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(Partie 1)

« Fin. »

Olsen éloigna ses mains du clavier et relut attentivement le dernier paragraphe qui venait de s'extraire de ses doigts pour se figer dans l'écran de son ordinateur portable. Une nouvelle histoire achevée, un brouillon qu'il allait devoir relire et triturer de nombreuses heures encore avant de... avant de quoi ? D'en être fier ?

Il n'était pas fier de cette nouvelle histoire. Et cet auto-dénigrement n'avait rien d'habituel. Certes, Olsen pouvait parfois considérer ses romans comme maladroits, amateurs voire ennuyeux... Mais chaque point final écrit se faisait toujours l'écho d'un accomplissement, d'une certaine satisfaction et, peut-être, d'un peu de joie.

Pas cette fois. « J'ai écrit une sombre merde » pensait-il. Oui, cette histoire était une sombre merde. Ce qui voulait dire qu'il avait peut-être une chance de se faire un peu d'argent avec.

Une histoire stupide, bateau, un roman à l'eau de rose pour midinette en mal de romantisme. Un romantisme en boîte, formaté, artificiel et sans saveur. Voilà ce qui était vendeur. Voilà ce que les éditeurs acceptaient les yeux (presque) fermés. Voilà tout ce que Olsen haïssait.

Ses écrits, ses vrais écrits, ceux qui semblaient s'écrire tout seul lorsqu'il posait ses mains sur le clavier, ceux-là n'attiraient pas les éditeurs. Olsen n'en gardait aucune rancœur, principalement parce qu'il n'avait pas la prétention d'écrire quoi que ce soit qui vaille la peine d'être lu. Mais il aimait ça. Il ne pouvait s'empêcher d'écrire. C'était mécanique, presque une drogue.

Les mots lui échappaient des doigts et les histoires prenaient forme sous ses yeux. Les personnages s'animaient, faisaient connaissance avec leur auteur et vivaient leurs aventures tandis qu'il les observait comme simple spectateur. Puis, lorsque le point final se posait, ils retournaient à leurs insignifiants états de simples amas de lettres, taches d'encres ou soupe d'octets.

Alors Olsen avait essayé malgré tout d'en vivre. Parce que si quelque chose remplit votre vie, si cela vous donne une raison de vous lever tous les matins, alors cela vaut la peine d'y passer le plus clair de son temps, non ?

Mais les choses n'étaient pas si simples. On lui avait bien fait comprendre qu'avant de pouvoir acquérir une liberté de création toute relative, Olsen devrait « faire ses preuves ». Comprendre : « devenir *bankable* ». Écrire des romans vendeurs, se faire un nom dans la profession. Devenir quelqu'un.

Alors il s'était attelé à la lourde tâche d'écrire un roman stupide. L'histoire d'une jeune femme *typique*, ni trop jeune ni trop vieille, ni trop étrangère ni trop française, ni trop blonde ni trop brune... une vraie publicité ambulante pour gel douche. Et qui, par un hasard aussi attendu qu'inintéressant, rencontre un jeune homme *typique*, beau ténébreux, fort mais sensible, aimable mais mystérieux... Le prototype du connard-*playboy* que la télé et la pub nous vendent comme l'idéal masculin. Cinquante nuances d'ennui.

Écrire ce torchon avait été une épreuve pour Olsen. Mais peut-être cela lui ouvrirait-il des portes, comme on le lui avait dit... Et peut-être cela lui permettrait-il de quitter ce job alimentaire qu'il avait dû se résoudre à prendre lorsqu'il était devenu évident que sa plume ne remplirait ni son compte en banque ni son assiette.

Il soupira et releva les yeux vers les écrans de contrôle. Il était presque six heures du matin. Il allait bientôt pouvoir rentrer chez lui et dormir un peu. Être veilleur de nuit dans un parking de centre commercial n'avait rien de palpitant, mais au moins cela lui assurait un salaire fixe et du temps pour écrire ses livres.

Il attrapa le dernier morceau de pizza qui traînait encore dans sa boîte en carton ramollie par la graisse et la sauce piquante. Froid. Il le termina rapidement et laissa tomber la boîte dans la corbeille à papier au-dessous du bureau. Il jeta un œil écœuré à son texte sur l'écran et referma l'ordinateur.

Son collègue arriva quelques minutes plus tard pour le relever et Olsen put quitter la cabine qui lui servait de bureau. Il remonta les étages vers la surface où le soleil se levait à peine. La plupart des veilleurs se garaient directement dans le parking souterrain. Lui préférait s'offrir le plaisir de quitter le bâtiment à pied et de retrouver rapidement l'air pur, avant de devoir s'enfermer à nouveau.

Et surtout, cela lui permettait de croiser Mathilda.

Au moment où lui terminait sa veille, l'équipe d'entretien du grand centre commercial commençait à peine sa journée. Mathilda était une jeune femme de ménage. Ou plutôt, « agente d'entretien », comme il fallait dire. Mais Olsen se fichait comme d'une guigne de ce qu'il fallait dire. D'ailleurs, Mathilda ne devenait pas moins merveilleuse lorsqu'on l'appelait « femme de ménage ».

Il ouvrit la porte qui menait du parking au niveau 0 du centre commercial. Un vent frais lui frappa vigoureusement le visage. Une douce violence après une nuit passée emmuré à respirer de l'air conditionné sous des néons blafards.

Devant lui, les balais et les serpillières s'activaient frénétiquement dans une forte odeur d'ammoniaque. Entre l'immense porte tambour de l'entrée du centre et lui, découpée gracieusement par les rayons du soleil levant, elle se tenait, là. Mathilda.

— Bonjour Olsen, lui lança-t-elle, souriante, dès qu'elle l'aperçut.

— Bonjour Mathilda... Bien dormi ?

— Plutôt oui. Et toi ? La nuit a été passionnante, j'imagine ? Tu as l'air sacrément fatigué.

— Bof... un peu mal aux yeux, mais ça va.

— Je me demande comment tu fais... Tenir toute la nuit en fixant des écrans, sans rien faire. J'aurais du mal.

— C'est pas si mal, répondit Olsen en se passant la main sur la nuque. Être payé pour rester assis sur une chaise... On ne peut pas dire que je me tue à la tâche. De ce côté-là, tu as plus de mérite que moi !

Il jeta un œil à la serpillière qui pendait au bout du balai de Mathilda. Elle eut un petit rire et Olsen baissa les yeux. Il se serait mis des baffes. Il détestait quand cela arrivait : quand il se comportait comme un collégien incapable de regarder une fille dans les yeux.

— Que veux-tu, dit-elle d'un ton ironique, il faut bien que les clients viennent poser leurs godasses pleines de merdes de chien sur un sol bien propre. On aurait l'air de quoi, autrement ?

Olsen sourit à son tour. Mathilda avait toujours cette fausse nonchalance, ce naturel désarmant. Elle était de ces personnes qui sont tellement conscientes de l'absurdité de leur vie qu'elles finissent par en jouer. Et par s'en jouer.

— Oui, renchérit Olsen, et il est aussi capital de surveiller un parking vide au moment où tous les commerces sont fermés. Des fois qu'on essaie de nous voler une barrière de sécurité !

— Tu vois ! Non, sérieusement, nous sommes les piliers de cette société ! Nous sommes l'unique rempart entre la civilisation et un monde chaotique peuplé de merdes de chien et de barrières volées !

Olsen et Mathilda éclatèrent d'un rire commun. Le boulot le plus ennuyeux du monde ne pouvait pas rivaliser avec ça. Mathilda. Un petit peu de bonheur chaque matin.

Une autre femme de ménage venait de passer la porte et lança à Mathilda :

— Mais qu'est-ce que tu fous ?

Ils cessèrent de rire immédiatement et Mathilda se retourna. Olsen se sentit un peu gêné et prit la défense de son amie immédiatement :

— Désolé, c'est moi. Je passais juste dire bonjour, mais je te la rends tout de suite !

— Je décompterai ça de ma pause, ajouta Mathilda timidement.

La femme dévisagea Olsen d'un air suspect et lui dit :

— Ouais... tu devrais peut-être rentrer chez toi.

Puis elle tourna les talons et s'éloigna rejoindre le reste de l'équipe d'entretien. Mathilda se retourna vers Olsen d'un air désolé.

— Ma supérieure, murmura-t-elle.

— Elle a l'air d'être une...

— Connasse ? Oui, c'est ça. Bon, je te laisse. Je ne veux pas l'avoir sur le dos toute la journée.

Elle lui adressa un sourire un peu triste et se remit à balayer le sol.

— Bon courage alors, dit Olsen en se dirigeant vers la porte. Tu bosses demain ?

— Même heure, même endroit !

— Alors à demain !

— À demain, Olsen. Et bonne journée. Enfin bonne nuit !

Il la salua et sortit. L'air de l'extérieur était encore plus froid que celui du centre. Il sortit un paquet de cigarettes et s'en alluma une. La fumée lui brûla la gorge et ralentit les battements de son cœur.

Une bourrasque lui ébouriffa les cheveux. Il réprima un frisson, ferma son blouson et se pressa vers sa voiture, garée sur l'immense parking extérieur du centre commercial encore vide à cette heure matinale.

À l'heure où la ville grouillait de conducteurs se rendant sur leur lieu de travail, Olsen rentrait chez lui. Il quittait une zone commerciale, au milieu de nulle part, pour rejoindre sa zone résidentielle, au milieu d'un autre nulle part. De banlieue à banlieue. Il se demandait d'ailleurs pourquoi l'on continuait à s'embêter à construire des villes, au lieu de simplement créer directement une périphérie autour de rien.

Son appartement l'attendait, aussi calme et vide que lorsqu'il l'avait quitté la veille. Olsen laissa lourdement tomber son sac et lui-même, respectivement sur la table basse et le canapé-lit. Il s'autorisa quelques minutes de repos avant d'aller prendre sa douche.

Bien entendu, il se réveilla sept heures plus tard, au beau milieu de l'après-midi, tout habillé. Après avoir installé et allumé son ordinateur portable, il se servit une tasse de café et se replongea dans son texte.

Chaque mot, chaque péripétie lui sautait au visage comme une insulte au bon goût. Il eut soudainement l'envie féroce de tout envoyer à la poubelle. Il sélectionna son fichier, le doigt hésitant sur la touche « supprimer » de son clavier.

— À ta place, je ne ferais pas ça.

Olsen sursauta et renversa un peu de café sur son jean. Il sentit à peine la brûlure sur sa cuisse, bien trop surpris par le jeune homme qui se tenait dans son appartement, derrière lui, souriant.

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