Anastasia Vandrish

C'était la première fois que cela arrivait.

Le grand quais neuf trois-quarts était complètement silencieux. Un peu moins de la moitié des élèves étaient manquants. Était-ce par peur, à cause de la guerre à venir ? par perte, à cause des nombreuses morts survenues lors de ces vacances estivales ? Personne ne pouvait savoir ce qui poussait les gens à ne plus déposer leurs enfants à Poudlard pour l'année scolaire. Mais la mort d'Albus Dumbledore y était irrémédiablement pour quelque chose.

Anastasia zigzaguait lentement entre les familles encore présentes, cherchant une porte où se glisser afin d'entrer dans le train. Ses longs cheveux blonds ondulés étaient noués en chignon décoiffé sur le dessus de son crâne, mais cela ne l'empêchait pas d'avoir quelques mèches rebelles devant les yeux qui lui brouillaient la vue.

Une fois dans le train, la jeune fille s'installa dans un compartiment vide. Elle glissa sa valise sur le filet au-dessus de sa banquette, puis se laissa choir sur celle-ci dans un soupir. Presque aussitôt après, une jeune femme rousse pénétra dans la pièce.

- Salut Ginny. la salua Anastasia.

- Salut Ana'. Qu'est-ce que tu fais ici toute seule ?

- Avec les temps qui courent, je n'ai pas tellement envie d'être mêlée à la foule... Ginny s'installa face à elle tandis qu'elle soufflait. Tu as vu comme c'était morbide à la gare ?

- Je sais. Et depuis que Harry, Ron et Hermione ne sont plus là, ça ne va pas aller en s'arrangeant.

Anastasia baissa la tête. Le Poudlard de son enfance lui manquait terriblement. Les repas chaleureux dans la Grande Salle, les grignotages de bonbons dans le Poudlard Express, les rires qui résonnaient dans les couloirs... Même les rivalités entre maisons n'étaient pas aussi fortes, ils étaient là pour apprendre et vivre une jeunesse paisible avant tout.

Elle repensait à ses amies qu'elle n'avait pas vues sur le quais. Viendraient-elles en retard ? Étaient-elles chez elles ? Ou bien quelque chose de plus grave leur était-il arrivé... ?

Le trajet était long, triste et stressant. Le train s'arrêtait de temps à autres pour récupérer des Mangemorts qui circulaient dans le train, tels des chiens de garde. Ils cherchaient le Survivant, mais ils ne le trouvaient pas. Anastasia récupéra plusieurs premières années apeurés qu'elle tenta de rassurer comme elle le pouvait. Mais comment rassurer quelqu'un alors qu'elle-même ne savait pas ce qui allait se passer une fois à l'école ?

Lorsqu'enfin le train s'arrêta, la blondinette observa les petits nouveaux se diriger vers les barques qui les mèneraient à Poudlard. Si elle pouvait les protéger, elle le ferait...

Elle grimpa rapidement dans une diligence. Les yeux fermés, elle prit une grande inspiration.

Tout ira bien. se rassura-t-elle. Il suffit de faire profil bas, de ne contrarier personne. Si je fais ça, tout devrait bien se passer.

Comme pour mettre ses dires à l'épreuve, trois Serpentards firent aussitôt irruption dans la diligence. L'un d'eux avait la peau matte et un air nonchalant, la seconde possédait une chevelure brune nouée en queue de cheval et le troisième était un garçon aux boucles brunes et aux yeux clairs. Leurs regards se croisèrent l'espace de plusieurs secondes, et Anastasia détourna rapidement les yeux.

- C'est pas vrai... Blaise, tu avais dis que c'était vide !

- C'est ce que je croyais. Bon, c'est pas grave, on ne peut plus choisir une autre diligence de toute façon.

- Beurk, ça sent mauvais dans le coin. ronchonna la fille.

Le troisième leva les yeux au ciel en offrant un léger sourire à la Poufsouffle. Celle-ci le lui rendit timidement, puis dévia son attention sur les arbres qui défilaient à l'extérieur.

- Alors, dis-moi, c'est quoi ton nom ? l'interrogea le dénommé Blaise en arquant un sourcil.

- Anastasia.

- Tss, elle se prend pour une princesse ou quoi ?

- La ferme Pansy. siffla Blaise. Et tu n'as pas peur de nous ?

Question piège.

Avait-elle peur d'eux ? Elle n'en savait rien elle-même. Elle savait que tous les Serpentards n'étaient pas mauvais, mais ceux-là trainaient avec Drago Malefoy, et tout le monde savait ce que Drago Malefoy avait fait à Dumbledore l'année précédente.

Si elle leur disait qu'elle avait peur, ils en joueraient contre elle, elle n'était pas idiote. Cependant, si elle prétendait l'inverse, Pansy avait de fortes chances de se mettre en colère...

- Je... Je ne sais pas. finit par dire Anastasia en haussant les épaules. Je n'ai pas peur de tout le monde.

Du coin de l'œil elle aperçu le bouclé sourire dans son coin.

- Tu devrais. cracha Pansy. Les Poufsouffles ne servent à rien, encore moins à-

- Bon sang Pansy, y'a-t-il un jour dans ta vie où tu la fermes ? grogna soudainement le garçon dont Anastasia ne connaissait toujours pas le nom.

La concernée poussa un glapissement outré tandis que Blaise ricanait. La blondinette, elle, eut du mal à retenir le sourire qu'elle adressa au garçon.

Lui il ne fait pas peur. se dit-elle intimement. Il est gentil...

Le reste du trajet se déroula dans le silence, seulement interrompu par le bruit des graviers qui craquelaient sous les roues de la diligence. Les élèves sortirent tous du véhicule une fois arrivés aux portes de Poudlard, et le garçon qui avait défendu Anastasia lui tendit l'un de ses sacs avec un léger sourire. Les joues roses, elle le remercia du regard avant de suivre le reste des Poufsouffles jusqu'à leur table.

Elle ne le recroiserait sans doute jamais, mais c'était une rencontre agréable.

Les premières années pénètrèrent dans la Grande Salle peu de temps après l'arrivée de tous les élèves. Ils étaient peu nombreux, et l'expression de leurs visages était difficilement identifiable. Tous tremblaient comme des feuilles, mais était-ce l'excitation, la peur ou la nervosité ?

La jeune fille se souvenait encore de sa propre rentrée. Son nom commençant par un V, elle était en fin de liste, alors autant dire que voir les autres élèves défiler n'était pas rassurant. Lorsque le Choixpeau s'était enfin posé sur ses couettes blondes, ce dernier avait été assez long à choisir.

Tiens tiens... Anastasia Vandrish. Je me rappelle très bien de ta mère. Une Poufsouffle. Ton père était un peu plus turbulent, mais ses bonnes notes lui avaient fait gagner beaucoup de points à Serpentard.

Tu sembles avoir toutes les qualités requises pour entrer dans ces deux maisons. Loyale, ambitieuse... Mais il y a ce petit quelque chose chez toi...

Oui, c'est la meilleure solution.

POUFSOUFFLE !

Elle se souvenait encore de l'extase de sa mère lorsqu'elle avait appris la nouvelle. Son père avait aussi été ravi, il avait même plaisanté en disant qu'elle n'aurait qu'à rencontrer un gentil Serpentard pour qu'il y ait encore un couple jaune et argent dans la famille.

Non, certainement pas. Les Serpentards n'étaient pas tous méchants, mais elle ne se mettrait pas en couple avec l'un d'eux.

Soudain, les pensées heureuses d'Anastasia furent interrompues par la présentation des nouveaux professeurs de l'école.

- Bienvenue à tous pour cette nouvelle année scolaire. salua Rogue, debout derrière le pupitre où se tenait autrefois Dumbledore. Avant que vous puissiez tous manger, je vais vous présenter les divers changements qui ont été opérés au sein de l'école.

Les professeurs se levèrent d'un même mouvement.

- Les professeurs Bibine, McGonagall, Hagrid, Flitwick, Slughorn et Chourave occuperont les mêmes places que les années précédentes. Il n'y aura donc aucune modification quant aux cours de vol, de métamorphose, de soins aux créatures magiques, de sortilèges, de potion et de botanique.

Rogue prit une profonde inspiration avant de désigner d'un geste plusieurs autres personnes qu'Anastasia n'avait jamais vues.

- Le professeur Amycus Carrow, également directeur adjoint, vous enseignera la défense contre les forces du mal, tandis que la professeure Alecto Carrow se chargera de l'étude des moldus. Plusieurs nouveaux éducateurs circuleront également au sein de l'établissement afin de rétablir l'ordre. Parmi eux se trouveront Walden Macnair, Rabastan Lestrange, Augustus Rookwood ainsi que Thorfinn Rowle.

Tous, presque sans exception, d'anciens prisonniers à Azkaban. Tous, presque sans exception, soupçonnés d'être des alliées de Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

Et l'année ne faisait que commencer...