Chapitre Dix-neuf.
- Tu vois ce vert ? Ce vert doux, cet air nouveau, cette renaissance, ce sentiment de liberté... Je veux que ce vert t'accompagne toute ta vie.
____________________
Chapitre Dix-neuf.
Point de vue de 0001
JE VENAIS de finir de plier et de ranger dans ma valise un dernier pantalon, et était fin prêt pour aller rejoindre la fille aux cheveux blancs dans la cabane à outils. Même si Fitz préférait appeler ça la « gueule du tigre ».
Hier, après ma discussion avec la fille dans les jardins, j'étais allé voir Fitz pour l'informer de ma décision. Évidemment, il était contre et m'a parlé de Vaïma, que elle aussi pouvait le faire. Mais je savais bien que ses dernières tentatives étaient un échec. Ce que Vaïma faisait était de diminuer la dose ou de me donner un substituant, mais ça ne fonctionnait pas et me donnait encore plus envie d'en prendre. Ou alors, prenait comme argument le fameux « mais, qu'est-ce les gens vont dire ? » À ça, je lui répondis que les gens avaient l'importance qu'on leur donnait, et que, dans mon cas, les gens n'avaient plus d'importance. Malgré mes explications, il insistait et je le voyait clairement de plus en plus se raidir. J'avais l'impression que, si je continuais, il serait capable de boucler toutes les issues du château. Alors j'avais capitulé. En apparence en tout cas.
Je l'avais aussi dit à Vaïma et elle était resté silencieuse un long moment avant de me dire de faire ce que je voulais puis de se lever pour partir. Elle avait été incroyablement froide avec moi depuis notre dernière dispute à cause de « la prisonnière » et je détestais ça. Je l'avais alors retenue et l'avais prise dans mes bras avant de déposer un baiser dans ses cheveux. Après un moment, elle avait finalement à son tour entouré ses bras autour de moi.
Ce qui était sûr, c'était que j'étais prêt à y aller. Cela ne me réjouissait pas vraiment de quitter mon confort pour rejoindre cet espèce de demi-pièce à vivre, mais c'était ça ou donner à ma nouvelle soignante un accès libre et à durée indéterminée à tout le château, et je n'étais pas assez irresponsable pour faire cela. Donc c'était moi qui devait bouger et vivre avec elle pendant deux à trois semaines, voire plus si je réagissais moins bien au sevrage, comme elle m'avait dit.
Je sortis donc de ma chambre, refermai la porte derrière moi, donnai son congé au garde en permanence posté devant ma porte, et longeai les couloirs jusqu'aux escaliers qui menaient au hall accompagné du son des roulettes de la valise sur le sol. C'est lorsque je fus à deux mètres des escaliers que je vis Fitz venir dans le sens opposé au mien quelques mètres de l'autre côté de l'escalier. Il était concentré sur une feuille de papier qu'il avait entre les mains, mais, quand il leva la tête et me vis, il se stoppa net.
- Non. Non, non, non, répétait-il en me voyant continuer d'avancer doucement vers les escaliers. 0001 !, cria t-il derrière moi quand je me mis à les dévaliser.
Il était derrière moi et me suivait de près en me hurlant de m'arrêter. Évidemment, je ne l'écoutai pas.
Arrivé à quelques pas de la cabane, je sentis quelque chose bloquer ma valise. Quand je me retournai, je vis Fitz la retenir par la poignée supérieur.
- Fitz, ne m'oblige pas à exercer mon autorité royale sur toi, lui avais-je dit autoritairement.
- 0001, dit-il en lâchant la valise et en venant se poster devant moi, crois tu que c'est pour moi que je me donne ce mal ? Je te signale que je t'ai couru après...
- Ça fait partie des aléas de ton travail, tu n'as pas à t'en plaindre.
- Je... Oui, c'est vrai, mais ce que je veux dire est que je me donne du mal à essayer de te rappeler que cette fille n'est pas une bonne personne. Elle est ton ennemie et dois être considérée comme telle, 0001. Que tu passe du temps avec elle dans les jardins, soit. Mais que tu dormes avec elle dans ce vieux cabanon, que tu lui offre ta vie sur un plateau, je ne peux pas te laisser faire une telle chose !
- Je crois être assez adulte pour prendre des décisions tout seul, non ?, avais-je répondu en tentant de le contourner.
- Mais ça n'est pas une décision avisée !, répondit-il en se mettant encore une fois sur mon chemin.
- Oh, croit moi Fitz que, commençai-je ma phrase en le contournant habilement et en passant ma valise au-dessus de sa tête, c'est la meilleure décision de toute ma vie.
Derrière moi, il continuait à parler, mais j'étais déjà arrivé au cabanon, dont la porte était ouverte, et y entrai. Mon hôtesse était debout les yeux déjà rivés sur l'entrée. Fitz était aussi arrivé et, tandis qu'il continuait à faire du bruit avec sa bouche, je glissai ma valise dans un coin, m'assit sur le lit et retirai mes chaussures.
- Mais regarde la ! Si ça trouve, elle n'attendait que ça ! Elle et son narcotrafiquant de frère ne rêvaient que d'une opportunité pareille pour -
- Je t'interdis de parler de mon frère, compris !, l'interrompit la fille aux cheveux blancs.
- T'a t-elle même déjà raconté ce que son frère disait sur les rois ? D'ailleurs il -
- Fitz !, avais-je haussé le ton. Merci. Tu peux disposer.
- Mais, Mon roi, elle -
- On se revoit bientôt, l'arrêtai-je de nouveau. Prend soin de toi, d'accord ? Bonne journée.
Voyant que ses arguments ne seraient pas écoutés, il souffla et fini par me saluer à son tour avant de s'en aller, sans bien-sûr lancer un regard haineux à la jeune fille debout.
- Préviens moi au moins quand tu ramène de la vermine, s'exclama t-elle en se tournant vers moi.
- Pas la peine de parler de lui comme ça, okey ? Fitz ne veut que mon bien et essaie de faire son travail.
- Si tu le dis.
- Et d'ailleurs, avais-je repris, si tu veux mon avis, de la vermine il doit y en avoir plein dans ce lit, m'étais-je levé. Il doit dater de quoi, l'air préhistorique ? Je vois d'ici l'homme de Cro-Magnon qui a dormi dessus à son époque.
Elle s'était mise à rire.
- T'es vraiment un idiot !, dit-elle entre deux éclats de rire.
- Ouais bah en attendant je vais faire déménager ce lit et en installer un double, et mettre un petit canapé par là-bas, répondis-je en désignant le coin Sud de la pièce. Et, je pense aussi réserver un garde pour nous servir à aller chercher tout ce dont on aura besoin.
- Et bien, fais comme chez toi !, s'exclama t-elle en se laissant tomber sur le lit, les mains derrière la tête.
- J'y compte bien, lui avais-je répondu en glissant mes mains dans mes poches. Alors, on commence quand ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro