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TISSE-TOILES
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PETER PARKER N'EST PAS QUEQU'UN de difficile. Il ne lui arrive pas souvent de ne "pas apprécier" une autre personne, et encore moins de "détester" un autre individu de son âge. Il y avait bien Flash, contre qui il a toujours eu une dent, mais à part lui et Harry, le jeune homme n'avait jamais vraiment eu l'occasion de socialiser correctement avec d'autres adolescents de son âge. Il n'allait pas aller jusqu'à dire qu'il ne connaissait personne dans sa classe - ça lui arrivait de parler aux autres élèves, mais jamais il n'était sorti en dehors des cours pour des buts strictement récréatifs avec une autre personne que Harry.
Et aujourd'hui, alors que sa leçon de physique menace de commencer pour la première fois sans Harry à ses côtés, il se dit, en regardant Gwen ronfler sur la table voisine que vis-à-vis d'elle, il ne ressent vraiment, mais alors vraiment pas de l'amour fou.
Il sort son téléphone, fait passer ses doigts hésitants sur son écran, alors qu'il écrit un message pour son meilleur ami. "Quand est-ce que je peux passer voir les robots géants qui crachent de lave sur lesquels vous êtes surement en train de bosser dans ta nouvelle école pour mini-Einstein ? J'en ai ma claque des volcans au bicarbonate de soude."
Lorsqu'il relève la tête, il remarque qu'un petit attroupement s'est formé autour d'une des tables au fond. Il discerne les grandes épaules de Flash derrière les silhouettes curieuses des autres élèves, et quand il entend des voix percer à travers un petit haut-parleur, il comprend qu'ils doivent tous être en train de regarder une vidéo sur un écran de téléphone qui a un très mauvais son.
Gwen s'est redressée, réveillée par le brouhaha de derrière, et se retourne, sans aucune grâce, pour lâcher à l'encontre de Flash :
— Tu voudrais pas garder ton épisode des Teletubies pour après les cours au lieu de polluer les oreilles de tout le monde avec ton téléphone fait chez des chinois sourds, Flash ?
Quelques gloussements tordent les bouches quand les élèves se retournent vers la tête fatiguée de Gwen. Flash, lui, ne bronche pas, et réplique, en lui montrant l'écran de son téléphone :
— Plutôt hard-core pour un épisode des Teletubies, tu crois pas ? C'est des combats de lutte ! Je matte leurs tournois sur internet dès qu'ils sortent des vidéos sur youtube. Hier, y'a ce nouveau gars qui est arrivé et qui a mis une raclée à leur champion habituel, et depuis, le nombre de vues et de commentaires est en train d'exploser !
Gwen fronce les sourcils. Elle a reconnu son masque rose sur la vidéo de mauvaise qualité, et elle se revoit descendre Hogan. Les images sont floues et on peut facilement la confondre avec un homme chétif, comme l'a fait Flash. Elle se mord la lèvre, quand elle remarque le nombre de vues qui frôle les centaines de milliers.
— Haha ! Ça te tord le ventre Parker, hein ? T'as l'estomac fragile, tapette ?
La blonde se regarde son voisin, qui lui aussi, s'est retourné pour regarder la vidéo. C'est vrai qu'il affiche un air grave, comme si les images le mettaient mal à l'aise. La vérité, c'est qu'il a reconnu la manière de bouger du champion au masque rose : agile, rapide, doté d'une force sur-humaine... Les mêmes symptômes que lui. Et tandis que Parker utilise ses nouveaux pouvoirs pour marcher sur les murs et manger des sandwichs à l'envers dans un hangar abandonné, ce mec-là, lui, a trouvé une manière beaucoup plus bénéfique de les mettre à profit.
— N-Non pas du tout, c'est juste que d'un point de vue physique-
— D'un point de vue physique, t'es encore plus faible que ma grand-mère ! Mais c'est pas nouveau ça, hein petit Parkeeeeer !
Gwen soupire, et avant que Flash termine, elle intervient :
— Est-ce que t'es obligé de sortir des clash de merde pour bien dormir la nuit ou c'est juste que t'es un abruti fini, Flash ?
— Oh, arrête, Gwen, on s'amusait juste un peu.
— Sans blague.
— Pour qui tu te prends, à m'interrompre comme ça à chaque fois ? Dans le fond, t'es aussi mauvaise que moi, avec ta langue de vipère.
Gwen soupire. À l'aide d'un coup de pied, elle balance sa chaise vers l'arrière, et avec un geste calculé, elle se réceptionne sur la table de Flash. Le menton calé dans sa main droite, les sourcils levés, elle annonce, d'une voix ferme :
— Peut-être que oui. Mais dans ce cas, la différence entre toi et moi, Flash, c'est que moi, j'ai du style.
Gwen récupère sa place, et ignore les prochaines remarques de Flash. Peter pince ses lèvres et lui lance des regards nerveux, avant de lui dire :
— Tu sais, t'étais pas obligé de prendre ma défense, je peux faire ça tout seul.
— J'l'ai pas fais pour toi. J'l'ai fais parce que j'ai 16 ans, j'ai mes règles et y'a plus de café dans la machine au deuxième étage.
Peter rentre sa tête dans les épaules. Décidément, le temps allait être vraiment long, sans Harry.
L'APPARTEMENT DE PETER n'est pas très loin de l'école. Comparé à Gwen, il n'est pas obligé de prendre le métro pour s'y rendre. Pourtant, il ne rejoint pas directement son oncle et sa tante une fois sorti des cours. Quelques immeubles plus loin dort l'ancienne carcasse de ce qui aurait pu être un jour, une gare. Devant, du béton s'étend jusqu'au bord de la East-River, et on aperçoit, au loin, les constructions du Bronx sur l'autre rive.
En sifflant, comme si il faisait ça tout les jours, Peter prend son élan et saute vers les poutres de la gare. Il escalade la paroi avec l'agilité d'une arachnide, et une fois arrivé tout en haut, il fait balancer son sac pour le caler devant lui. Son téléphone vibre, et il y jette un coup d'oeil. C'est Harry, qui répond à son message.
"Laisse-moi te rappeler que nous sommes en 2018, Peter. Ta machine à laver, c'est le plus beau spécimen robotique que tu verras aujourd'hui. PS : le bicarbonate de soude rend les cheese-cake onctueux, ne lui manque pas de respect."
Peter sourit. Il range son téléphone, avant de murmurer en sortant une boite de son sac :
— Je pense plutôt que c'est ces bébés-là qui seront sacrés plus beau spécimen robotique à la fin de la journée.
Une jambe pendant dans le vide, il retire le couvercle et s'empare des deux bracelets singuliers qu'il transportait dans le carton. Ces petites merveilles sont la cause de toutes les heures de sommeil qu'il doit rattraper, mais si elles fonctionnent, elles valent le coup. Peter a passé des nuits entières dans le cave de son immeuble à travailler sur ce qu'il appelle, ses "tisse-toiles". Puisqu'il est à moitié araignée à présent, autant l'être jusqu'au bout.
Une fois qu'il les a enfilé, il se redresse sur la fine poutre, sans aucune maladresse. Il tient parfaitement en équilibre sur ses vieilles basket, à plus de six mètres du sol.
Il prend une grande inspiration, se préparant à tester pour la première fois son invention. Une manette sort du bracelet, qu'il faut presser pour faire sortir les toiles que Peter a passé des journées à élaborer discrètement en cours de chimie. Normalement, si elles marchent correctement, elle devraient être assez solides pour maintenir le poids du jeune homme.
— Ça passe ou ça casse, mon cher Peter, se dit-il en brandissant une main vers le haut.
Il presse la manette, et une toile jaillit de son poignet. Aussi précise qu'une balle de pistolet, elle va s'accrocher au plafond pour le maintenir comme un grappin. Un premier sourire déforme le visage du jeune homme. Finalement, il la saisit entre ses doigts, et sans réfléchir, s'élance dans le vide.
Pendant quatre bonnes secondes, il vole, victorieux. L'instant qui suit, Peter est étalé sur un des piliers de la gare, le souffle coupé par le choc. Il grogne, se ressaisit, et annonce en bougonnant :
— Il se passe que ça casse les couilles !
Il passe une main sur son visage, et plus déterminé que jamais, il recommence. Il tend la main, vise, envoie la toile, et se balance. Cette fois, il fini sur le béton sale du sol, sur le dos, à hoqueter comme un poisson hors de l'eau. Ses tisse-toiles sont beaucoup plus compliqués à contrôler que ce qu'il aurait pu croire. Il sert les poings, incapable d'abandonner, et reproduit le même motif - jusqu'à le maitriser. Tendre la main, viser, envoyer la toile, se balancer.
— MAY ! BEN ! J'SUIS rentré !
Peter ferme la porte derrière lui. Comme à son habitude, il se dirige vers le réfrigérateur, qu'il ouvre en grand pour choisir quelque chose à manger. En fredonnant, il s'empare du reste des saucisses déjà cuites, et en coince une entre ses dents, comme si c'était une frite. Il referme la porte du frigo d'un coup de pied, et attrape la bouteille de ketchup qu'il se presse directement dans sa bouche déjà pleine de viande, en direction du salon. Il s'arrête net lorsqu'il remarque que Ben et May sont assis l'un en face de l'autre, un air grave sur le visage.
— Tout 'a 'ien ? demande-t-il, la bouche pleine, de la sauce rouge sur le coin des lèvres.
— As-tu seulement la moindre idée de l'heure qu'il est, Peter ? commence Ben.
Le jeune homme, la tête en l'air, se tourne vers la fenêtre de la cuisine. Le ciel, noir, est teinté d'orange vers l'horizon qui se mêle aux immeubles de Manhattan. Il avale, avant de répondre :
— Je sais pas, il doit être aux alentour de cinq heures, non ?
— Cinq heures, Peter ?
— J-J'en sais rien ! On est en novembre, il fait nuit hyper tôt !
May se prend le visage entre les mains. Ben est sur le point de prendre à nouveau la parole, mais d'une voix tremblante, sa femme le coupe.
— C'est juste que, il est tellement tard, Pete, on se fait du soucis. Normalement tu es de retour juste après les cours, et là... Là, ça fait plusieurs jours que tu reviens avec des bleus sur le visage, comme si de rien était, alors qu'il est presque dix heures du soir !
Peter rentre la tête dans ses épaules. Il ne peut pas argumenter là-dessus - il ne peut rien dire du tout, même, il sait que c'est lui qui est la cause de toutes ces embrouilles. Il respire, en attendant une nouvelle vague de reproches. À la place, c'est son oncle Ben qui lui demande :
— Tu n'as rien à nous dire, Peter ?
Le brun gigote, mal à l'aise. Il ouvre la bouche sans laisser de sons s'en échapper, ne sachant plus quoi dire. À la place, il fuit son oncle et sa tante et se dirige vers sa chambre, et laissant échapper, d'une petite voix :
— Désolé.
Il se laisse glisser contre la porte qu'il referme, l'esprit confus. Il soupire, et ne sachant que faire d'autre, il sort ses tisse-toiles de son sac. Comme si elles étaient les seules choses qui pouvaient lui redonner du courage, il les serre entre ses doigts frêles, en pinçant ses lèvres. Il ne savait plus vraiment ce que sa vie était en train de devenir, ces derniers jours.
A/N : l'école reprend demain et j'ai de gros retards sur mon taf - mais je vous avoue que écrire cette fanfic est devenue une drogue qu'il faut que je prenne chaque jour ! (j'me dis que y'a des gens ils ont besoin de cigarettes chaque jour moi pour l'instant j'me sens trop comme le futur de l'humanité yooouuu) tant mieux, après tout, autant tout mettre sur le papier tant qu'on a de l'inspi ! j'pense que le fait de matter le dessin animé spider-man à chaque repas aide pas mal weeee
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