Chapitre 2 : Défis.
Stormbreak arrive vers moi avec un air arrogant sur le visage, je sers mon téléphone, prête à montrer les crocs. Je ne suis pas de celles qui se laissent faire et je sais pertinemment que ça l'agace au plus haut point. Plus sérieusement... Je n'en ai rien à foutre.
Ce brun mat de peau aux yeux vert est loin de me faire frissonner. Même s'il fait peur à la plupart des personnes. J'ignore si ce sont ses joues creusées où sa barbe qui lui donne des airs plus sauvages, mais en tout cas, ça ne fonctionne pas sur moi.
— Salut, Speedrain. Enfin, Slowrain plutôt non ? Tu ne décolles pas en visibilité en ce moment. Tu as vu ma dernière vidéo sur Heatedly ? Je voulais tant lui faire bouffer son sourire, mais je n'en ai pas eu le temps. Andy lui répond, jouant le chevalier servant qui arrive à ma rescousse une fois de plus...
— Et toi, tu as vu celle qu'elle vient de publier ? Ce genre de performance te dépasse, et puis je ne pense pas que tu sois assez agile pour la reproduire, celle-là. Lâche là, et va voir ailleurs si on y est.
— Andy, t'occupes pas de mes affaires.
— Oh... Il y a de l'eau dans le gaz entre vous. C'est peut-être mon jour de chance avec toi Kiara... Si on faisait une course ailleurs que sur Heatedly ? Celui qui l'emporte a l'autorisation de poster la vidéo de sa victoire écrasante... Andy fronce les sourcils à cette demande, mais moi, j'y vois une opportunité en or. Humilier enfin ce connard en faisant griser mes pneus... Rien de mieux.
— Elle ne court pas aujourd'hui, c'est dommage pour toi. Viens Kiara.
Je rugis de l'intérieur. Je n'ai aucune idée de ce qui lui prend aujourd'hui, mais je commence sérieusement à me demander où est passé mon meilleur ami. Nous qui sommes d'habitude si fusionnels et connecter... Notre dispute de tout à l'heure vient de tout casser entre nous, et ça, ça me fait chier. Je vais devoir lui parler sérieusement, mais ça va devoir attendre un peu.
— Ne l'écoute pas. Enfourche ta bécane, j'arrive. Un run jusqu'à chez Fawel. Le premier de retour ici l'emporte. Tout est permis, et crois-moi que je vais te bouffer Vic'. Vic', c'est le diminutif de Victor. Alias Breakstorm, le gros lourd remplie de muscle avec un cerveau aussi petit que celui d'une mouche. Il me gonfle, depuis toujours.
J'attrape mon casque, que j'avais posé à côtés de moi avant de me diriger vers la R7. Andy pète un plomb, mais je ne l'écoute pas. Je le pousse de mon chemin d'un revers de mains. Ici, on est sur les parkings de la zone industrielle d'Atlanta. Autrement dit, on est dans les bas fond de la ville. Les grands PDG y sont les rois, de jours. Mais nous, on règne sur cette ville la nuit, faisant vrombir nos moteurs comme des orages. Certains qualifieraient le son de nos bécanes en disant qu'elles font trop de bruit, mais pour moi, c'est la plus belle musique du monde.
À chaque rassemblement, on ramène de quoi faire la fête... On partage les lieux avec les coureurs auto cependant on ne se mélange pas. Chacun reste de son côté, même si le leur m'attire un peu, avec leurs néons et leurs sonos directement dans leurs coffres. Ici, les pneus frôlent le sol en faisant des burn et les fumigènes colorés envahissent l'atmosphère. On se dispute le titre de roi de la nuit, mais en réalité, c'est la même passion qui nous anime. Même si tout le monde n'est pas d'accord avec ça.
Molly, elle, se ramène régulièrement avec sa caravane pour nous ravitailler en bière et autre petits plaisirs. Les plus fous d'entre nous amènent des alcools plus fort, comme de la Vodka où du Rhum. Personnellement, la bière me suffit.
Au vu du défi imminent, les motards se rassemblent. Vic' semble prêt, alors que j'atteins mon bijou. Je m'y installe confortablement avant d'y insérer les clés, mais Andy vient les retirer du contact.
— Bordel, tu m'écoutes au moins petite peste ? Tu joues à quoi là ? Tu sais très bien qu'il pourrait t'envoyer dans le décor pour gagner !
— Bon, écoute-moi bien, et ouvre en grand tes oreilles. Tu n'es ni mon mec, ni mon père. Alors le jour où tu seras autorisée à diriger ma vie, crois-moi, il n'est pas encore arrivé. Donne-moi cette maudite clé et arrête de me faire chier ! Mes mots sont sanglants, et ont complétement échapper à mes pensées. Il me regarde d'un air triste, avant que la colère ne s'empare de lui...
— Pas de souci. Tiens, ta clé. Mais attends, regarde ça... Tu peux oublier notre amitié. Il vient d'arracher le scoubidou qu'il m'avait offert, après la mort de mes parents... Il est devenu mon porte-bonheur, pendant toutes ses années, et je n'avais jamais roulé sans lui. Mes larmes montent.
— Non mais Andy... Tu sais très bien ce qu'il représente pour moi ! Pourquoi tu as fait ça ?
— Si tu n'es pas assez grande pour le comprendre, réfléchis un peu plus. Tiens, il t'attend. Il insère la clé dans le contact, avant d'allumer ma R7. Puis, il s'en va... Je ramasse le bout de plastique qu'il vient de jeter par terre, en le gardant dans ma poche. Une larme m'échappe...
Mon cœur bat à tout rompre, alors que je n'ai envie que d'une chose, avoir une discussion avec lui. C'est... La pire soirée qu'on ait jamais passée, tous les deux. Je garde le silence, en avançant vers le point de départ ou de nombreuses personnes se sont déjà rassemblées...
— Prête à manger la poussière, Speedrain ?
— Pas si je reste devant, non. Mais, toi, j'espère que ta visière résistera aux cailloux que mes pneus vont t'envoyer. Je souris douloureusement, avant de regarder droit devant moi. Je ferme mon casque, mains sur le guidon... Je suis prête.
Probablement alerter par Andy, les gars de l'équipe rappliquent parmi les spectateurs, affichant des airs inquiets. Je ne fais que rarement les défis de ce genre, à tel point qu'ils ne connaissent pas mes capacités en dehors des courses plus habituelles. Mais, au fond, je sais que je gagnerai. J'ai horreur de la défaite, et évidemment, je n'aurais pas accepté si elle était perdue d'avance.
Les motardes hurlent mon nom, m'octroyant leur soutient. Avant de m'élancer au signal, je mets deux doigts sur mon casque puis, je les envoie en leur direction pour les remercier... Puis je mets les gaz, distançant rapidement Breakstorm avant de voir une nana, sur la moto d'Andy. Elle lui avale la langue, alors qu'il tourne la tête vers moi, à mon passage.
J'ignore ce qu'il se passe, mais... Même si je n'ai jamais eu d'autres sentiments qu'une grande amitié pour lui... Mon cœur se serre. Il me sourit avant de me faire un ultime doigt d'honneur et replonger dans la bouche de ce poulpe hideux... Il aurait pu en choisir une plus belle que ça, je n'en ai aucun doute. Jamais il n'a laissé la moindre fille monter sur la R1, sauf moi. Je ne me connaissais pas aussi possessive et jalouse, en amitié. Pourquoi ça me fait chier putain...
Perdu dans mes pensées, et légèrement troublée par ce que je viens de voir, je m'aperçois que Vic' est au coude à coude avec moi. Je jure, dans mon casque avant de tourner les poignets, accélérant encore plus tout en me penchant contre ma moto. Je pourfends l'air, repassant rapidement en tête. Je laisse ma rage ce répandre sur ma conduite...
Avec le retard que j'ai pris, je refuse de freiner, à la sortie du parking. Je sais que si je fais un bon drift et un posé de genoux, je passerai aisément l'épingle. J'y laisserai de la gomme et du métal, s'il le faut !, pensais-je. Je jette un œil en arrière, voyant des motards qui nous suivent pour admirer nos exploits, et filmer. Alors qu'ils se préparent au spectacle ! Car ce sera grandiose.
J'accélère encore, avant de relâcher la poignée au vu de la manœuvre. Je me déhanche et je plie mon bras intérieur dans le prolongement de mon guidon. Je mets mon pied sur sa pointe et je le tourne vers l'extérieur, débloquant ainsi ma cheville pour ouvrir naturellement ma jambe. Je me penche instantanément, luttant harmonieusement avec le poids de ma moto tout en regardant loin devant moi, pour maintenir une belle courbe et ne pas trop perdre de vitesse...
Mes sliders en métal viennent frotter le sol, envoyant une traînée d'étincelle en arrière, tout droit sur Vic'. Puis, je redresse. Je l'ai brillamment passé, et lève un poing en l'air, pour la vidéo... Enfin, je me reconcentre, n'étant plus dans une zone vide, je dois maintenant composer avec le décor. Des rues plutôt étroites, des feux rouges et des vitrines de magasin éblouissantes tant leurs lumières viennent percer l'obscurité. Des passants, et d'autres usagers se mêlent à tout ça.
Autant que je n'ai pas peur d'être un danger pour moi-même, je refuse de mètre en danger les autres. Je mets les gaz, distançant complétement mon adversaire que je ne vois plus dans mes rétros. À moins qu'il connaisse un raccourci ? C'est une possibilité. En quelques minutes à peine, j'arrive devant une petite épicerie de nuit. Je la prends en photo en passant, avant de repartir vers l'immense parking de notre zone industrielle. Quand je le vois, à une rue de moi.
J'emprunte le même chemin, le suivant de près, mais je m'aperçois qu'il y a un tremplin à passer...
Putain merde, je vais y laisser mes suspensions...
Comment il peut maltraiter sa cylindrée ainsi ?
On ne roule pas en cross sérieux !
Je décide de ralentir, pour réduire l'impact et partir en weeling. Histoire de limiter les dégâts au maximum... J'ai envie de le tuer, mais je vais l'avoir cet idiot. Je m'élance dans les airs, décollant lourdement. Mon cœur palpite, à l'idée de briser un truc sur mon bébé... Je sers les dents, au moment de l'impact, en entendant un bruit métallique désagréable sur ma roue arrière... Ça n'a pas loupé. La rage monte en moi, alors que j'accélère comme une folle, le regard perçant.
Je revois l'image d'Andy se faire avaler la bouche par cette sangsue... Je ne freine pas, à la vue du prochain feu rouge, trop ancrée dans la colère qui m'envahit. 3.2.1, le feu s'éclaire d'un vert flamboyant à mon passage. Un coup de bol que tous n'ont pas toujours, et j'en suis consciente.
Le point positif ? Je suis repassée en tête, et la ligne d'arrivée m'appelle, à seulement quelques mètres. Ce pouvoir qui m'anime est addictif, cette adrénaline... Tous mes sens sont en éveil. Dernier virage, et c'est la ligne droite. Je me penche, fixant ma cible comme un aigle sauvage. Je file à toute vitesse, voyant presque le vent se dessiner devant moi. 1 mètre... Et c'est la victoire !
D'un dérapage, je me retourne vers eux tout en faisant fumer ma roue arrière... Puis, je fais tourner ma moto en gardant un pied au sol, y créant des cercles dans la poussière... Au point où j'en suis, niveau réparation, je peux bien leur offrir un peu de spectacle avant d'éteindre ma panthère rugissante. Je retire mon casque, avant que l'équipe me saute dessus et me prennent sur leurs épaules...
— Bordel, tu n'es pas une motarde Kiara ! Tu es la déesse de la ride ma parole !
— Svenn, ne me flatte pas comme ça je vais plus sentir mes chevilles ! Je riais, heureuse comme jamais...
— Mes gars t'ont envoyé la vidéo. Je te jure que tu ne t'en sortiras pas comme ça Kiara, mais je suis fair-play. Un deal, c'est un deal. Il me dit cela en étant rouge de rage et en balançant son casque au sol.
— Merci Vic'. Mais, si je casse à nouveau un truc sur ma bécane à cause de toi, je te tue ! Tu penseras à liker, quand tu la verras dans ton feed, la vidéo de la victoire... Écrasante, c'est ça que tu disais non ?
Je m'éloigne, en le narguant alors que les gars m'ont reposée. Je ne suis pas peu fière, et je vois plus loin Andy qui est tout seul, les bras croisés contre un poteau. Tiens sa morue en a eu marre de se faire laver la bouche ? Il me fixe, sans rien dire. Alors que je m'adresse à Jack qui me demande où j'ai appris à poser le genou, il finit par ouvrir la bouche en répondant à ma place.
— À ton avis, Jack ? Kiara, elle a quoi la R7 ? Il s'approche de nous d'un pas décidé.
— C'est mon problème, pas le tien.
— Kiara, une vraie motarde pense à sa bécane, avant la victoire.
— Bon, les gars... After au Kwidi ? J'ignore Andy, car sinon je crois que ma main va lui atterrir dessus. Mais ils ne me répondent pas, regardant en sa direction.
— Arrête de m'ignorer Kiara t'es en train de me gonfler aujourd'hui.
— Alors casse-toi. Je me retourne vers lui, approchant mon visage du sien avec des yeux injecté de haine...
Il émet un rire nerveux avant de ce mordre la lèvre... Je me surprends à trouver ces fossettes... Sexy. Putain, mais qu'est-ce qu'il me prend ? Depuis quand j'ai des pensées comme ça moi ? Me dis-je intérieurement. J'ignore ce qu'il se passe entre nous, aujourd'hui. Mais, on doit ce reprendre.
Il me prend les clés des mains avant de les envoyer à Solarus. J'essaie de les récupérer, mais il me tire derrière lui en marchant vers sa R1. Cette bécane sur laquelle un peu plus tôt... Putain, je suis jalouse là ?
— Solarus, occupe-toi de mettre la R7 dans mon garage. Kiara et moi, on doit discuter, on ce retrouve d'ici à 45 minutes pour l'after. Solarus accepte, en riant. Ils rient tous, pourtant moi, j'enrage.
Je me débats, pour qu'il me lâche, mais il ce retourne et me hisse sur ses épaules... Il ne me laisse pas le choix, alors que je voie déjà ma moto s'éloigner. Je hurle de colère, mais il reste silencieux et me maintient fermement. Puis, il me pose devant sa bécane.
— Monte.
— Tu me prends pour les pétasses que tu emballes ou quoi ? Je ne monte pas avec toi, que ce soit bien clair. Je croise les bras, devant la R1 alors qu'il m'y plaque en gardant un bras de chaque côté de moi.
— Stop, arrête de jouer avec mes nerfs. Tu vas monter sur cette moto, et on va discuter, toi et moi. J'ignore à quoi tu joues, mais tu es en train de me rendre fou ce soir.
Nos yeux s'explorent comme jamais auparavant. Et je me surprends à admirer ses lèvres parfaites... Une tension monte en mon cœur, alors que je remarque sa pomme d'Adam bouger. Il avale difficilement sa salive, alors que nos regards ce combattent, ce narguent... Il finit par m'embrasser sur le front, pour m'apaiser. Le pire, c'est que ça fonctionne.
— Petite peste, je ne veux pas rester fâché avec toi. Tu es comme ma sœur bordel... On ne s'est jamais disputé comme ça, et je n'aime pas ça. Alors si tu ne veux pas parler, on ne parle pas, mais viens rouler avec moi.
Je souffle de mécontentement, mais je monte à l'arrière de sa moto... Moi non plus, je n'apprécie pas cette situation. Parce que le perdre, ce serait pour moi comme perdre la seule famille qu'il me reste. Il prend place à son tour et démarre, alors que je garde mes mains en arrière.
— Kiara, tes mains.
— Roule, je suis bien comme ça. Il souffle à son tour avant de ce retourner pour plaquer mes mains contre son torse, après les avoir attrapés de force.
— Tu ne les bouges pas de là.
Alors que je commence à les retirer, il accélère et freine brusquement, me forçant à me serrer encore plus à lui. Je sens son torse remuer, comme s'il riait. Je finis par les laisser là, réfléchissant à ce qu'il veut me dire. Mais surtout à la façon dont une simple petite dispute a pu prendre autant d'ampleur. J'espère qu'on arrivera à redevenir comme avant, car je ne veux pas perdre mon meilleur ami...
____Xoxo, Foxy____
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