8. Halsey
8. Halsey
Attention : Auto - Mutilation
Halsey rentra chez elle. Son appartement - elle habitait dans un des rares immeubles de Foretown - était complétement vide. La blonde s'y attendait. Sa mère l'avait prévenue qu'elle ne rentrerait pas avant une bonne semaine, mais Halsey ne put s'empêcher d'être déçue.
Rentrer chez soi et se rendre compte que personne ne nous attend était un sentiment destructeur, ravageur.
Sa maison lui rappelait constamment sa déception et sa solitude. L'atmosphère dans l'appart était pesante à tel point que des fois l'adolescente préférait squatter le parc toute la nuit.
Elle se dirigea vers la cuisine et déposa les courses qu'elle avait faites sur le plan de travail. Depuis que sa mère était partie, Halsey ne mangeait pas équilibré. L'adolescente aimait les légumes et les fruits mais elle voulait que sa génitrice comprenne que laisser une ado vivre seule c'était irresponsable.
Après avoir rangé les courses à leur place, Halsey partit réviser dans sa chambre. En regardant une vidéo de douze minutes elle apprit plus qu'en deux cours avec son professeur de maths. Se sentant prête pour son futur contrôle de trigonométrie, elle se laissa tomber sur son lit en soupirant.
La journée avait été dure. Les vendredi étaient jamais faciles, personne ne sait pour quelle raison, l'administration a décidé que ce serait le jour où tout les élèves resteraient jusqu'à dix-sept heures. Les muscles de l'adolescent étaient lourds.
Quand elle faillit tomber dans le sommeil, son téléphone sonna. La blonde se précipita pour l'attraper et décrocha sans même regarder qui l'émetteur de l'appel.
-- Allô ? dit une voix rauque.
Cette voix, Halsey la connaissait par cœur. Non, pas parce qu'elle l'entendait souvent mais plutôt parce que quand elle parlait, la blonde essayait au maximum de la retenir. Elle la repassait en boucle dans sa tête. Quand son âme était esseulée ou son cœur trop meurtri, son cerveau reproduisait cette voix. Un simple "je t'aime" inventé de toute pièces par sa conscience suffisait à calmer l'adolescente.
-- Tu es toujours à Paris ? fut la première question de la fille.
Halsey savait que ça ne servait de rien de lui demander la date de son retour. Sa mère lui en donnerait une fausse pour rassurer sa fille et à la fin la blonde finirait dans sa salle de bain à faire ce qu'elle ne devrait pas.
-- Oui, ton père a eu un problème pendant son opération et ils ont dû en refaire une.
-- Tu ne pouvais pas appeler pour me le dire avant ?
Halsey se retint de ne pas crier que ce n'était pas son père. Elle ne voulait pas empirer sa relation avec sa mère, et cette dernière tenait à son ex-mari.
Par contre pour Halsey, qu'il meure ou qu'il guérisse, elle s'en fichait. Halsey n'avait jamais posé ses yeux sur ce "père".
Pendant la grossesse de sa femme, il l'a quitté parce qu'il n'était pas prêt pour être père. Après ma naissance, il n'a jamais envoyé une seule lettre ou même daigné payer ma pension alimentaire.
Il y a deux ans, on lui avait diagnostiqué une maladie chronique - Halsey ne s'était pas renseigné plus que ça - et il a demandé à son ancienne femme de l'accompagner en France, où les traitements étaient vachement moins chers et plus efficaces. Et Halsey ne sait pas pourquoi - sûrement car l'amour rend aveugle - sa mère n'as pas pensé deux fois avant d'accepter. Elle n'a pas pensé à sa fille adolescente, elle n'a pas pensé à ses sentiments. Elle est juste...partie.
Désormais elle passait une semaine sur deux en France à soutenir l'homme qui l'avait abandonnée par le passé. Et l'autre semaine elle la passait à bosser comme une folle pour rattraper le temps perdu en France. Elles n'avaient plus un rond à dépenser avec le voyage, mais Madame Bonamy trouvait toujours un moyen pour y aller.
Après l'abandon de son père, Halsey devait vivre tous les jours un peu plus l'abandon de sa mère.
-- J'étais occupée. Je me suis trouvé un boulot, ici en France ! s'exclame-t-elle d'une voix enthousiaste.
-- Et comment ? Tu n'as pas les papiers. Attends, tu ne vas plus rentrer à Foretown ?
Sa question se suivit d'un silence. Un silence rempli de questions que Halsey n'osait pas poser parce qu'elle savait que la réponse n'allait pas lui plaire.
-- Si, mais tu auras dix-huit ans dans pas longtemps alors je vais rentrer pour qu'on puisse t'émanciper.
-- Émanciper ? Tu vas rester vivre avec cette ordure ? Tu vas m'abandonner
-- Ne traite pas ton père d'ordure ! dit-elle en haussant le ton. Et je ne t'abandonne pas, ton père a besoin d'aide et...
-- Non, ce n'est pas mon père. Un père c'est quelqu'un qui éduque, qui aime et qui chérit. Lui, il n'a fait que gâcher ma vie qui ne servait déjà pas à grand- chose.
-- Halsey écoute-moi, dit-elle d'une voix autoritaire.
La blonde raccrocha et lança son téléphone. Des larmes commencèrent à rouler sur ses joues.
Halsey se leva et presque par automatisme elle se dirigea vers la salle de bain.
Son cerveau ne réfléchissait plus. Il était trop embrumé par les larmes, trop ébranlé par un second abandon et trop faible pour empêcher Halsey de faire une bêtise.
La blonde avait l'impression de n'être réduite qu'à un tas de sentiments négatifs, elle ne savait plus qui elle était vraiment, à quoi elle servait. Être la fille de sa mère ? Elle ne voulait plus d'elle. De son père ? Il n'avait jamais voulue d'elle. La meilleure amie de quelqu'un peut-être ? Non, Halsey n'avait pas d'amies.
Si la vie était un film, Halsey n'avait pas de rôle. Elle ne manquerait à personne.
Halsey croyait n'être qu'un chapitre écrit par erreur, un chapitre duquel sa mère voulait se débarrasser. Alors, Halsey décida de s'en charger de le faire.
Quand elle prit sa lame, elle se disait que si elle se faisait du mal, plus personne ne pourrait le faire.
Quand elle posa la lame sur sa peau, elle se disait que la douleur lui ferait oublier tout ce qui n'allait las.
Quand elle vit la première goutte rouge, toutes les questions dans sa tête s'effacèrent pour laisser la place au vide total.
Quand elle commença à voir trouble, elle se disait que ce qui ne tue pas rend plus fort.
Quand elle posa à nouveau la lame sur sa peau, elle se disait qu'elle n'avait pas encore déramé assez de sang.
Quand une chaleur étouffante l'enveloppa, elle lâcha la lame.
Quand elle vit la flaque de sang qui l'entourait, elle regretta.
Quand le sang se mêlait aux larmes et que sa vue s'embrumait, quand la douleur devint insupportable, quand les souvenirs se mélangeaient et qu'elle comprit que l'amour qu'elle avait pour sa mère n'allait jamais disparaître, quand elle comprit qu'elle avait besoin de ses parents hors eux vivaient très bien sans elle, quand elle comprit qu'elle perdait sa partie humaine, elle se promit de ne plus jamais recommencer.
À la fin, Halsey promettait toujours de ne plus jamais recommencer.
°°°
Hey, j'avais totalement zappé qu'hier on était mercredi et que j'étais sensé poster. Oops !
Je reviens avec un chapitre un peu lourd. Remarquez le contraste entre l'ado rebelle du premier PDV d'halsey et celle qui s'enferme dans sa salle de bain.
Vous avez trouvé que le chapitre était bien écrit ? (J'ai peur de ne pas bien transmettre les sentiments ou intentions des personnages.)
Qu'es-ce que vous attendez d'Halsey ?
Sinon, j'ai mis une musique (et un gif) que je mettrais sûrement dans la playlist de Stickers. Il n'a pas inspiré ce chapitre mais je trouve que c'est un peu dans le même mood.
Le prochain chapitre seras posté cette semaine (si je m'en rappelle), probablement dimache. Les dimanche j'ai toujours plein d'inspiration.
À dimanche !
07/02/2019
Page 8
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