Chapitre Seize.
- Le vide, le calme, le silence, la paix. Tant de pureté en ce blanc. C'est sûrement parce qu'il n'est pas une couleur qu'il embrasse volontiers tout ce qui l'est, se souillant avec elles. En fin de compte, ce qui est gris aujourd'hui était peut-être blanc hier.
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Chapitre Seize.
Point de vue de Nilam
IL ÉTAIT DIX-NEUF HEURE et je venais de me laver dans une des douches aménagées pour les servantes du château. Des servantes qui me regardaient d'ailleurs très mal depuis que j'étais arrivé ici. Elles ne s'en lassaient pas. Elles ne m'adressaient pas la parole, me dévisageaient en permanence et, je suis certaine que c'était elles, balançaient quasiment tous les jours des œufs ou des tomates pourris contre ma porte. Personne ne m'appréciait dans ce château. J'avais l'impression d'avoir l'étiquette « ennemie » collée au cul. J'avais l'impression aussi qu'ils étaient tous frustrés de ne pas avoir le droit de me sauter dessus et de me ruer de coups, parce que le roi l'avait interdit. Alors ils complotaient pour faire des plans foireux comme me piquer ma ration de nourriture. Sincèrement, je les applaudissais pour toute la volonté qu'ils avaient de me rendre la vie difficile ici. Mais, franchement, ça ne pourrait jamais être pire que la vie dehors... Donc je ne me plaignais pas et me débrouillais pour me trouver de la nourriture à ma façon.
Je n'aurais jamais cru avoir accès à ce château aussi facilement. C'était une aubaine pour moi. Une chance dont Gidbangd'al et moi rêvions depuis des années ! Connaissant Gidbangd'al il aurait sauter sur l'occasion et serait allé assassiner le roi dès la première nuit. Il n'aurait pas perdu de temps et l'aurait peut-être décapité rien qu'avec une lame de rasoir. Il en était capable. Il le disait à qui voulait bien l'entendre et se foutait complètement des conséquences. C'était sûrement à cause de ça que nous avions la si grande réputation d'ennemis du royaume, alors que nous étions en fait ses toutes premières victimes... Mais ça, personne n'en a rien à cirer, et d'ailleurs personne ne le croirait. Et lui, mon grand frère, il ne faisait que me protéger. Il me protégeait de la méchanceté de ce royaume et de la haine qu'il avait contre moi dès ma naissance. Il se battait pour m'offrir une vie décente et, surtout, un monde plus sûr. Il l'avait fait toute sa vie, rien que pour moi. Et moi j'aurais pu tout faire rien que pour lui.
Près de deux ans étaient passés maintenant et j'avais en quelques sortes fait mon deuil. Je voulais continuer d'avancer en son honneur. Alors je vivais dans l'enceinte de ce château, analysais les faits et gestes des résidents, essayais de comprendre leurs relations, mais cataloguais aussi tous les moyens possible pour m'évader. Des moyens que j'avais déjà trouvé depuis longtemps, pour la plupart. Donc, j'aurai pu m'en aller, mais à quoi bon, puisque je me sentir tellement plus libre et en sécurité dans cet endroit qu'à l'extérieur. En plus de comparer sans arrêt ma vie dans l'enceinte de ce château à celle du dehors, je pesais aussi le pour et le contre en me demandant si je devais accomplir le désir de toute une vie de mon frère, c'est-à-dire tuer le roi, ou plutôt assurer mes arrières et juste profiter au maximum de cette vie paisible.
Au fond, si j'étais autant partagée c'était parce que ce roi n'avait pas grand chose à avoir avec les trois derniers. Certes, il est aussi imbécile et égocentrique qu'eux, mais c'est le seul à ne jamais m'avoir pris en chasse. Il ne semblait pas plus compétent que les autres, mais c'est le seul à s'être montré plus amical qu'hostile avec moi. Pas que ça me touche, mais je trouve ça tellement bizarre... Peut-être qu'il ne connaît pas mon histoire, la raison pour laquelle j'avais autant été traquée. Et tant mieux.
Le soleil s'était déjà bien couché, et, comme je le faisais toutes les semaines, je me concoctais une mixture blanche à base de plantes qui irait directement sur mes cheveux pour camoufler leur vraie couleur. J'étais en train de peigner chaque mèche pour être sûre de ne rater aucun cheveu quand la porte du cabanon s'ouvrit brusquement.
- Mais c'est pas vrai ! T'imagine si j'étais toute nue ?, fulminai-je.
- Le roi m'envoie vous dire de vous rendre demain devant les portes du château à dix-huit heure trente, dit le garde.
- Dis lui que je ne viendrai pas, dis-je en me détournant du garde et en continuant à m'occuper de mes cheveux. Je ne suis pas là pour obéir à ses ordres.
- Il a insisté disant qu'il sera organisé un dîner en votre honneur.
- Un quoi ?, éclatai-je de rire. Parce qu'il veut vraiment qu'on dîne en tête à tête aussi ? Dis lui d'ajouter des bougies tant qu'il y est !
Je m'étais retourné étant donné que je n'avais pas de réponse et je vis que le garde n'était plus là. Il était vraiment allé dire ça ? Bon, pas grave, au moins l'autre saura que je ne suis pas une chose à qui il donne des ordres et qui obéit.
Mais j'avais parlé trop vite puisqu'au bout de deux minutes, voilà le garde qui revenait.
- Sa majesté dit que vous devez vraiment vous présenter demain. Si vous venez, votre liberté sera discuté...
- Je m'en contre fiche de ma liberté.
- ...autant que le titre de protégée de la couronne.
Protégée du roi ? Il voulait vraiment me l'accorder ? Ou peut-être que ce n'était qu'un leurre...
- Je ne le crois pas, dis-je en faisant semblant de ne pas être touchée par cette nouvelle.
- Le roi a quelques défauts, mais il ne ment jamais sur tout ce qui concerne la couronne.
C'était peut-être un leurre, ou peut-être pas... Mais la seule manière de le savoir était d'y aller, à ce foutu dîner.
- Je n'ai de toutes manières rien à me mettre.
Et le voilà qui s'en allait encore une fois. Je me contentai de m'asseoir sur le lit en attendant son retour. Je n'eus pas à attendre trop longtemps parce qu'au bout de quelques minutes il revint, les bras chargés en plus.
- Voici pour vous, dit-il en me tendant une masse de tissu, cadeau du roi.
Je pris la masse qu'il me tendait et la posa sur le lit pour l'examiner. Je défis les plis d'un des vêtements pour le regarder et fronçai les sourcils.
- Des t-shirts ?
- Et le roi rajoute que si vous désirez des bougies, vous n'avez qu'à en apporter vous-même.
Et il s'en alla pour de bon.
Déjà qu'il me harcelait en venant à chaque fois m'emmerder pendant que je passais du bon temps dans le jardin, qu'il me posait plein de questions et quand je lui répondais c'était pour qu'il me traite de menteuse, et maintenant il me forçait à dîner avec lui ! Mais qu'est-ce qu'il me voulait au juste cette espèce de clochard ?
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