarquaient. Remarquaient les lilas sous mes yeux. Mes chasses désastreuses. Les dahlias fleurissant sur ma peau à chaque transformation. Ils remarquaient mes absences. Mes sursauts. Mes tremblements. Et je savais que Chan notait mes commentaires moins nombreux. Mon visage figé lorsqu'il se retrouvait nu. Les contacts que j'évitais.
Malgré tout. J'étais bien avec lui. J'avais peur. De lui faire mal de nouveau. De ne pas me contrôler. De me laisser emporter. Mais la douceur de ses doigts dans mes cheveux. Ses sourires chaleureux. Ses caresses du museau. Tout me réconfortait. Alors je me laissais souvent aller dans la chaleur de son corps. La gentillesse de son âme.
Cependant. Le moment que je redoutais arriva. Le moment de trop. Où je dévoilais mes ecymoses par dizaines. Où je trebuchais pour la centième fois. Où ma millième grimace l'alerta.
« Woojin. S'il te plaît. Dis moi ce qui ne vas pas. »
Il m'avait pris à l'écart lors d'un entraînement. La fatigue me cloua rapidement au sol. Mes yeux refusaient de regarder son pelage blanc. Mes oreilles étaient basses. Comme un enfant avant fait une bêtise.
Son blanc me tâta le flanc. M'encourageant. Puis, sa langue chaude passa sur mon frond. Signe qu'il m'écoutait. J'allais devoir dire quelque chose.
« Je suis désolé. Je. J'aurais dû te le révéler. Je n'aurais pas dû te causer de soucis. Te laisser t'inquiéter pour moi. »
Je m'arrêtais. Reprenant mon souffle. Ce mensonge, je l'avais préparé il y a plusieurs semaines. Réfléchissant à ce qu'il pourrait croire. Réfléchissant aux différentes versions plausibles. Réfléchissant à quelque chose qui pourrait cacher mes blessures et mon manque de sommeil.
« Le Meneur. Il. Il me prend la nuit. Il m'oblige à rester éveillé. A me coucher a pas d'heure. Il m'a choisi. Chan. Il m'a choisi pour être son... »
Je peinais à prononcer ce mot. Je pouvais encore changé d'avis. Lui direa vérité.
« Il m'a choisi pour être son héritier. Le prochain Meneur. »
Ces mots résonnent entre les arbres. Je savais ce qu'ils voulaient dire. Et je savais que je lui devais une explication. Pour tout.
« Alors il m'entraîne. Dure. Je n'ai aucun repos. La nuit, je me bats. Le jour, je chasse et m'entraîne avec vous. C'est intensif. Il m'enseigne tout ce que je dois savoir. Et je dois tout retenir. Je. Je suis désolé. »
Son attitude n'était plus si sereine. Des tics parcouraient sa peau. Son museau se fronçait de temps en temps. Ses pâles étaient rivés sur moi.
« Pourquoi. »
Une voix aussi froide que son pelage. Si tout le monde le prendrait au pied de la lettre. Je savais ce que se mot signifiais.
« Je suppose qu'il a voulu m'endurcir. Qu'il ne supporte plus notre petit jeu. Qu'il veut que l'un de nous se dévoue. Si j'y arrive, ce sera moi. Si je flanche, ce sera toi. »
Au moins une part de vérité.
« Et toi, qu'est ce que tu veux.
– Vous savoir en sécurité. Heureux. »
Il hocha lentement la tête. Il était d'accord sur ce point là.
« Alors arrête d'aller le voir. On trouvera une solution. Tu t'epsuises. Tu ne tiendras pas longtemps à ce rythme. »
Je savais qu'il avait raison. Mais je ne pouvais suivre ses conseils. Pour eux. Pour lui. Pour moi.
Une envie me pris. D'un coup. Ce genre d'envies irrépressibles. Qui peut menées à la mort. Comme au bonheur. Ce genre d'envies que tu regrettes d'avoir réalisé. Mais que tu regrettes de ne pas avoir fait. Une envie de lui demander de partir. De fuir. Avec eux. Nous neuf. De poursuivre notre vie ailleurs. Mais c'est ce genre d'envie qu'il faut taire. Pour le bien de tous.
Alors je me lève. N'ayant plus peur de montrer ma souffrance. Le mal était fait.
« Pourtant, je dois le faire. Je dois continuer. Je suis désolé. »
Nous nous mettons à nu au même moment. Nous prenons dans nos bras. Pendant quelques secondes, nos cœurs battaient à l'unisson. Nos parfums se mélangeaient. Nos peaus se réchauffaient. Nos souffles s'entrelaçaient. Pendant quelques secondes, plus rien n'avait d'importance. Ni nos frères, à quelques mètres. Ni nos chefs à quelques kilomètres. Nous étions seuls. Dans cette forêt. Nous étions bien. L'un avec l'autre.
Cela ressembait à un câlin d'au revoir. Mais pour l'instant, c'était juste un câlin de bon courage.
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