𝕏𝕏𝕀𝕀 - ℙ𝕒𝕤𝕤𝕒𝕘𝕖 𝕒 𝕝'𝕒𝕔𝕥𝕖
TRIGGER WARNING : Tentative de suicide.
31 octobre 2005
Shibuya
Un long frisson d'horreur et une violente chaire de poule m'envahit. Il ne me manque plus que la nausée et c'est bon, j'aurais tout eu. J'essaye de rester aussi calme que possible, si je cède à la panique, je cède à toutes les peurs qui sont en train de m'assaillir.
Baji est toujours aussi inconscient, mais tant qu'il respire, j'essaye de me rassurer un maximum comme je peux. Il a toujours une chance de s'en sortir.
— Allez, l'ambulance ne va pas tarder, soupirais-je.
Je descends mon masque sous mon menton, cherchant à avoir un peu plus d'air qui rentre dans mes poumons. Je redescends mon regard sur les deux combattants. Je serre les dents un peu plus fort. Kazutora est au sol, en train de subir les coups et personne ne fait rien.
— Vas-y Kisoku, déclare Chifuyu. Je m'occupe de Baji, soupire-t-il en s'agenouillant à mes côtés. Tu vas faire un arrêt si tu n'es pas à ses côtés.
— Je bégaie quelques secondes, prise par le dilemme. Euh, ok, j'attrape ses doigts d'une main pour qu'il prenne le relais. Tu appuies bien sur la plaie, fis-je. C'est pour éviter qu'il continue de perdre du sang.
— Très bien, tu comptes faire quoi ?
— Empêcher Kazutora d'être tué, s'il meurt je ne sais pas ce que je vais devenir, la prison je pense encore supporter, j'enfonce un peu plus ses doigts sur la plaie. Alors tu veilles bien à ce qu'il ne se vide pas trop de son sang parce que je ne peux pas perdre les deux, ordonnais-je.
Je hoche lentement la tête en me relevant, toujours aussi perdue. Il me répond du même geste pour m'encourager. Je descends me précipitant pour me rapprocher un maximum de la scène. J'arrive à la hauteur de Draken, trouvant que c'est la limite à ne pas franchir.
— Il va le tuer, affirme Mitsuya qui n'est pas très loin.
— J'interviendrais bien, mais il y a plus de chance que je me prenne un coup que de l'aider. Et si je me le prends, je serais dans le même état qu'Hanma, déclarais-je en portant une main à mes côtes.
La douleur revient me frapper, j'espère qu'elles ne sont pas cassées. J'ai encore du mal à respirer et c'est de pire en pire. C'est de ma faute, je n'ai pas su assurer comme je l'aurais dû avec lui, qu'on ait rien pu anticiper. J'ai encore une fois merdé. Je me suis infiltrée au Valhalla pour rester près de lui et déjouer leur plan. Et je n'ai réussi à faire aucun des deux.
Au fond, j'ai trahi le peu de confiance qu'il a en moi.
J'ai mérité la réaction qu'il a eu. Il m'aurait poignardé dans le dos que ça ne m'aurait pas surpris.
— T'es en sale état, un coup et t'es dans le coma, soupire Mitsuya.
— Merci de croire en mon plan, déclarais-je. Sérieusement, personne ne veut attraper Mikey par derrière pendant que j'achève Kazutora et qu'on règle les affaires avec diplomatie.
— D'ailleurs, il t'est arrivé quoi ? demande Draken qui ne lâche pas le combat des yeux.
— Kazutora et Hanma, remarquais-je en serrant les dents. Je dois avoir des côtes fêlées, et j'ai un genou douloureux.
— Comment ça Hanma ? grogne Draken.
— Ça devait être quand Kazutora a planté Baji, soupirais-je nerveusement en tordant mes doigts. Vous êtes sûrs qu'il n'y a aucun moyen de les séparer ?
— Mikey ne veut rien entendre. Il n'entend rien, se corrige Draken. Tu peux essayer en sortant l'argument du lien fraternel et de ta solitude, souffle-t-il. Mais je ne crois pas que ça marchera. Je n'ai su rien faire.
— Ce n'est pas moi qui vais arriver à changer quelque chose, remarquais-je. Pourquoi il ne se défend pas ? marmonnais-je.
— Il est trop amoché, murmure Mitsuya.
Je secoue la tête, refusant d'y croire. Je refuse de croire qu'il n'a plus aucune raison de se battre. Normalement, il y en a toujours une. Peut-être qu'en ayant joué sur les deux tableaux, je l'ai privé de sa raison de se battre, au moins pour moi.
— Mikey, hurle-t-on derrière nous.
On se retourne tous brusquement dans sa direction. Putain, il ne devrait pas être en train de bouger. Mon cœur se serre en le voyant cracher du sang. Il est totalement livide.
— Baji, murmurais-je en le voyant descendre maladroitement.
Il arrive à notre niveau, commençant à nous sourire. C'est déchirant de le voir dans cet état, mon corps ne parvient pas à bouger. Il continue de saigner, et à cracher du sang.
— Merci mec de te battre pour ça, c'est sympa, déclare-t-il en continuant de sourire.
— Baji ! Stop, affirmais-je. T'es en train de crever, avouais-je tendue.
— Il m'en faut plus pour que je crève, continue-t-il.
Son regard s'accroche au mien quelques instants avant qu'il ne sourit plus largement. Les coins de ses lèvres trahissent son sourire sincère pendant que je sens mes yeux devenir humides.
— Keisuke, tu fous quoi ? fis-je inquiète.
Je n'arrive pas à bouger, mon corps est tétanisé. Je voudrais le rattraper, l'empêcher de bouger et de continuer en voyant les traces qu'il laisse derrière lui. Il s'arrête devant Kazutora, qui peine à se redresser pour le voir.
— Kazutora ! Je ne te laisserais pas ma mort sur la conscience, affirme-t-il.
Le temps me semble atrocement long. Mais tout se passe tellement vite. Mon cœur se déchire en comprenant ce qu'il se passe. Retrouvant cette absence comme au Valhalla. Mes joues s'inondent de larmes en étant spectatrice de son passage à l'acte.
Tout a été trop rapidement entre le moment où il annonce qu'il ne laissera sa mort sur la conscience de Kazutora et le moment où il a dégainé le couteau papillon pour se poignarder en plein dans le ventre.
Je voudrais crier, évacuer ma douleur mais rien ne sort, seulement des larmes et le bruit de mon cœur douloureux qui me remplit la poitrine. Le hurlement de son nom par Chifuyu est tout aussi atroce pour moi en réalisant que je n'ai rien fait pour l'en empêcher.
Je me précipite pour les rejoindre, débarquant à leurs côtés.
— Keisuke, murmurais-je. Qu'est-ce que t'as fait ? demandais-je difficilement.
Je presse mes doigts sur la plaie pour retenir le saignement autant que possible. Je sais que c'est inutile. Mais je veux gagner un maximum de secondes près de lui. S'il a des trucs à dire, peu importe à qui, je veux les entendre. J'attrape sa main, nouant mes doigts aux seins.
— T'aurais pû t'en sortir, bégayais-je.
— Takemichi, viens, demande-t-il. Il s'agenouille à nos côtés. Kisaki est notre ennemi. J'ai commencé à comprendre que Kisaki voulait être le chef de la troisième division. Kisoku sait tout, du début à la fin. Les gars, je compte sur vous pour veiller sur elle, soupire-t-il. S'il lui arrive un truc, je vous promets que je trouverai un moyen de vous botter le cul.
Je me pince les lèvres douloureusement en sentant la bile amèrement qui remonte dans ma gorge. Je suis obligée de me retenir si je ne veux pas éclater en larmes sans que je sois capable de m'arrêter.
— Kisaki, ce ne sera jamais le capitaine de la troisième division. Le Toman, c'est nous six. Pah-Chin, Mitsuya, Draken, Mikey et Kazutora. Ses doigts se resserrent aux miens. Vous êtes ce que j'ai de plus précieux, affirme-t-il.
Cette déclaration est destinée à eux, aussi bien à eux qu'à Chifuyu et moi ou le Toman en général. Son regard ne nous quitte pas, ni son sourire.
— Je me suis suicidé, déclare-t-il. Mikey tu n'as aucune raison de buter Kazutora, continue-t-il en essayant de leur adresser un coup d'œil.
Ma gorge est nouée, je suis incapable de faire autre chose que l'écouter, de profiter de sa présence tant que je le peux encore. On n'a plus beaucoup de temps tous les deux. J'aurais dû être moins amère tout à l'heure. J'essuie les larmes qui lui montent aux yeux.
— Eh Keisuke, soupirais-je doucement en rassemblant le peu de force qu'il me reste. Ça va aller, on reste à tes côtés, je reste à tes côtés, murmurais-je.
— Prends soin de Kazutora et reste près de Mikey. Et s'il te plait, ne t'empêche pas de tomber amoureuse après moi, tu mérite le bonheur du monde, même si ce n'est pas avec moi, déclare-t-il avec beaucoup de difficulté.
Il m'a rendu complètement dingue de lui. Il est incroyable, il continue toujours de sourire en me regardant affectueusement. Mes doigts se resserrent sur les siens qui compriment la blessure.
— Promis ? demande-t-il.
— Promis, Keisuke, déclarais-je en me forçant à sourire légèrement.
Je ne veux pas qu'il garde de moi comme dernière image seulement des larmes et des reniflements.
— C'est promis, affirmais-je en continuant d'essuyer ses larmes.
— Au fait, soupire-t-il. Je voulais que tu saches que je suis complètement dingue de toi, depuis notre première rencontre dans ce parc quand on était gamins, remarque-t-il.
— Je t'aime Keisuke, affirmais-je. Pour moi aussi, souriais-je un peu plus avec un léger gloussement.
Tout le monde croit que j'ai rencontré Baji grâce à Kazutora, mais c'est faux. On avait environ une dizaine d'années et on s'est retrouvé dans ce parc, entre nos deux quartiers et je ne sais pas ce qu'il s'est passé ce jour-là pour lui. Je ne l'ai jamais compris, mais il était perturbé par un événement qui s'était passé le jour même, je crois que c'était particulièrement violent et traumatisant, et moi je fuyais la maison parce que c'était difficile. Je ne sais plus le déroulement exact des choses. Mais je me suis présentée gentiment et je lui ai proposé mon aide et on a discuté longuement, de tout et de rien, on s'est rassuré maladroitement comme on le pouvait. La seule chose que je retiens c'est qu'à un moment j'ai réussi à lui arraché un sourire.
On ne s'était jamais recroisé avant que Kazutora ne le rencontre et le ramène à la maison. Pourtant je ne l'avais jamais oublié, j'y pensais de temps en temps en me demandant ce qu'il devenait.
On était destiné à faire notre temps, il fut court, trop court à mon goût. Peut-être que dans une autre vie on aura le droit à plus de temps, peut-être que dans une vie antérieure on en a eu plus. Mais j'ai envie de croire qu'on a la possibilité d'en avoir plus, qu'on en soit conscient ou pas.
— Merci Keisuke, tu n'as jamais merdé avec moi, t'as assuré comme copain, terminais-je en éclatant en sanglot.
— Ça y est, j'ai des hallucinations. Tu ressemble à Shin'Ichiro, tu sais, lâche-t-il à Takemichi. Je te laisse Mikey et le Toman entre tes mains.
— Tu ne peux pas dire ça, déclare-t-il difficilement étouffé par ses sanglots.
— Chifuyu ? demande-t-il.
Un faible oui s'étrangle dans sa gorge.
— Je boufferais bien des nouilles, déclare-t-il.
— Ok, j'irais en acheter, souffle-t-il aussi difficilement.
— On fait moitié-moitié hein ? continue Baji.
— Bien sûr.
— Merci...
Je continue d'essuyer ses larmes qui coulent sur la joue de mon côté. Son regard s'accroche au mien, juste lui et moi, c'est ce qu'on s'est promis la nuit où on s'est mis ensemble. Mon cœur se déchire vivement en voyant la difficulté qu'il a à respirer, il sourit toujours en rigolant légèrement. Il a l'air heureux et serein.
Mon cœur résonne dans ma poitrine. Il n'y a plus que ça et le cri de douleur de Chifuyu que j'arrive à entendre. Tout me déchire de douleur, il a arrêté de pleurer, ses doigts ne serrent plus les miens. Il n'est plus là.
Il ne sera plus jamais là.
Tout mon corps s'écroule, laissant le surplus de larmes s'échapper. Je voudrais lui en vouloir, il m'abandonne d'une certaine façon. Mais je n'y arrive pas. Je ne peux pas, il a fait son choix et je n'ai pas d'autre choix que de le respecter. Il est parti en souriant, avec ceux qu'il aimait.
— C'est pas possible, murmurais-je. C'est pas possible.
Il est mort dans les bras de son meilleur ami, en souriant. En ayant dit tout ce qu'il devait. Il a préféré faire ce qu'il trouvait juste, la chose qui selon lui rétablirait l'équilibre.
— T'es mort Kazutora ! hurle Mikey, enragé.
Une douleur plus vive continue de me prendre violemment le cœur, me le déchiquetant dans un nombre de pièces incompatibles les unes avec les autres. Je serre les dents en espérant la faire passer en second plan. Mais ça ne marche pas. Elle est trop vive, trop prenante que pour compenser celle physique.
J'essuie mes joues en me redressant lentement. Je fais rouler mes articulations pour les détendre un peu. J'ai une promesse à tenir
— Promis, je vais veiller sur Kazutora, murmurais-je.
Je soupire lourdement en me retournant pour évaluer la scène. Une seule chose à la fois, Kisoku. Une seule. Essayer de veiller sur Kazutora. Mais je sais déjà qu'à part essayer, je risque particulièrement gros. Personne ne fait rien pour l'empêcher.
J'inspire et expire lourdement, essayant de couper ma respiration trop courte, répétant sans cesse ce que m'a montré l'infirmière à l'hôpital. Je remonte mes cheveux dans une queue de cheval basse en sentant qu'ils me collent dans le cou.
Trois.
Deux.
Un.
Je signe mon arrêt de mort.
Je m'élance au maximum de ma vitesse, attrapant par le col de sa veste Kazutora pour le dégager et le foutre derrière moi pour le séparer de Mikey. J'installe quelques mètres de distance entre nous. Il marque un temps d'arrêt en me jugeant sévèrement. Peu importe la peur qui arrive à se faire une place parmis la douleur. Je me tiens, fière et droite, face à lui.
— Prends-en toi à moi si tu veux le faire souffrir, affirmais-je froidement. Oeil pour oeil, Mikey ! Tue-moi si tu veux qu'il souffre, le défiais-je.
Je ne sens plus les larmes qui coulent sur mes joues. Il n'y a rien d'autre. Il y a seulement Kazutora, Mikey et moi. Et encore, Kazutora tient à peine debout. Donc finalement ce n'est que Mikey et moi.
— Il ne se défend même pas. Il n'attend que ça ! Alors, tue-moi, au moins il verra ce que ça fait, déclarais-je en évacuant ma rage.
Allez Mikey, vient me tuer. Mets fin à cette douleur. Ne me laisse pas assister impuissante à la mort de mon frère après celle de mon premier amour. Achève-moi. Laissez-moi être égoïste pour une fois.
— C'est ce que tu veux Kisoku ? demande-t-il froidement. Qu'il te voit mourir ? Puis que je l'achève lui ?
— Je n'attends que ça ! Sinon pour lui, j'attendrais de voir sa réaction face à mon corps, affirmais-je. Viens, fais-moi taire, soufflais-je en voyant qu'il se rapproche.
J'ai envie qu'il passe à l'acte, histoire de voir ce que ça fait. Je fais ça pour protéger Kazutora le temps qu'il faut. S'il le fait, je sais qu'il ne m'en faudra pas beaucoup pour être hors-service, mais passé un certain point, il a intérêt à réaliser qu'il s'en est pris à une personne innocente et s'il assume les valeurs qu'il revendique, ça pourrait aller. Quelqu'un finira bien par intervenir.
Mais je n'ai pas peur et je continue de soutenir son regard en attendant qu'il se décide.
— Ça suffit maintenant, hurle Takemichi en s'interposant entre nous deux.
Il est trop proche de Mikey, à peine un mètre entre eux. C'est trop dangereux pour lui, même moi j'ai fait le choix d'en laisser une de sécurité. Je crois que la seule raison pour laquelle il ne m'a pas cogné somme il l'a fait directement avec ce dernier, ce n'est pas parce que j'ai essayé de le raisonner, mais je lui ai offert une alternative intéressante.
— Baji n'aurait pas voulu ça, lance-t-il à nous deux.
Je le sais très bien qu'il n'aurait pas voulu qu'on en arrive là. Mais j'allais faire quoi ? Implorer sa pitié en lui disant que je ne pourrais pas supporter la douleur de perdre mon frère parce qu'il la connaît et qu'il pourrait être indulgent. Il détesterait.
Il détesterait ce que je suis en train de faire.
— D'où tu parles en son nom ?
— D'où je parle en son nom ? Il est mort, putain, hurle-t-il désespéré.
Mon corps prend un sérieux coup en entendant ces mots que je refuse de m'avouer. Il est mort. Je lâche, craquant totalement, retrouvant ma crise de larme. C'est irréel, je refuse d'y croire. Ma respiration se coupe à plusieurs reprises, sans jamais retrouver un semblant de calme. J'ai la tête qui commencé à tourner, mes jambes se dérobent, atrocement légère.
— Putain Kisoku, entendis-je.
Pourquoi c'est toujours aussi douloureux, toujours aussi vide ? Tout est lointain à cause du bourdonnement de mes oreilles.
— Lâche mes jambes, Mitsuya, grognais-je amèrement.
Ses yeux sont plein de larmes, pour lui aussi c'est douloureux. Il vient de perdre l'un de ses plus vieux amis.
— Pas maintenant. T'es en plein malaise vagal, déclare-t-il difficilement.
Je soupire lourdement malgré ma respiration courte, je me sens toujours aussi faible et mon coeur ne se limite plus à raisonner dans ma poitrine, mais dans tout mon corps.
— Laisse-moi me redresser, demandais-je en essayant de les bouger.
— Tu viens à peine de te reprendre conscience, c'était pas long mais t'es toujours trop pâle, déclare-t-il.
— Je suis toujours pâle, il s'est passé quoi ? demandais-je difficilement.
Je n'entends rien à part les bourdonnements dans mes oreilles et Mitsuya qui est proche de moi. Il y a seulement des hurlements que je ne comprends pas. C'est trop calme maintenant.
— C'est l'amulette qu'on a acheté le jour de la création du Toman, murmure-t-il pour lui-même.
Je fais basculer mes jambes sur le côté en profitant de son moment d'inattention pour me redresser, j'ai la tête qui tourne, je prends légèrement appuie sur son épaule au cas où je recommencerais à basculer. J'ai déjà eu des malaises dans le passé mais jamais un comme lui. En ce moment, j'avais toutes les raisons d'en faire un. Tout s'accumulait.
Je ne me suis jamais sentie aussi mal, aussi vide et lointaine. Les larmes saccadent toujours ma respiration est courte.
Kazutora s'est replacé devant nous, il a toujours l'air aussi abattu.
— Baji, murmure-t-il en le voyant dans les bras de Chifuyu.
Il se redresse légèrement, réalisant ce qu'il se passe réellement. Ses yeux s'embrument de larmes à son tour, comprenant ce qu'il a fait pour lui. Je resserre les dents, ne voulant pas me retrouver au bord de l'anéantissement, au bord du gouffre total à l'intérieur.
Mikey continue de parler, mais sa voix montre qu'il serre les mâchoires pour retenir ses larmes.
— Pardon Baji, entendis-je de sa part.
Tout le monde pleure, commençant son deuil. Le plus douloureux et brutal qu'il puisse arriver.
Le hurlement des sirènes de police nous interrompt. Annonçant la coupure brutale de ce moment. Je me redresse grâce à l'aide Mitsuya.
— Tout le monde dégage, hurle l'un des spectateurs qui était présent.
— Je vais rester avec Baji, déclare piteusement Kazutora. J'ai provoqué tout ce bordel, je veux en payer les conséquences.
Un nouveau flot de larmes m'assaille, toujours plus douloureux aussi profond et blessant que si l'on venait de m'ouvrir le ventre pour m'arracher les entrailles et tous mes organes à l'intérieur, avec comme seule anesthésie la douleur.
— Très bien, soupire Mikey. Dispersez-vous, hurle-t-il aux membres du Toman
Mitsuya continue de me soutenir. Je crois que je vais devoir faire un passage chez le médecin, aux moins pour mes côtes ou mon genou.
— Mikey, l'appelle-t-il la voix remplie de remords. Je ne te demande pas de me pardonner pour ce que j'ai fait à Shin'Ichiro et à Baji. Je porterais ce fardeau toute ma vie, déclare-t-il conscient de ce qu'il dit.
Il s'incline, présentant tout son respect et toute sa désolation à Mikey. Je pince mes lèvres, espérant contrôler mes réactions.
— Laisse-moi, s'il-te-plait, murmurais-je à Mitsuya.
Il hoche la tête, suivant le reste du Toman qui s'éloigne.
— Kazutora, murmurais-je en le suivant.
— C'est valable aussi pour toi Kisoku, je ne te demande pas de me pardonner, soupire-t-il en s'approchant de Baji. Surtout après ce que je t'ai fait et dit.
Je ne réponds rien, préférant l'enlacer par derrière, étouffant mes sanglots dans son dos.
— Peu importe, murmurais-je. Je serais toujours là pour toi. Je ne t'abandonnerais pas, continuais-je en pleurant.
Il serre ma main qui est posé sur mon ventre. Je veux le rassurer, je veux être là pour lui. Le laisser seul le moin que possible.
— Je compte payer pour ce que j'ai fait, Kisoku, souffle-t-il.
— Oui, je sais, je ne comptes pas t'en empêcher. Tu as fait le bon choix, affirmais-je en le lâchant pour m'agenouiller face à Baji. Tu peux être serein.
Il s'agenouille à mes côtes, pleurant. Je le regarde une dernière fois, lui faisant intérieurement mes adieux, qui ne font que provoquer des larmes plus violentes que jamais.
— Au revoir Keisuke, suppliais-je de douleur en replaçant quelques mèches de ses cheveux. Au revoir. On se retrouvera un jour ou l'autre, murmurais-je.
— Kisoku, tu dois y aller, déclare Kazutora. La police arrive, je ne veux pas que tu y sois mêlée.
Il décroche sa boucle d'oreille et la glisse dans la paume de ma main. Mes doigts sont couvert de sang séché.
— Je sais que tu l'adore, déclare-t-il en essuyant mes larmes puis les siennes. Alors, garde-la et tu me la rendras quand je sortirais. Il m'enlace rapidement.
— Prends soins de toi, Kazutora, fis-je en me redressant avant d'essuyer mes larmes.
Il hoche la tête en me regardant à peine. Les sirènes de police se rapprochent de plus en plus et me forcent à me dépêcher de quitter le lieu. Je lui adresse un dernier regard, mais je n'ai le droit à aucun de sa part.
J'essuie mes larmes sans me retourner. Je détache une de mes boucles d'oreille pour y attacher la sienne, rien que le temps que je rentre et que je la rattache à mon collier.
— Au revoir, vous deux, murmurais-je, perdue.
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