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4# Elle semble éclore timidement

Isaac

La semaine est passée à une vitesse fulgurante. Les travaux ont avancé comme je le souhaitais, dans la bonne humeur. Mes quelques ouvriers m'ont fait remarquer que je semblais plus serein sur le terrain. Je n'avais pas ressenti une telle satisfaction dans mon travail depuis longtemps. Comme s'il avait enfin retrouvé du sens.

Après la soirée avec Dahlia, j'ai passé la nuit à recommencer tous mes plans. Le lendemain, quand je les ai présentés aux clients, ils étaient aux anges : ce coup-ci, ça correspondait parfaitement à leurs attentes. Par conséquent, nous avons entamé tout cela le jour d'après. La famille a d'ores et déjà vu le résultat. Plus que ravis, ils se sont exaltés devant le sublime mandarinier et... les rhododendrons. Ils ont su faire leur effet et parent magnifiquement cette allée.

Je n'avais pas eu de réaction aussi enjouée depuis des mois. Et là, chaque membre de cette famille y trouve son compte : la femme adore les fleurs, le mari apprécie les arbres fruitiers et les enfants aiment l'espace caché sous le saule.

Il ne me reste plus qu'à montrer tout cela à la fleuriste, qui ne devrait plus trop tarder. Impatient et le sourire aux lèvres, mes pieds font des aller-retours sur le trottoir. J'espère qu'elle ne sera pas aussi stressée que la dernière fois, je ne voudrais sûrement pas la mettre mal à l'aise. Juste qu'elle voit son talent de ses propres yeux et qu'elle se rende compte que l'on peut accomplir de grandes choses ensemble.

Prévoir tel arbre selon les saisons, celui-là pour cacher du vis-à-vis ou encore celui-ci pour abriter la piscine, je peux le faire. Mais, donner vie à un espace vert, je n'y parvenais plus depuis longtemps. Il me manquait ce truc, que Dahlia possède. Je l'ai su dès que j'ai entrevu sa boutique discrète.

Soudainement, une voiture se gare et je l'aperçois à l'intérieur. Remontant mes lunettes sur mon nez, je vais l'accueillir joyeusement. Vêtue d'une robe à fleurs, très printanière, Dahlia s'avance vers moi, l'air déstabilisée. Elle donne l'impression d'une biche dans les phares immenses d'une voiture. Instantanément, je la salue d'un grand sourire, espérant la détendre un peu.

— Salut, murmure-t-elle, remontant la anse de son sac sur son épaule.

— Suis-moi ! m'exclamé-je, l'emmenant jusqu'au portail des propriétaires. Je leur ai dit que ma collaboratrice souhaitait voir le rendu final. Ils n'y ont pas vu de problème. Ils sont ravis !

Elle m'offre un petit rictus, semblant se tranquilliser. Je suis tellement impatient d'avoir son avis que j'en oublie de la saluer. Tant pis, elle ne m'en tient pas rigueur. Avançant prudemment dans mes pas, je sens son regard curieux. Alors, j'ouvre le petit portillon et la laisse passer, exalté.

— Oh, souffle-t-elle, marquant un temps d'arrêt.

Le soleil commence déjà à se coucher, offrant un spectacle encore différent.

— Ce rose des hortensias. Et puis, les fleurs blanches des mandariniers avec le rouge des tulipes...

Elle déambule dans ce jardin, effleurant les pétales du bout des doigts. De mon côté, je la laisse faire, restant en retrait. Dahlia me décrit le paysage, comme si je n'étais pas capable de le voir. Au fond, j'apprécie d'avoir sa vision des choses, bien différente de la mienne. Un immense sourire étire son visage doux. Comme les enfants, plus tôt dans la journée, elle se penche pour se cacher sous le saule pleureur, puis en ressort en riant. Contournant les arbres, elle cherche le moindre point de vue. Sa voix douce énumère chaque fleur dont elle a décidé l'emplacement, sans que je cherche à la contredire. Elle semble éclore timidement dans ce jardin.

— D'accord, je veux bien avouer que nous avons fait du bon travail. On recommence quand ? me questionne-t-elle, les yeux brillants.

Toute trace d'anxiété a disparu dans son comportement. Heureux de l'avoir convaincue, j'avance de quelques pas.

— Demain soir, à la même table, à côté de la fontaine, 19h ? proposé-je.

Elle acquiesce vivement.

— Merci, sourit-elle.

Je voudrais lui dire qu'elle inverse les rôles. Seulement, je me souviens de son état au début du restaurant, la semaine dernière, et puis son sourire éclatant ce soir. Et je comprends ce qu'elle veut dire.

Dahlia paraît si fragile. Pourtant, elle s'est forgée une carapace immense que je suis loin de pouvoir percer. Cela me ne dérange pas. Son caractère est d'une douceur qui apaise mon âme. En plus, je sais qu'elle ne cherchera pas à me pousser dans mes retranchements, à en savoir plus sur moi. Ça me convient parfaitement. Notre amour pour les plantes peut faire fleurir une belle amitié. Seulement, je connais les limites à me fixer et je ne les dépasserai pas – plus.


Le lendemain


Dahlia

Jean, le gérant du petit restaurant et mon voisin, m'offre un sourire convenu en m'apercevant. Les rumeurs doivent suivre bon train dans le village : la fleuriste s'accoquine avec un étranger, devant tout le monde. Mais quelle audace ! Qu'importe. Je refuse de mettre de l'énergie à faire taire un bruit qui court. A la place, l'impatience se fraie un passage dans mon esprit : sur quel projet allons-nous travailler cette fois-ci ? Mes livres botaniques sous le bras, j'attends l'arrivée d'Isaac.

Je ne sais pas pourquoi cette rencontre impromptue m'exalte autant, alors qu'elle m'angoissait au plus haut point il y a encore peu de temps. Peut-être parce qu'elle apporte du renouveau dans mon quotidien. Après tout, ma routine reste cruellement simpliste et solitaire. La vie a fait que je me retrouve seule avec moi-même très souvent. Non pas que ma compagnie me dérange. J'ai appris à l'apprécier et à avancer ainsi. Seulement, il manque désespérément un peu de vie dans cette existence. Carrément paradoxal.

Les gens pensent que je ne vis que pour mes fleurs. Disons plutôt qu'elles sont les seules à m'apporter quelque chose. Je les connais par cœur et elles sont révélatrices de tellement de messages. Leur beauté au naturel suffit à ravir mes pupilles chaque matin. Chaque saison, elles changent de garde-robe, revêtant une couleur encore différente. Et moi, je les accorde, leur donne la parole.

Voilà une bonne demi-heure que je patiente tranquillement, sans aucun signe de mon collègue. Commençant à m'inquiéter, je jette un œil à mon téléphone. Rien.

Isaac, si tu ne viens pas, tout le village va croire que mon bel acolyte m'a posé un lapin, j'aurais l'air fine.

Encore un quart d'heure avec une chaise vide devant moi. Soupirant, je me lève, récupérant mes ouvrages fleuris et prévenant Jean de mon départ.

Je me fiche qu'il ne soit pas venu. Un de plus ou un de moins, qu'est-ce que ça change ? Au fond, je n'arrive même pas à être déçue. Lasse, j'ai beaucoup de mal à croire en les gens. Cette soirée ne fait que me le prouver à nouveau. On ne peut se faire confiance qu'à soi-même. Je n'attends rien des autres, ça m'évite d'être encore déçue. Et j'arrête de donner autant que par le passé. La vie m'a prise, m'a ballottée dans tous les sens, éteignant tout espoir en moi.

Si je suis encore là aujourd'hui, c'est uniquement parce que je lui ai promis. Pourtant, j'ai du mal à en trouver l'intérêt. Se lever tous les matins, travailler et recommencer le lendemain. La moindre personne souhaitant entrer dans ma vie est priée de faire demi-tour, me laissant dans ce sinistre équilibre. A force de me marcher dessus, les autres m'ont cassée. Chaque fois que je souhaitais me relever, ils m'écrasaient encore. Je suis fatiguée. Chaque jour est vécu comme le précédent, ni plus ni moins.

Mon cœur est brisé, je n'ai plus jamais réussi à le réparer. Alors, il reste avec ses morceaux valdinguant sans but. Il a aimé, trop fort, à ses dépens. Et on ne lui ai jamais rendu cet amour. Résultat, il a cessé de vouloir aimer, il ne remplit que sa fonction primaire : me maintenir en vie. Ce n'est pas grave, mon destin n'avait rien prévu de grandiose pour moi, c'est ainsi. Je me suffis de ce que je possède, dans ce juste milieu un peu précaire.

Et si Isaac n'a pas souhaité venir ce soir, sans me prévenir, c'est probablement qu'il avait quelque chose de plus important. Je l'entends totalement et je n'ai même pas envie de chercher plus loin.

Poussant la porte donnant sur mon logement, je suis accueillie par mon chat. Aussi affectueux que paresseux, il m'offre un léger miaulement, se frotte sur mes jambes puis repart se coucher. Cet animal noir aux grands yeux vert partage ma vie depuis quelques années maintenant. Il est bien le seul, d'ailleurs.

M'asseyant lourdement dans mon canapé, mon téléphone vibre dans ma poche.


Isaac :

J'ai eu un énorme contre-temps, je suis vraiment désolé. Je peux être là dans un quart d'heure !


Soupirant, je lui réponds simplement qu'il n'a pas besoin de se déplacer, que je suis déjà rentrée chez moi.


Isaac :

Oh, je comprends... Si tu veux, je t'envoie le projet par mail et on se voit en début de semaine prochaine pour en discuter ?


Je pourrais répondre oui. Après tout, qu'est-ce qui m'en empêche ?

Cette peur de donner trop, encore, et de le regretter par la suite.

Pourtant, je repense à la joie que j'ai ressentie en visitant ce jardin arboré et fleuri par nos soins. J'imagine les repas d'été des propriétaires. Les après-midi dans l'herbe fraîche des enfants. Et puis, j'ai beau adorer mes fleurs, je ne les avais jamais vues en dehors de ma boutique. Une fois le bouquet sorti de mon échoppe, je ne sais même pas si elles seront placées dans la cuisine ou dans le salon ; si la composition a plu ; les émotions qu'elles ont offertes à la personne concernée. Alors qu'au milieu de ce jardin, Isaac me comptait les avis des propriétaires. C'était comme si mon travail trouvait un sens nouveau, une finalité plus concrète.


Moi :

D'accord, j'y jetterai un œil quand je pourrais.


Joignant mon adresse mail au message, je reçois le tout dans les cinq minutes. Contrairement à ce que je lui ai dit, je me dépêche de l'ouvrir, le cœur battant. De quoi s'agira-t-il ce coup-ci ? Il a joint plusieurs fichiers : le speech du projet ainsi que le plan et plusieurs photographies. Cette fois, il est question d'un immense jardin en friche pour l'instant. La maison semble d'un style années trente. Le client souhaite absolument tout revoir. Il a quelques demandes précises mais, autrement, il nous laisse quasiment carte blanche. Cela risque d'être un beau terrain de jeux...

Isaac a ajouté un court texte :


Vu le succès de notre première collaboration, je me suis permis de te proposer un très gros chantier. J'espère que tu ne m'en voudras pas, je suis certain que nous pourrons faire des merveilles.

Encore sincèrement désolé de mon absence ce soir. Es-tu disponible mardi soir ?


Sans réfléchir, je m'empresse de lui répondre par la positive, piquée par le projet. Quelques minutes après, ma boîte mail affiche une nouvelle notification :


Je croyais que tu regarderais seulement « quand tu pourrais » ?


Sous l'œil observateur de mon chat, je me mets à rire, parcourant à nouveau les différents fichiers. Récupérant un carnet neuf, j'observe ma grande collection de calepins abîmés par le temps. Tous classés dans le bon ordre. Mon cœur se serre à cette vision donc je m'empresse de rejoindre mon canapé, stylo en main, et de commencer à noter mes idées florales.

Dans une existence, tout ne peut pas trouver un sens. Néanmoins, je peux réussir à en donner un à mon travail.

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Bonjour !

Dans ce chapitre, nous voyons que la collaboration entre nos deux amis (pardon, collègues) semblent apporter autant aux deux ! Les chapitres se rallongent au fur et à mesure... :)

Des idées sur la raison de l'absence d'Isaac (impossible à deviner pour l'instant, vous en saurez plus dans la suite...) ?

En espérant que ce chapitre vous ait plu, je vous souhaite un bon week-end :)

Fantine

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