Chapitre 28 : Championne.
Enfin de retour à la maison et on a décidé tous les deux que notre soirée se passerait simplement. Pizza, plaid, télé, entrelacés sur le canapé. J'ai encore des tas de questions à lui poser, mais là, j'ai juste besoin de profiter de ce moment entre nous. Je suis bien trop fatiguée pour encaisser le genre de discussion qui nous attend et ma période me rend vraiment super mal. Mon ventre me lance, m'envoyant des pics de douleurs jusque dans les reins. Évidemment, à force de me tortiller, ça ne passe pas inaperçu.
— Ça va mon chaton ? T'es encore plus blanche qu'une tempête de neige là... Il pose sa main sur mon front, pour jauger ma température.
— Ce n'est rien, ne t'en fait pas. Tous les mois, c'est la même...
Il me sert plus fort contre lui, en posant sa paume chaude sur la peau de mon ventre. Je pense que passer sous mon tee-shirt est devenu une habitude, chez lui. Mais cette fois, ça ne me dérange pas. C'est le contraire même, sa chaleur m'apaise et je me détends légèrement.
— Hum... Merci. Ça... Ta chaleur me fait du bien. Je ferme les yeux, contre son torse.
Malheureusement, cet apaisement ne dure qu'un temps, et sa peau s'adapte à la chaleur de la mienne. Retirant rapidement tout le bienfait de la manœuvre et mon visage se tend à nouveau. Andy embrasse mes cheveux, le remarquant, avant de se redresser pour se lever.
— Ne bouge pas, je reviens, j'ai une idée. Il remplace son corps par un coussin qu'il vient placer sous ma tête.
— Non mais petit chat, j'ai l'habitude, tu sais ! J'essaie de le retenir, alors il me pose un baiser sur les cheveux avant de les caresser tendrement.
— Ce n'est pas parce que tu y es habitué que tu dois avoir mal... Laisse-moi prendre soin de toi. Je n'aime pas te voir subir comme ça, sans rien faire.
Je finis par abandonner toute rébellion, reconnaissante et je l'avoue un peu ému. Il est parfait, sous tous les aspects... Bien qu'il ait des défauts comme tout le monde, ils sont supportables, en comparaison à tout le bien qu'il m'apporte. Je l'entends retourner la salle de bains, à la recherche de je ne sais quoi, quand enfin, il finit par hurler, joyeux d'avoir trouvé son Graal. Je le vois débouler dans la pièce en riant, triomphant d'avoir retrouvé une bouillotte en forme de doudou. Un petit lapin en peluche absolument mignon, qu'il vient ouvrir comme un vrai sadique pour y récupérer la poche à chauffer.
— Tu veux un chocolat, amour ? Le feu de l'action, hein...
— Je ne peux rien refuser, avec ce surnom, tu sais ? Je rigole doucement en cachant mes joues rougissantes dans le plaid.
— C'est... Bon à savoir, ça.
Il se mord la lèvre en riant, rapidement rattraper par la douleur de ses plaies. Il jure, avant de se lancer dans les préparations alors que je l'admire, du canapé. Je détaille chacun de ses muscles qui se contractent sous son ensemble de joggings noir, à empiècement de cuir. Ses yeux concentrés et son envie de bien faire raisonnent dans mon cœur comme le plus doux geste du monde. Puis, une sonnerie de téléphone vient le couper dans son élan. Il décroche rapidement, en coupant le micro-ondes dans lequel se trouve le sac de monsieur lapin.
— Ouais Jack ? ... Non, on ne bouge pas nous ce soir, tout ne s'est pas hyper bien passé alors, on est claqué. ... Oh, mon père, comme d'habitude, mais c'est terminé pour de bon. ... Oh, au fait, tu peux nous inscrire pour la prochaine course en A, Kiara et moi ?
Je suis surprise, que Jack en sache plus que je n'en savais à propos de son père... Savait-il aussi, pour la drogue ? Je me sens un peu mise à l'écart, bien qu'heureuse qu'il pense à la course en A, mais surtout, qu'il l'accepte. Il tourne son regard vers moi pour me demander qui est mon contact, pour les courses.
— L'un des soignants, celui avec lequel je parlais à l'extérieur. Celui qui m'a fait l'ordonnance. Andy relègue l'information à Jack qui sait à qui s'adresser.
Enfin, il raccroche pour reprendre là où il en est resté. Mais la joie de départ et l'amusement dans son regard s'est évanoui. Un SMS retenti sur mon téléphone, cette fois. Je me redresse pour attraper mon téléphone sur la table basse et je le déverrouille pour voir que c'est un message de Jack.
[Salut championne, j'ignore par quel miracle tu as convaincu grincheux, mais bravo pour ça. Tu as besoin d'entraînement, rejoins-moi au circuit des pros demain à 15 heures, je te fais rencontrer Valyna. Ne dis rien à Andy, il va câbler.]
Jack.
Valyna ? Effectivement, je doute que cette nouvelle soit réjouissante pour tout le monde, ici. Mais j'ai promis que je ne ferais plus rien dans son dos, alors il est hors de question que je lui cache. Je l'annonce à Jack qui flippe déjà, néanmoins, il respecte ma décision. Je range rapidement mon téléphone, en voyant Andy revenir.
— Eh, qu'est-ce que tu fous, assise ? Allonge-toi chaton... Il retire le cousin pour s'assoir à côté de moi, il me pose la bouillotte sur les genoux et me tend le chocolat.
Ses gestes sont à tomber, et je n'ai pas envie de gâcher ce moment. Pourtant, si je ne le fais pas maintenant, mon angoisse va monter et je vais finir par être incapable de lui dire... Je repose tout sur la table basse, voyant un air confus se loger sur son visage.
— Andy... On peut parler d'un truc, s'il te plaît ? Je tripote le plaid dans tous les sens, stresser. Je n'ai aucune envie de lui faire de la peine.
— Si c'est pour l'arme, ne t'en fait pas. Je ne compte pas l'utiliser, si je l'ai acheté, c'est juste au cas où. Je... Spider est un con fini, je veux juste te protéger, car je sais très bien que pour m'atteindre, c'est à toi qu'il va vouloir s'en prendre. Je ne veux pas qu'il te touche, jamais... Je ne laisserai personne te faire de mal.
Il attrape ma joue, en me souriant pour me rassurer, même si ses propos font tout l'inverse. C'est donc pour Spider, qu'il est parti acheter ça. Il sait qu'on aura jamais réuni l'argent qu'il nous manque dans le peu de temps qu'il nous reste. Et ce n'est pas en achetant à tout-va qu'on va y arriver. Il a fait des folies pour mon anniversaire, cette arme. Heatedly ne nous paie pas assez, pour qu'on puisse régler ça aisément et s'en sortir. Je dois aller au rendez-vous de demain. Je dois gagner la course en A, pour avoir une chance, même infime, de pouvoir faire une course pro. Parce que si j'en gagne une, cela correspond à 10 000 dollars cash. Et c'est notre seule issue...
— Tu n'en auras pas besoin. Je... Demain j'ai rendez-vous chez les pros pour rencontrer Valyna. Le bleu de ses yeux s'assombrit.
Ma phrase est sortie comme un souffle brûlant, irradiant toute joie sur son passage. Une phrase pressante, qui ne demandait qu'à résonner dans la pièce... Il me lâche la joue et se lève en prenant une clope avant de partir la fumée en silence à la fenêtre.
— Andy, parle-moi s'il te plaît... Je sais que tu détestes les pros mais... Il ne me laisse pas finir ma phrase.
— Je t'accompagne. Et ce n'est pas négociable. Le seul truc qui me fait chier, Kiara... C'est que tu fasses encore tes plans dans mon dos. Ça va bien au-delà de la course en A. Maintenant, tu veux passer pro pas vraie ? Il me dévisage, remplis de colère...
Je savais qu'il allait mal réagir, mais pour une fois que je lui en parle avant, il n'a pas le droit de dire ça. Et puis, ils ne sont pas tous comme son père. Je comprends ses peurs, mais je refuse qu'elles l'empêchent d'avancer.
— Je ne le fais pas dans ton dos, je t'en parle là ! Andy, sérieux... Je sais que ce sont tes peurs qui me parlent là, et je le comprends... Mais elle peut être de bons conseils, elle a fait des run sauvage, elle aussi, elle sait ce que c'est ! Et... Oui, j'aimerais tenter une course pro, mais c'est pour nous que je veux le faire ! Son visage s'enferme dans une dimension chaotique que je n'imagine même pas... Mais il est hors de lui. Il rugit presque en balançant sa clope par la fenêtre.
— Pour nous ? Mais en plus, tu oses te moquer de moi ? Kiara, on a les mêmes rêves, les mêmes envies... On voulait changer le monde toi et moi, et gagner en popularité sur Heatedly pour vivre notre vie comme bon nous semble, pour être libre ! Et toi, tu veux gâcher tout ça pour quoi ? Pour devenir pro et t'enfermer dans une cage dorée ? Il s'approche de moi en hurlant toute sa rage, alors que mes larmes montent. Mais je rugis, face à l'injustice de ses mots.
Sa fureur ne m'effraie pas, car je sais qu'il craque simplement face à tout ce qu'on vit actuellement. Mais ses mots me brisent parce qu'il ne veut pas comprendre que si je me bats autant, c'est pour qu'on puisse goûter à notre liberté pleinement. Alors oui, j'aime la course, et l'adrénaline que ça me procure... Mais l'un n'empêchera jamais l'autre. Je l'aime, et où que la vie me mène, c'est avec lui que je veux être, rien ne pourra changer ça.
— Bien sûr que non, je n'abandonne pas nos rêves, Andy ! Mais putain... Les rêves et les situations évoluent avec le temps ! Heatedly, ce n'est pas assez pour l'instant, ça ne suffit pas ! Comment tu veux qu'on rembourse 15 000 dollars à Spider alors qu'on peine déjà à joindre les deux bouts ? Tu veux quoi, que je reste là, sans rien faire et que je le regarde te tuer parce que tu ne lui auras pas rendu son putain de fric ? Où que je me prenne un coup de couteau en sortant d'ici, c'est ça, que tu veux ? Mes émotions sortent, alors qu'il s'écroule sur mes genoux...
— Je ne voulais pas te hurler dessus... Je suis désolé de ne pas être suffisant, pour toi. Mais je peux t'assurer que je donnerai ma vie pour la tienne. Jamais je ne pourrais laisser quoi que ce soit t'arriver putain... Ne dis plus jamais une chose comme ça.
— Alors fais-moi juste confiance... C'est avec toi que je veux être, mon amour. Toi, et toi seuls ! Tu ne me perdras pas, peu importe la course que je fais ! Nos sanglots se mêlent, l'un contre l'autre et nous restons un moment, sans nous parler...
La soirée passe en un éclair. La joie n'est plus là et bien qu'il essaie de prendre sur lui, je voie bien que ses démons le gagnent. J'ai peur, pour la suite, et j'ai vraiment intérêt à rester attentive. Car je sais que dans cet état, il pourrait faire n'importe quoi. J'ai tellement peur pour lui que je m'endors en lui serrant le bras de toutes mes forces pour qu'il ne s'en aille pas.
Hélas, je me réveille seule, en milieu de matinée. Les draps sont froids, à côtés de moi, et à l'odeur qui se dégage du salon quand j'y pénètre, je sais qu'Andy à fumer. La panique monte en moi, en voyant le mot rapide qu'il m'a laissé...
J'ai des trucs à faire pour nous, aujourd'hui. Ne m'attends pas pour Valyna, je pense être de retour avant la nuit. Je t'aime. Andy.
J'ignore ce qu'il est parti faire, et ça me rend folle. Surtout quand je m'aperçois qu'il a pris le flingue avec lui. J'essaie de l'appeler, mais je me retrouve directement sur sa messagerie. Perdu dans ce silence interminable, je reste devant ma tasse de café en me demandant où il a bien pu aller, et pourquoi. J'enchaîne les appels et les textos en vain, pensant même à demander au Crew, mais personne ne sait où il est, ni ce qu'il est parti faire.
Je finis par m'endormir dans le canapé, quand enfin, mon téléphone sonne. Je vois d'abord l'heure s'afficher, ce qui me fait me réveiller d'un bond. J'ai une petite heure, avant le rendez-vous, alors il va falloir que je me magne. Mais j'oublie tout, quand je vois que c'est lui qui m'appelle. Je décroche en l'insultant de tous les noms, en furie, mais il semble aller bien et c'est tout ce qui m'importe.
— Eh, hurle pas, amour, c'est bon... Je viens de me faire allumer par Jack. Je prends la route de la maison, je serais là à ton retour. Je nous ai juste gagné une petite semaine de délais, ça nous laissera le temps pour les courses. J'entends le tintement des clés qu'il vient probablement de loger dans le contact de sa bécane.
— N'essaie pas de m'amadouer avec ce surnom ! Qu'est-ce que tu as fait, et pourquoi tu as pris le flingue avec toi ?
La peur de ne me quitte pas, elle est logée dans mes artères comme un mauvais pressentiment qui me suit comme mon ombre. Et ce surnom ne m'aide pas à être rassuré. Il a bien compris qu'il me faisait fondre comme ça et il en joue.
— Quoi, j'essaie juste de te rassurer ! Je sais que tu aimes quand je t'appelle comme ça. En quoi c'est mal ? Quoi que je fasse, tu n'es jamais contente ! On parle tout à l'heure, je prends la route.
— Non, Andy att...
BIP... BIP... BIP
Il s'échappe, une fois de plus. J'ai envie de le tuer, mais même ça, je n'en ai pas le temps. Je me prépare en vitesse, avant de partir. Arrivée sur place, je suis un peu perdue, ne sachant absolument pas où me rendre, mais heureusement, Jack arrive rapidement, sur sa bécane.
Il se dirige dans l'enceinte du circuit comme s'il connaissait l'endroit par cœur. Une chose est sûre, ce n'est pas sa première fois ici. Il m'explique rapidement que l'endroit est partagé par les écuries, celons les équipes et les sponsors. Ensuite, il y a la piste, où circuit. Les bureaux d'administration, infirmeries, zones de repos et zones des médias. Puis, viennent les estrades, où le public s'amasse pendant les courses, ainsi que des zones V.I.P qui se trouvent en intérieur, avec, bien sûr, leur terrasse privative comprenant une vue directe sur la piste. Piste d'un peu plus de trois kilomètres, comprenant quinze virages aux particularités différentes. Aussi bien techniques qu'impressionnants. Tortueux, montant et descendant, comprenant des degrés et des praticabilités distincts. Un joyeux bordel me rappelant que je suis encore un bébé, ici.
Je suis impressionnée, me sentant si petite que ça en devient malaisant. Ce n'est pas mon monde, mais c'est palpitant. Nous nous dirigeons vers l'écurie avec laquelle à signer Valyna, qui fait actuellement chauffer l'asphalte de la piste. Et je n'ai qu'une chose à dire, elle est monstrueuse.
— Bordel Jack, mais... D'où tu la connais ? Comment tu... Andy sait que tu viens ici ? Tant de questions se bousculent en moi...
— C'est ma tante... Et oui, Andy le sait. Sa tante ?
J'écarquille les yeux, en le regardant, alors qu'aucun son ne sort de ma bouche. Je hurle intérieurement. Je n'arrive pas à croire que je ne sais rien de tout ça. Mais je comprends vite que c'est un besoin pour Jack, de garder ça secret. Il ne veut pas que tout le monde le colle pour voir Valyna, et c'est compréhensible. Elle est l'exemple de beaucoup de motards en Run sauvages, l'idole de ceux voulant suivre la même carrière que la sienne et devenir pro. Il pourrait se servir aisément de cette notoriété, mais ça l'indiffère. Et c'est probablement pour cette raison qu'il l'a accepté dans notre Crew.
Elle arrête sa bécane devant nous, et retire son casque avant de secouer ses cheveux blonds. Elle doit avoir une quarantaine d'années, et as une allure plutôt masculine. Musclée et marquée par le temps, la vie. Elle a eu des dépendances, au crack et à l'alcool. C'est la moto qui l'a sauvé comme elle l'explique dans une de ses interviews. Son ascension l'a sauvée de la rue, alors que sa sœur était son seul soutient, avec sa passion.
— Hé bien, c'est donc toi l'espoir de cette année ? Speedrain, le symbole de la réunification... Beau palmarès, pour ton jeune âge. Je suis Valyna ! Elle me tend la main en souriant, chaleureuse, bien que sa voix roque lui donne une certaine dureté.
J'admire cette femme, tant par sa simplicité que par son parcours. Elle est des nôtres, et n'a jamais perdu cette soif de liberté que nous offre la route. Elle a été à elle seule une vraie tornade, dans le monde des courses. Alors recevoir un tel compliment venant de cette héroïne des temps moderne, ça me touche plus que de raison.
— Merci, Valyna. Je suis heureuse de te rencontrer et je t'avoue, je n'ai aucun mérite à être ici devant toi. Tout ça, c'est qu'une suite d'impulsions complétement folle que les autres ont filmée et... Finalement, ils en ont fait un truc cool. Elle regarde Jack en souriant avant de descendre de sa bécane pour me prendre dans ses bras.
— Ok, toi, je t'aime déjà ! Tu agis avec ton cœur, et tu restes toi-même. Tant que ta passion te fait vibrer, tu iras loin, c'est une certitude. Suis-moi, on va ce boire un verre avec un peu de théorie, mais on ne va pas en faire des caisses. Tu apprendras mieux et plus rapidement sur circuit crois-moi !
Je la suis, et tout est passé en revue. Sa pédagogie est claire et concise, tout en gardant une touche d'humour. Ce n'est pas guinder, ni barbant. On passe un bon moment tous les trois. Elle m'explique qu'ici, ils sont habitués à s'entraîner sur des simulateurs. Alors, là où on devient forte en sortant de run sauvage, c'est sur l'appréhension de la route. Le ressenti. La propulsion par le vent ainsi que l'environnement global. Mais surtout, on n'a pas que de la théorie en tête, mais beaucoup de pratique dans des lieux et des terrains difficiles. Ici, la piste est aux coureurs. Il n'y a pas de petite mamie qui traverse où de chats qui déboule. Ici, on peut être focus sur tout le reste, et c'est pour cette raison qu'elle les bat aussi facilement.
Elle m'explique rapidement les plus importants virages. Le left that kills à 180° qui se termine par le début d'une descente et se prend presque à l'aveugle à cause d'une légère déclivité, puis, Le truck, un virage à droite à négocier à 45° en fin de pente, et qui permet une entrée à pleine vitesse demandant néanmoins énormément de contrôle et de stabilité, car il débouche sur le Cavalet, qui signe le début d'une côte à 10%. Enfin, Le bowl, virage à gauche de 90° qui fait le lien entre une fin de descente et un début de montée. Il demande une maîtrise parfaite en freinage, car la zone est bosselée et poussiéreuse, mais il faut tout de même maintenir une bonne vitesse pour gagner de l'élan en fin de piste, car la ligne droite venant ensuite est, elle aussi, en pente.
Toutes ces informations sont précieuses et m'entraîner ici m'apporte beaucoup, en techniques. On a mis tout ça en application, sur le terrain. Et, je dois avouer que ses explications m'ont probablement permise de ne pas le planter, sur les virages les plus complexes. Le premier étant un tour de chauffe, elle est restée à côté de moi tout le long, mais désormais, c'est la course. Et malgré que je sois novice, elle ne me distance pas de beaucoup. Elle connaît le circuit, et en as l'habitude, alors même si j'ai la seconde place, je suis heureuse d'avoir fait cet exploit. Celui de la suivre de près et ceux, sans aucune expérience ici.
Elle me donne une tape dans le dos, alors que je suis éreintée, et elle est probablement aussi fière que moi. Puis, elle me fait un geste de tête et guide sa main vers une silhouette, au loin. Qu'est-ce qu'il fiche ici ? Depuis quand il est là ? Le choc s'empare de moi, en le voyant nous fixer, les mains dans les poches, debout devant sa bécane.
— Dis-moi, ce n'est pas Blackrift là-bas ? Vous êtes adorables, tout est deux, sur Heatedly ! Je croyais qu'il détestait les pros ? Elle se met à rire, de manière joviale.
— Et c'est le cas, je ne pensais pas qu'il viendrait !
— Il faut croire que l'amour fait vraiment des miracles alors... !
J'espère tant que ce soit le cas, même si je doute fortement de son humeur, actuellement. Je ressens d'ici son mal-être... On se dirige vers lui, alors que Jack l'a rejoint. La peur monte en moi, car au plus on s'approche, au plus je distingue les démons en lui. J'aimerais tant pouvoir apaiser ses plaies intérieures, mais je n'ai aucune idée de comment m'y prendre. Je descends de ma bécane et je retire mon casque avant de me diriger vers lui. Étrangement, il me sourit et m'offre ses bras pour que je m'y plonge malgré le flou que je voie en son regard.
— Viens dans mes bras ma championne... Jolie course... Tu as eu un bon entraineur toi, dis-moi ? Il me sourit, alors que je me blottis contre lui.
— Oui, le meilleur de tous ! Je sers son tee-shirt dans son dos, en m'agrippant à lui.
Je suis consciente qu'il fait actuellement un effort sur-humain pour moi et je sais ce que ça lui coûte. Mais je suis heureuse qu'il soit là et qu'il ne fasse pas de scandale. Le sentir contre moi me fait du bien, après cette matinée à m'inquiéter pour lui. Il ne semble pas avoir pris de coups, cette fois. Mais je suis quand même certaine qu'il est sous substances au vu de ses yeux. La fatigue ne marchera pas, comme excuse...
Il m'embrasse tendrement et me murmure que je lui ai manqué, mais qu'il ne pense pas que je vais oublier qu'il m'a raccroché au nez si facilement, tout à l'heure. On règlera ça un peu plus tard, car je ne pense pas que ce soit le moment et l'endroit idéal pour ça. Je vais plutôt savourer cette petite victoire, où du moins... Essayer.
— Blackrift chez les pros... Je vais finir par croire aux miracles ? On se sert la main, où je vais me faire foutre ? Elle lui tend la main en riant.
Cette femme est clairement indomptable, au point d'en arracher un petit rire à Andy. Il lui sert la main, contre toute attente. Je crois qu'il n'arrêtera jamais de m'impressionner. Je le regarde fièrement, retombant amoureuse de lui encore et encore...
— La proposition est alléchante, mais je ne vais quand même pas faire ça à la tante de Jack. Je reste sur ma position, les pros sont des crétins finis, alors disons que je fais une exception pour cette fois ! Il lui fait son sourire taquin, alors que je voie en elle la répartie venir frapper le bout de ses lèvres.
— Tu fais bien, je les déteste aussi ! Et c'est bien pour ça que j'ai décidé de venir ici pour leur botter le cul, mais sur la piste. Tu es le bienvenu, avec Kiara si tu as besoin de passé tes nerfs sur ces andouilles.
Elle nous emporte tous les quatre dans un fourire des plus intenses et je sens Andy se détendre, enfin. On passe un bon moment à discuter, avant de se saluer pour rentrer. Mais au moment de revenir sur nos bécanes, un petit groupe de pilotes me sifflent. Putain merde, il va les butter. Je le vois serrer les dents en m'amenant jusqu'à ma R7.
— Jolie course, Speedrain. On sera ravie de te voir sortir de ton trou pour rouler avec des vraies pilotes. Il s'approche de nous, alors que je vois Andy serré les poings.
— Tu crois vraiment que tu vas m'impressionner parce que tu roules chez les pros ? Tu as tellement peu confiance en tes capacités que tu te sens obliger de rabaisser les autres ? Merde, ça craint. Tu devrais essayer de faire un stage pour la confiance en soi, ça pourrait t'aider.
Andy me gratifie d'un petit rire admiratif avant de m'embrasser en me collant sur ma moto, hélas, l'autre idiot ne semble pas vouloir nous lâcher. Je vois Jack et Valyna revenir vers nous en vitesse, mais je crains que ça explose bien avant leur arrivée...
— Oh merde, c'est vraie que tu es avec le raté, Blackrift... J'ai cru voir passer ça sur Heatedly. Tu mérites mieux franchement, sexy et talentueuse comme tu es. Ton mec a tellement peur d'échouer qu'il évite les pros comme la peste, il n'a rien dans le froc, comme son père !
La phrase de trop, où un condensé d'absolument tous les sujets a évité avec Andy. J'ignore s'il l'a fait exprès, mais il a gagné. Mon homme se retourne, rugissant comme un lion enragée. Je ne sais pas si je réussirai à le calmer, cette fois.
— Peur d'échouer ? Je te fume quand je veux, mais dis-moi, elle est où ta bécane ? T'as une grande gueule, mais à part faire mu-muse sur un simulateur, tu fais quoi ?
Les deux se rapprochent, alors que monsieur pilote pro le mets carrément au défi. Il est hors de question que ça arrive. Je me précipite vers Andy pour l'arrêter, mais il m'écarte de son chemin.
— Vas-y va la chercher ta moto le Playmobil. Et ne mets pas trois heures parce que je n'ai pas que ça à foutre. Leurs fronts se touchent, prêt à en découdre...
— Pourtant, tu ne branles rien de tes journées, si ? Ça va, tu ne vas pas me faire croire que tu travailles dur en faisant ton influenceur. Je les sépare comme je peux pour m'agripper au torse d'Andy, fou de rage.
Ils se hurlent dessus, alors que j'ai l'impression de maintenir un animal sauvage. Hélas, il commence à m'utiliser pour attaquer Andy qui redouble de rage, devenant quasiment incontrôlable. Valyna arrive enfin et botte le cul au Playmobil mais Andy ne décolère pas.
— Mon amour, stop, calme-toi... Ça ne sert à rien, il te provoque juste. Je prends son visage en coupe dans mes mains, sentant son cœur pulsée à travers ses veines sorties.
— D'où il ose te draguer comme ça ce connard, hein ? Je vais l'éclater, pousse-toi ! Je peine à le maintenir, mais je tiens bon.
— Andy ! Stop. Je suis à toi, ok ? Calme-toi, s'il te plaît, ça n'en vaut pas la peine, tu n'as rien à prouver. Je suis avec toi, je suis là !
Il se bat avec ses propres démons, haletant, et je vois en lui cette détresse qui me déchire le cœur... Il ne parle plus, et pourtant, ses yeux hurlent. Je dois l'apaiser, je dois trouver le moyen de calmer cette tempête en lui, qui le détruit intérieurement.
— Tu n'es pas un raté, je suis là... Regarde-moi Andy. Il scelle son regard en proie aux flammes au mien, alors que mes mains encadrent son visage. Je suis là, je ne te lâche pas mon amour... Tu n'es rien de tout ce qu'il t'a dit. Je t'aime, plus que tout au monde, alors arrête s'il te plaît...
Il se laisse fondre sur mes lèvres dans un baiser déchirant, remplie de besoin. Il s'agrippe à moi, comme si je pouvais m'envoler d'une minute à l'autre. Je m'aperçois que le chemin sera encore long, mais il en vaut la peine. Car malgré les difficultés, je n'échangerais ma place pour rien au monde et je crois qu'on a autant besoin l'un de l'autre. Je ne vois pas ma vie sans lui à mes côtés. Je veux savourer chaque victoire avec lui, me relever de chaque défaite dans ses bras. Rire, danser, chanter, découvrir le monde... Rien n'a d'intérêt pour moi s'il n'est pas là pour le vivre avec moi.
____Xoxo, Foxy____
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