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BESTIOLES RADIOACTIVES
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PETER PARKER SE DIT QU'IL doit vraiment revoir ses choix de vie. Jamais, il ne s'était tourné vers le monde des crimes et des délits - qu'est-ce qui lui avait pris, d'aller se fourrer au milieu d'une population de colosses qui flinguaient des gosses une ou deux fois par semaine ? Ses lèvres tremblent, et il se concentre comme il peut sur la silhouette du combattant qui se dresse juste devant lui. Il reconnait le champion au masque rose des vidéos de youtube, et entre deux hoquets, il se dit qu'il a quand même de très jolies courbes.
— J'vais être gentille, j'te laisse porter le premier coup. Regarde, sans les bras !
Peter manque de se mordre de la langue. Son ennemi le provoque, et il se force à ne pas rétorquer. Il l'observe marcher avec grâce, les yeux fiers, les bras grands ouverts. C'est seulement à cet instant, qu'il remarque la petite paire de seins qui bombe la jeune poitrine de la personne devant lui. Son champion est en réalité, une fille. Il ne sait pas si il doit être choqué ou non : mais une chose est sûre, cette information ne le laisse pas complètement indifférent.
La foule commence à s'impatienter, et les cris redoublent, appellent au combat. Peter plisse les yeux sous son masque, de plus en plus hésitant face à la scène. Il n'allait pas frapper une fille, si ?
— Chéri, si tu me frappes pas, c'est moi qui vais devoir y aller, et crois-moi, ça va pas te plaire !
Ses hésitations s'envolent lorsque, irrité, il grince des dents - il comptait bien la frapper. Il souffle et calcule sa première attaque, piqué par les mots de la jeune fille. Il saute dans les airs, le poing tiré, prêt à cogner. Ça n'échappe pas au masque rose, qui, un air surprit sur le visage, l'évite avec l'agilité d'un fauve. Peter se reprend, secoué, et au dernier moment, son sens d'araignée bourdonne, pour le prévenir du danger. Il a à peine le temps d'esquiver le pied de son adversaire, qui, avec une deuxième offensive cachée derrière la première, lui porte un coup au bas du dos avec l'envers de sa main. Il s'écroule avec un gémissement : il ne s'y attendait pas.
— T'as du te tromper de bail mon chou, le salon de manucure, c'est trois rues plus loin !
Ne pas répondre. Se concentrer sur le duel. Il se relève presque immédiatement, et fond vers elle. Comme si elle connaissait chacun de ses gestes, elle tombe vers le sol, et balaye ses deux jambes violemment, pour lui faire perdre son équilibre.
— Ici, on ne vend que des hématomes et des bras cassés. Mais vous devriez rester ! On a reçu des nouveaux produits la semaine dernière, et franchement... commence-t-elle, en laissant sa phrase en suspens.
Elle glisse derrière lui, et le cogne.
— ...ils démontent !
Grâce à son sixième sens, Peter arrive à éviter le coup de la jeune fille. Il garde sa langue entre ses dents, en se forçant à ne pas ouvrir sa bouche pour rétorquer. Alors qu'ils continuent à se battre, la danseuse se tortille devant lui : elle n'a clairement pas envie d'arrêter.
— On a ce casseur-de-nez, qui plait souvent aux gens de votre âge, annonce-t-elle en balançant dangereusement son coude vers son visage, avec une voix niaise pour imiter les pubs de magasins de mode.
Les doigts de Peter essuient doucement le rebord de la manette de ses "tisse-toiles". Il avait juré de les utiliser seulement si ça tournait vraiment mal.
— Mais peut-être que préféreriez-vous mon-pied-dans-ta-gueule, lui aussi, il est assez populaire dans le milieu...
Au moment où sa jambe est censée le cogner, Peter attrape sa cheville, et balance la jeune fille vers l'arrière. Contre toute attente, alors qu'elle valse dans les airs, elle se laisse faire, et se réceptionne derrière lui, sur ses quatre pattes, sans même trébucher.
— Toujours pas ? Vous êtes difficile. Oh, je sais ce qu'il vous faut ! Vous ne pourrez pas dire non. Je vous l'apporte...
Peter tente de porter un coup avant qu'elle ne sorte le sien, mais c'est trop tard. Grâce aux élastiques qui limitent le ring, elle s'élance dans les airs.
— Mais il faut que je vous prévienne, nos articles ne sont ni repris...
Peter tend le bras vers elle. Il presse son bracelet, et une toile s'enroule autour de la cheville de la combattante. Il tire de toutes ses forces pour dévier sa trajectoire, et envoie la jeune fille percuter le sol.
— Ni échangééé... Eeeeeeh !
Gwen ne comprend plus ce qu'il se passe. Elle perd son sang froid quand elle sent son dos se claquer dans sa chute, une grimace sous son masque, une douleur dans les côtes. Peter, sans attendre, tire une toile contre ses deux mains, pour la clouer au sol. Les doigts emprisonnés dans la substance blanche et collante qui ressemble à une toile d'araignée, la jeune fille ne sait plus quoi faire. Elle tente de se rasseoir, de se libérer, mais à la place, elle se prend un coup de poing en pleine gueule. Sa tête bascule, et son souffle s'affole. Elle se tourne vers son rival, qui, cette fois, n'hésite pas à lui répondre, en articulant sous son masque.
— C'est parfait. J'peux vous payer par carte bleue ?
Gwen flanche lorsqu'elle entend sa voix, qu'elle reconnait immédiatement. Sans réfléchir, elle répète ce que son cerveau lui hurle à la seconde prêt :
— Peter ?
Peter se crispe. Son sens d'araignée n'arrête pas de bourdonner et d'abord, il se dit qu'il est trop sonné, et qu'elle ne vient pas tout juste de l'appeler par son vrai prénom. Il rentre la tête dans ses épaules, serre les poings autour de ses tisse-toiles, et répond, en prenant la plus grosse voix possible :
— Q-Qui est-ce que t'appelles P-Peter ?
— Par les couilles d'Obama, Peter, c'est toi ?
Le public ne comprend pas ce qu'il se passe. On commence à crier dans les estrades, et l'arbitre, qui a lui aussi remarqué que le match s'était brutalement interrompu, leur hurle :
— Eh, vous voulez des putains de biscuits, avec votre thé ?
Gwen se retourne vers son adversaire - qui, ne sachant plus où se mettre, ressemble à nouveau au petit garçon qui n'a pas sa place ici. Elle est certaine qu'il s'agit de son camarade de classe - et rien que ça, ça change la donne. Elle abandonne les dollars qu'elle a parié sur sa victoire, et attrape le garçon-araignée par le poignet. Celui-ci gémit en la suivant, n'ayant aucun autre choix face à la foule en colère.
Elle le tire vers lui, saute par-dessus le ring pour s'engouffrer vers la sortie. Peter s'accroche à sa main lorsqu'ils passent sous les griffes des spectateurs qui essayent de les retenir, et son sang ne fait qu'un tour lorsqu'il commence à entendre les sons familiers de pistolets qu'on arme. Gwen ne lâche pas la porte des yeux. Arrivée devant, elle l'ouvre avec un coup de pied, accompagnée de coups de feu et d'insultes. Suivie de prêt par Peter, elle enfonce le visage du videur qui gère les entrées et les sorties du tournoi, et s'éjecte vers les hauteurs des immeubles, dans la nuit. Elle tient toujours docilement le poignet de Peter, qui remue derrière elle, mal à l'aise.
Lorsqu'elle se pose au quinzième étage d'une petite tour, à l'abri des brigands d'en bas, elle n'attend pas une seconde de plus, et d'un geste vif, elle arrache le masque du jeune homme.
— Ah !
Il pousse un petit cri de protestation, une grimace sur le visage.
— Peter ! Bordel, je savais que c'était toi ! annonce-t-elle derrière son masque, un sourire aux lèvres.
Le jeune homme, gêné, ne sait plus quoi faire. Il n'a pas la moindre idée de l'identité de la jeune femme qui se tient devant lui, alors qu'elle, en revanche, semble très bien le connaitre. Presque fou de rage, il annonce :
— Je sais pas qui tu es - mais ça se fait pas ! Tu peux pas respecter une identité secrète ? Vraiment ? T'étais obligée de faire ça ?
— Oh mon dieu, c'est vraaaaaaiment Peter, putain de Peter Parker qui, à deux heures du matin, traine dans des sous-sols de bars pour se faire de la thune illégalement.
Le jeune homme devient livide. Il se gratte la nuque, gêné, et lance des regards nerveux à celle qui a tout fait chambouler. D'une petite voix, il lui demande :
— J't'en supplie, le dit pas à mon oncle et à ma tante.
Gwen explose de rire. Elle passe une main sur son front caché par le masque. Peter, lui, est de plus en plus paumé. Plus les secondes passent, plus il a envie de disparaitre de là et de devant elle.
— Mais t'es qui, toi, dans tout ça, hein ?
Gwen s'interrompt, se rendant compte que Peter ne l'a pas du tout reconnu. Elle fait quelques pas en arrière quand il tend la main vers elle, tentant de lui arracher son masque, comme elle avait fait avec lui.
— Eh, oh, garde tes mains pour toi.
— Mais toi tu m'as carrément violé le visage, t'as vu comment tu m'as enlevé ma cagoule ?
— Plus férocement qu'un viking qui déshabille sa femme un soir de noces ! Mais crois-moi, vaut mieux pas que tu ne saches qui je suis.
Gwen resserre sa poigne autour du masque rouge de Peter, en soupirant. Toujours sous le choc de sa découverte, elle aussi a du mal à trouver les mots pour s'exprimer. Tout s'est passé tellement vite - même si à l'instant, elle semble être en train de parfaitement bien ingérer les informations, elle est au courant que dans quelques heures, elle sera au bout de sa vie, surement enfermée dans une poubelle, à réfléchir sur pourquoi et comment Peter Parker a des abdos et des super-pouvoirs.
— Pourquoi toi tu connaitrais ma véritable identité, et moi, j'aurais pas le droit, hein ? demande-t-il, avec la même voix qu'un gosse qui fait un caprice.
— Parce que... Parce que tu m'aimerais pas, si tu savais qui j'étais.
— Je t'aime déjà pas.
Gwen soupire, et Peter, qui traverse une émotion qui mêle la rage et l'incompréhension, fini par exploser :
— C'est le premier soir où je sors avec ces pouvoirs. Je me dis que tout va bien se passer, qu'on va pas me reconnaitre, que je vais me faire un peu d'argent et que peut-être que taper sur des gens me fera aller mieux - et bien sur, grâce à ma poisse légendaire, je tombe sur une meuf lunatique qui, par je ne sais quelle sorcellerie, sait exactement qui jE SUIS ! Et-et... Et je sais même pas comment t'appeler moi, parce que j'te connais PAS !
— C'est simple. J'suis l'araignée.
Peter se tait. Ses cheveux bouclés battent au vent quand il pose ses yeux sur Gwen en décrétant :
— Aaaaah, non. L'araignée, c'est moi. J'ai des pouvoirs d'araignée et tout.
La jeune blonde ricane.
— C'est quoi ce délire ? J'ai butté plus de culs que toi, sur le ring. C'est moi, l'araignée, la seule et l'unique.
Peter se redresse, et tend son bras vers le ciel. Il presse la manette de son tisse-toile, et Gwen suit des yeux la fine cordelette blanche qui s'est éjectée à une vitesse incroyable vers les ombres de la ville.
— Tu vois ça ? C'est une putain de toile d'araignée. La même que celles qu'elles utilisent pour bouffer leur putains de mouches qu'elles enroulent avec leurs putains de pattes avant d'aspirer leurs putains d'organes. Je suis. La putain. D'araignée.
Gwen croise les bras sur son buste.
— Tu veux te battre ?
— On vient de le faire, sur un ring en plus ! Et j'ai gagné.
— T'as pas gagné ! T'as couiné et je t'ai reconnu, voilà ce qui s'est passé !
— Je ne "couine" pas !
— C'est moi, l'araignée !
— Non, c'est moi !
Gwen tourne la tête vers l'immeuble le plus proche. Elle a toujours le masque de Peter en main, et elle annonce, prête à décoller :
— Moi, j'ai un masque, j'ai le droit de m'appeler l'araignée. Toi, t'as juste une tête de Peter Parker ! et en lâchant ces mots, Gwen s'élance.
Peter, déterminée, la suit grâce à ses tisse-toiles. Alors qu'elle grimpe d'immeuble en immeuble, se projetant en utilisant rien d'autre que la force de ses jambes, Peter la rattrape vite. D'un coup de main bien placé, il arrive à récupérer son masque des mains de la jeune fille. Épris de sa victoire, il ne voit pas le mur devant lui, et s'écrase de tout son long.
Gwen, elle, a atterrit à quatre pattes, sur le mur vertical où Peter s'étale. Il dégringole vers le fond de la ruelle, et finit bientôt dans le plus gros des bacs à poubelles.
— L'araignée sait grimper sur les murs, lui murmure Gwen, fière de son coup.
En gémissant, Peter s'extirpe des sacs noirs en plastique. Doucement, il relève la tête vers la silhouette féminine qui l'observe, la tête en bas, les pieds posés sur la cage d'escalier, déviant toutes les lois de la gravité. Sans rien dire, il remet son masque.
Il ne la connaissait pas, mais il a compris qu'elle était comme lui. Sixième sens, force proportionnelle d'une araignée, agilité et rapidité augmentée, comme les arachnides.
— Donc, toi aussi, tu t'es fais mordre par une bestiole radioactive ? lui demande-t-il, le menton levé vers elle.
— Quelque chose comme ça, ouais.
— Hm.
Finalement, Peter rompt le silence à nouveau, pour demander :
— Comment tu m'as reconnu ?
— T'es le seul mec de mon âge qui a gardé sa voix de fillette, Parker.
A/N : nique le cliché : gwen a immédiatement reconnu Peter à sa petite voix hehehe !
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