"L'école : une serre où l'on apprend aussi la cruauté et la bêtise des autres." - Alice Parizeau

Point de vue de Nathan

Je finis d'installer la table du petit-déjeuner quand Lila arrive dans la cuisine. Elle me fait la bise, elle est souriante comme toujours. Elle a bien grandi. Elle est maintenant âgée de 16 ans, c'est une jeune fille à présent, mais elle restera toujours mon bébé. Elle s'assoit à table et grignote dans le pain. Elle est belle, elle ressemble beaucoup à sa mère avec un côté Amadeus en plus. Ses longs cheveux bruns sont ondulés, ses pommettes sont rouges et parsemées de tâches de rousseur, tout comme son nez légèrement en trompette. Elle chantonne joyeusement dans son nouvel uniforme. Je suis heureux. Elle a su se reconstruire suite aux récents événements. Elle est forte et brave, tout comme sa mère.

En parlant de cette dernière, elle fait sont apparition dans la pièce. Elle n'est pas très réveillée et elle me sourit en rougissant avant de faire un câlin à sa fille, notre fille. Je dépose le bacon sur la table et Marguerite ne peut s'empêcher d'en attraper une tranche.

"-Je ne travaille pas aujourd'hui, commence Marguerite. Tu veux que je passe te chercher après les cours?

-Non ça ira maman. Une amie m'a invitée chez elle. Lila hoche la tête.

-Encore? Je m'étonne. Tu devrais peut-être l'inviter à passer quelques fois ici aussi.

-Non. Elle secoue la tête. Ses parents sont tout le temps en déplacement alors c'est cool chez elle.

-Tu as honte de tes parents? Je fais passablement vexé.

-Non papa, elle rigole. Mais vous êtes quelques fois un tantinet envahissants. Mais je vous aime. Je dois y aller, je risque d'être en retard! Elle s'affole en récupérant un toast ainsi que son sac."

Je hausse les épaules. Elle grandit trop vite. Je la revois bébé. Elle a eu une enfance merveilleuse, à la limite de la perfection. En grandissant, les garçons s'ont venus s'y mêler, apportant leurs lots de drame.

"-Je suis la seule à croire que sa soit disant amie est en réalité un garçon? Lance Marguerite perplexe.

-Non, je secoue la tête. Elle ne nous cacherait pas ça.

-Papa! Bleuet arrive dans la cuisine en courant. Tu peux mettre des chips pour mon goûter?

-Le mot magique Bleuet!

-S'il-te-plaît papa. Il me regarde les yeux grands ouverts."

Je lui ébouriffe les cheveux. Bleuet représente la deuxième moitié de la force masculine dans cet appartement. Que l'on s'entende bien, je suis la première moitié. Il a sept ans ou plutôt sept ans et demi comme il précise fréquemment. Il est brun et a une coupe au bol... c'est un choix qu'a fait sa mère, je ne suis personnellement pas responsable de ses prochaines plaintes quand il sera plus grand. Il a de grands yeux noirs comme sa maman. Sinon, il ressemble énormément à un mini moi, anomalie comprise. Nous l'avons eu près de neufs ans après Lila car nous souhaitions prendre notre temps. Nos deux enfants sont formidables.

Point de vue de Lila

Je claque la porte et mon sourire retombe immédiatement. Je n'ai qu'une envie retourner à l'intérieur et pleurer. Dire à mes parents que je ne veux plus jamais sortir affronter la réalité. Oui, parce que la réalité commence une fois ces murs chaleureux quittés. Mais je n'en ai pas le droit, ce ne serait tout simplement pas juste. Je ne peux pas leur faire ça. Ils ont tout fait pour que ma vie soit parfaite, je ne dois pas les décevoir.

Mais la vérité la voilà. Je m'appelle Lila Conover-Amadeus et je suis la fille de Marguerite et Nathan Conover-Amadeus. J'ai 16 ans et déjà une vie pleine de problèmes, contrairement à ce que s'imaginent mes parents. Suite à un événement que je m'efforce d'oublier, en vain, j'ai changé de lycée dès le début de ma deuxième année. Je vais maintenant dans le lycée privé de Wilder School. J'ai bêtement cru qu'un nouveau lycée me permettrait d'aller mieux. Mes parents croient que ça a fonctionné. Malheureusement, ce nouveau lycée a tout aggravé.

Je n'ai aucune idée du pourquoi, mais quelques jeunes de mon nouveau lycée ont pensé qu'il serait amusant de m'humilier. J'étais pourtant calme et je tâchais ne pas me faire remarquer. Ça a commencé par quelques moqueries ouvertes par rapport à mon anomalie. Je ne disais rien, j'avais compris à la longue que cette anomalie était plus une richesse qu'un handicape. De plus je ne suis pas la seule, 25 cas ont été recensés dans le monde entier, à commencer par mon père.

Un jour, une fille que je croyais être mon amie m'a invitée à une soirée chez elle. Je m'y suis rendue sans savoir ce qui m'attendait. Il y avait beaucoup trop d'alcool, beaucoup trop de personnes se moquant de moi. Ils ne faisaient pas que de se moquer, ils tentaient de me toucher ou de me bousculer. Malheureusement pour eux j'ai hérité du caractère de ma mère, j'ai riposté et giflé Arthur, le capitaine de l'équipe de football du lycée.

Depuis ce jour, je ne peux faire un trajet dans les couloir sans être bousculée ou huée. Là-bas, je ne riposte pas. Je peux tout supporter sauf le fait d'attrister mes parents. Alors j'encaisse silencieusement. Je ne dis rien à personne puisque Arthur est considéré comme le roi, bien moins honorable que le vrai Roi Arthur, si tant est qu'il est existé.

J'aimerais dire que je ne pleure pas, mais ce serait vous mentir. Dès que ce sentiment de solitude devient trop fort, dès qu'il me submerge à tel point qu'il m'étouffe, dès que j'ai du mal à respirer, je pleure. Je m'enferme dans les toilettes et fond en larmes.

Je sors un paquet de cigarettes de la poche secrète de mon sac et en coince une dans ma bouche. Je déteste l'admettre mais depuis que je suis dans ce lycée, la cigarette est ma seule amie. C'est avec elle que j'ai rendez-vous tous les après-midis. Elle me permet d'évacuer avant que je n'ai à jouer ce rôle d'enfant à la vie parfaite devant mes parents.

J'évacue la fumée et croise déjà le chemin d'autres jeunes vêtus du même uniforme que moi. Ils me regardent du coin de l'œil et rigolent. Je regarde le paquet que je tiens dans ma main "Fumer tue", dépêche toi un peu!

Je fais un pas dans le couloir. Je regarde au loin, il n'y a aucun surveillant. Mon regard croise celui d'un adolescent et avant que je n'ai le temps de comprendre la situation, on me tire. J'atterris sur un casier bleu et ma tête se cogne. Un blond dont j'ignore l'identité s'amuse à passer sa main sous mon polo, il me dégoutte. Je ferme les yeux. Au bout d'un moment, il s'arrête. J'ouvre les yeux. Arthur me fait son plus beau sourire tout en s'approchant de moi.

"-Ne la touche pas comme ça Marc, il réprimande le blond. La place de cette pétasse est au sol."

Il m'attrape par les cheveux et me bouscule. Je tombe lamentablement au sol. J'entends plusieurs "sale pute", "fille facile" et je ne pense qu'à une chose. Me relever. Partir comme si de rien n'était, afin de ne pas alerter l'administration qui finirait par avertir mes parents.

Je me lève et garde mon regard fixé sur mes baskets. On me pousse à gauche, puis à droite mais je continue mon cheminement. Je ne connais même pas un dixième de mes détraqueurs.

Je rentre dans ma salle de cours. Il n'y a pas grand monde. Certains me lancent de mauvais regards mais je m'assois à ma place, devant et seule. Je croise le regard de Grace. C'est une jolie brune de bonne famille, vivant une vie de rêve. Je crois qu'elle fait de la danse classique, mais je n'en suis pas sûre. Je ne lui adresse pas vraiment la parole. Elle tente de me faire un petit sourire mais je détourne vivement les yeux.

La matinée passe enfin. Je suis dans la cafétéria, assise à ma place, non loin de la poubelle. Les odeurs ne sont pas terribles, mais au moins je n'entends personne jacter. Il y a des surveillants mais je n'ai pas pour autant la paix, certains renversent discrètement de l'eau sur moi et je ne bronche pas, par peur d'attirer l'attention.

J'épluche mon dessert. Il s'agit d'une banane et mords dedans. C'est ce moment que choisit Arthur pour arriver. Il s'assied juste en face de moi, un sourire narquois orne son visage. Il est grand baraqué, aux cheveux châtains et aux yeux marrons. Il impressionne tout le monde, sauf moi.

"-Quelle experte. Il ricane. On sent que tu es une habituée. N'est-ce pas ma petite pétasse?

-De quoi tu parles? Je fais sur la défensive.

-Tes lèvres sur ce fruit... je nous revois à cette soirée.

-Ah. Je soupire. Tu crois encore que nous avons couché ensemble?

-Pas toi?

-Non, pas moi. Combien de fois je dois te répéter que j'ai encore toute mon innocence?

-N'ais pas peur de dire les mots tels qu'ils sont. Il se moque. Vierge, tu es vierge. L'important c'est que seul toi et moi le savons, pas comme tous ces lycéens qui sont convaincus du contraire.

-Va te faire foutre Arthur. Je crache.

-Pas si fort! On risquerait d'informer papa Amadeus que sa chère petite fille n'est qu'une pétasse déprimée."

Il part en rigolant et je me lève, range mon plateau et quitte cet endroit. Je déteste Arthur. J'ai envie de l'étrangler, de le faire se noyer, de le brûler vivant. Il fait de ma vie un enfer. Alors que je me rends aux toilettes mon bras est attrapé. Certainement de part la douceur de ce geste, je me retourne, c'est Grace, encore.

"-Lila! Elle m'interpelle. Tu devrais parler de ce qu'il t'arrive à quelqu'un... un adulte.

-Et toi tu devrais te mêler de ce qui te regarde. Je réponds froidement.

-Tout le monde ne te veut pas de mal, Lila. Elle soupire tristement. Je ne te veux pas de mal.

-Peut-être mais tu ne devrais pas traîner avec moi, je ne sais pas si tu es au courant mais je suis la pétasse du lycée.

-Ne t'en fais pas pour ça, personne ne me fera quoi que ce soit.

-Pourquoi? Je m'intrigue. Tu fais un sport de combat?

-Si tu considère la danse classique comme tel, alors oui. Elle attend certainement une réaction amusée de ma part, mais je la regarde juste, elle reprend. J'ai ce qu'on appelle un grand frère.

-C'est tant mieux pour toi. Je hausse les épaules. Tu devrais y aller, tes amis me regardent bizarrement. Derrière elle, se trouvent un garçon et une fille, ils tentent d'être discrets, en vain.

-Désolée pour ça... elle fait gênée. J'ai un service à te demander Lila...

-Quoi? J'expire.

-Je dois passer une audition hors de l'Etat, alors je ne serai pas là de toute la semaine prochaine... est-ce que tu pourrais prendre les cours pour moi s'il-te-plaît? Je te le demande parce que tu es certainement la seule élève sérieuse avec moi dans la classe mais si tu refuses ce n'est pas grave...

-C'est d'accord. Je réponds étonnamment.

-Merci! Elle sourit. Il faudrait que tu les donnent tous les après-midi à mon frère."

J'opine et elle me montre une photo de lui dans son portable. Je l'ai déjà vu au lycée, mais, je ne savais pas qu'ils étaient frère et sœur. Je crois qu'il s'appelle Neels. Je m'en vais dans les toilettes, attendant, cachée, la reprise des cours.

Le lundi de la semaine d'après fut éprouvant. Mine de rien, trouver quelques fois les regards pleins d'empathie de Grace me permettent de garder espoir. Je me dis que si quelqu'un d'équilibrée comme elle n'a pas d'à priori sur moi, il y a de l'espoir. Mais aujourd'hui, sans elle, je ne me suis jamais sentie aussi seule de ma vie. Un surveillant m'a même surpris à pleurer... je lui ai dit que j'ai tout simplement des problèmes avec mon petit-ami, il m'a cru.

Je suis à la sortie et je tente de trouver quelqu'un s'apparentant à Neels. Je finis par le trouver, accompagné par des terminales. Je crois qu'il est lui aussi en terminale. J'hésite à aller le voir... il s'amuse peut-être aussi à me harceler. Si c'est le cas, je n'ai rien à perdre. Je l'ai promis à Grace. De plus ils sont de la même famille, il doit être aussi gentil qu'elle.

Je m'approche de lui et sa bande. Je l'appelle, il n'entend pas. Je tapote alors sur son dos et il se retourne. Il me regarde perdu et devant ses yeux verts je me sens flétrir. Je reviens bien vite sur terre en entendant les remarques désobligeantes de ses amis.

"-Bah voila Neels! Toi qui ne plaignais d'être célibataire, tu vas enfin pouvoir tremper ta nouille. Lance un.

-Ouais, une fille facile comme tu les aimes. Lance un autre.

-Fermez un peu vos gueules les gars. Il ronchonne. Désolé pour ça... il se gratte la tête gêné. On se connaît?

-Non... euh... je bredouille.

-Tu es Lila, c'est ça? Il plisse des yeux. L'amie de Grace.

-Lila la pétasse. Se moque un autre.

-Mais, bordel c'est quoi votre problème les mecs? Il s'agace sérieusement. Encore désolé...

-Ce n'est rien. Je tente un sourire. J'ai l'habitude. Il me lance un regard perdu et je reprends. J'ai les cours, pour Grace. Je sors une pochette de mon sac et la lui donne.

-Merci, c'est gentil de ta part.

-De rien. Un moment de silence se crée entre nous, il est gênant. Tu sais quand aura lieu son audition?

-Mercredi. Il répond d'emblée.

-Tu pourras lui souhaiter bonne chance de ma part, s'il-te-plaît?

-Bien-sûr. Mais vous êtes amies, non? Pourquoi tu ne le fais pas toi-même?

-C'est compliqué. Je me mords la joue. Je dois y aller...

-Tu veux que je te ramène chez toi? Il me propose alors. C'est assez humiliant, mais, mes parents sont garés juste en face.

-Non me...

-Mais si, suis moi! Il me coupe."

Pour une raison que j'ignore, j'obtempère et le suis. Je sens des regards se poser sur moi et je tente de garder ma concentration sur le brun devant moi. Ses parents sont garés dans leur monospace juste en face et en entrant dans le véhicule je me sens un peu mal-alaise.

"-Bonsoir maman, bonsoir papa. Voici Lila, une amie de Grace. On la ramène chez elle.

-Bonsoir à vous aussi. Je suis Kyle et voici ma femme, Dana. Désolé mais Neels tu crois vraiment que ramener des filles ça va aider à améliorer ta relation avec Hanaé, parce que je te rappelle que nous la ramenons aussi.

-C'est elle qui a rompu avec moi. Il se défend. Je ne vais tout de même pas lui rendre de comptes, surtout que je ne fais rien de mal.

-Ne t'en fais pas Neels, ton père parle souvent pour ne rien dire. Se moque la mère. Ravie de te rencontrer Lila.

-Oui, moi aussi. Je fais timidement."

Une fille de type asiatique rentre dans la voiture. Neels se tend. Quand elle m'aperçoit, elle ne peut s'empêcher de lancer un soupire. J'en déduis alors qu'il s'agit d'Hanaé. Je suis assise entre eux. L'ambiance est gênante. Dana, la mère, me lance des regards dans le rétroviseur. Elle me rappelle beaucoup sa fille. Est-ce possible que Grace lui ait dit quelque chose à mon propos?

Mon esprit se déconnecte au moment où je sens une chaleur sur ma main. Neels serre ma main dans la sienne et je la retire sur le champs.

Le lendemain, je survie encore au lycée. Je n'ai pas revu Neels depuis qu'il m'a ramené chez moi et je n'ai eu aucune explication par rapport à son geste. Je n'en veux aucune d'ailleurs parce que ça ne changerait rien. Qu'il l'ait fait par envie ou pour rendre son ex-copine jalouse ne m'importe pas.

Des bras m'encerclent et je ne tarde pas à reconnaître cette odeur de pourriture. Arthur. Il me comprime le ventre alors que sa langue glisse sur mon cou. Nous sommes dans une cage d'escalier, quelques élèves assistent à la scène mais ne réagissent pas. Je le supplie de me lâcher mais il rigole.

"-Non, supplie moi de continuer. Il murmure. Je n'en fais rien et il me lâche. Pétasse."

Je tombe au sol et laisse mes cheveux recouvrir mon visage. Je boue de rage. Je m'en veux de ne pas pouvoir battre Arthur, parce que mes bras sont fins et flasques tandis que les siens sont énormes et secs.

"-Hé mec, t'es complètement malade. Pourquoi tu lui fais ça? Je crois reconnaître cette voix.

-Retourne à ta musique mon pote, cette fille n'en vaut pas la peine. Elle n'est même pas bonne à baiser. Répond Arthur amusé.

-T'es vraiment trop con. Lila, ça va? Il s'inquiète en s'accroupissant. Suis-moi. Neels me tend la main."

*******

Hey!

J'espère que vous allez bien,

Et que ce bonus vous a plu !

Je suis officiellement en vacances, après avoir passé l'écrit de français! J'ai pris l'écriture d'invention alors je croise les doigts pour que ça passe! Vous avez pris quel sujet vous? Et bonne chance à tous ceux qui ont encore de épreuves!

J'ai ouvert un Rantbook ^^ vous pouvez le retrouver sur mon profil❤️

Merci pour tout

Noémie =)