"L'homme faible se protège derrière un nom. L'homme fort se le crée." - Michel Hans

Point de vue de Neels

Je sais que Lila n'est pas encore arrivée, elle m'a prévenue par message qu'elle et ses parents déposeront Bleuet qui commence une heure après nous juste avant de se rendre au lycée. Oui, c'est aujourd'hui qu'ils iront se plaindre auprès du principal, j'espère que ce trou du cul saura, pour une fois, prendre la bonne décision et fera renvoyer Arthur.

J'ignore pourquoi je suis venu au lycée de si bonne heure, qu'importe, j'attendrai que Lila en ait fini avec son rendez-vous chez le principal et nous irons ensuite nous balader tous les deux. Enfin, si ses parents sont d'accords. Ils sont tous deux très gentils mais demeurent très sérieux, ils n'apprécieraient certainement pas que leur fille aînée se permette de sécher les cours autant que moi.

Mes parents me reprochent souvent d'être un fainéant, un branleur et un enfant gâté, tout cela parce que j'ai compris très jeune que l'école n'apprend pas la vie, je préfère nettement découvrir le vrai monde, traîner dans les rues, créer, jouer et chanter. Quand à la partie de l'enfant gâté, je refuse de me considérer comme tel. Certes ma famille possède pas mal d'argent, certes mon grand-père, Marlon Cain m'a fait signer un contrat stipulant qu'une fois mon diplôme en poche, j'aurais une place dans Ear Entertainment mais je tente tout de même de me débrouiller seul. Tout l'argent que j'ai, je l'ai gagné soit en jouant sur les trottoirs ou alors en donnant des cours de musique à des plus jeunes. J'économise actuellement pour me payer ma première voiture, mes parents souhaitaient m'offrir une berline de luxe mais je me contenterais d'une petite voiture de ville d'occasion payée à la sueur de mon front. J'étais énervé quand Lila a cassé l'écran de mon portable, parce que je ne mettrai pas ma fierté de côté et n'utiliserai pas l'argent de mes parents.

Je marche dans le couloir du lycée accompagné de Max, c'est un blond pas très costaud passionné par le stylisme. Il me fait un rapide topo du chapitre que nous étudions en mathématiques afin que je ne sois pas totalement perdu lors du cours. Je ne comprends rien à son charabia tandis que cela semble couler de source pour lui. Il faudrait certainement que je me mette à bosser si je ne souhaite pas retarder d'une année mon entrée dans le monde de la musique.

Je sens un lourd poids se poser sur mes épaules, c'est Arthur. Je me défais de son emprise et me poste devant lui, le regard froid et les dents serrées. Il me sourit du haut de ses deux mètres d'arrogance et de lourdeur. Je ne suis pas petit, mais lui il est vraiment très grand. Il pratique le football américain mais je parie qu'il serait doué au basket. Il n'empêche que les filles me préfèrent à lui. Je suis plus beau et bien plus humble. Oui, je suis sérieux. J'ai eu plus de conquêtes que lui et les siennes lui reprochent de ne pas être à l'écoute et d'être trop brusque tandis qu'elles me félicitent toutes pour ma douceur, elles se sentent respectées dans mes bras et dégradées dans les siens. Et c'est le cas, j'ai eu beau il fut un temps enchaîner les filles, je veille toujours à ce que l'envie soit partagée et à ne jamais leur forcer la main. Je ne serais même pas surpris d'apprendre qu'Arthur en a drogué quelques unes pour les avoir dans son lit.

"-Neels, mon pote. Il commence.

-Quoi?

-Le temps sera écoulé dans quelques petites heures. Alors où est ta petite protégée? Ta petite Lila. Il pouffe.

-Dans ton...

-En fait, ce n'est qu'un détail. Il me coupe la parole. J'ai réfléchi et je dois te dire que je suis très déçu de ton comportement Neels. Nous sommes amis toi et moi depuis le collège et pourtant tu as préféré prendre la défense d'une fille plutôt que d'aider ton pote? J'en ai déduis que tu tiens à cette fille que tu connais à peine. Mais voila, moi aussi je tiens à elle, je tiens à sentir son corps contre le mien, je tiens à caresser sa peau rayonnante jusqu'à des zones non fréquentées par le soleil. Tu ne sais pas à quel point elle me fait envie et tu as osé me voler mon jouet. Soit, j'ai tenté de t'offrir une dernière fois la chance de me montrer ta loyauté en croyant bêtement que tu tiens d'avantage à Hanaé qu'à cette satanée deuxième année super excitante. Mais j'avais tord, il secoue la tête. Et puis, j'ai eu comme une illumination, jamais je n'aurais dû te faire chanter avec le secret d'Hanaé, non, non, non. J'aurais dû te demander directement, tu préfères que je couche avec Lila ou l'immaculée Grace?

-Tu ne touches pas à ma petite-sœur. Je craque mon poing.

-Alors ce sera Grace. Tu sais que j'adore les vierges et ta sœur, je prendrai mon pied à me vider entre ses jambes tandis qu'elle hurlera mon nom. Je me languis d'avance de glisser ma langue sur son corps, de faire d'elle mon jouet et je la baiser si fort..."

Je vois rouge, mes mains tremblent et mon poing droit lui assène immédiatement un coup au visage. Arthur ricane en replaçant sa mâchoire et me bouscule avec force contre les casiers. Il me donne à son tour un coup dans le visage et je cligne des yeux pour m'en remettre. Le coup était puissant et la douleur est forte mais je me reprends tout de même. Je suis submergé par la rage et l'envie de voir ce crevard crever sous mes yeux. Je rassemble toute ma force et le pousse, juste avant de le frapper deux fois au visage. Sonné, il perd l'équilibre et je me projette sur lui. Je le frappe continuellement, le torse, le visage, mon poing me fait mal et il y a du sang.

J'entends que l'on crie mon nom mais je ne ralentis pas pour autant. Je veux qu'il souffre pour ce qu'il a fait à Lila, ce qu'il a dit sur Grace et pour toutes ces mauvaises choses blessantes qu'il a fait. On me tire vers l'arrière mais je me débats. Ce sont des surveillants. Je tente de me défaire de leur emprise mais ils s'accrochent. Je ne capitule pas. Puis je croise le regard effrayé de Grace parmi l'attroupement de lycéens. Je regarde autour de moi, Arthur est au sol et grimace alors que des élèves et des surveillants tentent de le relever. Je respire et me calme difficilement. Je suis déjà allé trop loin et je sais très bien que je risque gros.

Je suis assis au secrétariat en attendant que le proviseur arrive. On m'a donné un sachet de glaçons afin de calmer la douleur de mon poing et celle de mon visage. Mes parents n'ont pas encore été contactés, sauf si Grace s'en est chargée elle-même. Ils seront très en colère. Ils m'en voudront d'avoir laissé la rage me vaincre. Le regard apeuré de Grace m'a fait du mal parce qu'elle n'avait pas peur pour moi mais peur de moi. Malgré tout cela, je continue de penser qu'Arthur mérite pire.

Une heure passe et le proviseur n'a toujours pas montré de signe de vie. Lila débarque dans la pièce accompagnée de ses parents. Au départ, elle ne me voit pas et je baisse la tête, je n'ai pas envie qu'elle me voit dans un tel état. Je croise le regard de sa mère et bientôt ma petite-amie vient s'asseoir à mes côtés.

"-Neels... elle hésite. Ça va? Elle passe sa main sur mon visage et je me crispe.

-J'ai l'air d'aller bien? Je souffle.

-Non, pardon... je suis bête. Il s'est passé quoi? Qui t'as fait ça?

-Arthur.

-Raconte-moi s'il-te-plaît. Elle dit à voix basse.

-Lila, je lève les yeux sur elle, elle est inquiète. Je suis désolé... Arthur, il m'a vraiment mis hors de moi, je l'ai frappé en premier mais il l'a cherché, je te le promets Lila. Tu me crois?

-Bien-sûr que je te crois Neels. Elle sourit timidement et je suis soulagé.

-Neels, encore et toujours toi. Le principal arrive et me regarde de toute sa grandeur. C'était quoi déjà la dernière fois? Ah oui, tu avais insulté ta prof de mathématiques devant toute ta classe. J'ai laissé passer parce que ces temps-ci, tu fais des progrès, tu sèches un peu moins qu'avant. Mais un combat? Il s'étonne. Regarde ton état. Tu ressembles à un brigand. Tu n'iras nulle part dans la vie si tu continues comme ça. Tu devrais prendre ta vie en mains.

-Je prends ma vie en main bordel. C'est pour cela que je suis sur cette chaise, j'essaie de mettre de l'ordre dans tous les problèmes que vous et votre administration n'êtes pas capables de déceler.

-Vraiment? Tu vas inventer quoi cette fois? La dernière fois, tu m'avais raconté que madame Chô-de-Hasse passait son temps à te saquer uniquement parce que ton père et elle ont eu des antécédents plus jeunes et que leur histoire s'est mal soldée. Il expire longuement.

-Ce ne sont pas des mensonges! Je me défends. Cette fois, Arthur...

-Arthur Kays? Il plisse les sourcils.

-Ouais, j'affirme et je vois que le père de Lila écoute la discussion, je n'ai pas envie qu'il me prenne pour un mauvais garçon et que ça complique notre relation mais je dois aussi raconter la vérité. Arthur Kays s'amuse à harceler des filles, il se prend pour le roi du lycée et plein de cons pour se faire bien voir le suivent dans son délire. Il veut à tout prix les mettre dans son lit. Aujourd'hui il m'a fait part de son projet de forcer ma petite-sœur, Grace de coucher avec lui. Comme tout grand frère qui se respecte, je l'ai frappé, nous nous sommes battus et me voici.

-Neels, il se masse les tempes. Tu te rends compte de ce que tu affirmes? Tu devrais arrêter ta crise de jalousie.

-Ma crise de jalousie? Je manque de m'étouffer.

-Oui. Nous avons d'un côté Arthur qui est excellent en football si bien qu'il a été contacté par plusieurs grandes universités du pays et d'un autre côté toi qui est passionné pour quelque chose d'aussi surfait que la musique.

-La musique c'est loin d'être surfait, c'est un art comme un autre mais oui, il faut une certaine sensibilité que vous n'avez pas pour apprécier ses bienfaits. Je réplique agacé.

-Qu'importe. Ce que tu avances est très grave pourtant tu n'as aucune preuve. Neels je t'avais prévenu qu'à ta prochaine incartade ce serait le renvoi définitif. Je vais donc te faire passer au conseil de discipline.

-Quoi? Non! Je panique. Je ne peux pas être renvoyé alors que je passe bientôt mes examens. J'ai vraiment besoin d'avoir mon diplôme. J'ai des preuves... enfin, pas vraiment mais écoutez-moi au moins s'il-vous-plaît.

-Cite-moi ne serait-ce qu'une personne victimisée par Arthur dans ce lycée. Il croise les bras.

-Lila Conover-Amadeus. Je m'empresse de répondre en la regardant tandis qu'elle a sa main posée sur la mienne.

-Bien-sûr. Ne serait-elle pas ta petite-amie par hasard? Le principal lève les yeux au ciel. Il est clair qu'elle ne niera aucun de tes mots.

-A vrai dire. Commence monsieur Amadeus en se rapprochant. Je suis le père de Lila et voici sa mère. Nous sommes venus parce que nous souhaitons déposer une plainte contre Arthur Kays pour harcèlement moral et physique ainsi que pour diffamation à l'encontre de notre fille.

-Suivez-moi dans mon bureau. Il s'empresse de répondre et je m'apprête à les suivre. Neels tu restes ici.

-Mais je suis un témoin clé dans cette affaire!"

Lila hoche la tête et me voici une fois de plus dans ce bureau que je connais trop bien. Son père raconte l'histoire dans ses moindres détails et il garde un certain sang-froid. J'aime beaucoup sa capacité à prendre du recul sur une situation qui doit très certainement énormément le chambouler. Ma mère m'a avoué qu'il était à deux doigts de pleurer dans son bureau. En revanche, ici, il soigne son attitude. Lila est quelque fois amenée à confirmer ou détailler un fait et je la regarde à chaque fois. J'ai envie de lui faire une tonne de bisous et de câlins.

"-Vous avez conscience que cette histoire ira très loin? Les universités ne voudront certainement plus de lui, cette histoire gâchera son futur. Fini par soupirer le vieux à l'air faussement anglais.

-Et? Rétorque froidement monsieur Amadeus.

-C'est un enfant, il fait des bêtises, c'est normal.

-Vous souhaitez apprendre à cet enfant que nos actes même les plus graves n'ont aucune répercutions si nous sommes bien placés dans la société? Le père de Lila plisse les yeux.

-Non... mais... il réfléchit. Si vous posez une plainte contre Arthur, ses parents porteront légitimement plainte contre Neels ici présent pour coups et blessures.

-Ils peuvent porter plaintes s'ils le souhaitent, c'était pour une bonne cause. J'affirme.

-Non, bien-sûr que non ils ne peuvent pas porter plainte contre lui. Me contredit alors le père. Son acte est un acte de désespoir, c'est parce que votre administration n'a pas été capable de déceler la pression qu'exerce Arthur sur ses camarades qu'il a agit de la sorte. Ce n'est je l'avoue pas la meilleure des manières mais encore une fois, face au désespoir nous ne prenons pas toujours les bonnes décisions. Nous ne portons pas plainte contre votre administration pour non-assistance à personne en danger malgré le fait que je suis persuadé que vous ne pouvez pas ignorer tout de ce qu'Arthur Kays faisait alors assurez-vous que Neels ne connaisse pas de représailles qu'il est loin de mériter sachant qu'il fut le premier à s'interposer face à Arthur."

Afin que je ne sois pas accusé de traitement de faveur, j'ai écopé d'un renvoi temporaire de deux jours tandis que celui d'Arthur est définitif. Les choses rentrent enfin dans l'ordre pour Lila et j'en suis sincèrement ravi. Plus d'Arthur, plus de problèmes et plus d'amour. Elle me fait un large sourire avant que sa mère ne l'entraîne en souriant vers la sortie. Son père lui est quelques pas plus loin de moi et je comprends par son regard qu'il souhaite me parler.

"-Merci beaucoup d'avoir pris ma défense, vous n'étiez pas obligé. Je commence.

-C'est la moindre des choses Neels. Il hoche la tête. Merci beaucoup d'avoir pris Lila en charge à temps, tu aurais pu faire comme tout le monde au lycée et l'accabler mais tu l'as prise sous ton aile et c'est grâce à toi que toute cette histoire n'a pas dérapé.

-Je ne pouvais pas faire autrement... votre fille, elle est, j'hésite. Elle est tellement différente mais dans le bon sens du terme. Je ne sais pas comment il est humainement possible de faire du mal à un ange pareil.

-Je ne sais pas non plus...

-Je peux vous demander quelque chose? Je n'ose jamais mettre le sujet sur la table avec elle.

-C'est à propos de Jérémy? Il fait dubitatif.

-Oui... je sais qu'elle l'aimait de tout son cœur mais comment est-ce qu'il était avec elle? Vous l'appréciez?

-Oui, elle l'aimait beaucoup ils étaient constamment ensemble et je suis sûr qu'elle n'a gardé que de bons souvenirs de lui. Paix à son âme, mais non je n'appréciais pas leur relation. C'est peut-être parce que je suis son père et que c'était son tout premier vrai petit-ami mais je le trouvais bien trop possessif, presque maladif. Lila était moins elle-même quand il était présent. Il lui interdisait d'avoir des amis et elle était amoureuse donc elle obéissait. Avec sa mère, nous avons tenté de lui en parler et pas qu'une fois mais elle nous faisait des crises. Il raconte. Si je peux te donner un conseil, ne lance jamais ce sujet, attends qu'elle le fasse d'elle-même.

-D'accord. Et en ce moment elle est bien? Je demande.

-Or mis l'histoire avec Arthur, oui, elle semble bien heureuse. Je suppose que tu n'y es pas pour rien. Il hausse les épaules. Malgré le fait que tu ne sois visiblement pas quelqu'un d'exemplaire...

-C-comment ça?

-Tu sèches les cours, tu insultes tes professeurs, tu te bats, tu as je crois une mauvaise réputation auprès des filles. Il énumère.

-D'accord, d'accord, je panique passablement. Mais je promets que je ne ferai pas de mal à votre fille.

-Je sais. Je pense que derrière toute ton allure de mauvais garçon, tu es gentil. Je me trompe?

-Non! Vous avez raison.

-Alors, s'il-te-plaît, essaye de ne pas te laisser aller avec ton impulsivité, tu ne devrais pas parler à ton principal comme tu l'as fait. Et puis n'entraîne pas Lila à sécher les cours. Il me regarde sérieusement.

-Juste aujourd'hui, je vous en prie! Ce fut une journée riche en rebondissements et puis il ne faudrait pas risquer qu'elle croise Arthur dans les couloirs alors que je ne suis pas présent. J'essaie.

-Vous comptez faire quoi?

-Nous aviserons.

-Juste aujourd'hui, si tu la ramènes avant la tombée de la nuit à la maison."

Je lui serre la main signe de notre accord avant de me diriger vers Lila. Sa mère me sourit étrangement et je crains d'avoir été le centre de leur discussion. Elle part rejoindre son mari et ils rentrent quelques instants plus tard dans leur voiture. Moi je serre Lila dans mes bras et l'embrasse à plusieurs reprises dans le cou tandis qu'elle caresse mes cheveux.

"-Je t'avais promis de t'appeler comment une fois le problème Arthur soldé? Mon chou à la crème? Je pouffe.

-Oui bébé. Elle me sourit narquoisement."

Je rigole en passant ma main dans la sienne qui est si douce. Sa douceur se situe entre la douceur d'un alpaga et celle du velours. C'est parfait. Lila est parfaite. Je suis parfait. Nous sommes parfaits. Bon d'accord, vous êtes vous aussi parfaits.

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Hey!

J'espère que vous allez bien,

Et que ce bonus vous a plu (prochain > dimanche)

Vous ne savez peut-être pas, mais je fais une tite dépression là parce que j'arrive le 23 à Paris et que le 22 y a The Weeknd qui chante a Lollapalooza... je m'en remets toujours pas... mais bon si vous souhaitez suivre mes prochaines aventures parisiennes vous pouvez m'ajouter sur snap: noemie_jmt

Merci pour tout ❤️

Noémie =)