Chapitre Cinq - Partie II
Partie II
LORSQUE J'OUVRIS LES YEUX, toutes les ombres avaient disparues mais l'effroi était toujours là, au fond de moi. J'étais seul dans ma chambre et il n'était environ que six heure du matin, vu l'emplacement du soleil et de ses rayons qui entraient dans la pièce, entre les rideaux.
Quand je me redressai et me mis sur mon séant, je remarquai l'actroce mal de tête et la nausée que j'avais. Et, lorsque je passai ma main sur mon visage pour tenter de mieux me réveiller, je sentis un liquide visqueux sous mon nez. Un liquide écarlate. Du sang. Les maux de tête devaient être extrêmement violant avant mon réveil, encore plus qu'à présent, pour que je saigne ainsi du nez.
Je rassemblai mon énergie et me levai. Mauvaise idée. À l'instant où je fus debout, mon estomac se contracta, mon corps fut tordu sous l'effet d'une force invisible et je me mis à vomir mes tripes sur le carrelage.
~ ~
Toutes les audiences prévues pour ce matin avaient été annulées parce que je passais mon temps à vomir et mon mal de tête ne me quittait pas. D'ailleurs je ne savais même ce que je vomissais, puisque mon estomac était vide depuis près de vingt-quatre heure. J'avais aussi mainte fois fait appeler Vaïma mais elle était introuvable. On m'avait proposé divers médecins, dont des tradipraticiens, comme Vaïma, mais je ne voulais rien entendre. Je ne voulais qu'elle.
Le soir, enfin, elle arriva et vint s'asseoir près de moi. J'étais allongé sur mon lit et venais de terminer ma tisane au gingembre, seul remède que j'avais accepté de prendre pour calmer mes nausées. Elle me caressa d'abord la joue d'une main puis vint déposer un baiser sur mon front.
- Ce n'est pas sur la bouche cette fois ?, m'empressai-je de dire tout bas.
- Pardon ?
- Tu m'as bien entendu, dis-je d'un ton neutre en me redressant pour pouvoir m'asseoir, le dos contre des coussins. Hier tu m'as embrassé.
- Hier tu hallucinais.
- Je sais ce que j'ai ressenti, merde, répondis-je en haussant un peu le ton. Oui, c'est vrai que j'ai vu des choses étranges hier, mais je suis persuadé de ce que tu as fait.
- Tu as ressenti quelque chose ?, se borna-t-elle à répondre en me regardant dans les yeux.
- Mais Vaïma, concentre toi un peu. Là n'est pas la question. Ce que je veux savoir est comment est-ce que tu as pu oser profiter de mon impuissance et pourquoi cette foutue injection de merde m'a fait ça !
Elle resta statique un instant puis ferma les yeux et soupira bruyamment.
- Je suis désolée, dit-elle en ré-ouvrant les yeux pour les poser de nouveau sur moi.
- « Désolée » pour quoi ?
- Parce que c'est de ma faute, tout est de ma faute, répondit-elle en baissant les yeux puis se taisant.
- Bordel, Vaïma..., fis-je en me frottant les yeux avec deux de mes doigts. On va jouer longtemps aux devinettes comme ça ?
- Tu as fait une surdose, avoua-t-elle enfin en relevant les yeux, juste assez pour ne pas te tuer. Et c'était de ma faute, parce que je n'ai pas su correctement juger de l'intensité de l'opium que je t'ai injecté.
- Et pour me sauver, tu t'es dis « pourquoi pas essayer un petit bisou magique ? »
- Zéro, - c'est comme cela qu'elle m'appellait -, c'est vraiment ça qui t'embête le plus ? Le fait que je t'ai embrassé ? Après t'avoir injecté le liquide j'ai voulu partir mais tu as commencé à parler de... d'espèces d'ombres. Alors j'ai accouru et aie essayé de te calmer en te serrant contre moi. Après avoir fini de hurlé contre des personnes invisibles, tu t'es écroulé sur ton lit et tu m'a entraîné avec toi. Je n'ai pas compris directement ce qui se passait et me suis simplement dit que c'était les effets secondaires de l'opium qui ne sont pas particulièrement dangereux. Et quand je t'ai entendu sussurer mon prénom comme tu le faisais, je ne sais pas, je me suis dis que, peut-être...
- Peut-être quoi ? Que je voulais de toi ?
Je n'aurais sûrement pas dû.
Elle détourna le regard et répondit, après quelques secondes :
- N'empêche que, sans ce baiser je n'aurai jamais pu te sauver. Parce que c'est grâce à ça que j'ai senti que tu étais glacé, et donc que tu manquais d'air, ajouta-t-elle en reportant son regard sur mon visage. Et c'est comme ça que j'ai finis pas t'injecter ce que j'avais sous la main pour faciliter ta respiration. Par conséquent, te sauver la vie.
Bon, je m'étais peut-être laissé emporté trop vite.
On se fixa quelques instants, puis je lui souris et la tira vers moi à l'aide de son bras pour l'enlacer. Au départ, elle se débattait puis elle se laissa faire et enroula à son tour ses bras autour de moi.
- Vaïma, tu sais... je t'aime. Je t'aime vraiment beaucoup, autant qu'un frère aimerait sa soeur. Ça me ferait très plaisir si tu le comprenais et commençais à m'aimer de la même façon.
Je la retirai alors gentiment de mon étreinte pour croiser ses yeux gris clairs.
- D'accord ?
Ses yeux papillonèrent doucement puis elle me répondit par un hochement de tête positif. Elle s'empressa ensuite de replonger dans mon étreinte et se confia à moi.
- Zéro, je me sens si coupable. Hier tu aurais pu mourir par ma faute. J'aurais pu te perdre hier. Et qui m'aurait retiré ce sentiment de culpabilité du cœur ?
- C'est passé. Tout ce qui compte est que je sois toujours là.
- Laisse moi me faire pardonner, murmura-t-elle.
- Si tu y tiens, mais comment ?
Elle s'écarta de mon emprise et me raconta ce qu'elle avait en tête.
- Toute la journée, j'ai réfléchi à une nouvelle combinaison rien que pour toi : opium, héroïne, codéine et somnifère. Une combinaison parfaite pour te faire ressentir ce que tu n'as jamais ressenti auparavant.
- Mais... c'est pas un peu trop, non ?, répondis-je les sourcils froncés.
- Non, pas du tout. Enfin, le secret est dans la préparation et dans le dosage, tu comprends ?
- Je ne sais pas...
- Zéro, je te garantis que tout est sous contrôle et que ce sera la meilleure expérience de ta vie, vraiment.
Sur ces mots, elle s'empressa de fouiller dans son typique gros sac, que je n'avais par ailleurs pas remarqué avant, et d'en sortir une seringue inutilisée, le fameux cordon en plastique et, finalement, la mixture dont elle me parlait. Quand je la vis, mon cœur rata un battement. Je devins comme fou au fond de moi. Je connaissais déjà sa saveur, je ressentais déjà sa puissance, je reconnaissais aussi ses belles ondulations quand Vaïma la secouait lentement. Je la voulais. Je la voulais dans mes veines.
- Je... Je ne pense pas que ce soit... que ce soit une bonne idée...
- Allez, Zéro, tu ne vas pas faire ta capricieuse, se moqua-t-elle en décapuchant la seringue et en plongeant le bout de l'aiguille dans le flacon pour en aspirer tout le contenu, remplissant ainsi la seringue.
- C'est trop ça, je pense...
- Non, ne t'inquiète pas, je t'ai dis que c'est moi qui aie fait les dosages. Je te promet que tu ne seras absolument pas déçu, conclut-elle en me tendant sa main droite, sa main gauche étant prise par le cordon et la seringue qu'elle avait re-capucher entre temps.
- Bon, ok... Mais juste un tout petit peu.
Je tendis alors timidement mon bras vers elle, paume de la main vers le ciel, et observai comment elle attachait soigneusement le cordon autour de celui-ci, juste au-dessous de mon coude. Elle décapucha ensuite de nouveau la seringue, posa le capuchon près d'elle et, après avoir échangé un bref regard avec moi, approcha la seringue de mon bras pour libérer en moi ce que je désirais tant.
Soudain, une alarme retentit dans tout l'édifice, nous faisant sursauter tous les deux au passage. On entendit ensuite des bruits de courses dans le couloir qui allaient en s'éloignant. Je regardai Vaïma qui avait déjà les yeux posés sur moi ; nous connaissions ce bruit. Le bruit du danger.
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