Chapitre 39
"Pourquoi faut-il que l'amour qui est si doux d'aspect, mis à l'épreuve, soit si tyrannique et si brutal ?" - William Shakespeare
La route fut longue, très longue. Ce fut un plaisir de rouler durant de de ci-longues heures dans mon cabriolet. Les sièges sont d'un confort inégalable. Je n'ai même pas eu à mettre de musique tant le bruit de son moteur est agréable.
J'arrive dans la petite ville de Gassaway à 16h07 soit en environ 1h30 de moins que le temps annoncé par le GPS. Pourtant j'ai fait plusieurs pauses essence. Peut-être ai-je sans m'en rendre compte dépassé la limite de vitesse sur l'autoroute.
Gassaway est une très petite ville. Je ne sais même pas si on peut appeler cela comme ça. Elle est construite sur une plaine. Il y a beaucoup de verdure et les routes ne sont qu'à une voie. Je passe devant l'église qui est à côté d'une école qui est à côté d'une épicerie et tourne sur la droite. Il n'y a que très peu de passants sur les trottoirs. Cette ville a l'air bien trop ennuyante et monotone pour quelqu'un comme elle. Elle adorait New-York, elle ne peut que détester cet endroit.
Je roule durant 4 minutes au pas. Je suis dans une zone pavillonnaire. Il n'y a aucun immeuble, uniquement des maisons. De petites maisons qui semblent renfermer une bonne dose de charme et d'humidité. Celle indiquée par l'adresse, n'ayant pas de parking, je me stationne dans un coin réservé à cet effet une dizaine de mètres plus loin.
Je ne vais pas dire que je ne suis pas stressé. Ce serait mentir. Cela fait 10 mois que nous ne nous sommes vus et je suppose que pour l'un comme l'autre, ces 10 mois ont changé notre vie. La maison a une jolie petite allée qui mène à une façade en briques rouges. Je toque contre la porte bleue-grise. Du bruit se fait entendre à l'intérieur puis on vient m'ouvrir.
Je suis déçu et commence à me demander si je n'ai pas fait tout ce chemin pour rien. Après tout, Anna aurait très bien pu me baratiner. Une jeune fille vient m'ouvrir. Elle doit avoir 14 ans ou peut-être 13. Elle a des cheveux blonds, bouclés et des yeux verts émeraudes. Elle me sourit et ses dents de devant ne sont pas très bien alignées.
"-Bonjour, je dis gentiment. Est-ce que Marguerite Conover vit ici?
-Vous êtes un ami de Madame Maggie? Elle ouvre grand les yeux.
-Oui. Elle vit bien ici? J'hésite.
-Oui mais elle est au travail.
-Tu sais si elle reviendra dans longtemps?
-Non, dans trente minutes environ puisque je dois aller rejoindre mon petit-ami au lac. M'explique la fille.
-Je peux rentrer pour l'attendre?
-Oui bien sûr! Elle me laisse passer. Vous venez tout juste de New-York? Elle me demande intéressée.
-Oui exactement.
-Vous devez être affamé. Je vous proposerais bien quelque chose à manger mais je ne suis pas chez moi.
-Ne t'en fais pas ça va. Mais j'aimerais bien tout de même boire un verre d'eau. Tu sais où est la cuisine?
-Oui! Suivez-moi."
Le salon n'est pas très grand mais il est en ordre. Je me demande à quel moment Marguerite a-t-elle appris à ranger. Ou peut-être est-ce le petit job de la blonde, car, je ne comprends pas vraiment quelle est son utilité ici.
"-Vous vous appelez Stef? Elle me questionne soudainement.
-Non, moi c'est Nate et toi? Je souris face au surnom que me donnait Marguerite.
-Vous êtes Nate? Elle lance surprise. Je m'appelle Camille. Madame Maggie va être tellement contente de vous voir. Elle me raconte tout le temps à quel point vous la rendiez heureuse et à quel point elle vous aime.
-Vraiment? Je bois mon verre d'eau pour ne pas montrer à quel point ce qu'elle me dit me touche.
-Venez! Suivez-moi. Je vais vous montrer Lila."
Camille me tire par le bras et m'entraîne à l'étage. Je me persuade que Lila n'est qu'un animal de compagnie de Marguerite. Un chien, ou encore une tortue, même une souris ça me va.
Je dois bien me résoudre à comprendre que Lila est une personne quand nous arrivons dans une chambre. Il y a des photos de fleurs de lilas accrochées aux murs et un berceau au-dessus duquel gravitent des planètes. Je me mets à trembler. Marguerite a peut-être retrouvé l'amour et décidé d'avoir un enfant avec lui.
Alors pourquoi ce bébé semble aussi grand et plus important, pourquoi porte-t-il autour du cou le collier que j'ai offert à Marguerite en signe de mon amour pour elle? Je me mets à voir flou. C'est tout simplement impossible. Nous nous sommes systématiquement protégés. Je n'ai pas d'enfant. J'ai 18 ans, je suis un jeune comme tous les autres. Je n'ai pas de petite fille.
Elle est tellement mignonne. Elle est brune et a de grosses joues. Sa peau semble douce comme la pêche. Elle a le nez de Marguerite et les yeux verts. J'ai les yeux de quelles couleurs moi déjà? Violets. Oui, il doivent être violets. Je vais tourner de l'œil, ou vomir ou les deux à la fois.
"-Tu sais qui est son père? Je demande la gorge sèche.
-Bah, vous! Elle me regarde comme si c'était évident.
-Moi? Je répète timidement."
La blonde hoche la tête et je m'assois au sol. Collant ma tête contre les barreaux du berceau. Ma vie est finie. Autant directement appeler mon père et lui dire de céder toutes mes parts à Sacha. Je ne suis qu'un incapable. J'ai un enfant. Mon père est grand-père, ma mère grand-mère et Sacha est tonton. Mais plus important, je suis papa. Du verbe, être papa. C'est un vrai bébé, pas comme ma voiture qui n'est qu'un objet, très onéreux certes mais ce n'est qu'un objet. Là, c'est un vrai bébé, en chaire et en os et sa vie n'a pas de prix.
Je ne sais pas ce que je fais encore là. Je devrais fuir, prendre mes jambes à mon cou, ne plus chercher à rentrer en contact avec Marguerite. Ma vie a un sens, je ne peux pas me permettre de tout gâcher maintenant. Je n'aurais jamais dû dire à Anna de la rechercher, j'aurais dû l'oublier jusqu'à ce que je sois dans ma tombe.
Je sens que l'on touche mes cheveux. Je me retourne et constate que c'est Lila. Elle tente d'attraper mes cheveux mais comme je lui fais face, elle passe sa minuscule main sur mon visage. Je fond comme un fondant au chocolat. Ses yeux sont ouverts et sa bouche semble former un sourire. Elle me regarde, je la regarde.
Je me relève et prends Lila dans mes bras. Je n'ai pas tenu beaucoup d'enfants dans ma vie. C'est peut-être même le premier qui m'est donné de porter. Je fais de mon mieux mais Lila n'a pas l'air très à l'aise. Elle s'agite alors que Camille me regarde amusée.
"-Même-moi je la porte mieux que vous."
Je laisse la blonde parler et me concentre sur l'ange qui se trouve devant moi. Elle me sourit, elle n'a pas encore de dents. Elle est si mignonne. Je ne sais pas quoi lui dire alors je me contente de lui sourire. C'est magique comme moment. C'est le plus beau moment de ma vie.
Nous sommes dans le salon, Camille, Lila et moi quand la porte d'entrée s'ouvre, créant un courant d'air dans la maisonnette. Je serre Lila contre moi et me lève. Je ne sais pas si elle ressent mon stress mais pour la première fois depuis mon arrivée, elle se met à pleurer.
"-Non mon bébé! Ne pleure surtout pas. J'entends sa voix se rapprocher. Maman est là.
-Madame Maggie, tu vas être tellement contente de voir qui est venu vous rendre visite à toi et à Lila! Camille court l'accueillir.
-Vraiment? Qui donc?"
Marguerite arrive dans le salon et je la reconnais aisément malgré son changement radical de look. Fini la Marguerite aux longs cheveux noirs. Elle les a coupé jusqu'à former une coupe carrée et se les a teint en roux. Étrangement le tout lui va très bien. Mais elle semble épuisée, elle a des cernes sous les yeux. Si je ne la connaissais pas, je ne parierais pas sur le fait qu'elle n'ait que 18 ans.
Elle fuit mon regard, essuie ses mains sur son uniforme du style vintage. Elle se racle la gorge et je sais qu'elle se retient de fondre en larmes.
"-Camille, rappelle-moi combien je te dois pour cette semaine, s'il-te-plaît mon ange. Elle finit par dire.
-C'est bon madame Maggie. Monsieur Nate m'a payé pour au moins jusqu'à la fin du mois. Au revoir!"
Marguerite lui adresse un sourire et une fois la blonde partie, elle se met à fouiller dans son sac. Elle en sort son porte-feuille qui semble usé et en extirpe quelques billets froissés qu'elle me tend, la main tremblante.
"-Tiens. C'est tout ce que j'ai sur moi, désolée.
-Non, garde cet argent. C'est normal que je paie la baby-sitter de Lila."
Elle range son argent maladroitement puis me tourne le dos. Elle se met à croupis, puis s'assoit au sol et je l'entends sangloter. Je tente de bercer Lilas mais ses pleurs s'intensifient. Je m'assois ne sachant que faire, face à Marguerite et lui tends Lila. Elle la porte et arrête immédiatement de pleurer. Le bébé se calme aussi. Marguerite colle son nez contre le sien, ferme les yeux et secoue rapidement la tête. Lila a un large sourire, Marguerite aussi et je suis admiratif.
"-Tu es serveuse? Je lui demande.
-Oui, dans le café à cinq minutes en vélo d'ici. Elle me répond sans me regarder.
-Tu as l'air tellement fatiguée... je soupire.
-Lila ne fait pas encore ses nuits et avec le café je dois me lever tôt, mais ça va, je gère.
-Tu ne devrais pas travailler. Je la réprimande.
-J'ai un enfant à nourrir, alors, oui je dois travailler.
-J'ai de l'argent, tu le sais. Je peux t'en donner. Je suis... je marque une pause. Son papa...
-Je ne te demande rien Nathan. Je ne t'ai pas demandé de venir me trouver au fin fond du monde. Je ne t'ai pas demandé de payer Camille et je ne t'ai pas demandé d'être un père pour mon enfant. Elle se tend.
-Pourquoi tu ne m'as pas dit que tu attendais mon bébé? Tu l'as su quand?
-Je ne te l'ai pas dit parce que je venais de te droguer pour récupérer ton sang quand je l'ai appris.
-Comment ça? Je plisse des yeux.
-Quand je suis allée remettre l'échantillon à M.Hanks, elle prend une inspiration. Il m'a demandé si je savais que je venais juste de trahir le père de mon bébé. Je lui ai assuré ne pas être enceinte mais il avait cet instinct persistant d'homme de sciences. J'ai fait un test, deux tests, trois tests ils étaient tous positifs.
-Et toi tu es partie. Sans aucun remord. Sans jamais me prévenir.
-Oui. J'ai merdé. Je merde constamment mais je ne savais pas quoi faire! Je devais aller chez Lauren, mais je savais qu'elle dirait à Stef que j'étais enceinte et qu'il te le dirait à toi. Je ne voulais pas que tu le saches, je ne voulais pas... J'ai sauté dans un bus et je suis arrivée ici.
-Tu ne t'es pas mise enceinte toute seule. Tu n'avais pas le droit de me le cacher. Merde! Je m'écrie. Tu te rends compte que si je n'était pas venu ici, je n'aurais su pour Lila?
-Tu vas la faire pleurer... elle s'écarte de moi. Je suis désolée. Oui tu méritais de savoir. Mais le lendemain de mon arrivée ici, j'ai appris que tu avais tenté de te suicider, alors je t'en ai voulu et je refusais que mon enfant ait un père suicidaire. Ma mère était suicidaire et je sais la souffrance que c'est que d'apprendre que ta mère ne tient même pas assez à toi pour rester. Tu n'aurais jamais dû faire ça... je m'en veux tellement.
-Mais je vais mieux... je me défends. Vraiment mieux.
-Je sais. Elle se pince la joue. Je lis quelques fois les news people. Tu es heureux. Tu le mérites vraiment. Tu as même une petite-amie.
-Ouais mais ce n'est pas pareil. Jusqu'à ce matin je voulais la demander en mariage mais je n'en suis plus si certain. Je baisse la tête.
-Pourquoi?
-Parce que je sais qu'elle n'est pas l'amour de ma vie. Tu as un petit-ami, toi? J'hésite.
-Non, je n'ai pas vraiment le temps pour ce genre de choses. Elle explique.
-Tant mieux."
Marguerite sourit gênée et certainement à cause de le gêne suite au blanc qui s'est installé entre nous, elle se lève. Je trouve rapidement quelque chose à dire afin qu'elle reste.
"-Tu devrais revenir à New-York. Tu serais plus heureuse que dans ce trou pommé, Lila serait plus heureuse, elle aurait son papa. Je serais plus heureux. Stefan et Lauren aussi seraient plus heureux, ils retrouveraient leur meilleure amie. Ils sont en couple au faite.
-Vraiment? Elle est choquée.
-Oui. Je souris. Alors tu en dis quoi?
-Je dois réfléchir Nate. Je ne dois pas penser qu'à moi, je dois penser à Lila. Savoir quel environnement sera le plus sain pour elle. Sans compter que les appartements coûtent une fortune à New-York. J'ai déjà du mal à payer le loyer ici alors imagine un peu...
-Mais tu as de l'argent de côté, non? Où est passé l'héritage de ta mère?
-Son argent est passé soit dans la drogue soit dans les frais d'hôpitaux.
-Et ton père? Il sait que tu as un enfant?
-Non, bien sûr que non. Il ne me regardait déjà pas en face alors s'il apprend que j'ai un enfant hors mariage... elle embrasse Lila sur la joue.
-Je dois faire quoi exactement pour que tu me suives à New-York?
-Me laisser réfléchir.
-Il y a une auberge ou quelque chose du genre dans cette ville? Je compte rester ici jusqu'à ce que tu me suives à New-York. Je plante mon regard dans le sien.
-Oui... enfin, à une heure de route.
-Je peux lui dire au revoir? J'observe Lila qui a le visage posé sur la poitrine de sa maman.
-Tu devrais rester. Elle chuchote. Le canapé n'est pas très confortable mais je pense que c'est tout de même mieux.
-Ça me va, merci beaucoup. Je souris. 100$ la nuit ça t'ira?
-Arrête de jeter ton argent par la fenêtre Nate! Elle se plaint. Je n'en veux pas.
-D'accord. Je lève les mains innocemment. Dans ce cas, je donnerai l'argent à Lila. Tu veux bien mon argent toi? Je lui caresse le dos et elle me sourit. Tu vois, elle veut mon argent.
-Arrête. Marguerite est agacée. Je dois aller faire des courses pour le dîner de ce soir.
-Je t'emmène."
Elle part se changer dans sa chambre en ronchonnant et laisse Lila sous ma garde. Elle redescend quelques minutes après, en jean et pull. Elle ressemble bien plus à la Marguerite d'avant.
Quand elle monte dans ma voiture, elle se plaint et ne cesse de remuer. Elle me dit que nous aurions très bien pu le faire à pieds. Elle se met ensuite à toucher aux boutons disposés sur le panneau de bord de sa main non occupée à porter Lila. Au bout d'un moment, ayant peur qu'elle touche quelque chose qu'elle ne devrait pas, je ôte sa main. Son toucher m'électrise et pendant une seconde je la regarde intensément, subjugué. Après quoi, elle ne bouge ni bronche du trajet.
"-Tu sais où je pourrais acheter un siège pour bébé? Il lui en faudra un pour le trajet jusqu'à New-York. Je dis alors que Marguerite analyse la composition d'une boîte de coulis de tomates.
-Tu n'es même pas sûr que nous irons à New-York. Elle souffle.
-Si tu refuses de partir je pourrais soumettre notre situation au tribunal. Je dis sérieusement en berçant continuellement Lila.
-Tu as fait une tentative de suicide. Crois-moi même si tu as tout cet argent. Elle grimace. Les juges préféreront une maman saine d'esprit. Tu peux s'il-te-plaît, elle bouche les oreilles de Lila, fermer ta gueule maintenant?"
Elle me toise du regard et je force un sourire. J'avais oublié qu'elle était aussi insupportable. Bien sûr que je pourrais gagner ce procès, il me suffirait de payer le juge. Ayant le métier parmi nous deux avec les plus grandes rentrées d'argent, elle serait contrainte à venir habiter à New-York et ainsi, nous pourrons avoir la garde alternée de Lila. Mais je préfère qu'elle rentre parce qu'elle en a vraiment envie. Je n'ai pas envie que Lila grandisse avec des parents qui se haïssent.
Ici, ils se connaissent tous. Marguerite les salue tous et tous la saluent. Ils doivent certainement être 100 tout au plus dans cette ville.
"-Bonsoir Maggie! L'interpelle une blonde de petite taille devant avoir la quarantaine.
-Bonjour Sylvia! Elle sourit.
-Vous, elle me pointe du doigt, vous n'êtes pas d'ici.
-Non, je viens de New-York.
-Ah oui! Vous avez l'accent de la grande ville comme Maggie. Et comment va cet amour? Elle caresse la jambe de Lila qui remue dans mes bras. Toujours aussi timide, mais craquante. Dîtes, c'est à vous la belle voiture? Tout le monde en parle depuis cet après-midi.
Tout le monde. Je souris face à sa notion restreinte du mot monde.
-Oui, c'est la mienne, je réponds finalement.
-C'est un ancien ami à toi Maggie? Elle se retourne vers la mère de mon enfant.
-Non. Marguerite répond froidement.
-Hum... je suis juste le père de son enfant, rien de plus."
Elle regarde Marguerite surprise et la félicitant d'avoir du goût, Marguerite la gratifie mais je sais qu'elle n'a qu'une envie, me gifler. Je tâcherais de garder Lila sur moi, elle n'oserait tout de même pas me frapper si notre bébé est dans mes bras.
Quand nous arrivons à la caisse, je décide de me rendre près de la sortie histoire de ne pas être tenté par le fait de lui payer la totalité de ses courses. Je marmonne une chanson pour Lila quand j'entends la voix de Marguerite.
"-Désolée, j'ai dû laisser mon argent dans mon tablier Dan... je peux retourner rapidement à la maison le récupérer.
-Maggie il y a des gens qui attendent. Lui répond le caissier.
-Je peux te payer la prochaine fois?
-C'est déjà la troisième fois et tu ne m'as toujours pas remboursé ce que tu me devais. Fais l'homme désolé.
-Elle vous doit combien? Je m'approche des deux.
-Laissez voir... il sort un petit carnet dont les pages sont remplies de chiffres. 76,29$.
-Tu veux bien me la tenir deux secondes, s'il-te-plaît? Je tends Lila à Marguerite. Elle fuit mon regard mais attrape tout de même sa fille. Je vais vous payer.
-Merci monsieur. Il me sourit. On dirait qu'une bonne étoile veille sur toi Maggie.
-Je peux avoir les clé de la voiture Nate? Je ne me sens pas bien."
J'acquiesce et lui tends les clés. Je règle rapidement en liquide la somme réclamée par le caissier et rassemble les courses dans un sac en papier.
"-Elle se bat pour son enfant, mais elle a beaucoup de mal mon cher Monsieur, elle est malheureuse. Le caissier fixe Marguerite qui s'en va à travers la baie vitrée. Pourtant, elle mérite d'être heureuse, elle est si gentille, vous n'êtes pas d'accord?
-Si. Je hoche tristement la tête."
Je ressors de l'épicerie et retrouve Marguerite ainsi que Lila dans la voiture. Marguerite fond en larmes dans les bras de son bébé et j'ai un pincement au cœur. Elle plie ses genoux contre elle et je ne pense même pas à m'inquiéter pour mes sièges en cuir. J'attends qu'elle se calme toute seule. C'est tout ce que je peux faire. Si je la touche ou si je lui parle, elle me hurlera, pour sûr, dessus. Après 5 minutes, elle ne pleure plus et observe silencieusement l'extérieur.
"-Je n'ai pas envie que tu te dises que je n'arrive même pas à gérer ma vie. Je fais de mon mieux. Je me tue au travail. Je ne suis pas habituée à ça. Mes parents m'ont toujours tout donné et je n'arrive même pas à donner des cadeaux à mon bébé. Elle me confie.
-Tu as besoin d'aide Marguerite.
-Psychologiquement? Elle se retourne vers moi inquiète.
-Non! Je secoue la tête. Il est clair que le meilleur soutient psychologique qui puisse exister pour toi est Lila. Je parle d'économiquement. Tu sais... tu n'as pas à avoir honte d'avoir du mal à joindre les deux bouts. Combien gagnes-tu par mois?
-C'est indiscret. Elle se défend.
-Marguerite! Je la réprimande.
-780$ mais parfois plus, ça dépend des pourboires.
-Avec les charges, il te reste combien pour les courses et tout?
-200... elle hésite."
Je prends un calepin dans ma boîte à gants, ainsi qu'un stylo. Je ne sais pas comment elle peut tenir avec ci-peu de salaire. Elle a un enfant... ça doit être dur à gérer. Mon stylo à lui seul est plus onéreux que l'argent qui lui reste une fois les charges payées.
"-Lila a combien de mois? Je demande pour ajouter cette information à mes calculs.
-2 mois et demi.
-Très bien, alors, j'ai une dette envers toi de 7000$, après nous partirons sur une base de 3500$ par mois, somme qui peut être modifiée selon mon salaire. Deal? Je lui tends la main.
-Tu n'as pas à te sentir obligé. Elle se pince la joue.
-C'est pour ma fille et sa maman, alors oui, je suis obligé."
En rentrant chez Marguerite, il a fallut donner à manger à Lila. Par donner à manger, j'entends que Marguerite a dû lui donner le sein. Non, je n'y ai pas assisté. J'ai peut-être un enfant et j'ai beau savoir que Naho n'est pas l'amour de ma vie, ça n'empêche que j'ai beaucoup de respect pour elle.
Marguerite lui a changé sa couche et je l'ai regardé faire avec attention car elle m'a prévenue que demain ce serait à moi de m'y coller. Et puis c'était déjà l'heure de la coucher. Je crois que c'était surtout par peur de la réponse que je n'ai pas demandé à Marguerite si Lila et moi partagions la même anomalie. En éteignant la lumière de sa chambre, j'ai pu constater que oui, même si le rayonnement de sa peau est bien plus faible que le mien. On appellera cela le métissage.
Nous avons ensuite fait la cuisine. Il n'y avait eu aucune dispute depuis. C'était calme et nous rigolions même. Après le dîner, j'ai reçu un énième appel téléphonique de Naho. Marguerite me dit de décrocher et je le fais alors qu'elle s'en va à l'étage.
"-Allô Nathan? Elle est triste.
-Oui c'est moi...
-Tu es où? Et ne me dis pas que tu es en Europe, ton téléphone a été allumé toute la journée, ce qui signifie que tu n'as pas pris l'avion.
-Pardon, je t'ai menti. Je suis dans une petite ville, Gassaway, en Virginie Occidentale.
-Qu'est-ce que tu fais là-bas? Elle demande perplexe.
-J'ai une petite fille Naho... elle s'appelle Lila, elle est tellement mignonne.
-Une petite fille? Elle laisse s'écrouler une bonne minute. Tu le savais?
-Non... je l'ai appris aujourd'hui en débarquant chez Marguerite.
-Marguerite Conover? Elle demande la voix sèche.
-Oui.
-Je croyais que personne ne savait où elle se cachait.
-Oui, mais j'ai engagé quelqu'un pour la retrouver. J'expire.
-Tu as engagé quelqu'un. Elle lâche un long soupire. Tu rentres quand?
-Je ne sais pas, je vais rester quelques temps ici.
-Avec elle? Mais tu sais qu'elle est dérangée? Dis moi qui disparaît sans laisser aucune trace... elle est folle.
-Ne parle pas d'elle comme ça. Je dis froidement.
-Tu prends sa défense Nathan? C'est elle ta copine ou c'est moi?
-C'est toi mais elle reste la mère de mon enfant.
-Et je suppose que je ne peux pas rivaliser avec ça. Elle souffle.
-Mais ce n'est pas une compétition. Je veux toujours être avec toi mais je ne veux pas être en de mauvais termes avec Marguerite. Si tu as besoin de temps, je t'en laisse mais ne me tourne pas le dos, s'il-te-plaît... je t'aime."
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Hey!
J'espère que vous allez bien,
Et que ce chapitre vous a plu!
Demain c'est la rentrée.... génial.... dernière ligne droite pour le bac de français.... catastrophe !
J'ai une petite question pour vous , après moi bien-sur (lol) quel est votre auteur wattpad préféré ? Moi c'est Yonawo ❤️ c'est évident ❤️❤️❤️ *tu peux glisser mon argent sous la porte de ma chambre*.
Merciii pour tout ❤️
Noémie =)
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