Chapitre 32 : Courses.
Dans ce parking, je file à toute allure alors que mes pneus font grincer le sol... J'ai la tête ailleurs, alors j'envoie les gaz, essayant d'oublier tout ça. Tentant d'y voir plus clair alors que l'obscurité se referme autour de moi. Encore un virage serré et au bout de cette allée, la victoire sera mienne. Mais je n'en ai que faire. Tout ce que je veux, c'est en savoir plus sur Spider, et Andy. Je ne comprends pas pourquoi il m'a caché tout ça, ni pourquoi son frère lui réclame 15 000 Dollars. Qu'est-ce qu'Andy a refusé de faire pour lui, pour qu'il décide de lui en vouloir à ce point ? Est-ce réellement à cause du groupe de motards qu'il voulait former ?
Je n'arrive plus à discerner le vrai du faux, et je m'enfonce tellement dans mes pensées que je ne remarque même pas que j'ai franchi la ligne d'arriver avant d'entendre les acclamations du public. Un groupe d'hommes arrivent vers moi, ce sont probablement des pros... Je les regarde un instant, avant de chercher le regard d'Andy. Je comprends qu'il est au plus mal, en distinguant les larmes qu'il laisse enfin couler sur son visage. Je fait tout ce que je peux, pour le rejoindre rapidement...
— Speedrain, on peut te parler une minute ? Les pros m'arrêtent, sous les yeux d'Andy qui baisse la tête...
— Je... Oui, bien sûr, mais je dois juste voir quelqu'un, avant je... Je reviens.
Je me fraie un passage, dans cette marée humaine, mais il est trop tard. Je le vois démarrer en trombe, et partir loin d'ici. Cette fois, je n'arrive pas à l'arrêter. Hurler, lui courir après, rien n'a suffi et je ne peux que l'observer d'ici, partir en grillant la totalité des feux rouges... Je tombe à genoux, en larmes, épuiser et perdue alors que Jack vient me relever.
— Kiara, ne t'inquiète pas, il va revenir. Il ne peut pas vivre, sans toi... Mes sanglots sont inarrêtables.
— Tu savais, toi ?
Jack m'explique qu'il savait certaines choses, oui, mais pas qu'ils étaient frères. Andy aurait apparemment refusé de faire des courses pour Spider, qui rapportaient gros, car il voulait rester dans notre Crew, auprès de moi. Ce type le laisser consommer gratuitement, et maintenant Jack comprend mieux pourquoi Andy n'a pas vu l'arnaque arrivée. Mais lorsque mon homme n'a plus voulu être contrôlé et as commencé à refuser de faire certaines choses, Spider l'as menacer et lui as collé cette dette au cul. Il m'en veut, car pour lui, je suis la seule fautive si Andy as refusé ses demandes. J'hallucine complétement, ayant l'impression d'être dans un vrai cauchemar...
Étrangement, c'est dans les moments où on va le plus mal qu'ont finis par voir le soleil arrivé, comme un arc-en-ciel après la pluie. Jack c'est chargée de parler avec les pros, alors que les garçons m'ont raccompagné jusqu'à la maison. Mais après tout ça, le besoin d'être seule est plus que présent... Demain à quatorze heures, j'ai la chance de participer à une course sur circuit, avec cette fois-ci 20 000 euros à la clé. De grosses têtes y seront, et les gains n'en sont que plus grands. Puis, les deniers événements nous ont fait gagner un nombre vertigineux d'abonnées sur Heatedly, le second million étant très proche. Avec ça, on peut commencer à vivre de notre passion. 1000 euros par mois, c'est approximativement ce que ce fait un ouvrier, à quelques centaines d'euros prés... Mais, malgré tout ça, tout ce que je vois, c'est Andy, et ses appels qu'il ne veut pas décrocher.
Sous le choc, tout à l'heure, j'ai voulu tout abandonner et le quitter. Mais la réalité est que je l'aime bien trop pour ça. Le voir se faire tabasser une fois de plus à réveiller mes instincts de Lionne, et m'a mis devant les yeux tout l'amour que j'éprouve à son égard. Je suis prête à le pardonner, à le protéger, à mourir pour lui, s'il le faut. Mais jamais, je ne serais prête à ce qu'on m'annonce son décès, où as ce qu'il sorte de ma vie. Dans le canapé, je passe le reste de la nuit à réfléchir, et à avoir peur pour lui. J'enchaîne les clopes, en rêvant d'entendre le ronronnement de la R1 arriver dans la cour commune, en vain. Jack me dit d'aller dormir, pour la course de demain, pendant qu'eux le cherchent, mais j'en suis incapable. Comment pourrai-je participer à une course sans qu'Andy soit là... ?
Le temps s'écoule lentement, alors que la même angoisse que j'avais ressenti la nuit où son père l'as frappée m'anime. Les pires pensées me viennent en tête. A-t-il eu un accident ? A-t-il fait une mauvaise rencontre ? Va-t-il m'abandonner, lui aussi ? Mort, où vivant ? Mon cœur me fait si mal que j'ai l'impression de crever... Enfin, Jack finit par m'appeler.
— Vous l'avez trouvé ?
— Du calme, Kiara. Tout va bien, il est avec nous, Kyle nous ramène. Il dort chez moi, ok ? Mon cœur rate quelques battements, alors que la panique me gagne. Le jour se lève...
— J'arrive. Je veux le voir, Jack !
— Kiara, non. C'est une mauvaise idée, il... Il s'est piqué à l'héroïne. On s'occupe de tout, mais toi, va dormir ! Tu as une course importante demain.
Mes larmes coulent de plus belle, en sachant qu'il a dû se mettre dans un état lamentable, pour qu'il ne veuille pas que je vienne. La vérité, c'est qu'il m'importe plus que la moindre course, et que je préfère le voir ainsi, que de devoir passer une minute de plus sans être auprès de lui...
— Je ne ferai pas cette course, Jack ! Il m'importe plus que toutes ses merdes !
Hélas, la voie d'Andy me parvient et ses mots brisent le peu de vivant, en moi...
— Jack, elle et moi, ce n'est qu'un putain d'accord pour montée sur Heatedly... C'est fini, et c'est mieux comme ça. Dis-lui qu'elle fasse sa vie !
Je raccroche, sans un mot. Me laissant envahir par le mal... Je regagne la chambre, à moitié morte. C'est trop à encaisser, pour moi. Mon corps s'éteint, alors que l'humidité de mon coussin est semblable à un océan dans lequel j'aimerais me noyer. Mes cauchemars m'emportent...
Andy...
Je te déteste...
Je te déteste pour m'avoir rendue folle amoureuse de toi...
Pour me laisser seul, sans toi.
J'ai perdu l'homme que j'aimerais toute ma vie, désormais...
Et surtout, mon meilleur ami, mon frère, mon confident...
Il a tué une partie de moi, avec une simple phrase que je peine à croire. Ses déclarations, sa manière de prendre soin de moi, son amour... Mais surtout, l'envie folle qu'il avait de m'épouser, quelques heures plus tôt. Et si j'avais accepté, est-ce que les choses auraient changé ?
Je me réveille, avec l'alarme horrifique de mon téléphone que j'ai envie de balancer. Puis, il se met à vibrer inlassablement, mais je ne réponds pas. À quoi bon ? Je n'ai aucune envie de sortir de mon lit. Personne ne semble vouloir comprendre ça... Je veux juste qu'on me foute la paix, hélas la porte tambourine si fort que je dois me lever pour que ma tête arrête de résonner si fortement. Je ressemble à un zombie, avec mes yeux gonflés de larmes et fatiguée. Mon corps est épuisé, oui, mais ce n'est rien à côtés de mon âme qui semble s'effacer derrière des nuages sans fin. Un nuage ? Non. Un putain de cyclone, plutôt... J'ouvre à peine la porte que Jack déboule, hors de lui.
— Putain Kiara, magne-toi ! Tu as 40 minutes pour être sur ce fichu circuit ! Je me dirige vers la cafetière, pour me faire couler un café...
— C'est bien, je n'irai pas.
Je suis vide, et ma voix est sans émotions. Je ne veux plus rien entendre, plus rien savoir. Même si la seule question qui me brûle les lèvres concerne l'état d'Andy. Je le hais, mais mon cœur le réclame, comme le cœur d'un chiot abandonné en bord de route par ses maîtres. Sauf que pour les humains abandonnés, il n'y a même pas de S.P.A pour essayer de nous sauver. Pour nous, il n'y a que la douleur et la peine. Finalement, je le comprends. Les animaux sont plus humains que nous...
— Tu te fiches de moi ? Va t'habiller, avant que je m'énerve !
Il me prend mon café des mains, alors je sors une clope de mon paquet pour aller fumer. Remplacer un poison par un autre, ça me connait. J'aurais peut-être dû fumer un pétard, moi aussi... Si j'avais imaginé qu'un jour Andy deviendrait le pire d'entre tous, j'aurais probablement préféré qu'il ne me sauve pas. Il aurait mieux fait de me laisser me faire écraser comme mes parents, ce jours-là. Par ce train élancer à toute vitesse, comme la claque monumentale qu'il m'a mise avec ses mots.
— Kiara !
— Quoi ? Je t'ai dit que je n'irai nulle part... J'explose, et cette fois, mes sanglots sortent difficilement. Qu'est-ce que tu refuses de comprendre quand je te dis que je ne veux pas faire cette course ? À quoi bon rouler, ça n'a plus aucun sens, sans lui...
Ma clope tombe au sol, alors que les remparts érigés autour de moi s'effondrent. Aujourd'hui, on devait se faire tatouer nos noms... Vraisemblablement, le marché devait déjà avoir une date d'expiration prévue, et manipulé d'une façon à ce que rien ne soit irréversible pour lui... Jack se précipite sur moi pour m'enlacer, alors que je m'effondre comme ce jours-là, sur ce canapé. Comme une enfant qui vient de perdre ses piliers, auxquels elle tenait plus que tout au monde, et sans lesquelles elle n'arrive plus à voir le moindre avenir se profiler devant elle. Comme une enfant à bout de souffle, à laquelle on a arraché un morceau de vie.
— Kiara... Tu as entendu les bêtises d'Andy hier, c'est pour ça que tu as raccroché ? Il débitait n'importe quoi, ce sont des conneries tout à ça ! C'est la drogue, c'est pour ça que je l'ai gardé à la maison. Il dort encore là, on a mis une éternité à le coucher.
J'avais besoin de tout lui dire, pour qu'il comprenne que non, ce n'était pas des conneries, mais une réalité qui désormais m'est douloureuse. Il est sous le choc de mes révélations, même si, comme moi, il peine à y croire. Notre fusion était la plus douce des drogues, me rendant accro. Pour mieux me briser ensuite. Mais pourquoi ? Qu'ai-je pu lui faire pour mériter ça... ?
— Kiara... Fait cette course. Fait là, car il fait ça par peur que tu finisses en pros. Tu m'as dit qu'il est parti quand il les a vues approcher, pas vrais ? Fait là, Kiara !
— Dit comme ça... Mais, s'il joue avec mon cœur pour ça, je le tue ! Jack se met à rire, en séchant mes larmes...
J'ignore ce que je ferais, sans lui ou les autres, parfois. Après tout, ils sont peut-être comme une S.P.A. Ils me relèvent à chaque fois, et me permettent de tenter le coup, de retrouver espoir et d'y croire. J'arrive sur le circuit in extremis, n'ayant pas le temps pour m'échauffer. Je repère Valyna, dans le public qui me fait un signe. Mais en réalité, même si je sais que ça n'arrivera pas, c'est lui que je cherche...
L'appel est donné, alors je m'avance sur le départ, en larmes. Mon cœur bat si fort. Je n'y arriverai pas, cette fois. Mon stress est à son apogée, alors que je panique complétement. Je ne me sens pas à ma place ici, sur les traces de mon père. Je ne suis pas aussi forte qu'il l'était, même si tout le monde mets ses espoirs en moi. Je ne suis pas une pro, et je n'ai rien à foutre là car tout ce que je veux, c'est roulé. Roulé avec Andy, rire avec lui... Je pleure de plus belle, étouffant presque dans mon casque qui se resserre comme un étau autour de mon crâne... J'ai les mains moites, et les jambes engourdies, alors que mon cerveau brule de milliers de questions. Je regarde en arrière, espérant de toutes mes forces, alors que je suis à moitié affalée sur mon guidon. Je halète tant ma respiration est inconfortable... Jack semble inquiet, ainsi que Valyna, en me voyant dans cette difficulté que je n'ai jamais eue besoin de gérer, avant.
Le décompte s'élance, alors que les motos font rugir leurs moteurs. On est quinze, à partir, mais moi, je suis immobile et tétanisée...
10, 9, 8...
Mon regard est irrésistiblement attiré par les estrades, en hauteurs. Quand je remarque une silhouette qui me fixe...
7, 6, 5...
C'est lui, seul, et à l'écart du monde. Une clope à la main, alors qu'il s'appuie contre le mur en y relevant un pied. Je le vois mal, d'ici, mais je sais que c'est lui...
4, 3, 2...
Il sait que je l'ai vue et se redresse, en mettant les mains dans ses poches. J'ai l'impression de lire qu'il me demande de le pardonner, en lisant sur ses lèvres, mais à cette distance... C'est probablement moi qui s'imagine des choses.
1...
Il semble essuyer une larme sur son visage, avant de me faire un demie-cœur...
Gazzz !
Je rate complétement le départ, étant la dernière à partir, mais mon cœur est regonflé à bloc. Il est là, alors que je connais la haine qu'il a pour ces courses, je le sais mieux que personne. Alors Jack a sûrement raison. La drogue à probablement parler pour lui, et même s'il a intérêt d'être fort en excuses, je veux être avec lui !
Ma bécane rugie en dessous de moi, alors que je mets plein gaz. Je pourfends l'air avec rage, doublant déjà quelques concurrents... 10ᵉ, je peux faire mieux et je le sais, ce n'est qu'une question de temps. Je passe les premiers virages serrés, en laissant plus d'un manger la poussière derrière moi, alors que je m'élance comme une furie, sans ralentir... 6ᵉ, tandis que je m'engage dans le premier virage difficile.
Le left that kills, à 180°, sans visibilités ni aucun point à fixer, et je sais que si je me plante, je pars directement au talus. J'imagine un point, sur le prolongement de l'asphalte, en ne ralentissant pas, comme me l'a conseillé Valyna. Je dois rattraper mon retard, et au plus j'avance dans le classement, au plus mes concurrents ont une bonne technique. Je dois les coiffer, les scotchés à leurs bécanes et leur montrer que chez les Sand, l'échec n'est pas une possibilité. Je veux rendre mon père fier, et surtout Andy, car tout ça, c'est aussi le fruit des entrainements qu'il m'a donnés. La descente s'amorce, et je le passe avec force !
J'accélère, gagnant en vitesse dans cette descente où j'entame le Truck, à 45° en fin de pente. Je le passe brillamment, avec un posé de genoux à terre, puis, je me dirige tout droit vers le Cavalet qui part en sens inverse. Ma concentration et ma dextérité sont telles que je suis bientôt sur le podium, à deux doigts d'arracher la 3ᵉ place. Je redresse ma bécane, en la stabilisant au maximum, avant de me lancer dans un second posé de genoux, en sens inverse au premier. Cette sensation est incroyable... Je caresse le sol du bout des doigts, profitant de la chaleur que dégage l'asphalte... Je redresse, avant la pente à 10%, en activant ma poignée d'accélérations au maximum. Mes yeux se plissent, tant mon envie de gagner et puissante et je vois presque se dessiner dans les airs le chemin à suivre...
Puis, une dernière descente s'amorce sous mes yeux... Sans m'en apercevoir, je passe troisième, car je n'ai pas tant perdu en vitesse, dans la pente. J'entends au loin les rugissements du public, et j'imagine d'ici le sourire d'Andy m'attendant à la fin... Je me vois déjà lui sauter dans les bras, et rejoindre ses lèvres... Mais le dernier virage m'attend et c'est ici que tout se joue.
Le bowl, virage à gauche de 90° qui fait le lien entre la fin de ma descente et le début de la dernière montée, en continu jusqu'à la ligne d'arrivée. La zone est une vraie bosse poussiéreuse, sur laquelle on peut glisser à tout moment. Alors pour la première fois de ma course, je gère mon freinage, mais je refuse de perdre trop de puissance. Je le prends serré, alors que mon concurrent de deuxième place le passe plus large. Je souffle, serrant un peu plus mon guidon et je le passe, le cœur aussi rugissant que mon moteur.
Une larme coule de mes yeux alors que je mets les gaz sur cette dernière ligne droite... Je vois que ma moto emboite le pas au premier, qui a perdu trop de puissance et ce n'est qu'une question de temps avant que je le dépasse... Je me penche un peu plus sur ma bécane pour réduire la prise d'airs et le rattrape. Nos roues s'alignent parfaitement, alors qu'il ne reste que quelques mètres et enfin, ma roue avant le double ! Je passe la ligne d'arrivée à la première place, qui est confirmé par les hauts parleurs alors que je voie Valyna et Jack complétement euphorique...
C'est un nouvel exploit pour la gent féminine ! Motards, motardes... Speedrain qui nous a fait le pire départ du siècle l'emporte à la première place ! Elle a mis une déculottée à ses adversaires avec acharnement et dextérité ! Félicitations, ma belle et bienvenue dans le cercle pros !
Je suis heureuse et fière en retirant mon casque, mais mes yeux le cherchent lui... Je le remarque de justesse en train partir par l'arrière des gradins, alors que je descends de ma bécane. Je me demande pourquoi il s'échappe ainsi, alors que mon cœur va exploser. Je cours à sa poursuite, ralentis par une ribambelle de journalistes et autres médias. Je repousse tout le monde, en pourfendant la masse noire de monde à la hâte. Je ne veux pas qu'il parte... J'arrive enfin derrière, la peur au ventre, mais je le repère enfin, adossé à sa moto avec une clope à la main. Je me précipite vers lui et vois le choc sur son visage lorsqu'il tourne la tête et me découvre. Il pensait probablement s'échapper, sans que je le remarque...
— Petit chat, pourquoi tu pars ? Lorsque je vois son visage fermé, perdu et replie de cernes, mon cœur se brise...
— Tu n'as pas été sur Heatedly, aujourd'hui ? Il baisse la tête, en fuyant mon regard alors que j'essaie de le prendre dans mes bras... Il me repousse, s'éloignant complétement de moi.
Je commence à trembler, ne maîtrisant pas la situation. Je ne comprends plus rien à cette situation et une fois de plus, il éteint quelque chose en moi. Ma joie me quitte, comprenant que ce moment que je voyais si doux et tendre ne sera sûrement qu'un adieu. Je le sens au fond de moi, et mon cœur s'emballe anarchiquement à cette idée.
— Non, mais je m'en fous, de Heatedly ! C'est toi que je veux Andy putain... Je vais craquer, je te jure, je peux plus... Je t'aime ! alors arrête tes conneries, et prends-moi dans tes bras ! Mes larmes percent à nouveau dans l'obscurité grandissante de mon cœur...
— Je suis désolé, mais non... C'est terminé, Kiara. On arrête tout. Je... Je vais partir. Alors ne me cherche pas. Je veux juste que tu fasses ta vie, et tu es sur la bonne voie. Ta course... Était magnifique, tu n'as pas besoin de Heatedly. Tu es une pro, et tout le monde le sait. Tout le monde l'a toujours su et je suis le seul qui ne voulait pas l'admettre. Pardonne-moi, de t'avoir fait perdre ton temps.
Ses yeux se remplissent d'humidité, alors qu'il attrape son casque. Mais je refuse ses paroles, je ne veux pas le perdre ! Je ne comprends rien à ce qu'il se passe, mais ce que je sais, c'est que je ne le laisserai pas filer. Je l'attrape par sa veste, avant de le plaquer aux tôles des gradins...
— Andy putain... Tu n'as pas idées de ce que j'ai vécu, seule, sur le départ ! Je ne serais jamais partie si tu n'étais pas apparu ! C'est... Grâce à toi, pour toi... Que je roule et je le sais désormais ! La gloire en étant pro, c'est ma dernière préoccupation putain, parce que la gloire sans toi, ce n'est plus rien. La moto, sans toi, je n'en veux pas ! Bordel, Andy Wiston, je suis folle amoureuse de toi, tu l'entends ça ?
Il regarde le ciel, alors que je voie toutes les lueurs de rouges le traversé. Il est encore sous substance, et ses larmes coulent, glissant sur les cernes violacés qui entourent ses yeux. J'essaie de poser ma tête sur mon torse, mais il me repousse à nouveau...
— Toi et moi, c'était une erreur, Kiara. Excuse-moi pour ce que tu verras sur Heatedly... J'ai juste besoin de fric et... Je ne te mérite pas, je ne t'ai jamais mérité. Tu te relèveras, et ça je le sais ! Tu es la personne la plus forte que je connaisse, tu n'as pas besoin de moi... Je... Je suis un raté, et tu es la seule à penser le contraire. Ouvre-les yeux... Je n'ai rien, à t'offrir, sauf une vie misérable... Il essaie de partir, mais je le plaque à nouveau contre les taules...
— Tu te trompes Andy ! Ce n'est pas parce que ton père et ton frère te disent des atrocités qu'il faut les croire, putain ! Je sais qui tu es, je connais tes qualités, tes défauts... C'est à toi d'ouvrir les yeux ! Et arrête de me parler de Heatedly ! Je t'ai dit que je n'en avais rien à faire... C'est toi qui comptes...
Je pose une main sur sa joue avant de l'embrasser, et ses lèvres répondent instinctivement aux miennes... Un baiser, ça ne trompe pas. Et je sais que rien n'a changer. Ses sentiments son présent, et même s'il finit par me repousser, je sais qu'on s'aime... Mais il profite de l'arrivée de Jack pour s'enfuir...
— Andy ! Je vais te tuer, tu joues à quoi là ?
— Adieu, petite peste... Il monte sur sa bécane et démarre en trombe, alors que ma main doit lâcher son bras que j'essayais de retenir.
J'ai l'impression que le sol s'effondre sous mes pas, épuiser... Je cours, essayant de le rattraper, mais mes genoux cèdent sous le poids de cette douleur qui s'empare de mes entrailles. Je me prends finalement des coups de couteaux, mais j'ignorais que c'est lui qui me les porterait aussi violemment. Je m'effondre au sol, en larmes... Je hurle son nom en le voyant disparaître, impuissante.
Je ne pensais pas que tu partirais...
Je ne veux pas que tu partes...
Je ne peux pas, te voir t'éloigner de moi...
Je suis brisée, mais le pire dans tout ça, c'est de ne rien comprendre... Jack et Valyna courent vers moi, mais la seule chose que je veux, c'est voir ce qu'il a posté sur Heatedly pour tenter d'y voir plus clair.
— Non, Kiara... Il vaut mieux pas que tu voie ça dans cet état...
— Donne-moi mon téléphone, Jack !
Il finit par s'exécuter, devant ma peine qui est insupportable et ce besoin de réponse qui m'obsède complétement. Et moi qui ne pensais pas pouvoir être encore plus brisée que maintenant, je pense que je me suis trompée... Je lance la vidéo, où on le voit alors qu'il est encore chez Jack. Sa voix retentit en mon âme comme les trompettes de la mort, indiquant la fin de mon existence...
Salut tout le monde... Alors voilà, je suis désolé je... Écoutez, on vous a menti, avec Speedrain. Notre couple n'est qu'une supercherie pour faire monter l'audimat. Entre elle est moi... Tout était faux et aujourd'hui, on est plus ensemble. Elle m'a quitté, et va voler de ses propres ailes, maintenant, alors... Voilà je... Elle ne voulait pas que je vous en parle, mais je me voyais mal faire autrement. C'était du cinéma. Rien de plus qu'une pièce de Théâtres à la Roméo et Juliette mais... Qui finit bien, vu qu'on est... On est vivant. J'arrête Heatedly quelques jours, histoires que tout ça se tasse un peu, et à ceux qui resteront... Merci. Vous avez toute ma gratitude. Bye.
La caméra s'arrête, alors que je vois qu'il essuie une de ses larmes... Il a trouvé le buzz du siècle, me faisant redescendre à 500 000 abonnements, alors qu'il en comptabilise 4 millions, désormais. Il a préféré perdre ce qu'on avait, pour une raison aussi bête que l'argent... Alors que j'étais déjà en train de le gagner pour l'aider. Mon cœur se déchire en de millions de fragments, éparpiller au fond de moi. Plus jamais, je ne veux tomber amoureuse. Plus jamais. Je me dirige vers mes paramètres, alors que mon doigt se fige, devant l'option de suppression définitive de mon compte... Mes larmes coulent, quand je pense que Heatedly nous a détruits, alors qu'on pensait notre lien indestructible, tant il avait été forgé par les années. Évidemment, il n'y a pas que ça... Mais cette course aux likes, aux abonnements vient de mettre un point final sur notre amour, notre amitié, nos rêves...
On a pris Heatedly pour notre bouée de sauvetage, notre mirage de gloire imprévisible. Sans prendre conscience de qui pouvait se cacher derrière les vues. Certains sont bienveillants, mais d'autres, ne sont que haine et revendicateur de Buzz. Le buzz, c'est ce qui fonctionne le mieux. Et il peut autant te conduire à devenir l'idole d'une génération, que t'enfoncer à dix pieds sous terre. Le seul point positif que je tire de ce réseau, c'est la réunification entre nous, motards, et les coureurs automobiles. Mais le point négatif, c'est la perte d'Andy, car il représentait absolument tout, pour moi.
J'appuie sur le bouton de suppression, le cœur lourd, mais pas pour la perte de popularités... Popularités ne tenant qu'à des chiffres, affichées sur un écran, non... Mais pour tous les moments vécu en créant les souvenirs que mes vidéos englobaient, et que je ne veux plus voir, de peur de sombrer. Que je ne veux plus voir, car elles me rappelleront douloureusement la perte de cet homme pour qui j'aurais donné ma vie et qui a préféré vendre ce qu'on avait pour percer...
Et cette fois, même le scoubidou qu'il m'a offert n'est pas assez grand pour contenir ma peine, et me rappeler qu'il sera toujours là. Car il est parti, mais surtout parce que je ne veux plus le voir.
____Xoxo, Foxy____
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