6% - SOUS SON MASQUE ROSE
SOUS SON MASQUE ROSE
▄▄▄▄▄▄▄▄▄
GWEN EST EN TRAIN de se demander si elle n'a pas fait une terrible erreur. Une chose est sûre, hors de question de faire demi-tour à présent : elle s'est tellement enfoncée dans la merde qu'elle ne peut tout simplement plus revenir en arrière.
Au début, quand elle s'est mis en tête de participer à ce tournoi de nuit, elle pensait que c'était un événement qui se déroulerait dans la cave d'un bar, avec pas plus d'une dizaine de personnes. Elle avait eu misérablement tort. Même si la compétition se déroulait bel et bien dans le sous-sol d'un bar : le vieux coyote - un endroit miteux où les clients étaient majoritairement des rats et des cafards - la cave était absolument monstrueuse : elle était emménagée sur un vieux parking abandonné. Des gradins avaient été improvisés - ils étaient bondés de supporters qui gueulaient comme des porcs égorgés et encourageait la violence. Au centre, il y avait le ring, où les brutes s'explosaient les mâchoires et s'envoyaient à l'hôpital. Tout ça nappé d'une odeur de sueur et de faux cuir trempé.
Gwen se redresse. Elle rabaisse sa capuche sur ses yeux, pour éviter de se faire trop remarquer. En ligne pour les inscriptions, elle fait tache parmi les hommes torses nus aux bras gonflés comme des ballons de baudruches. Quelques rires fusent derrière elle, et des murmures sages lui disent de partir tant qu'il est encore temps.
Devant elle, une pancarte annonce, en grosses lettres noires : "1000 DOLLARS À CELUI QUI GAGNE CONTRE HOGAN LE BROYEUR". Elle serre les dents, nerveuse. Une voix la sort de sa rêverie, venant d'en bas :
— Au suivant !
Elle se tourne vers une grosse dame étalée derrière une table plus petite qu'elle. Maquillée jusqu'au sang, elle tire sur sa clope et révèle, pendant quelques secondes, ses dents tachées par la nicotine. Quand elle relève son regard lourd de mascara vers Gwen, elle hausse les sourcils.
— C'est une blague ?
— Hm, bonsoir, c'est pour s'inscrire... Contre Hogan le broyeur.
La grosse dame soupire, et annonce :
— Écoute gamine, t'sais que à partir du moment où t'mets ton p'tit pied de bourgeoise là dedans, t'as toutes les chances de finir comme bouffe pour les rats du d'ssus ey ?
— Ouais, ouais, mais c'est un détail.
La femme se gratte le nez, perplexe. Elle murmure quelque chose dans sa barbe que Gwen ne comprend pas, et ajoute, finalement :
— T'as même pas d'masque.
Gwen se mord la lèvre. Elle n'a pas tort. La jeune combattante réfléchit à toute vitesse, et fait balader ses yeux sur ce qui l'entoure, à la recherche de ce qui pourrait bien lui servir de masque. Ses cheveux roses brossent contre ses épaules quand elle se retourne vers l'homme gigantesque qui la suit. Il ne semble pas la remarquer lorsqu'elle examine ses pieds - absolument titanesques, comme le reste de sa personne. Pour attirer son attention, elle lui tapote le ventre, et l'homme se baisse vers elle. Son visage imberbe divulgue un sourire de compassion pour la petite, et ses yeux sombres paraissent amusés de voir un tel personnage participer à ce genre de tournoi.
— Quoi ? dit-il, sans aucune politesse.
— Monsieur, comme vous avez deux chaussettes, vous voulez bien m'en donner une ?
Il regarde ses propres pieds, comme pour réfléchir à la proposition de la jeune fille.
— Non.
— Aller ! Vous faites genre, du 72 en taille de pied et j'ai besoin d'un masque. S'il-vous-plait.
— Ah ! Voilà le mot que j'attendais.
Gwen, surprise, hausse les sourcils. Elle se tourne vers la grosse dame, qui, elle, ennuyée, hausse vaguement les épaules.
— T'as de la chance, elles sont toutes neuves.
Gwen lève la tête vers l'homme qui lui tend sa chaussette rose. Elle lui offre un de ses plus beaux sourires, reconnaissante, accompagné d'un faible "merci".
— Voilà ! dit-elle en agrippant le canif qui trainait sur le bureau des inscriptions, je l'ai, mon masque.
Elle découpe deux trous pour les yeux, légèrement inclinés vers le haut. Elle adresse un autre signe de remerciement au colosse qui a sacrifié sa chaussette rose pour elle, passe ses doigts sur le tissu. Une bouffé d'espoir explose dans sa poitrine.
— Spectaculaire, répond la fumeuse d'une voix complètement blasée, est-ce que 'sera tout ?
— Non ! Je veux miser sur ma victoire. Tout ce que j'ai.
— Parfait. Combien ?
Gwen fouille dans ses poches pour attraper quelques billets froissés, qu'elle pose devant elle.
— Douze dollars cinquante.
— Hm. Je t'inscris sous quel nom, canaille ?
— Je...
Gwen fixe le sol. Elle se force à cogiter sur quelque chose qui est pourtant évident.
— 'Te grouilles ? Déjà j'sais même pas si c'est légal de t'laisser participer à c'te merde.
— Ce tournoi n'est pas complètement hors-la-loi, à la base ?
— On a des lois dans l'hors-la-loi, figure-toi. Bon, ton nom !
— L- L'araignée.
— Génial, dégage.
Le cœur de Gwen bat la chamade. Elle s'avance, pas certaine d'où elle doit se rendre. Elle serre son masque de fortune entre ses doigts, et après avoir déchiré l'arrière de la chaussette pour pouvoir y passer sa tête, elle enfile le tissu rose sur son crâne. Elle n'aurait jamais pu se mettre une chaussette normale sur le crâne : une chance que se gars-là ait des tibias monstrueux. Elle s'observe à travers une plaque miroitante qui repose contre un pilier en ferraille.
Elle est ridicule, avec son masque rose sur sa tête et son sweat-shirt blanc. Elle rabat sa capuche vers l'avant en soufflant encore une fois, sous l'effet du stress. Les sous-sol dans lequel le tournoi prend lieu sont à mourir de chaud, et même avec le mince collant sombre qui recouvre le bas de son corps, Gwen commence à suer. Ses pieds, eux, sont solidement rangés dans des vieux chaussons de danse. Des demi-pointes bleues, qui datent des années où elle avait essayé de faire du ballet, et qui lui permettent d'être plus agile qu'avec une paire de baskets.
— À qui le tour ?
Gwen tourne la tête vers l'animal qui a grogné. Il brandit les bras vers le ciel et pousse des cris de bête en se tapant le buste. Elle s'avance, les poings serrés, sachant que c'est à elle de monter. À ses pieds, l'homme qui vient de perdre a le nez cassé. Les formes de son visage ne sont même plus discernables derrière le sang dans lequel il baigne. Un frisson parcoure l'échine de Gwen quand on le tire du passage, et qu'une femme en bikini cri à l'intention de ses collègues :
— EY, IL NOUS FAUT UN AUTRE CHAMPION LÀÀÀÀ !
— Je suis là ! annonce Gwen en levant le bras.
Ses yeux maquillés de noir se tournent vers la gamine. Elle passe un doigt dans ses cheveux colorés d'un faux blond, en secouant la tête :
— Tu te fous de ma gueule làààà ?
— Non. Je suis inscrite.
— Mais t'es une meuf !
— Tu me fais monter, oui ou non ?
La femme prend un air choquée, la bouche entrouverte. Elle hoquète, avant de lever les cordes du ring pour la laisser grimper.
— Comment tu fais trop la maline, mais tu vas te faire défonceeeeeer meuf, lui glisse-t-elle alors que Gwen escalade la scène.
Elle se redresse, plus déterminée que jamais. Lorsqu'elle relève la tête, la foule retombe. Surement surpris de voir une fille sur le ring, les exclamations se calment, laissent place à des murmures nerveux. Hogan le broyeur, lui, renifle bruyamment.
— Tu t'es perdue, fillette ? demande-t-il en montrant ses dents sales.
Il remue ses lèvres et sa moustache s'ébroue. Dans le public, quelques rires commence à faire le tour des gradins, et les cris reprennent. "Écrase-la !" sonne à plusieurs reprise dans les glottes des spectateurs, et Gwen panique.
— J'ai battu tout les hommes qui se cachent ici, donc maintenant, on m'envoie des gamines, c'est ça ? demande Hogan en bombant son torse.
Sous son masque, Gwen articule, pour qu'il puisse l'entendre :
— Au lieu de faire le chien de cirque, donne au peuple ce qu'il veut. Vient te battre !
Hogan grimace. Il fronce les sourcils, et sert ses poings.
— T'es mignonne, je vais pas y aller fort.
— Ça sera pas la peine.
Il s'approche d'elle, certain d'avoir gagné d'avance. Au moment où il lève sa main, Gwen glisse entre ses jambes, et porte un coup derrière son épaule. Dotée de la force proportionnelle d'un araignée, son attaque est beaucoup plus violente qu'elle ne laisse paraitre. Hogan, lui, titube vers l'avant, et manque de tomber. À nouveau, le public se tait, impressionné par ce qu'il se passe.
Il pousse un nouveau cri et charge vers elle - le sixième sens de Gwen se met en marche et elle s'éjecte vers le haut au dernier moment. Elle rebondit sur son crâne et, d'un pas bien calculé, atterrit sur un des quatre poteaux du ring. L'adrénaline a pris possession de ses veines : c'est la même sensation que d'échapper aux deux voyous de la dernière fois, mais en beaucoup plus fort. Et elle adore ça.
Hogan se tourne vers elle, visiblement énervé. Il renifle une fois de plus, comme un buffle sur le point de charger.
— Redescend ! lui ordonne-t-il, et Gwen penche sa tête vers la droite, amusée.
— Adorable, ta combinaison. C'est ta mamaaaan qui te l'a tricoté ? lui demande-t-elle, clairement en train de se foutre de sa gueule.
Hogan se précipite vers elle, les bras vers l'avant, et elle décolle. Le joueur de catch, pris dans son élan, percute de plein fouet le poteau. Il lâche un nouveau râle, comparable à celui-d'un animal en colère.
— Vraaaaaaiment ? Tu viens vraiment de te prendre le poteau, là ? Oh, Hogan, je pensais que tu valait mieux que ça.
La brute voit rouge, et ne réfléchit plus. Il se contente de charger vers Gwen : peu-importe où elle est. La jeune fille, prise dans son jeu, en profite pour continuer à se moquer de lui.
— Urh ! Faudra demander à maman de te changer ta couche, parce que à ce que je vois, t'es en train de te chier dessus.
Gwen porte un coup de poing à sa mâchoire, et esquive de peu son bras. Elle glisse au sol, les jambes écartées. Avec la rapidité et la même posture qu'une arachnide, elle se place juste sous son opposant, et lui fout un coup de pied dans les couilles.
Désolée - coup de pied est peut-être un euphémisme, dans ce cas-là - même la castration des canins du coin n'est pas aussi efficace.
Hogan s'étale, sous les cris de la foule. Essoufflée, Gwen se redresse, acclamée de tous. D'abord intimidée, elle oublie son angoisse quand elle voit Hogan le broyeur à terre, qui ne se relève pas. Ce qu'elle vit ce soir vient de changer son monde à jamais.
Un rire lui tord la gorge, sous son masque rose.
A/N : les gars je matte les dessins animés de spider man des années de 1960 en français et je vous jure qu'ils ont traduit peter parker par PIERRE
PUTAIN PIERRE PARQUET T'eS Où Y'A ANTOINE STARQUE QUI TE CHERCHE LÀ WESH - APPAREMENT Y'A L'AUTRE CON DE STÉPHANE ROJÉ QUI CHERCHE LES EMBROUILLES
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro