Nous descendons les escaliers, main dans la main. Angel est adorable avec moi. Il me rend plus forte et plus courageuse, que jamais. Il a ce petit truc en plus, que les autres n'ont pas. J'ai de la chance de l'avoir dans ma vie.

Nous arrivons enfin dans la salle à manger, mon père est en train de débarrasser la table, il vient de prendre son petit déjeuner.

- Bonjour papa.

Angel me laisse le saluer la première. Je m'approche de lui d'un pas lent et régulier. D'ordinaire j'irai plus vite, mais je m'apprête à lui révéler une dure vérité, qui je l'espère passera crème.  Ça c'est moins sûr.

- Bonjour mon étoile !

Je l'enlace tendrement quelques secondes, avant de l'embrasser sur la joue.

- Tout va bien ?

Je ne lui répond pas. Je serai capable de lui lancer la bombe instantanément. J'affiche un air démuni et désemparé. C'est alors qu'Angel s'avance vers nous.

- Bonjour Monsieur Scar.

- Tiens tiens ! Salut Angel. Je me suis bien douté que tu étais ici. J'ai sorti la poubelle tôt ce matin et j'ai vu la voiture de police garé devant, tout va bien ?

Je sourit faiblement vers Angel.

- Oh la voiture ce n'est rien, je suis directement venu ici après le travail. L'occasion de revoir Stella plus rapidement.

- Haha et de dormir avec hein ! Glousse t'il.

Mon père rigole comme un enfant. J'aime le voir sourire autant, il a une telle facilité à exprimer sa joie de vivre. Son rire est si communicatif, rien qu'à l'entendre j'ai envie de me joindre à lui. Son rire se transmet facilement. Il est contagieux. Mais mon esprit et mon angoisse me rappel à l'ordre. Je dois lui dire pour Angélique, c'est urgent.

- Papa.

- Oui ?

- Viens t'asseoir s'il te plaît, je voudrais te parler, c'est très important.

- Je peux rester debout, tu sais !

- Je pense que votre fille va vous dévoiler quelque chose de très important, même perturbant, qui risque de vous décevoir. Si j'étais vous je l'écouterai, monsieur Scar.

Brusquement, mon père affiche un grand sourire aux lèvres, les yeux un peu larmoyants.
Il me regarde intensément de bas en haut.
Il s'arrête subitement au niveau de mon ventre, il passe une main dessus.

- Non de non ! C'est pas ça ?!

Il commence à sourire de plus belle.

Que lui arrive t'il ?

- De quoi papa ?

- Tu es enceinte !

- Non tu t'égares et tu n'as même pas l'air en colère à cette idée !

- Ah bah non, je ne me serais pas mis en colère ! Le jour où ma fille sera enceinte, j'accepterai la venue de mon petit enfant avec un grand bonheur !

- Oh papa. t'es adorable ! C'est tellement tout toi, ça !

- Mais non ce n'est pas ça. Continue babi, rétorque Angel.

Je prends chaleureusement la main de mon père et l'oblige à me suivre vers le canapé, dans une pareille situation , je pense qu'être assis est la meilleure solution. Je ne lui lâche pas sa main, je la serre même un peu plus fort. Je sais d'avance que ce que je m'apprête à lui révéler va être très douloureux à entendre, mais surtout à croire. Mais heureusement, Angel est là, pour appuyer mes dires.

- Je n'aime pas ta façon de me regarder Stella. Que ce passe-t-il ? dit-il immédiatement, un peu inquiet.

- Déjà ne t'inquiète pas, je ne suis pas malade ni souffrante, ce que je vais te dire te concerne !

- D'accord, je t'écoute.

Je prends une forte inspiration avant de commencer, le stresse monte en moi. Honnêtement, j'ai un peu peur de sa réaction.

- Bon alors, papa, c'est à propos d'Angélique.

- Vraiment ? Qui a-t-il ?

- Je dois t'avouer que j'ai essayé de la connaître avant de la juger, mais elle n'est pas celle que tu penses.

- C'est-à-dire ?

- Elle se joue de toi papa, elle n'est pas sérieuse avec toi !

- Je sais que c'est tout nouveau pour toi Stella, cette relation que j'ai avec elle.
Mais depuis la mort de ta mère, je n'ai pas eu la chance de retomber amoureux !
Mais cela m'est arrivé inopinément, alors s'il te plaît fais un effort et essaye de mieux la connaître, je t'en prie.

- Justement papa, c'est ce que je te dis, écoute moi, j'ai essayé de la connaître et elle a montré plusieurs facettes !

Mon père affiche un regard perplexe.
Il doit me prendre pour une folle.
Se dire que j'ai perdue la raison, atteinte de troubles mentaux. Allez savoir ! Il va trouver mon comportement déraisonnable et malavisée. Ou plus simplement, une fille juste jalouse qu'on lui vole son père.

- Je ne te comprends pas ma fille, tu n'es pas contente que ton père soit enfin heureux ?

Enfin heureux.. ces mots résonnent en moi. Mon cœur palpite de plus en plus vite. Mon père est littéralement tomber sous le charme de cette vipère. Je me sens prise au piège. Je suis sans mots.

- Mais papa.. dis-je, impuissante.

Mon père me coupe alors la parole.

- Tu essayes de casser mon bonheur, parce
qu'Angélique ne te plaît pas. Mais tu n'as pas le droit de me faire ça Stella ! Affirme t'il, sûr de lui.

- Mais non papa ! Jamais de la vie je ne ferai ça.

- Mais c'est ce que tu es en train de faire.

Il a tort.., je n'ai peut-être pas le poids des mots pour le faire réagir. Mais Angel a une preuve qui elle, est lourde de conséquences.

- Hum, je ne voulais pas en arriver là. Mais tu ne me laisses pas vraiment le choix.

- C'est-à-dire ? dit-il, d'un air surpris.

- Angel va te faire écouter et là tu me croiras. Je pensais que ma parole passerait avant tout, mais j'avoue que l'amour rend aveugle, j'ai tendance à l'oublier. Aimer, c'est se perdre dans les yeux de l'autre. Je vais te faire revenir parmi nous.

- Me faire écouter quoi ?

Mon père regarde alors Angel, qui prend son téléphone. Il ouvre le fichier vocal qui révélera la supercherie d'une femme, juste bonne a enfermer. Sous les yeux perplexe de mon père, il appuie sur lecture et lui fait écouter l'enregistrement, qui date bien d'hier soir. Mon père est attentif , la curiosité l'a emportée.

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Petit passage de l'enregistrement.

- Tu me fais perdre mes moyens, je n'arrive pas à dire ce que je veux.

- Je ne vous suis pas. Vous ne seriez pas en train de flirter avec moi Angélique ?

- Honnêtement ? Si ! je pense à toi constamment depuis l'autre jour, je veux être près de toi.

- Mais vous êtes avec le père de Stella.

- Oh, avec Minou ! C'est rien d'important. Aucun engagement.

- Vous n'êtes pas sérieuse avec lui ?

- J'aimerai l'être avec toi ! Je peux t'embrasser ? J'en meurs d'envie.

- Non désolé et puis..,  il y a Stella.

- C'est une gamine ! Moi je suis une femme, une vrai ! On pourrai s'amuser tout les
deux, tu sais !  Ne fuis pas, ne fais pas ton timide ! Je ne vais pas te manger ! Hahaha. Pas encore.

- Je me doute.., mais tout va si vite !

- Tu a du t'en douter non ?

- De ?

- Que j'ai envie de toi Angel !

- Franchement, j'ai vu quelques signes, oui.

- Alors laisse toi aller ! Ils sont dans l'autre pièce !

- Je ne peux pas, désolé.

- Tu me trouves moche ? Je ne te plais pas ?

- Tu ne dis pas non ! Je vois là une bonne occasion !

- J'ai du respect envers Stella et son père, c'est tout.
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Soudain, son regard change, son sourire disparait peu à peu, pour laisser place à une
douleur certaine. Il serre les poings, tout en continuant à écouter leur échange.
Une larme coule le long de sa joue. Au mouvement de son buste, je peux voir que son poul s'est accéléré dangereusement.
C'était inévitable, c'était prévisible, il le fallait, il devait tout écouter pour me croire.
Des larmes perlent tout son visage, il met ses mains contre ses joues et craque.

- Papa... dis-je faiblement.

Il ne me répond pas. Je pense que la douleur est tellement forte qu'il n'a pas envie de parler. Je suis tellement désolé pour lui, de le voir comme ça, anéanti, ça me fend le cœur, c'est comme si que sa douleur traversait en moi. Je comprenais sa peine et ses maux.
Je m'approche un peu plus vers lui et le prend dans mes bras. Il se niche contre moi, en sanglot, comme un nouveau né.

J'aurais préféré que tout ceci ne soit qu'un rêve, que cette Angélique soit réellement amoureuse de toi.
Que tu puisses connaître à nouveau le bonheur,  d'être aimé et d'aimer en retour.
Mais malheureusement, c'est la dure réalité de la vie qui t'explose en pleine figure.

- Papa..., je suis désolé pour toi. Je ne veux que ton bonheur, crois-moi.

Je lui caresse le dos et les cheveux. Angel est parti dans la cuisine préparer un café.
J'entends le doux bruit de la cafetière et l'odeur de l'Arabica qui coule lentement.
Nous avons pourtant une Senseo, cela aurait été plus rapide. Cependant, je pense qu'il a fait exprès d'utiliser la cafetière pour me laisser plus de temps, seul à seul avec mon père.

Celui-ci ne me répond toujours pas.
Je continue alors mes caresses dans le haut de son dos. Je lui montre que je suis là pour lui.
Que je serai toujours là quoi qu'il arrive.

- Papa je...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase qu'il me dit.

- Ça fait mal mon étoile..., ça fait terriblement mal.

A ses mots, c'est moi qui ai les larmes aux yeux.
Je ne pensais pas que sa douleur allait me toucher autant. Le voir autant en détresse me fige et m'interpelle.

- Je ne peux qu'imaginer papa. J'ai mal pour toi. Je ne voulais que ton bonheur. Mais je ne veux pas qu'on se joue de toi. Tu es tellement sincère et entier. Tu mérites le meilleur.

- Elle était devenue si importante dans ma vie.., je l'aime, enfin je l'aimais..., dit-il à chaudes larmes.

- Oui, je l'ai bien ressenti papa. Je sais que tu te donnes entièrement quand tu aimes.
Tu donnes tout ce que tu as ! Et tu ne demande rien en retour. Tu es trop gentil et généreux.

- Oui.., dit-il entre deux larmes.

- Je t'aime papa. Je t'aime tant, si tu savais à quel point ! Je n'aime pas te voir comme ça.

Sa tristesse est démesurée. Je savais qu'il était bien accroché à cette femme, mais je ne pensais pas autant. Je m'approche alors de son oreille et lui chuchote.

- T'en fais pas va... Maman de là-haut doit bien l'insulter.

Il s'arrête alors de pleurer net et me fixe. Son regard change de nouveau. Lui avoir parlé de ma mère, à provoquer en lui une évidence.

- Tu as raison, dit-il, en essuyant ses larmes.

Mon père lève les yeux au ciel et ajoute.

- Tu a été la première mon amour, tu resteras celle que j'ai le plus aimé, de toute ma vie.

Une douce larme s'échappe de son œil, pour atterrir sur sa joue.

- Tu mérites vraiment mieux papa. Je te le jure.

- Merci Stella !

Mon père m'enlace à son tour. Cette fois-ci c'est un câlin rempli d'amour. Pas de pleur, pas de chagrin.

- Je vais remonter la pente ! J'ai connu le pire après tout !

- Oui papa.

- Le plus marrant dans cette histoire c'est qu'elle doit passer. Avoue t'il, avec une touche d'ironie à son sort.

- Quand ?

- Maintenant.

- Mon dieu ! Ça va aller ? Tu veux que je me charge d'elle ? Dis-je en croisant les bras.

- Non mon étoile, ça ira tu sais, je suis assez grand, hein..

Il me sourit faiblement.

- Oui je sais papa, mais bon, tu viens de tomber de haut.

***

- Un café ? Propose soudainement Angel, arrivant vers nous.

- Ah tu arrives au bon moment !

Angel nous tend une tasse. Pour moi, il a choisi un mug blanc en porcelaine avec les mots Je t'aime. De base, c'est un mug que j'ai acheté pour la fête des pères. Je trouve ça super mignon, qu'il est prit celui-ci pour moi.

- Merci mon amour.

- Merci Angel, et merci aussi pour avoir piégé Angélique ! Si tu n'avais pas fait ça, je pense que je n'aurai jamais cru Stella. Je ne sais pas
pourquoi elle a joué avec moi aussi longtemps. Mais elle va m'entendre ! 

Je m'éclipse quelques instants pour aller me repoudrer le nez. Voyant mon père et l'amour de ma vie parler ensemble, me fait grandement plaisir.

- J'ai convaincu Stella de le faire, car j'étais certain que vous n'y aurai jamais cru à son
histoire. Vous savez par mon métier j'en ai vu des hauts en couleur.

- Oui tu as bien fait ! Je t'en remercie.
Ah mais je me doute bien, que tu dois en avoir vu pas mal. Mais je ne comprend pas pourquoi elle m'a fait ça, pourquoi elle a joué avec moi ? Je ne suis pas un homme riche.
Je ne comprend vraiment pas !

- Je ne sais pas non plus et je suis vraiment désolé pour vous. Mais vous allez vous en remettre rapidement, je ne m'en fais pas.
Vous êtes un homme fort, qui a du vécu et de l'expérience, qui vous a forgé le caractère ! Ça va aller, vous êtes bien entouré avec Stella.
Et puis, comme à dit votre fille, vous méritez tellement mieux ! Dit Angel, sincèrement.

- Oui vous avez raison tout les deux. Merci encore de m'avoir ouvert les yeux.

Je reviens doucement vers eux, et je lance.

- Alors papa, tu vas mieux ?

- La douleur est encore là, mais l'amour c'est transformé en haine. Elle ne devrait plus tarder à présent. Vous pouvez me laisser, maintenant.

- Il en est hors de question. Je préfère rester !

- Ça ne changera rien mon étoile, tu sais.

- Oui, mais avec ce genre de femme ! On ne sait jamais ! Viens mon amour, nous allons à l'étage, nous écouterons discrètement.

- Tu vas me faire stresser ! Dit mon père, en gloussant, visiblement un peu angoissé.

- Sacré Stella ! On ne l'a changera pas. Bon, tenez ! Prenez mon téléphone, il est sur l'enregistrement, au cas où.

Mon père a sourit plusieurs fois, comparé à tout à l'heure, ça me fait du bien de le revoir comme ça. Même si je sais que c'est encore dur pour lui. Qu'il ne montre que ce que je veux voir. Pour me rassurer. Mais je ne suis pas naïve, la route est encore longue pour qu'il l'oubli, totalement.

Soudain, quelqu'un frappe deux fois à la
porte. C'est très certainement l'autre folle.

Je pars instantanément avec Angel, en haut des escaliers.

Ni vu ni connu.