Chapitre 74
En rentrant chez moi sur mon skate, je trouve le paysage magnifique. Je suis absolument certain que lorsque mes frères vont me voir, ils devineront sur-le-champ ! Je ne suis plus le même, en une après-midi, j'ai grandi. Jenny a fait de moi un homme. Je ne suis plus puceau et j'ai envie de le crier à tout le monde.
La réalité est bien différente car personne ne se rend compte de rien. Mon père est occupé à arroser sa plantation qui a grandement besoin d'eau en ce mois d'août.
— T'arrives d'où ? me questionne-t-il sans même jeter un œil sur moi.
— De quelque part !
Je reste planté fièrement devant lui. J'espère qu'il va approfondir sa question.
— Tu comptes bouffer ici un de ces quatre ?
— Je ne sais pas !
Il semble plus préoccupé par ses plantes que par mon éternel vagabondage, mais je ne baisse pas les bras. Je m'assois face à lui en attendant patiemment de subir mon interrogatoire.
— Où tu étais ?
— Chez Jenny...
J'affiche un grand sourire qui en dit long en prononçant ces mots. Malheureusement, mon vieux n'y prête aucune attention...
— Je ne veux pas que tu squattes chez les gens !
— Ses vieux sont pas là !
— Ferme-moi le robinet, branleur !
Pas une petite allusion à ce que je pourrais faire avec cette fille lorsque nous sommes tout seuls. Rien ! Quelle déception pour moi ! Je l'abandonne dans son jardin pour voir si mes frères seront plus réceptifs.
En montant dans ma chambre, j'entends parler du côté de chez Max. Lorsque je me penche à l'encoignure de sa porte pour le fixer, il lève à peine les yeux vers moi. Il fait un Face Time avec Agathe et il me fait signe de dégager. Je n'ai personne avec qui partager ma joie. Ah si ! Jenny !
Je continue d'aller régulièrement chez elle tous les après-midis en attendant la rentrée. Je dois avouer qu'il ne me vient même pas à l'esprit de surfer.
Terminées les baignades et séances de bronzage, il s'est mis à pleuvoir et ça ne nous pose aucun problème. Nous arrivons à nous occuper des heures entières, et quand nous sommes enfin rassasiés, nous regardons une série sur ordi...
Un matin, alors que je suis sur mon skate en direction de chez celle qui est désormais devenue ma sex-friend, je tombe sur mon pote Dylan. Il vient d'arriver de son pèlerinage gitan. Quand il me voit, il me fait signe de m'arrêter.
— Salut Speed, alors tes vacances ?
— Nickel et toi ?
— Bien, bien ! Tu vas où ?
— Nulle part... Je me promène !
Je décide de garder mes parties de jambes en l'air pour moi. Mes potes ont tout le temps d'apprendre que je me tape la petite Jenny.
— On pourrait aller surfer ? propose Dylan.
La tentation est grande. Jenny ne devrait pas trop m'en vouloir si je fais l'impasse sur elle aujourd'hui ! Après tout, ça fait bientôt trois semaines qu'on passe nos journées ensemble...
— Pourquoi pas. On prend le bus de midi ?
— Ok ! T'as des nouvelles de Jimmy et Marion ? me demande Dylan.
— Pas plus que ça... Pourquoi ?
— Comme ça ! Je me demandais juste s'ils étaient toujours ensemble !
— De quoi tu parles ?
— T'es pas au courant ? s'arrête-t-il soudain pour m'observer, ne sachant pas si je plaisante.
Mais bien sûr que je ne sais rien en ce qui concerne Marion et Jimmy ! Et je voudrais bien savoir de quoi il s'agit.
— Au courant de quoi ?
— Bah que Jimmy et Marion sortent ensemble.
Je ne me sens pas bien du tout en entendant Dylan me balancer cette information. Une profonde amertume m'envahit. J'imagine ma Marion en train d'embrasser ce gros porc de Jimmy qui doit essayer de la tripoter. Ça me fend le cœur, bordel ! Je suis mort de jalousie. Depuis combien de temps je n'ai pas de nouvelles de Marion ? Je ne sais même pas. Elle ne m'a quasiment pas écrit depuis que je suis parti à Nice. Elle était plus ou moins contrariée que je sois sorti avec Dakota. Et sentir Marion se mêler de ma vie, ça me saoule tellement que je l'ai ignorée. Je déteste sentir son emprise sur moi, j'ai l'impression qu'elle se comporte comme si nous étions en couple...
Je ne lui ai pas écrit non plus. Presque pas. Un message comme ça, mais rien de très profond. Elle s'est bien gardée de me dire qu'elle avait embrassé Jimmy !
— Depuis quand ils sont ensemble ?
— Depuis ton départ !
Un mois et demi que je suis parti. Mais putain !
— Je dois y aller ! j'annonce totalement, bouleversé par la révélation.
— Et pour le surf ?
— Non, en fait, j'ai plus envie !
— Et demain ? insiste-t-il alors que je n'entends plus rien. Speed ?
J'arrive chez Jenny complètement paniqué. Je tremble, je transpire, je suis au bord de l'évanouissement ; en fait j'ai juste envie de chialer comme le pauvre type que je suis.
Je suis tellement en colère, d'abord parce qu'elle sort avec Jimmy, mais aussi car elle ne me l'a pas dit ! Je me sens déplorable, seul et exclu. Lorsque Jenny m'ouvre la porte de sa maison, elle comprend tout de suite que quelque chose s'est produit.
— Marion sort avec Jimmy ! je lui balance à la figure en me jetant sur un fauteuil de son salon.
— Ça date pas d'aujourd'hui, je sais !
— Quoi, tu sais ?
— Tout le monde le sait...
— Non, pas moi, je savais pas !
— C'est quoi le problème, Speed ? Vous n'étiez pas en couple !
— Tu ne peux pas comprendre !
Je suis énervé, je préfère quitter sa maison et rentrer chez moi. J'ai besoin de réfléchir et de me poser pour accuser toute la morosité qui m'est tombée dessus.
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