Absente. Vide. Morte...
Des mains agrippent mon corps sans vie, m'arrachant aux dernières effluves de ses bras. Mon âme est enlacée dans la sienne pour l'éternité et mon regard refuse de le lâcher, d'affronter ce qui m'attend plus haut. Nos amis, la foule, Heatedly... Je n'ai pas la force de sourire, car c'est à peine si j'ai encore la force de vivre. Amené en haut de ce fossé, sur ce virage ou mon monde a tourné, on me pose une couverture sur le dos. À quoi bon ? Laissez-moi mourir... Je la repousse, mais Jack me la remet en me serrant contre lui. Je vois des lèvres bougées, des regards meurtris, des larmes qui s'écoulent en cascade dans nos yeux éteint... Les mains tremblent et les gens se recroquevillent, apeurés. Quant à moi, je suis à l'arrêt, n'entendant plus rien d'autre que le sang qui s'écoule lourdement dans mes veines. Mon cœur bat, mais aucune de mes connexions nerveuses ne répond... Mon âme s'en est allée, alors que mes yeux observent leurs visages comme s'ils regardaient un film d'horreur, dans l'écran vide d'une télé sans son...

J'avance, un pas après l'autre, tels un zombie mordu par la peine et le désespoir. Sans but et sans aucune issue, toutes lumières s'étant éteinte. Mais j'avance, car si je m'écroule, je ne me relèverai pas. Fusionné avec le sol, plutôt que dans ses bras... Avec l'envie de hurler, dans l'écho sans vie d'une faille béante. Mais que s'est-il passé, et pourquoi lui ? Une chaleur monte, dans ma poitrine. Une angoisse, indestructible, en voyant l'attente de tous ces gens, me regardant sous le choc, comme s'ils ne comprenaient pas ce qu'il se passe... Il n'y a rien à voir... Circulez. Car la plupart d'entre eux ne le connaissaient même pas. Qu'ils s'en aillent, car le spectacle est terminé...

Mes pieds raclent le sol, mon poids devenant trop lourd à porter. Le regard vide, je sens qu'on me soutient pour maintenir mes pas pendant qu'au loin, les faisceaux lumineux des ambulances se précipitent vers lui... Mais il est déjà parti. L'avion s'est déjà envolé, n'attendant pas le reste des voyageurs qui restent sur le tarmac, une larme à l'œil... Mais un visage se dessine dans la foule. Un démon, au sourire insupportable... Mes instincts sont en alerte et je me pétrifie, arrêtant ma marche morbide. L'ensemble de mes connexions se précipite à mon cerveau, l'encombrant d'une folie douce et meurtrière ou la rage surplombe la désolation. Je repousse mes chaînes et tout ce qui se trouve autour de moi, pour lui courir dessus en me frayant violemment un chemin dans la foule. Telle une grenade, qu'on aurait précipitamment dégoupillée, prête à exploser.

Au ralenti, j'entends chacune des pulsions de mon cœur. Je ressens les larmes qui volent au coin de mes yeux pour remplir l'atmosphère de minuscules gouttelettes d'eau, insignifiante, à côté de ce que Breakstorm viens de faire. Tout est sa faute, et je le sais au fond de moi. Il me l'a enlevé, de la pire des façons qu'il soit, et il doit payer pour ça... Il n'a pas le temps de comprendre ce qu'il se passe, que mes mains prennent place sur sa gorge. Je la sers avec une force venue des tréfonds noire de mon cœur en cendre... Mes pupilles se dilatent et mes veines ressortent, explosant dans un tourbillon dangereux de haine et de rancœur. Je le maintiens, contre ce lampadaire, en laissant sortir les éclats de rage virulente qui m'animent.

— Qu'est-ce que tu as fait, Victor ? Qu'est-ce que tu lui as fait putain ! Tu l'as tué ! Mes cris sortent des enfers, alors que l'ensemble de mes muscles se tend...

Il se met à rire, en me disant qu'une folle comme moi doit être enfermée, et il a raison. Je suis folle, une putain de folle en perdition, as qui on vient d'enlever son plus beau trésor. La personne la plus chère à mon cœur. Et je pourrais bien tuer, pour le faire revenir. Mais ce qui me fait le plus mal, c'est que quoi que je fasse désormais, il ne reviendra pas... Victor et Mickaël vont payer, et les cris de Jack ne m'arrêterons pas... La foule se presse contre les barrières, alors que j'envoie valser au sol le corps de Victor avant de le ruer de coups, pour expulser tout le mal en moi... Je sens les mains de mon ami sur moi, mais je le repousse, redoublant d'une force inconnue. Mes veines noircissent, à mesure que je le frappe, alors qu'un bruit métallique, tombe de sa poche et attire mon regard.

Je marque une pose en découvrant une Lime à métaux tombée de sa poche... Je l'attrape, entrevoyant un morceau de l'horreur qu'il a pu commettre. Ma main se ressert autour de la poignée alors que tout devient limpide... Mon cœur se noie dans une obscurité que je ne connaissais pas encore... Alors que la souffrance en mon cœur s'amplifie.

Le problème venait de sa roue arrière, et je n'ai même pas besoin de voir la R1 pour comprendre que ce malade a dû en limer quelques rayons... Les fragilisant juste assez pour qu'il se plante en pleine course. Pour les faire céder fasse au poids, à la vitesse, et aux vibrations, libérant ainsi la roue de son axe...

Mon regard oscille entre lui et cette lame... L'envie de sang et le besoin de vengeance me gagnent impulsivement... Et aucune de ses supplications ne m'arrêtera, alors que je me saisis de cette lame comme d'un poignard. Je le lève d'une main assurée, le regard perçant. Mes ombres et démons prennent possession de mon corps, incontrôlable... Bien sûr, c'était sans compter Jack qui tente de me retenir. Mais je ne lâche rien, tenue par le peu de nerfs qu'il me reste... Je hurle, comme une folle, alors que je voie mon ami courir vers nous. Jack y voit l'opportunité de me faire reculer et me sortir du corps de Victor, qui se redresse non sans mal... Kyle est en pleurs, mais un sourire trône sur ces lèvres... Un certain soulagement que je ne comprends pas envahit son visage un peu plus tôt rongé par la peur et le désespoir...

— Kiara ! Il... Qu'est-ce que tu fous, putain ? Il se précipite vers la lime à métaux pour me l'arracher des mains en écarquillant les yeux...

Ils m'éloignent de Victor, alors que la folie redescend en moi, me laissant en pleurs, dans les bras de Kyle... Jack, lui, a appelé la police pour qu'ils s'occupent d'enfermer ce salopard, à cause de qui cet accident a eu lieu. Ils le maintiennent à plusieurs, loin de moi.

— Kiara... Mais qu'est-ce qu'on va faire de vous deux sérieusement ! Invitez-moi à votre mariage, toi et Andy, parce que j'en ai marre de vous voir séparer. Il se met à rire, alors que le regarde, perdu et en colère. Je n'arrive pas à croire qu'il me dise ça...

— Tu te fous de ma gueule, c'est ça ? Bon sang, Kyle... Il est... Il... Est... Je pleure de plus belle, m'agrippant à ses vêtements, choqué par sa remarque.

— Non, non... Pas encore Kiara. Ton homme est en train de se battre ! Son pouls est très faible, mais il est en vie. Il n'est pas mort, petite effrontée. Il me sourit, riant presque en me prenant dans ses bras...

Quant à moi, le choc me fige. Je tremble Comme une feuille, ayant besoin qu'il me le répète plusieurs fois pour analyser et comprendre ses paroles. Je m'accroche à cet espoir suspendu sur un fils de soie comme si mon propre souffle en dépendait. Puis, l'ambulance passe devant nous, en ayant activé ses sirènes... On se précipite dans la voiture de Kyle pour les suivre, alors que Jack s'occupe du reste, ici...

Les minutes de latence infinie commencent... Dans ce couloir d'hôpital, où je fais les cents pas. Son pronostic vital est engagé et je suis à l'affût de chaque geste ici. De chaque médecin qui nous approche, dans la crainte que l'un d'entre eux arrive et nous annonce que tout est fini. Je veux croire en cet espoir, même s'il est faible, car c'est tout ce qu'il me reste. L'image de ses plus beaux sourires demeure en moi comme un but ultime à atteindre, me faisant oublier tout le reste... Les heures semblent interminables, alors qu'un par un, nos amis nous rejoignent. L'attente est insoutenable, et les garçons enchaînent les aller-retours à l'extérieur pour aller se griller une cigarette, mais même ça je n'en veux pas. Je ne veux pas manger, ni boire, ni fumée... La seule chose que je souhaite, c'est retrouver la chaleur de son corps. Rien d'autre n'a d'importance pour moi.

Les motards et les coureurs auto sont enfin unis, ensemble, ici... Mais, j'aurais franchement préféré voir cet élan de solidarité autour d'un feu, une bière à la main, avec nos engins autour de nous... La culpabilité me gagne pour l'avoir repoussé à la mort de Petter, en voyant ce temps perdu loin de ses bras... Mais il n'est plus temps à penser. Une blouse blanche s'approche de nous, alors qu'on se réunit tous autour d'elle. Une petite dame aux cheveux grisonnants, avec les traits fatigués, mais une bienveillance sans faille dans le regard. Une dame qui voue sa vie aux gens, mettant au second plan ses propres besoins... Mon regard s'accroche au sien, alors que mon cœur s'arrête. Je manque d'air, me sentant défaillir... Je sens les bras de Jack et de Kyle contre moi, les accrochant sans m'en rendre compte.

— Bon, les jeunes... La situation est délicate. D'une voix tremblante, je ne peux m'empêcher de la coupée pour lui poser la question qui nous brûle les lèvres, à tous.

— Est-ce qu'il est en vie ? S'il vous plaît... Je... Mes larmes coulent, lorsqu'elle pose sa main sur mon épaule en acquiesçant.

— Il a toutes ses chances, jeune fille. Il est en vie, seulement... Son corps ne répond à aucun de nos stimuli. Si dans 24 heures, il est toujours endormi, il sera considéré comme étant en coma confirmé. C'est à lui de se battre, désormais. En revanche... Nous n'avons rien pu faire, pour sauver sa jambe... Il devra être suivi, psychologiquement et physiquement bien évidemment. Mais prenez d'abord le temps de digérer tout ça, d'accord ?

Je ne sais pas à quoi je m'attendais. Probablement à le voir arriver, au bout de ce couloir, avec sa démarche assurer et son sourire en coin, mais il n'en est rien. On ne peut pas effacer d'un revers de mains ce qu'il s'est passé, et nos vies vont être marqués par cet événement pour toujours. Victor doit payer, et il vaut mieux pour lui qu'il croupisse en prison... Je sais que le pire nous attend, et que notre combat ne fait que commencer. Car je ne vois pas Andy privé de sa moto, de son oxygène et de cette liberté que ça lui procure. Tous ses rêves volent en éclats et pourtant, je ne peux pas m'empêcher d'être heureuse qu'il soit toujours là, en vie. C'est égoïste de ma part, probablement. Mais je veux le voir se réveiller... Je veux l'aider et lui apprendre à connaître d'autres bonheurs, car je sais que je ne suis pas prête à le laisser tomber... C'est plus fort que moi, et je me fiche complètement de ce qu'on va devoir endurer tant que je suis à ses côtés.

Lise est arrivée un peu plus tard, dans la journée. Évidemment, on a fondu en larmes toutes les deux en nous prenant à peine dans les bras. Mais, un médecin nous a enfin conduites auprès de lui. Je souhaitais rester à l'écart, pour lui laisser un peu d'intimité, cependant, elle m'a bien fait comprendre que ma place était auprès d'Andy... Mon cœur accélère, à l'approche de la chambre dans laquelle il se trouve... Lise enclenche la poignée d'une main tremblante. Je pense que comme moi, elle a peur de voir l'état dans lequel il se trouve. Pour ma part, les images de son corps baignant dans son sang, avec le collier dans sa main, recroquevillé me hante beaucoup trop. Je me fige, incapable de faire un pas de plus...

— Lise... Je ne peux pas. Je... Mes larmes montent dans mes yeux alors que je lâche sa main en reculant.

— Ma chérie, non... Viens dans mes bras. Elle me rattrape, en me serrant contre elle avec une douceur que je connais déjà, venant de lui... Mes larmes ruissellent sur son chemisier blanc.

Je craque complètement, en ayant l'impression que je n'arriverai jamais à surmonter ce cauchemar, alors que les choses commençaient à changer d'une façon positive pour nous. Soudainement, tout s'effondre, laissant à nouveau faiblir la lumière et je ne sais absolument pas si j'arriverai à la raviver.

— Je suis... Désolé. Je ne peux pas... Je m'agrippe à elle, de toutes mes forces.

— Tu as le droit, de craquer, ma chérie, mais je t'interdis d'abandonner. Crois en toi, en vous... Tous les deux, vous êtes forts ! C'est... Grâce à vous que ma vie reprend un sens aujourd'hui, et je ne vous laisserai pas. Ni l'un, ni l'autre. Vous allez vous en sortir d'accord ? Il a besoin de toi, plus que jamais, même si on sait très bien toutes les deux qu'il va tout faire pour repousser notre aide...

Lui qui commençait à s'ouvrir, j'ai bien peur qu'elle ait raison. Je repense alors à ce qu'il m'a dit juste avant son accident, comme si inconsciemment, il savait ce qui allait se passer... Même si je suis con où méchant parfois, ne pars plus jamais loin de moi. Je m'accroche à ses mots, me donnant la force d'entrée dans la chambre... J'avance d'un pas hésitant, et tout l'amour que je ressens pour lui me bouleverse... Lise et moi ne parlons plus, en nous approchant de lui. Il a l'air paisible, et semble simplement endormi, bien que ses traits soient tirés et qu'il ait des éraflures sur les bras... Ma main retrouve sa place dans la sienne et cette fois, sa chaleur m'enveloppe de son doux réconfort. Je ressens un frisson qui me parcourt jusqu'aux artères de mon cœur. Je pose ma tête sur lui, pendant que le soulagement retombe de mes épaules. Je sais qu'il n'est pas sorti d'affaires, et qu'il pourrait ne jamais se réveiller. Mais retrouver un espoir est le plus beau cadeau que les soignants aient pu m'offrir. Et c'est plus facile à accepter que de me dire que plus jamais, je ne le reverrais auprès de moi.

Hélas, le temps s'écoule et je passe la majeure partie de mon temps à son chevet. Les nuits passées auprès de lui sont désormais remplies de larmes et de supplications silencieuses. Il n'est pas rare que je m'endorme assise, la tête sur sa main ou sur sa jambe toujours valide. Les gens vont et viennent, de passage. Apportant des motos miniatures, des ballons, ou encore des photos avec des messages au dos. Il ne manquerait plus que des fleurs et j'aurais l'impression de demeuré sur sa tombe...

— Kiara... Tu penses à manger au moins ? Peu importe lequel d'entre nous vient voir Andy, tu es là, à la même place...

— Je n'ai pas faim, Jack. Ne t'inquiète pas pour moi, c'est juste... Que je viens plusieurs fois par jour du coup forcément...

Le même mensonge, à chaque fois. Mais la réalité est que je rentre chez moi uniquement pour avoir quelques heures pour prendre une douche, cauchemarder un peu au fond de mon lit et m'occuper de la fondation. Car même si je suis éteinte, ils ont besoin de moi et arrivent à m'apporter un peu du soutien dont j'ai besoin. Sans avoir besoin de parler où de leur donner mille explications. Ils ont compris ce qu'il s'était passé, le jour où je ne suis pas allée leur porter de café, certains ayants vue l'accident sur Heatedly... Valyna, elle, est arrivé un peu plus tard pour le faire à ma place. Jamais je ne pourrai assez la remercier pour toute l'aide qu'elle m'apporte, elle aussi. Auprès de nos sponsors, mais également dans notre vie privée. Elle est d'un soutien incroyable...

Depuis l'accident, je ne suis pas remonté sur une moto. J'en ai une peur panique, et les images de l'accident d'Andy obscurcissent ma vision dès que je tiens un guidon... J'ignore si ça me passera, mais ce n'est pas ma priorité. Les réactions de tous sont divers et variés. Certains arrivent, et racontent des blagues avant de partir en pleurant. Pour d'autres, c'est de la colère, celle de ne pas réussir à poser des mots sur leurs sentiments, où à poser des mots assez fort pour qu'il puisse enfin se réveiller. Voilà mon quotidien, depuis déjà une semaine... Je pose ton front sur lui, essayant de lui transférer tout mon amour en serrant sa main dans la mienne... Je t'aime, Andy.

Les jours se passent,

Les semaines,

Puis, les mois...

Et toujours pas l'ombre d'un signe de lui. Un signe de vie, un mouvement, un soupir... Il me manque, et l'espoir que je consolide en moi de le revoir en vie s'amoindrit au fils du temps qui passe. Bientôt trois mois que je l'attends, restant à son chevet en essayant d'y croire. Les infirmières me connaissent, maintenant et il n'est pas rare que je leur donne un coup de main pour manipuler l'homme que j'aime. Durant ses instants, j'ai l'impression qu'il est plus qu'une statue de pierre immobile, et ça me fait du bien. C'est peu, mais voir sa main basculée légèrement me donne l'impression qu'il est un peu plus vivant...

Mais en ce moment, je suis épuisée. Probablement à force d'espérer, et de rester ici. L'odeur de l'hôpital est devenue un rite que je conserve sur moi-même en rentrant dans mon appartement. Jack et Kyle, eux, s'occupent de celui d'Andy, car j'en suis incapable. Je nous y revois tous les deux en train de nous chercher où de nous chamailler, mais je revois aussi les moments d'amour et de tendresse qu'on a partagé ensemble. Et ça me fait mal, beaucoup trop mal. En y repensant, je recommence à avoir la nausée, et je finis une fois de plus à me vider en silence dans les W.C., À force de n'ingurgiter que du café. Mais je ne veux pas les inquiéter. On en a déjà assez avec Andy qui est ici depuis bien trop longtemps, maintenant. Je me rince la bouche et retourne à lui, en pleurs...

— Mon amour... Tu me manques tellement, j'en peux plus. Reviens-moi... Je donnerais tout, absolument tout pour que tu ouvres les yeux quelques instants... Juste quelques instants...

J'appuie mon front sur le sien, en glissant ma main derrière sa nuque pour le caresser tendrement avec l'ongle de mon pouce. Mon cœur se déchire à mesure des secondes passées loin de lui. Loin de son âme, partie, je ne sais où. Ce silence me pèse, bien loin d'être paisible. Et je donnerais tout pour revivre, même une simple dispute à ses côtés... Je relève la tête en admirant son visage endormi, puis, je remarque une larme qui s'écoule de ses yeux. Je pose mes mains sur son visage et j'effleure un bout de celle-ci, semblable à un mirage. Je n'ai aucune idée de ce que cela signifie, mais c'est réel. Cette goutte glisse désormais sur mon doigt en venant m'englober de tout l'espoir du monde, à nouveau. D'un bond, je lui attrape la main. Je hurle presque, dans la chambre tant j'espère voir son regard bleu tempétueux ce posé sur moi... En vain.

Les médecins arrivent dans la chambre, comprenant ce qu'il se passe. C'est un signe, une réponse qu'on attendait tant à des stimuli. On est sur la bonne voie, mais hélas, ça veut tout et rien dire en même temps. Il peut très bien se réveiller dans une heure, comme dans 6 mois ou plus... Mais j'y crois. J'y crois dur comme fer, car cette larme est la seule chose à laquelle je peux encore me raccrocher. Et des cet instant... Plus rien d'autre n'existe pour moi. Nuit et jour, je reste à son chevet, ne sortant plus que quelques instants pour aller à la machine à café. Il va se réveiller. Il doit le faire...

Une semaine, que cette larme à rouler sur sa joue. Et depuis, le vide. Plus un signe, et je me dis nostalgiquement qu'encore une fois, on fait un pas en avant pour finir en moonwalk, faisant quatre pas à l'envers... Sa main dans la mienne, ma patience fane. Mon cœur rugit comme un lion prisonnier d'un zoo où il ne cesse d'être observé. Mes sentiments sortent brutalement de mon cœur sans que je contrôle quoi que ce soit...

— Putain Andy... Réveille-toi, je t'en supplie... Reviens, reviens et épouse-moi ! Car je ne peux pas vivre, sans toi... Tout le monde attend de moi que je sois forte, mais je ne peux pas l'être si toi, tu n'es pas là ! Alors reviens maintenant, tu as dormi assez longtemps non ? J'explose en sanglots, à bout de nerfs...

— Eh, du calme Kiara... On est là. Si tu sortais de cet hôpital un peu ? Ça fait une semaine que ton cul est visé sur cette chaise... Jack s'approche de moi, suivie par Kyle.

— Il a raison... Tu es en train de craquer là, tu as besoin de voir autre chose. Je rejoins Svenn cette après-midi pour le quatre heures, tu m'accompagnes ? On en a pour quoi, deux trois heures ? Ils ont tous les deux une main sur mes épaules...

Je ne les regarde même pas, en leur disant juste un non de la tête, mais ça ne semble pas les atteindre. Ils sont décidés à me sortir d'ici et je pense que je n'ai pas réellement le choix. Jack me promet de prendre mon relais, et de ne pas bouger de cette pièce... Alors, je finis par suivre Kyle et me retrouver à marcher dans ce café, zigzaguant à travers les tables pour rejoindre le visage familier de Svenn qui semble sous le choc...

— Quoi ? Kiara ! Bon sang viens la bichette ! Comment t'a réussi à la faire sortir Kyle ? Il me saute dans les bras, alors je lui rends son étreinte même si mon esprit est ailleurs.

Je suis branché sur Andy où que je sois, et je ne suis pas certaine que ça changera un jour. Mais je dois faire face, pour eux... Pour ceux qui restent et qui, tout comme moi, souffrent.

— La ferme, poulet... Je ne suis pas un caniche, tu sais ? J'avais juste envie de voir ta sale tête ! Je lui mets un coup sur l'épaule, avant de m'asseoir...

— Ma sale tête ? T'es peux être pas un caniche, mais là, tu as les cernes d'un zombie ! Café supplément Donuts pour toi, je sais que t'a rien mangé ! Svenn se met à rire avant de partir commander, me laissant avec un Kyle qui pleure de rire...

Retrouver mon monde me fait du bien, mais je me languis de retrouver Andy, car malgré tout leurs efforts, sans lui... Mon cœur est incomplet...

____Xoxo, Foxy____