𝕏𝕀𝕀𝕀. 𝕊𝕠𝕣𝕥𝕚𝕖
18 août 2005
Nuit
Sa main se pose dans mon dos, accompagnant son geste. Mon estomac se tord nerveusement, les papillons qui le hantent cherchent à s'en échapper. C'est assez maladroit pour chacun de nous, mais je dois avouer que je n'arrête pas de sourire niaisement contre ses lèvres, complètement abasourdi par ce qu'il se passe dans mon corps.
Je soupire me séparant et réalisant vraiment ce qu'il venait de se passer. Mon meilleur ami vient de m'embrasser, volant mon premier baiser.
J'essaye d'abandonner ce sourire niais qui commence à me donner mal aux joues, en plus de ça elles ont chaud.
Ça va changer quelque chose entre nous, j'en suis sûre, il faut juste que je me prépare à être déçue. C'est juste un truc qui a été provoqué par la complicité du moment, et surtout par les hormones qui commencent à se battre entre elles.
Je souffle longuement, peut-être que je devrais faire demi-tour et le laisser en plan, en prenant la fuite pour ne pas qu'on se confronte. Mais ce serait pire que toutes les autres possibilités. La vérité me fera moins mal que ce déni.
Je hausse un sourcil dans sa direction en le voyant détourner le regard, les joues légèrement rougies.
— Quelque chose à dire Keisuke ? soufflais-je en cherchant à le défier du regard mais en n'arrivant pas à l'avoir j'hésite à faire la même.
— Non, ça ira désolé, souffle-t-il.
— Vraiment ? le coupais-je déçue.
— Kisoku.
— Keisuke, fis-je sur le même ton. Mon cœur se serre nerveusement, n'appréciant pas le ton de nos voix. Si tu te demandes si c'est réciproque, ça l'est, avouais-je, bizarrement je suis beaucoup trop affecté par ce qu'il pourrait répondre. Et si ça ne l'est pas et bien je viens de me ridiculiser en te disant que j'ai des sentiments pour toi, ironisais-je avec un sourire triste.
Je soupire longuement, ne trouvant pas le courage de continuer à le confronter, au pire ça le fera réfléchir et il pourra me donner une justification. De toute façon je n'arriverais pas à dormir cette nuit.
— Kisoku, désolée, continue-t-il.
— Bonne soirée Baji, soufflais-je en m'éloignant.
J'avale ma salive amèrement. J'ai d'autres choses sur lesquelles me concentrer pour l'instant, je n'ai pas besoin de suivre ce truc dans mon estomac , je n'ai qu'à continuer de l'étrangler il finira bien par céder un jour.
— Kisoku, râle-t-il en m'attrapant par le coude, me forçant à lui faire face.
Une nouvelle fois, sa bouche se plaque contre la mienne avec plus d' ardeur, prise une passion surprenante. Putain, mes jambes sont en train defaillir sous la surprise. C'est assez agréable malgré le fait qu'il y ait toujours cette maladresse. Mais on est sur un pied d'égalité de ce côté-là.
Mais là, c'est abuser de la situation et de mon irritation.
Je le repousse, ne pouvant plus continuer sans réponse. Je croise mes bras sous ma poitrine, le jugeant froidement de haut en bas. J'ai plus envie de jouer, j'ai juste envie d'être honnête.
Il a l'air de réfléchir à ses mots, mais s'il dit encore une fois qu'il est désolé, je crois qu'une gifle partira et je veux qu'elle laisse une marque pour quelques jours. J'ai pas envie d'être blessé à force de me torturer l'esprit.
— Je sais pas quoi te dire, j'ai l'impression d'avoir merdé avec toi, avoue-t-il. Puis tu m'as dit ça, et je sais que je vais pas assurer.
Mes traits se radoucissent, surprise par cet aveu.
— Mais t'étais là, le contexte et tout et je sais pas, continue-t-il.
— Assurer ? Mais pourquoi, demandais-je.
— Parce que c'est réciproque, souffle-t-il. Tu dois avoir tout un tas d'attentes et je sais très bien que je ne suis pas fait pour ça, râle-t-il.
— J'attrape son avant-bras pour qu'il arrête de tourner en rond; Je n'attends rien de particulier, je sais pas ce qu'il va se passer et franchement ça me plairait bien de le découvrir à tes côtés, avouais-je avec un léger sourire qui se veut rassurant.
— Juste toi et moi, souffle-t-il avec un sourire spontané.
— Toi , t'as volé les shojos de Chifuyu, rigolais-je légèrement. Ou il t'a carrément fait des notes que t'as apprises.
Il souffle longuement, rigolant légèrement en plus de marmonner quelque chose à son propos.
— Toi alors , rigole-t-il légèrement en s'approchant.
— Et tu comptes faire quoi ? le narguais-je longuement avant de l'embrasser chastement.
— Te ramener chez toi, et te laisser dormir, remarque-t-il. En plus, Kazutora sort en fin de semaine, et t'es pas des meilleures humeurs, continue-t-il.
Je pince les lèvres en même temps que je lève les yeux au ciel. Je sais très bien que je ne suis pas des plus agréables en ce moment, mais je suis un peu vexée qu'il en joue.
— Mouais, je veux bien, soufflais-je.
Je pousse un long soupir, évitant de retenir mon souffle en attrapant timidement son coude. Il y a un truc particulier maintenant, j'ai l'impression d'être à l'aise et mal à l'aise en même temps, d'être assez gênée, mais je crois bien que je ne suis pas la seule à avoir cette impression en sentant qu'il s'est raidi en attrapant son bras.
20 août 2005
Fin de matinée
Je souffle longuement en attendant dehors, mes doigts n'arrêtent pas de se tordre entre eux en cherchant à évacuer le stress. Normalement Kazutora ne devrait pas tarder à sortir. Je ne sais pas pourquoi mais je continue à avoir cette peur constante au ventre qui me tord les entrailles.
Ça allait bien quand on se voyait au parloir, on avait pas beaucoup de temps, du coup à part parler de la pluie et du beau temps, de comment ça allait les cours pour moi et notre mère, les sujets étaient assez limités entre nous.
Je crois que la marque de mes pas au sol vont finir par s'ancrer dedans tellement je tourne, quelques personnes qui viennent elles aussi pour retrouver des membres de leur famille, me dévisagent en voyant ma nervosité.
Ce n'est rien, Kisoku. Ce n'est que ton frère. Pas un tueur sanguinaire qui a tué plusieurs femmes innocentes par un accès de folie. J'espère que la détention ne l'a pas rendu comme ça. Il a fait une erreur complètement inconsciente, il a plus ou moins reconnu sa culpabilité, ça reste tout de même une question délicate puisque qu'on n'en a jamais parlé ensemble, et que d'après les échos de mes parents, il blâmait quelqu'un, et c'est pas le genre de sujet que je veux remettre sur le tapis.
— Kisoku ? demande-t-il.
Je me retourne brusquement, prise au dépourvue, je pensais qu'il me restait encore quelques minutes pour paniquer. Je crois que la surprise trahit mon expression. De son côté je n'arrive pas à déchiffrer la sienne, c'est toujours la même assez distante et pensive.
Je souris, émue, me libérant d'une sorte de poids qui me pesait sur la conscience, surement celle de ne pas être là pour lui.
— T'as bien grandi, soufflais-je en voyant qu'il a pris une petite dizaine de centimètres.
— Toi aussi, souffle-t-il.
Un silence gênant s'installe entre nous.Voilà, ce que je craignais arrive, un échange et aucun de nous ne sait ce qu'il doit dire. Je sais qu'on va passer par toutes les banalités possibles, la météo, les cours, et si on est assez à l'aise peut-être les parents.
— Tu m'a manqué, affirmais-je avec un petit sourire compatissant.
— Toi aussi, il essaye de me le rendre en se balançant d'un pied à l'autre. Je sais que t'en crève d'envie, murmure-t-il.
— De quoi ? Il y a plein de choses dont j'ai envie.
— De me prendre dans tes bras, continue-t-il. T'avais dit que ce serait la première chose que tu ferais quand je sortirais, balbutie-t-il.
Je fond sur lui, un peu mal à l'aise et maladroite, une courte étreinte fraternelle.
— Allez viens, soufflais-je en me reculant. On va te trouver des fringues, maman a laissé de l'argent pour toi. La tenue de prisonnier n'est pas la meilleure chose pour se promener en ville, ironisais-je.
Je lui fais signe de me suivre avec un léger sourire, l'entrainant dans la direction de la station de métro.
— Sauf si tu veux rentrer avant pour chercher un truc, te reposer ? demandais-je.
— Non, mais je veux bien manger un truc potable, souffle-t-il en me suivant.
— Parfait, on va s'occuper de ça.
Résidence Hanemiya
Après-midi
Je ne pensais pas qu'on serait revenu avec autant d'affaires pour lui, il y a de quoi s'habiller pour toutes les saisons, je suis convaincue d'avoir vu une doudoune à un moment se glisser dans un des sacs d'une friperie.
Je crois que ça lui a fait un peu du bien d'avoir un peu de contrôle sur les choix qu'il pouvait faire. je ne m'attends pas à ce qu'il s'ouvre sur ce qu'il a vécu là-bas ou comment il l'a ressenti, mais je suis perturbée par un truc ineffable. Si ça se peut il ne s'est rien passé et je me fais juste des idées.
— T'es sur ? demandais-je en regardant ses cheveux noir dans le reflet de la salle de bain.
Il veut que je lui décolore les cheveux, en blanc. Il pense que quelques mèches rendraient bien. Putain, je peux pas faire ça, il sont trop beau naturellement, pour que je les retrouve comme ça il faudrait que je me les rase.
— C'est bon, c'est que des cheveux, râle-t-il.
— Ok, soufflais-je en terminant le mélange des produits décolorants.
Je m'applique à faire les mèches qu'il m'a demandé pendant que je réponds à quelques questions sur l'entretien de cette couleur et ensuite sur le collège, les profs et les cours.
— Sinon t'es toujours en contact avec des membres du Toman ? demande-t-il froidement.
— Je pince les joues, ne sachant pas comment répondre diplomatiquement à cette réponse. Oui. Pourquoi ?
— Pour savoir. Et Baji ? continue-t-il.
— J'hésite longuement et vois son regard s'accrocher au mien dans le miroir. Oui, mes joues chauffent instantanément me trahissant.
Je pensais pas lui dire maintenant, attendre un peu de voir comment ça se passait mais je crois qu'il a remarqué qu'il y avait un truc derrière. C'est moi qui lui apportait ses lettres quand il ne voulait pas les poster, donc ça doit suggérer quelque chose.
— Il se peut qu'il se passe un truc entre lui et moi, avouais-je en terminant de mettre le mélange sur mes racines. C'est vraiment récent, voilà quoi.
Il reste silencieux ne disant rien, je crois que même lui ne sait pas quoi en penser et ça doit le laisser perplexe. Mais, je le connais depuis tellement longtemps, c'était mon crush d'enfance et en étant l'une des seules personnes qui a été là pour moi quand j'en ai eu le plus besoin. Peut-être que mes sentiments sont biaisés à cause de ça, mais j'ai envie de croire que c'était bien avant ça et que je l'ai juste refoulé.
Le minuteur sonne, indiquant la fin du temps de pause de Kazutora.
— Je te laisse, les rincer, soufflais-je en le laissant dans la salle de bain pendant qu'on sonne à la porte.
Il me reste une petite demi-heure avant de m'occuper des miens. J'ouvre rapidement pour accueillir notre invité. Lui offrant un léger sourire ravi.
— Salut, moufette, rigole-t-il en voyant les mèches qui encadrent mon visage.
— Salut le vampire, répondis-je en voyant ses canines apparaître.
Je suis prête à jouer longuement à ce petit jeu. Je suis sûre que je ne manque pas d'inspiration pour ne jamais manquer à court de surnom.
— Tu comptes rester sur le pallier, je lui fais signe d'entrer.
Il m'embrasse rapidement sur la joue, puis me vole un petit baiser en entrant.
— Ça va bien ? Et Kazutora ? demande-t-il.
— Sous la douche, je viens de lui faire des mèches, soufflais-je en me laissant tomber sur le canapé. Je l'ai mis au courant pour nous deux.
— Il hausse un sourcil curieux. Et il en pense quoi ? Il s'installe nonchalement à l'autre côté.
— Je sais pas, il n'a pas réagi, sinon quand il te voit, il te tape en hurlant comment tu ose te taper ma sœur, ironisais-je.
— Ok, je craignais pire, et puis je ne me tape pas sa sœur.
— Et tu fais quoi avec alors ? je hausse un sourcil curieux.
— Je ne sais pas, je sors avec ? sous-entend-t-il.
— T'as vraiment volé les shojos de Chifuyu, rigolais-je doucement.
— Tu vas arrêter avec ça, râle-t-il.
— Jamais, mais je crois que c'est parce que je ne réalise pas, laisse-moi du temps.
— Mouais, c'est un argument valable, rétorque-t-il.
— Au fait ? Ce serait possible qu'on ne dise pas à Kazutora que je fais toujours partie du gang, soufflais-je.
— Pourquoi ?
— Parce que j'ai pas l'impression qu'il apprécie l'idée que je continue de vous voir, et j'aimerais bien en savoir plus sur l'opinion qu'il a de vous, avouais-je.
— Si tu veux, souffle-t-il. Qu'est-ce qui te fais croire que ça n'irait pas.
— Je hausse les épaules. Les soupirs qu'il lâche quand je réponds à ses questions, c'est tout.
— Ça va ta blessure ?
— Oui, ils retirent les points de suture lundi, j'ai toujours mal mais ça passe.
Je tourne la tête en entendant le grincement de la porte de la salle de bain, me tordant la tête pour voir le résultat de sa décoloration. Je me pince les joues pour éviter de rigoler, je l'avais prévenu, mais je ne m'attendais pas à ça.
— Salut, mec, salut Baji en le voyant arriver dans la pièce.
Lui au moins arrive à ne pas avoir de réaction. Je n'avais pas prévu que la décoloration rende ses cheveux si jaune.
— Il falloir attendre encore un peu de temps, avant de le faire à nouveau pour les avoir blanc, l'informais-je.
Un rapide regard entre les deux me gêne en sentant sa douleur qui s'en dégage. S'il doivent se battre je vais peut-être prendre la fuite parce que maintenant la décoloration commence à chauffer sur le haut de mon crâne, et si je peux éviter de perdre mes cheveux, je m'en réjouirais.
— Bon, hésitais-je. Je crois que vous avez plein de choses à vous dire.
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