Chapitre 23 : Repas.
Les moteurs s'arrêtent sur le parking de cette maison dans laquelle j'ai passé une grande partie de mon enfance, et j'ai l'impression que je ne suis pas revenue ici depuis des années. Pour cause, la maison voisine était la mienne... Un pincement se glisse en mon cœur alors que je la fixe, ne voyant pas qu'Andy se renferme à peine arrivé... Je me revois, autrefois, sur cette balançoire que mon père avait construite pour moi... Ma mère arrivait, avec une tarte aux myrtilles dans les mains alors qu'Andy me faisait signe de sa fenêtre... Des brèves images s'immiscent devant mes yeux, d'un bonheur qu'on m'a subitement arraché. Je retire mon casque, le posant sur ma bécane tout en descendant, je suis ailleurs. Instinctivement, j'attrape la main qu'Andy me tend, avant de le suivre.
— Ça va aller, mon chaton. Ne regarde pas vers le passé... Viens là. Il glisse sa main dans mon dos, tout en grimpant les marches du perron.
Je ne dis pas un mot, plaçant à mon tour une main dans la poche arrière de son jeans. La porte s'ouvre, sur sa maman qui est rayonnante, aujourd'hui. Elle fixe immédiatement nos bras enlacés, soupçonneuse...
— Mes amours, vous voilà enfin ! Mais dites-moi... Kiara qui répond aussi tard sur ton téléphone, votre... Proximité ? Vous avez un truc à m'annoncer ? Son sourire irradie son visage, alors qu'elle nous pointe du doigt.
— Maman... Bonjour déjà ? C'est quoi ces femmes qui sont toujours pressées ! Il me regarde en riant, alors je me sens immédiatement visée.
Puis, ses lèvres se posent sur les miennes alors que sa mère hurle de joie dans tout le quartier. Je ne sais pas si je me sens carrément flattée ou extrêmement gênée... Un mélange des deux, probablement. Mais contre lui, ça me passe rapidement, surtout avec le sourire qu'il affiche en me relâchant.
— Je le savais ! Je savais que vous finiriez ensemble tous les deux ! Viens là, ma Kiara... Tu sais que je n'en voulais pas une autre que toi pour ce grand gaillard ? Elle m'attrape, laissant son fils sur le perron pour me servir une limonade dans la cuisine.
Sa mère est joviale et débite un flot de parole enjouée, alors qu'Andy nous emboîte le pas. Il regarde tout autour de lui, semblant être sur ses gardes... Je ne sais pas à quoi il pense, et ça me bouffe de savoir que chez lui, il n'arrive pas à être à l'aise. Pourtant, avant, tout allé bien...
— Il n'est pas là, le vieux ? Je sens un soupçon de haine et un grand soulagement dans sa voix, alors qu'il se sert à boire.
Mais rapidement, ses doigts se resserrent autour de son verre, posé sur l'îlot central de la cuisine. Une voix résonne dans le couloir. Sa mâchoire se crispe, lui donnant un air colérique et fermé, en contraste complet avec cette cuisine campagnarde et chaleureuse, faites de bois blanc patiné.
— Eh bien fiston, ce n'est pas trop tôt ! Moi qui pensais que tu étais un vrai pilote ! Il se met à rire, alors que je vois la main d'Andy se verrouiller si fort que ses phalanges ressortent.
Lise, elle, lève les yeux au ciel, mais finit par sourire en me voyant posé une main sur celle de son garçon, qui se détend un peu à mon toucher. Il me regarde, reconnaissant alors que je salue son père avec un grand sourire.
— M. Wiston, ça fait longtemps ! Vous avez élevé un parfait gentleman, en plus d'un super pilote. Il m'a attendu sur la route sans ça, il serait arrivé bien plus tôt. Je m'assieds sur les genoux d'Andy qui place instinctivement ses mains autour de moi.
La mienne se place dans sa nuque, lui accordant quelques papouilles alors que je poursuis la conversation avec ses parents. Il ne parle plus du tout, comme s'il était... Absent... Il y a bien un problème, avec son père, c'est désormais une certitude... Il caresse ma cuisse, en jouant avec le tissu de ma robe patineuse. Motarde oblige, j'ai enfilé un cycliste fin en dessous juste avant de prendre la route. Il m'octroie quelques regards parfois, mais il semble vide... Le voir ainsi est plutôt difficile, surtout que je sais que c'est ma faute, si on est venue ici.
Hélas, je dois l'abandonner quelques instants pour suivre Lise qui tient absolument à me montrer ses nouveaux tableaux. Elle peint, à ses heures perdues. Je ne m'intéresse pas à l'art, mais la voir si heureuse et enthousiaste m'incite à la suivre. La panique d'Andy passe à travers mon corps, alors qu'il me relâche douloureusement tout en m'agrippant, malgré lui.
— Je reviens vite, mon amour... Ses lèvres se bousculent sur les miennes, comme s'il avait besoin de se donner un peu de force.
— Prend le temps, chaton... C'est bon. Il se tente à me faire un sourire, mais je sens son regard hurler...
L'homme au cheveu grisonnant et à la carrure imposante qu'est John nous observe, amusé. Je ne comprends pas ce qui a pu se passer entre eux, en le voyant ainsi... Mais pour qu'Andy ait de telles réactions, j'imagine que ça doit être plutôt grave... Je m'éloigne lentement, alors qu'une boule d'angoisse se loge en moi. Mais les paroles de son père me rassurent, pendant que je suis Lise.
— Alors fiston, cette bécane ? Elle a un beau ronronnement !
S'ils parlent moto, ça devrait aller... Enfin j'espère. Je la suis dehors, traversant le jardin jusqu'à sa verrière. Ce grand espace au fond du jardin est un vrai havre de paix, lumineux, paisible... Ses toiles y sont exposées avec amour et l'une d'elles m'attire plus que les autres. Elle a peint un petit garçon qui regarde à l'encadrement d'une porte, une jeune fille qui pleure sur un canapé.
— Tu te rappelles ? Déjà haut comme trois pommes, il te regardait pleurer avec des yeux d'amour... Je caresse doucement la peinture sèche.
— C'est le jour où il m'a offert le scoubidou... N'est-ce pas ? Une larme glisse sur le sol.
— Oui... J'ai toujours su que ça arriverait un jour. Vous deux. Tu sais, je crois que tu es là seule chose à laquelle mon fils tiens vraiment... Il n'a pas toujours un caractère facile, surtout à cause de son père, mais il donnerait tout par amour... Il a un cœur d'or.
Elle me sourit, de façon bienveillante, alors que mes larmes s'écoulent une à une. Est-ce ce jours-là, que nos cœurs se sont liés à jamais ? Je regarde le scoubidou pendu à mes clés et le garde contre mon cœur. Je me rends compte à cet instant que lui et moi, ça va bien au-delà de tout ce que j'ai toujours pu croire où penser. C'est lui, et ça l'a toujours été, en réalité...
— Ta toile est magnifique, Lise... Mais... Il se passe quoi entre Andy et John ? Il ne veut rien me dire, pourtant je vois bien que quelque chose ne va pas... Je la supplie du regard, les lèvres tremblantes.
J'ai besoin de savoir, de comprendre ce qui peut le mettre dans un tel état. Son père est parfois lourd, mais il n'en est pas méchant pour autant. Du moins, il ne l'a jamais été envers moi. Elle me console, dans ses bras, avant de m'inviter à m'asseoir quelques instants avec elle. Le petit salon qui trône au milieu de cet endroit entouré de vitres et de plantes est magique... Je comprends qu'elle aime tant être ici. Elle nous lance deux cafés, avant de revenir avec la même tendresse dans le regard qu'Andy... Ça ne fait même pas dix minutes et il me manque déjà, bon sang...
— Ma chérie... N'en veut pas à Andy de ne pas t'en parler et essaie de le garder pour toi. Il... Veut juste te protéger.
— Mais me protéger de quoi Lise ? De John ? J'écarquille les yeux, de surprise.
— Oui... Il n'est pas celui que tu crois, et je l'ai toujours caché au monde. Il a des bons côtés, agréable et Jovial... Mais il a aussi énormément de démons qu'il a déporté sur son fils, qu'il tient de son propre père. On ne pourra jamais le changer, hélas... Et c'est pour ça que je ne peux pas en vouloir à mon petit garçon de s'éloigner de nous...
Elle se met à pleurer, en m'expliquant que c'est Andy qui m'entraînait pour que John n'ait jamais une mauvaise influence sur moi. Et que c'est pour ça que je n'ai rien vu. Car lorsque ça n'allait pas, Lise m'écarter pour me protéger, j'avais déjà bien trop souffert pour subir ça, d'après elle. John est un coach toxique, et est tellement aveuglé par la carrière de pilote professionnel que pourrait avoir son fils qu'il en devient violent, tant par ses mots que par ses gestes... Il n'y a que la gagne, pour lui. Et il faut que son héritage de gagnants se poursuive. Il est le seul enfant de la famille, et par conséquent, toutes les attentes de son père reposent sur ses épaules. Ils sont pilotes de père en fils depuis plus de 5 générations, alors entendre qu'il ne souhaite pas passer pro l'as rendu fou, plus d'une fois.
Andy ne se battait pas, à l'école, comme je le pensais durant toutes ces années. Mais c'est son père qui lui infligeait des coups pendant les entraînements. J'écoute Lise avec une peur viscérale qui s'installe en moi. La peur qu'une fois de plus, elle me tienne à l'écart alors qu'il est seul avec son père... Mais aussi la crainte qu'elle ait subi des mauvais traitements, elle aussi. Je n'arrive pas à croire que John puisse être un tel monstre, et que pire encore, ils aient enduré ça tous les deux sans jamais recevoir l'aide nécessaire pour s'en sortir.
— Mais Lise... Et vous, il...
— Non, il ne m'a jamais touché... Engueulé, oui. Je ne lui ai pas donné un fils avec assez d'ambition, mais une femmelette... Tu sais, j'ai hésité à partir. Plus d'une fois, pourtant je n'ai jamais pu. Je... L'aime, malgré tout ce qu'il a fait... Et j'ai peur pour mon fils, mais je suis heureuse qu'il ait trouvé en toi le soutien nécessaire pour s'en sortir. Même si pour être pleinement heureux, il me met à l'écart en même temps que John. Je ne peux que le comprendre...
Mes larmes allaient percer, mais un bruit provenant de la maison nous encourage à nous lever d'un bond, toutes les deux. Nous nous regardons avant d'entendre les voix s'élever entre les deux hommes... Non, Andy... La peur qui lui arrive quelque chose me gagne, et je sens une adrénaline encore inconnue en moi. Une montée de chaleurs, qui me conduirait à gravir des sommets, pour le protéger.
— Reste ici, Kiara. Je m'en occupe... Elle se précipite, mais je la suis d'un pas bien décidé.
— Non Lise ! Tu n'es plus toute seule, pour gérer ça. Je ne laisserai pas Andy sombré...
Ses yeux larmoyants sont remplis de gratitude, alors qu'on rentre dans la maison toutes les deux. À peine, nous sommes arrivées dans le salon, qu'une vision d'horreur se déroule devant nous... Andy est rouge de rage, et les veines de ses tempes sont prêtes à exploser. Je suis ses bras du regard, terrifiée. Je ne le reconnais pas, ne l'ayant jamais vue ainsi, alors qu'il sert le cou de son père en hurlant...
— Ne t'avise plus jamais de parler d'elle ! Tu ne la détruiras pas, jamais ! Je t'interdis de l'approcher, tu piges ça ? Il sert de plus en plus son emprise autour de sa gorge...
Un frisson me parcourt, son regard n'est plus que furie, rancœur et haine. Il pourrait le tuer, si on ne l'arrête pas. Lise tente de les séparer, mais finis propulsée contre le canapé d'un simple revers de main... Les paroles fusent, mais mon corps reste là, immobile. Il ne m'a pas encore remarqué.
Kiara, tu dois l'aider...
Tu dois faire quelque chose...
Tu ne peux pas le perdre...
Je sais qu'aucune parole ne rentrera en lui, dans cet état, c'est inutile. Il n'écoute plus rien, ni personne. Mes pas se dirigent vers lui, comme un souffle de vie qui me guide jusqu'à son cœur. J'ai peur de le perdre, pas de lui, pas de ses actes. La seule crainte en moi est celles de ne plus l'avoir dans ma vie...
— Non ma chérie, ne les approche pas, tu vas être blessé ! Lise hurle, apeuré en se tenant au canapé.
Mais mes mains viennent entourer le dos de celui que j'aime. Je sens un sursaut, se dégager de son corps, alors que je le sers contre moi de toutes mes forces. Ma main vient ce placé sur son cœur, prêt à lâcher tant il s'emballe. Haletant, je sens ses muscles ce décontracté au son de ma voix.
— Je suis là, mon amour... Je suis là. Ma voix n'est plus qu'un murmure, alors que mon front se pose entre ses omoplates.
Il le relâche doucement, laissant son père s'effondrer au sol en reprenant son souffle. Il recule en écarquillant les yeux, terrifier, puis se retourne vers moi avec un regard inquiet et d'une tristesse sans égal. Il plonge dans mes bras, s'y effondrant en laissant ressortir toutes ses peines trop longtemps refoulées.
— Excuse-moi... Je ne voulais pas que tu voie ça, pardonne-moi chaton... Je suis désolée, tellement désolée...
Je caresse sa nuque, tout en l'embrassant en silence. Le voir aussi vulnérable me fait mal. J'ai l'impression de ressentir ses sentiments, son mal-être et je ne peux plus laisser passé ça. Toutes ses années, il a encaissé sans jamais rien dire, sans jamais recevoir le soutient dont il avait besoin. Il est le plus mystérieux des secrets que j'ai eus à percer. Je n'ai pas fait tout ça pour le lâcher, aujourd'hui. Son père se relève, fous de rage en s'approchant de nous. Andy se redresse instinctivement, en se plaçant devant moi pour me protéger. Mais cette fois, c'est lui qui a besoin de l'être.
— Tu n'es qu'une femmelette, Andrian ! Tu dois t'endurcir ! Je fronce les sourcils, alors qu'il s'apprête à lui mettre un coup. Je me glisse entre eux, d'une manière déterminée...
— C'est terminé, John. Tu ne lèveras plus jamais la main sur lui.
Un sourire machiavélique se dessine sur son visage, et je comprends pour la première fois qui il est vraiment. Derrière chaque ange peut se cacher un véritable démon. Et il en fait partie... Mais ça ne m'arrêtera pas. Je ne compte pas recourber l'échine devant lui, ce n'est pas dans mes gènes. Je me fiche, de ce qu'il peut bien m'arriver, il ne le touchera pas.
— Et toi... C'est toi qui lui as mis ces conneries en tête. J'aurais dû te corriger bien plus tôt, petite effrontée !
Il lève le poing vers moi, affichant un regard du plus menaçant alors que Lise hurle... Je n'oscille pas le regard, le maintenant dans ses yeux en n'affichant aucune crainte. Ce genre de montres aime voir la peur dans le regard de ses victimes, et il est hors de question que je lui accorde ce bonheur.
— Tu es juste en train de détruire ta famille, John. Tu dois te faire soigner. La main d'Andy vient bloquer le coup qu'il m'envoie...
Il m'écarte de son père en me gardant contre lui pour me garder à l'abri. Lise, elle, est en pleur, recroquevillé par terre... Je crois qu'elle a déjà bien trop vu de violence, et que son cœur est déjà bien trop abimé... Elle dit l'aimer, mais je suis persuadée qu'elle en est terrifiée, et ça peut se comprendre, surtout s'il la manipule depuis tant d'année. Je ne peux pas lui en vouloir, elle est en détresse, autant qu'Andy.
— Ne t'avise même pas de la toucher, car si tu le fais, rien n'arrivera à m'arrêter. Si tu la touches une seule petite fois, le paternel, je te finis à coups de clé de 80 dans ce putain de jardin... John se tord de douleurs.
Je m'aperçois qu'il lui broie la main, et que ses menaces sont des plus sérieuses. Mais, son père ne se démonte pas, et continue... J'ai peur de ne pas pouvoir arrêter Andy, une seconde fois. Mais là, John me regarde de la même manière qu'un serpent prés à planter ses crocs remplie de venin dans sa proie...
— Tu as raison de défendre la petite Sand. Elle en a dans le froc, comme son père avant elle. Lui, il peut être fier de sa fille ! Car si tu ne le sais pas encore, elle, elle a de l'ambition. Une connaissance m'a dit qu'il t'avait mis sur la voie, pour les courses en A Kiara, félicitations. Même si je n'aime pas ces courses de branleurs, je dois bien avouer que tu as toutes tes chances pour passer pro.
Ses mots sont pires qu'un simple coup de poing, pour moi. Andy n'est toujours pas au courant, et je suis terrorisée par la réaction qu'il pourrait avoir... Mais surtout, qu'une ordure comme lui puisse parler au nom de mon père, ça me donne envie de gerber.
— Ferme-là John ! Je t'interdis de parler de mon père ! Je hurle de rage, alors qu'Andy me lâche et recule, sous le choc.
— Il ne fallait pas t'en mêler, Sand. Il rigole presque en voyant son fils qui me dévisage, dans l'incompréhension.
J'essaie de le récupérer, en vain. Il s'éloigne de moi, en repoussant chacune de mes approches... Il a le regard meurtri, et je sais qu'il doit se sentir trahi... Je m'en veux terriblement de le faire souffrir encore plus qu'il ne souffre déjà... On a les mêmes rêves, et comme lui, je n'aimais pas toutes ses courses... Mais je ressens en moi ce besoin de savoir jusqu'où je peux aller. Savoir ce que je vaux, au guidon de ma moto. J'aurais préféré lui expliquer tout cela calmement, entre nous... Mais j'ai loupé ma chance. Et voir ce regard qu'il me fait... Je me déteste, putain...
— Je croyais que tu ignorais comment y entrer, dans ses putain de courses, Kiara !
— J'allais t'en parler, je te jure que je n'allais pas la faire dans ton dos, mon amour, fais-moi confiance sur ce coup-là... S'il te plaît...
Mes propres craintes s'emparent de moi alors que je le vois refuser d'un simple geste de tête. Je suis en train de le perdre et quoi que je puisse faire, plus rien ne changera ça... Il attrape les clés de sa moto et sort de la maison, et même si je lui emboîte le pas, je sais qu'il est trop tard... Je le vois démarrer en trombe, impuissante... Mes larmes percent, alors que Lise me retient de prendre ma R7 pour le suivre...
Je m'effondre dans ses bras, bien trop faible, alors qu'on finit au sol toutes les deux... J'ai l'impression qu'on vient de m'arracher le cœur, en voyant la déception dans son dernier regard. Je n'ai jamais voulu ça... Mais c'est ma faute. Cela fait bien longtemps que j'aurai dû lui avouer, car même s'il aurait été en colère... Il ne se serait pas senti trahi comme aujourd'hui... Qui plus est, dans la pire des situations possibles.
— Un vrai dramaturge. C'est peut-être du théâtre, qu'il aurait dû faire, celui-là ! Son père s'exprime, tout guilleret... Comme s'il ne s'était rien passé.
Mon regard le fusille complétement, et l'envie de le tuer me prend... Je n'arrive pas à croire qu'il puisse dire ça fièrement, après ce qu'il vient de faire. Étonnamment, cette situation semble avoir redonné de la force à l'une d'entre nous, au moins. Où à défaut, assez d'adrénaline pour virer ce grand con d'ici.
Lise se lève tels une lionne en lui disant de quitter la maison sur le champ et de ne pas y revenir. Bien sûr, il essaie de la calmer en la faisant passer pour une folle... On aura tout vu. Si seulement j'avais su, bon sang...
— Tu as été trop loin cette fois, John ! On ne t'a pas suffi ? Il fallait aussi que tu t'en prennes à elle ? Et par-dessus tout... À leur couple ? Tu dégages de cette maison, je ne veux plus te voir.
Elle le vire, à grands coups de pied dans le derrière, en lui balançant ses clés de moto... Autant que je m'inquiète pour Andy, son père, à l'inverse peux bien avoir un accident que ça m'est complétement égal... Lise m'aide à me relever, même si l'envie n'y est pas et me fait rentrer à l'intérieur.
Je me retrouve sur ce canapé, à pleurer toutes les larmes de mon corps, comme autrefois... Même si les meubles ont changé de place, depuis, ça me fait tout drôle d'avoir une fois de plus l'impression d'avoir tout perdu, ici. Je me sens... Terriblement seule.
Ne fais pas de bêtise, je t'en supplie Andy...
____Xoxo, Foxy____
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