La faiblesse.

L'impression d'avoir les membres composés de charpie.

La sensation d'un vide immense, comblé par la douleur.

Opale grimaça en ressentant toutes ces choses en même temps. Elle sentit de la terre sous sa joue, son ventre et ses jambes. Son premier réflexe fut donc de se lever, mais elle était si faible ...

La nouvelle s'assit, le souffle court. Peu à peu, elle comprenait que ce mal n'avait rien de physique, c'était bien pire que ça.

- Pas trop tôt ! s'exclama une voix détestable.

- Héra ... souffla-t-elle.

- Apparemment, elle n'est pas si amochée que ça.

- Tu parles ! J'aurais pu la ramasser à la petite cuillère.

- Elle a blessé Diane, c'est tout ce que cette raclure d'elfe mérite.

- Ce n'est pas une elfe !

- Mais elle est dans leur camp.

- On va vite le savoir.

Opale posa sa main contre sa tempe, puis se releva. Elle battit des paupières, étonnée que la luminosité soit si faible. La pénombre ambiante n'avait rien de rassurant, d'autant plus que les propriétaires des voix étaient dissimulés dans cette obscurité.

D'abord, la vision floue de la nouvelle reconnut des lueurs claires, comme des raies de lumières qui se déplaceraient sur un corps. Héra.

Un mouvement sur la gauche détourna l'attention d'Opale. Elle identifia l'endroit comme une des cavités rocheuses, mais dépourvue de vasques, et terriblement obscure.

Une silhouette sortit de l'ombre, et la nouvelle recula face à une vision cauchemardesque.

Il s'agissait de Lethos. Ses yeux menthe semblaient illuminer la grotte, dégagés de ses mèches noires. Celles-ci étaient nouées dans son dos, et une colère froide marquait son visage carré. Mais la véritable horreur était sur son torse : là où il y aurait dû avoir une peau claire et musclée, se tenait un creux sanguinolent. À l'emplacement de son coeur.

L'homme poussa un long soupir méprisant en voyant l'effroi pur peint sur le visage d'Opale.

- Il n'y a que les elfes pour avoir une réaction aussi intolérante, fit-il, mi- amusé, mi- agacé.

- Ce n'est pas une elfe, Lethos.

Deux pupilles d'or se révélèrent à la nouvelle, de plus en plus perdue. Dagrielle passa la main dans ses mèches flamboyantes, et le peu de lumière se refléta sur son armure impeccable. Opale nota aussi que Lethos portait une tenue noire, renforcée en plaque métallique, d'une qualité ahurissante face à la pauvreté des Autres.

- Veuillez m'excuser, souffla Lethos, soudain intimidé.

- Je préfère ça, acquiesça la Flamme.

Soudain, Opale comprit pourquoi elle se sentait si vide.

Son pouvoir.

- Qu'est-ce que vous m'avez fait ?! cria-t-elle, paniquée.

- Ça.

Le coeur dOpale manqua un battement. L'assassin des Autres avait une brume claire dans sa main, qui dansait autour de ses doigts. À cette découverte, la nouvelle se sentit attirée par sa magie - car cétait son pouvoir, son Don. Elle avait besoin de la retrouver.

- Rend-le moi, menaça-t-elle.

Seul le rire froid d'Héra lui répondit.

- Sinon quoi ? Sans ta magie, tu es vulnérable face à nous.

- Mais nous ne cherchons pas à te blesser, rappela Dagrielle.

- Quelle est cette mascarade ? Bon sang, où sommes-nous, et pourquoi ?

- Tu vas rire ...

Le propriétaire de la quatrième voix se révéla.

- Mais tu vas te joindre à nous pour une expédition à la surface.

- Quoi ?! Mais ...

Laso l'arrêta d'un geste, ses trois yeux clos.

- Tu n'as pas la choix, inutile de refuser.

Les yeux d'Opale s'écarquillèrent. Elle allait justement asséner son désaccord.

La nouvelle se sentit prise au piège, incapable de se défendre face à ces quatre Autres menaçants. Elle recula d'un pas, mais se retrouva dos au mur, encerclée par les membres du Conseil et l'assassin, tous vêtus de noirs et d'armures.

Laso rouvrit ses yeux rouges, et lui tendit une combinaison sombre. Opale déglutit, puis saisit le tissu souple. Les Autres se retournèrent, la laissant troquer ses loques contre une combinaison noire et étonnement chaude. Elle était couverte de plaques de métal, auxquelles échappaient uniquement les articulations.

La nouvelle secoua la tête, puis attendit les instructions. Ce fut Laso qui fit un pas vers elle, et Opale comprit à son allure guerrière qu'elle avait devant elle le meilleur combattant du Peuple.

- Nous devons savoir si les elfes préparent quelque chose à la surface. Pour cela, il faut que nous y allions, même si c'est terriblement risqué. Les tâches de commandement ont été déléguées à certains Autres, si nous ne revenions pas.

- Et la chef des Autres se rend aussi dans un tel danger ? s'exclama Opale.

La concernée hocha la tête, visiblement calme.

- Mais vous êtes la Flamme ! Imaginez la perte que subiraient les Autres ! Vous ne pouvez pas jouer avec votre vie ainsi !

Opale ne put en dire plus, la lame qui venait de se poser sur son cou étant assez dissuasive. Au bout de cette arme, Lethos la toisait avec haine, une colère froide et d'autant plus dangereuse. La nouvelle chercha du regard n'importe quelle aide, mais aucun des deux hommes ne semblait paniqué par la situation. Ses yeux croisèrent les pupilles verticales de Dagrielle, dans un appel désespéré.

La Flamme posa une main sur l'épaule de Lethos, et aussitôt, il rengaina sa lame. Mais la chef des Autres restait sévère, et la toisa durement.

- Mon garde du corps à parfois des réactions exagérées, commença-t-elle. Néanmoins, Opale, comprend une chose : tu me dois le respect. Tu n'as aucune conscience de ce que jai fait pour toi, et je ne t'en veux pas. Mais tu n'as pas le droit de t'adresser à moi sans autorisation, ni de juger mes actions. Je sais ce que je fais, j'ai environs un millénaire et quelques centaines d'années de plus que toi.

La nouvelle fronça les sourcils, mais ne dit rien. Elle soutint le regard autoritaire de Dagrielle plusieurs secondes, mais son aura de chef eut raison de sa rébellion. Opale acquiesça rapidement, et Laso reprit, comme si rien ne c'était passé.

- Tu n'auras pas ton pouvoir pour cette mission ...

- Quoi ?! Mais ...

- ... car tu ne viens pas en tant que combattante, mais en tant qu'otage.

La femme blêmit, et les regarda avec stupeur.

- Tu es loin d'être idiote, Opale. Nous savons tous que tu es probablement une espionne, inutile de démentir, car nous n'avons pas de preuves pour ou contre toi. C'est pourquoi tu es tolérée ici, souviens t'en.

- D'accord, chuchota-t-elle avec dépit.

- Et blesser Diane n'était pas l'action la plus intelligente que tu aies faite, repris Héra, narquois. Donc ton joli petit don restera avec moi, inutile de protester.

La révolte brilla à nouveau dans l'oeil triste d'Opale.

- Et Maitrise absolue ? Tu sais ce que ça veut dire ? Tu n'as pas le droit de faire ça !

- Mesure exceptionnelle, ma chère.

Une colère noire anima les iris de la nouvelle, mais elle ne dit rien. Elle ne pouvait rien faire, et tous les cris du monde ne serviraient à rien face à Dagrielle.

- Allons-y, déclara celle-ci.

La Flamme se retourna, et posa sa paume contre la paroi. Une onde verte se propagea sous la surface de roche, et la grotte s'illumina de flammes colorées. Seul Laso témoigna d'émerveillement face à cette beauté ; Lethos semblait dépourvu de caractère si Dagrielle ne lui en donnait pas l'ordre, et Héra était inelfien (=inhumain) au possible.

L'arc-en-ciel se déploya sous la surface polie de la grotte, puis Dagrielle fit danser ses doigts sur la paroi. Au dernier contact, les couleurs semblèrent parcourues d'une onde froide, et s'estompèrent. Mais Opale n'avait d'yeux que pour l'action de la Flamme.

Face à elle, la roche sembla fondre, et devint limpide comme de leau. Laso poussa un soupir résolu, et marcha jusqu'au miroir. Il s'immobilisa un instant devant le passage, puis, d'un pas, il disparut dans la pierre.

Héra s'imposa aux yeux d'Opale, un sourire mauvais sur le visage. Il fit danser la brume autour de ses doigts, puis se jeta dans le portail.

Si Opale avait été consciente de ses gestes, elle aurait reculé.

Si son pouvoir ne l'appelait pas de la sorte, elle serait restée dans la grotte.

Si elle avait sû ce qui l'attendait derrière le miroir, elle n'y aurait pas plongé à la suite de l'assassin.

Fiction © Manda

Univers et personnages de Sphérianne © Manda

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Hey ! Nouveau petit chapitre, j'espère quil vous a plût !

Je pense que c'est plus agréable pour vous de lire environs 1500 mots par chapitres, plutôt que 3000. Dîtes-moi si vous préférez le chapitre 7 ou celui-ci, niveau longueur ^^

D'ailleurs, parlant de ça, je me rends compte que je poste plus vite que je n'écris, et que ma petite réserve de chaps sera bientôt vide ! Donc je ne vais plus poster tous les cinq jours, mais chaque semaine (désolééééée) parce que sinon je risque de retomber dans le rythme davant la Toussaint.

Bref, qu'avez-vous pensé ?

Intrigués par Laso ?

Étonnés par Dagrielle ?

Énervés par Héra ?

On se retrouve dans une semaine pour le prochain chapitre !

En attendant, n'oubliez pas de voter et de commenter, ça illumine mes journées !