𝕏𝕏𝕀𝕍 - 𝕄𝕖𝕤𝕤𝕒𝕘𝕖
26 novembre 2005
Shibuya
— Je n'arrive pas à pardonner Kazutora, je sais qu'il se sentait trahi et abandonné, et il a fait des progrès par rapport à lui-même, mais je n'arrive pas, avouais-je. Je m'en veux parce que je sais que ça le fait souffrir, que tu ne voulais pas que ça arrive. Mais je ne peux pas, déclarais-je.
Je joue légèrement avec la flamme de mon briquet avant d'allumer les encens que je dépose sur la tombe de la famille Baji.
— J'en ai marre, soupirais-je.
Je passe mon pouce sur une phalange que j'ai éraflé en m'entrainant. Je replace les quelques fleurs qui ont été déposées récemment pour qu'elles retrouvent une certaine harmonie dans le bouquet .
— C'est dur de continuer sans que tu sois là. Je suis fatiguée, fatiguée de tout, fatiguée de pleurer, soupirais-je en tournant une mèche autour d'un doigt. Fatiguée de Hanma et Kisaki qui ont l'air d'avoir disparu. Fatiguée de faire un minimum semblant que je vais bien.
J'ai fait un peu de changement dans mes cheveux. J'ai refait quelques mèches noires à l'intérieur de ma chevelure et une frange qui est assortie. J'ai hésité à tout refaire en noir, mais le changement aurait été trop brutal. J'ai l'impression qu'il ne m'aurait pas aidé, pas du tout.
— Draken essaye de me faire sortir, du coup j'en profite pour le pousser à draguer Emma, je te promets, si c'est toi qui a raison je te laisserais l'argent, soupirais-je.
J'aurais tellement voulu plus de lui, plus de sa compagnie. Je voudrais l'entendre râler encore quelques fois à cause des surnoms que je lui donnais.
— Tu continuerais de m'appeler mouffette avec mes cheveux comme ça ? demandais-je toujours avec l'espoir d'une réponse.
C'est très probable. Je n'ai jamais compris d'où lui est venue cette idée, mais je m'y étais habituée. Il était drôle et sans prise de tête. Il n'était pas niais. Il était bien. Je n'avais besoin de rien d'autre.
J'essuie une larme. On avait dit qu'on verrait où cela nous mènerait, je m'étais attendue à une autre fin. A aucun moment je n'aurais pensé que ça se terminerait avec sa mort. Mes sanglots reprennent sans saccader ma respiration.
Il est mort. Il ne reviendra pas. Et ce n'est pas en parlant à une pierre que ça arrivera.
— Je ne sais pas quoi faire, murmurais-je.
— T'es encore là, ma grande, je me retourne vivement dans la direction de Mme Baji.
Elle aussi a changé de coupe de cheveux, les raccourcissant au-dessus de son épaule. Elle est fatiguée, ses cernes sous ses yeux bruns la trahissent.
— Oui, je suis arrivée il y a quelques minutes, affirmais-je doucement.
— Il me manque tellement, déclare-t-elle en s'allumant une cigarette.
— Moi aussi, murmurais-je. Vous fumez ? fis-je en haussant un sourcil surpris.
— T'en veux une ? fait-elle en me tendant le paquet.
— Non, merci. Je ne savais pas que vous fumiez, soufflais-je.
— J'avais arrêté quand j'étais enceinte, puis seulement de temps en temps à cause du boulot, mais là, j'en ai besoin, soupire-t-elle. C'est tellement vide à la maison, fait-elle en essuyant des larmes.
Je hoche la tête, comprenant ce qu'elle dit. Peut-être pas dans ce sens, mais je la reconnais.
— Je n'arrête pas de penser à vous et à quel point cela doit être dur et atroce, j'essuie une larme qui dévale sur ma joue.
— Ça l'est. T'es chez qui en ce moment ?
— Je viens d'arriver chez mon père.
— Toi et Chifuyu, vous êtes toujours les bienvenus pour passer à la maison, souffle-t-elle. Tant que vous prévenez.
— Je hoche la tête en me pinçant les lèvres. Je peux passer mercredi.
— Il aurait voulu que je continue ça. J'avais peur que tu aies une mauvaise influence sur lui à cause de ton frère, mais je ne sais pas t'as dû lui faire prendre conscience d'un truc, soupire-t-elle.
— Non, il ne voulait pas vous décevoir, c'est tout, avouais-je. Je n'ai fait que l'aider pour ses devoirs et les examens. Il avait compris que les actes ont des conséquences. Mais ravie de savoir que vous ne craigniez que j'ai une mauvaise influence, râlais-je amèrement
— Non, mais... râle-t-elle avant de soupirer. Je suis contente qu'il soit sorti avec toi, je m'en doutais que cela arriverait un jour ou l'autre. Je lui aurais botté le cul s'il n'avait pas tenté sa chance, râle-t-elle.
— Et bien ça a faillit ne jamais arriver, me souvenais-je. Il avait peur de merdé avec moi et ça le bloquait. Mais il a été un super copain, avouais-je en essuyant quelques larmes
— J'ai trouvé ça en faisant le ménage, fait-elle en sortant un papier de son sac.
Je hausse les sourcils en attrapant l'enveloppe avec mon prénom marqué dessus. Elle jette un coup d'œil à sa montre en soupirant lourdement. Elle allume rapidement ses encens pour les déposer.
— J'espère que tu auras des réponses, mercredi ça devrait être bon, termine-t-elle.
— Bonne soirée Mme Baji.
J'ouvre l'enveloppe, trouvant une lettre écrite à la main, reconnaissant l'écriture de Keisuke. Je retiens les larmes qui menacent de faire couler l'encre du papier.
— Tu n'es qu'un crétin Keisuke, marmonnais-je en direction de la pierre.
Les personnes qui se suicident ont tendance à laisser des lettres aux personnes qu'ils aiment. C'est donc vrai pour certain. Il avait prévu de faire ça. Il savait que ça terminerait comme ça. J'avais toujours ce doute que ce soit à cause des émotions de la baston. Il s'est donc sacrifié pour sauver Kazutora de lui-même et de Mikey.
J'attrape le morceau plus épais au fond de l'enveloppe, retrouvant le second tirage du photomaton. Elles sont magnifiques. Sur la première, on est en train de s'embrasser, j'ai une main dans son cou, on ne voit presque rien à cause de nos cheveux, mais je sais que je suis presque sur ses genoux.
Sur la seconde, il n'y a rien de spécial, ni de moment particulier associé dans mon esprit. Mais c'est le moment après un baiser où on se regarde niaisement. On se sourit tendrement. Plus que ça, on se sourit amoureusement. Ça me crève le coeur. Il n'y avait qu'en sa présence que ça arrivait, il était tellement communicatif. C'est donc pour ça que tout le monde s'attendait à nous voir ensemble. D'habitude, ils sont beaucoup plus timides ou effacés. Cela ne risque plus d'arriver.
Sur la troisième et la quatrième, je suis encore en train de rire. Je crois que j'avais remarqué un truc et j'en rigolais pour ne pas être gênée. Il n'avait pas l'air d'être gêné. La façon dont il me regardait, je ne l'avais jamais remarqué avant d'en être privée. Ses yeux me regardent avec ce truc indéchiffrable. Mais ils disent tout ce qu'il y a besoin de savoir.
Il m'aimait passionnément.
J'essuie les sanglots qui m'assaillent avant de me moucher. J'inspire lourdement, les mains tremblantes en reprenant la lettre pour commencer à la lire.
"Kisoku,
J'aurais voulu commencer cette lettre en te rappelant notre première rencontre, comme je l'ai fait pour Chifuyu, mais je ne me souviens de rien à l'exception de ce sourire triste que t'avais, sincèrement, je crois que ce jour-là, t'as changé un truc. Je ne veux pas savoir quoi, c'est tellement lointain que de m'en souvenir reviendrait à le perturber. Mais depuis ce jour-là que j'allais te recroiser.
Je trouve que tu as un don pour aider les autres, ne négliges pas cet avantage. Je crois que sans toi, j'aurais encore redoublé, t'as beaucoup de patience, beaucoup trop, mais tu as su m'aider, à chaque fois, tu as su me corriger et m'améliorer, mais apparemment c'était seulement pour les cours. Désolé qu'à cause de ça tu aies dû changer de collège.
Kisoku, je m'en veux déjà pour tout le mal que je vais te faire. Je regrette de m'être engagé avec toi et d'être arrivé à cette unique conclusion. Je sais que je t'ai déçu après tout ce que tu m'as montré, avec chacune de tes craintes. Je te serais toujours et infiniment reconnaissant de tout ce que tu as fait pour moi. De tout ce que tu m'as fait vivre. Depuis notre première rencontre alors que je ne savais pas qui tu étais jusqu'à aujourd'hui.
Tu as toujours été ma raison, celle qui rattrapait mes conneries, comme moi, j'étais celui qui te poussait à en faire. Tu es la seule personne que j'ai toujours voulue, la seule que je désirais. Je suis heureux d'avoir pu t'aimer comme tu le mérites. Je suis heureux d'avoir pu faire toutes ces choses à tes côtés, j'espère que de ton côté, tu ne le regretteras pas, parce qu'au fond, tu es la seule et l'unique avec qui je voulais tout faire.
Tu mérites tellement d'être aimée.
Je ne pourrais jamais te présenter mes excuses pour ce que j'ai fait. Je ne t'en voudrais pas si tu laisses tout tomber. Je veux juste que tu prennes soin de Kazutora. Mais Kisoku, s'il-te-plait, ne t'en veux pas, ma décision était prise et tu n'aurais rien pu empêcher. Alors ne te laisse pas sombrer, tiens bon pour moi, vis pour toi et sois un peu égoïste. Je veux juste que tu puisses être heureuse, tu as le droit de te remettre de mon amour, tu as le droit d'aimer quelqu'un d'autre. Tu as le droit d'être ce que tu veux. Je veux juste que tu restes toi-même, la fille qui est capable de s'infiltrer dans des gangs juste par instinct, celle qui a soigné mes blessures, celle qui ne le laisse pas abattre, celle que j'aime.
Je suis désolé pour mon comportement de ces derniers jours, qu'on n'ait pas pu se voir autant qu'on aurait voulu. Je ne sais pas pourquoi, mais t'es la seule à qui je n'ai pas réussi à mentir, parce que tu savais déjà tout depuis le début. Mais ça, c'est seulement au dernier moment que j'ai su ce que je devais faire, désolé de t'avoir fait croire à un truc qui n'arrivera pas. Et au fond, t'aurais préféré que j'aille en prison que de mourir. Mais ça me semblait être la chose à faire. Je savais que Mikey en voulait à ce point à Kazutora et que de faire ça était le seul moyen de les raisonner.
T'es la personne qui me manquera le plus, je sais que je peux te dire que j'ai mis ça sur toutes les lettres que j'ai laissées. Mais aucune de ne manquera de la même façon que toi et les infinités de choses que j'adorais chez toi. Je ne t'entendrais plus rire, ni te verrais sourire comme sur ces photos, ni te surprendrais plus en train de m'admirer, tu n'étais pas très discrète, mais la façon dont tu souriais et l'expression de tes yeux une fois que je l'avais remarqué. C'est une de ces fois-là où je me suis rendu compte qu'un jour ou l'autre, il fallait que je tente ma chance.
Merci de me l'avoir accordé.
Merci mouffette.
Merci d'avoir supporté d'être appelée comme ça pendant autant de temps, tu aurais mérité d'en avoir un meilleur que celui-là. Mais me chamailler avec toi à propos de ça et de voir que tu l'acceptais, c'était tellement surprenant que je ne voulais rien changer.
Je voudrais te dire encore plein de choses, mais je n'arrive pas à trouver les mots, à formuler les phrases, parce que je sais que ce que je vais t'écrire ne va pas te sauver, je sais que je t'ai brisé le cœur de la pire des façons et que ce n'est pas cette pauvre lettre qui pourra te soigner. Mais tu es forte, t'es l'une des personnes les plus fortes que je connaisse. Vraiment. Je sais que tu trouveras toujours un moyen.
Et j'espère qu'un jour, tu parleras de moi en tant que personne que tu as aimé, que t'aimais. Et pas comme celui que tu aimes.
Mais pour moi, tu es la seule que j'aime. Je t'aime sincèrement.
Merci Kisoku, pour tout."
Je ne retiens pas mes larmes, c'est tellement dur et crevant. Je me sens tellement vide. Elle n'aide pas, ça contribue juste à renforcer mon chagrin. J'aurais tellement envie que cela s'arrête, cette douleur et ce vide.
J'ai l'impression que c'est sa voix dans ma tête qui est en train de la lire. De voir certaines de ses expressions à certains passages.
Je pleure longuement incapable de me contrôler.
— Moi aussi, je t'aime sincèrement, murmurais-je en les rangeant dans mon sac.
Je remets un encens, je respire lourdement. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle me fasse autant d'effet. Il y a tellement de choses à l'intérieur de cette lettre. Je ne pouvais pas être plus détruite que par ces mots. Il y a tellement d'efforts derrière, il y a à peine quelques fautes. Il voudrait que j'aille bien mais c'est impossible.
Mais j'ai pris quelques décisions. Je sais qu'il les désaprouverait, surtout après ce qu'il a fait. Surtout avec les enjeux qu'il y a mais je ne crois pas que j'en suis capable. J'ai envie de laisser tomber, j'en ai le droit, j'ai le droit d'être égoïste, de laisser mon empathie de côté.
Je rejoins mes mains, cherchant à reprendre ma respiration pour adresser une nouvelle prière. Ça va aller, ça ira un jour. Je vais essayer de tenir mes promesses.
J'entends des pas arriver derrière moi. Je ne fais rien remarquer, préférant continuer de prier en sa mémoire.
A l'exception de Mme Baji et de Chifuyu, je n'ai croisé personne d'autre. Je vais le laisser partager ses nouilles. Mais je sais qu'il va essayer de me convaincre de revenir sur ma décision.
— Chifuyu, pas la peine d'essayer, j'ai pris ma décision, soupirais-je. Je quitte le Toman.
— C'est ce que tu veux Kisochou ? déclare Mikey derrière moi.
Je sursaute légèrement surprise. Pourquoi j'ai toujours l'impression qu'il me prend par surprise. A chaque fois, c'est la dernière personne que je m'attends à voir. Je tourne la tête dans sa direction. J'ai l'impression que mes yeux le supplient de ne rien ajouter.
Chifuyu voulait que je reprenne les rênes de la première division. Il ne se sentait pas capable de la diriger, il a toujours été au service de Baji. Il voulait pouvoir continuer à être le second de quelqu'un qu'il respecte. Mais ce n'est pas moi. Je ne peux pas. Cela est trop difficile de m'imaginer les diriger, j'aurais l'impression de prendre sa place. D'empiéter sur sa mémoire. Maintenant lui aussi veut quitter le Toman. On a terminé par dire qu'on se laissait du temps pour y réfléchir.
Avec lui, j'ai toujours ce sentiment de culpabilité que c'est de ma faute, que c'est à moi d'en assumer les conséquences.
— Mikey, murmurais-je. Je suis désolée.
— De quoi ? T'as rien fait, souffle-t-il.
— Pour tout, de ne rien avoir pu anticiper. Pour mon frère, continuais-je.
— Il est pardonné, tu le sais, non ? Tu n'as pas à t'en vouloir, remarque-t-il.
— Mais.
— Reste au Toman, Kisoku, demande-t-il. J'admire ce que tu as fait pour Kazutora, vraiment. Même si c'était suicidaire de ta part de faire ça.
— Justement, soupirais-je.
— Mais le protéger comme ça, t'étais prête à donner ta vie pour lui. C'est ça l'esprit du Toman, veiller les uns sur les autres, se protéger, donner sa vie les uns pour les autres. Reste pour rappeler aux membres ce que c'est. T'es un membre du Toman, comme chacun de nous.
— Je ne peux pas, murmurais-je.
— Si Baji, aurait voulu qu'on continue à veiller sur toi, soupire-t-il.
Ce n'est pas un bon exemple d'argument que d'essayer de me prendre par les sentiments même si ça me serre le cœur.
— L'année dernière, fait-il lointain. Il est venu me supplier pour que tu nous rejoigne, Draken le soutenait, et t'étais dans cet état là. A croire que tu ne mérite rien, remarque-t-il en haussant le ton. Alors Kisoku, tu vas rester au Toman et honorer sa mémoire, montrer ce que c'est que d'être quelqu'un qui sait où sont ses priorités. Tu as su le faire, sans en être au courant. Alors je pensais compter sur toi pour maintenir cette flamme.
— C'est batard d'utiliser l'argument de sa mémoire.
— T'en dis quoi ?
Je me redresse, faisant jouer mes articulations. Il a raison sur certains points. Si je quitte le Toman, je n'aurais plus de distraction et je risque de sombrer. Je suis assez forte pour ne pas me noyer complètement et y rester malgré les risques.
— Le Toman a une nouvelle division, soupirais-je. Je veux qu'elle soit officielle. Je ne veux pas celle de Baji, râlais-je amèrement.
— T'as pris la bonne décision Kisochou.
Rien que pour le moment je vais continuer mon enquête sur Hanma et Kisaki, je ne vais pas continuer à endurer ça pour ne pas avoir finalement un résultat. Je sais que j'ai quelques alliées sur qui compter. Si on déplace correctement nos pions, on finira par les pousser à faire une erreur. C'est en les poussant à bout et dans leur retranchement qu'ils commenceront à en faire. Et à ce moment on pourra exposer la vérité sans aucun risque de retournement de situation.
— Alors c'est quoi le nom de ta division ?
— Je sais pas, l'espionnage c'est trop évident. Et je ne sais pas quel nombre elle risque d'être, soupirais-je amèrement. Il ne faut pas que ça empiète sur ce que Mucho fait, aussi.
Je resserre ma veste sur mon corps en sentant que je commence à frissonner. La nuit à vraiment eu le temps de s'installer depuis que je suis arrivée.
— Si tu ne te décide pas, tu seras à la tête de la brigade d'investigation, râle-t-il.
— Je hausse les épaules en faisant la moue. Ça me va.
— Sois prête à te présenter au prochain rassemblement, soupire-t-il.
1 décembre 2005
Sanctuaire
Je comprends pourquoi Baji a sérieusement eu envie de cogner Kisaki, le jour où il est devenu le capitaine de la troisième division. Il joue bien son jeu, est-ce qu'on est seulement sur le même plateau de jeu, parce que là, ça me semble de plus en plus difficile de s'échapper de la machination dans laquelle il entraîne le Toman.
Est-ce que ce con serait seulement capable de se sacrifier pour sauver la vie de quelqu'un ? Il n'en a pas l'air.
Mais j'ai déjà un plan. S'il faut que je m'abaisse à ce niveau, j'irais jusque là. Le plus vicieusement possible. Si besoin, j'augmenterais graduellement. C'est de sa faute si Kazutora est de nouveau en maison de redressement et que Baji est mort. Je joue avec mon poing en le serrant et le desserrant dans ma poche.
Je vais semer la discorde entre les membres du Valhalla et du Toman. Je sais assez de choses sur chacun d'eux que pour arriver à les manipuler à mon avantage. Pas de coup de couteau dans le dos ou les poumons. Seulement des rumeurs, des "j'ai entendu dire" suffiront à faire naître des tensions. Ensuite il arrivera ce qu'il devra arriver. Leur fierté et leur ambition suffiront à tout détruire.
On va voir qui est le meilleur à ce jeu-là.
Je vais leur faire vivre un véritable enfer sur plusieurs plans. D'abord leur division, ensuite prêt des capitaines de division. Sur chacun des plans qui semble se profiler, il y aura toujours un truc pour les perturber.
J'ai assez mis au point mes ambitions en m'acharnant contre ce sac de boxe cette après-midi. Je sais ce que je veux et ce que je ne veux pas. Je tiendrais mes promesses.
Je dois juste faire chaque chose en son temps. Et les faire correctement.
— J'ai deux choses à vous dire, reprend Mikey en coupant la foule qui s'agitait en apprenant que le gang grandissait. Premièrement, la brigade d'investigation est officiellement reconnue, affirme-t-il.
Je roule des épaules pour me redresser. Je déteste être mise en avant, de me sentir regarder, c'est surtout pour ça que je tenais à rester discrète. Mais mon corps ne me trahit pas, mes joues ne rougissent pas.
— Kisoku Hanemiya ! hurle-t-il.
Je redresse le menton dans leur direction. Je suis au premier rang en bas du sanctuaire pour être remarqué. Je sens les regards désapprobateurs sur mon dos. Je savais que cela allait être remis en question. Mais je suis prête à les affronter. Mikey me fait signe de monter les quelques marches pour être remarqué. Draken m'encourage d'un léger geste de la tête.
Je prends place à l'endroit qu'on m'a désigné. Je donnerais tout pour avoir un retournement de situation du style Hanma décide dire que je faisais partie du Valhalla qu'on ne peut pas me faire confiance, mais s'il est sous les ordres de Kisaki, il se tiendra calme.
Par contre, s'il refait une allusion sexuelle, je crois que je le prend directement au combat. Peu importe les conséquences.
Je me tiens droite, les bras croisés dans le dos, trouvant une allure militaire. J'attends quelques secondes d'avoir un peu d'attention avant de pouvoir commencer. Je reconnais avec satisfaction les quelques membres de ma division qui adoptent la même position que moi. Taro me sourit pour m'encourager. Je ne sais pas par quels moyens j'ai réussi à les avoir. Mais je suis satisfaite de les voir se tenir fièrement quand on parle de ma division.
— Kisoku Hanemiya, me présentais-je. Je rends la brigade d'investigation officielle après avoir passé plus d'un an à laisser mes membres vagabonder d'une division à l'autre, affirmais-je froidement.
Quelques-uns se révoltent, criant que c'est une honte de me laisser être capitaine de division après ce qu'il s'est passé à cause de Kazutora. Je ne réagis pas, je ne fléchis pas. Je ne laisse pas leurs mots m'atteindre.
Je m'en fous de ce qu'ils peuvent penser de moi, que j'ai l'air d'être arrogante en ce moment.
Il paraît que presque personne ne s'est révolté lorsque Kisaki a repris la troisième. Alors pourquoi une pauvre personne comme moi provoque autant de réaction.
— Oh ! crie Draken pour récupérer l'attention. Vous croyez qu'on ne le sait pas tout ça, continue-t-il en haussant le ton. Vous étiez là pendant la baston. Alors ce qu'elle a fait mériterait d'être reconnu. Parce que c'est ça l'esprit du Toman, se sacrifier pour protéger ceux qui nous sont chers. C'est aussi veiller les uns sur les autres. Et c'est ce qu'elle a fait pendant plus d'un an comme elle le pouvait, termine-t-il en les sermonnant froidement.
Ils se sont tous calmés après ce rappel et baissent légèrement la tête. Je hoche à peine la tête pour remercier Draken en essayant d'esquisser un léger sourire. Mais il ne doit pas être particulièrement concluant.
Je m'incline, présentant mon respect à chacun des membres présents.
— Je souhaitais m'excuser pour les blessures que mon frère vous a fait lors de la baston, affirmais-je. Je promets que ma position au sein du Toman, ne changera rien à l'ordre établi, fis-je doucement.
Est-ce que tu serais fier que j'assume enfin ma division.
Mon cœur se serre en voyant qu'on m'acclame malgré tout. Je redescends, laissant Mikey reprendre la direction de ce rassemblement. Je hoche la tête pour encourager Chifuyu qui se tient derrière. Je valide tout ce qu'il compte faire. Malgré quelques doutes de ma part, je lui fais entièrement confiance pour la suite.
Un silence pesant s'installe quand Mikey commence à évoquer la mort de Baji. Je me pince les lèvres, me sentant émotive. Je sais que je ne vais pas pleurer, je suis beaucoup trop sur les nerfs par rapport au Valhalla, Hanma et Kisaki. Je crois que si je craque l'un d'eux se prend un coup.
Chifuyu s'avance, continuant à parler de la mémoire de Baji, que lui aussi souhaitait partir du gang et que Mikey l'a convaincu de rester pour garder la flamme de la première division.
— Takemichi Hanagaki, hurle-t-il dans sa direction. Je te nomme chef de la première brigade, affirme-t-il.
— Qu'est-ce qui te prend ? bégaie-t-il.
Dire que j'ai validé que ce pleurnichard soit le chef de la première division. Mais lors des dernières volontés de Baji, il était là. Il lui a demandé de veiller sur le Toman. Même si, j'ai encore quelques ressentiments par rapport à lui. Je ne m'oppose pas au fait qu'il prenne le relais de Baji. Mikey et Chifuyu étaient d'accord. S'il veut tenir sa promesse alors être au commande de la première l'aidera à la réaliser.
Mikey hurle après ce dernier, lui demandant de se comporter dignement face à cette annonce. Mais les émotions et la surprise le submergent.
J'aurais tellement voulu l'avis de Baji en ce moment, l'entendre râler par rapport à ce gosse qui récupère sa division. Mais je fais confiance en nos choix. Ça devrait aller pour nous?
Je m'éclipse discrètement en sentant aussi de mon côté l'émotion monter. Mes doigts jouent le collier autour de mon cou.
— Si je veille sur Kazutora et le Toman, murmurais-je. J'espère que tu veilles sur nous, demandais-je en regardant le ciel. S'il-te-plait Keisuke, veille sur nous.
Ceci est le dernier chapitre qui est long. Il y a encore un bonus et l'épilogue qui doivent sortir. Je suis à sec, je n'ai plus de larme à pleurer.
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