บท16
Deux semaines plus tard, le froid bien installé dans le pays, le ciel gris constant, les passants revêtus de leurs doudounes Michelin, le brouhaha quotidien de la rue automobile adjacente, tout me déprimait. J'évitais Jisung, comme si quelque chose avait changé dans son regard chaque fois que je le croisais et que cette sensation de malaise ne faisait qu'accroître en me faisait de plus en plus m'éloigner de mon ami de peur qu'il ne me fasse du mal. Je savais pertinemment que je ne pouvais l'éviter toute ma vie, cela aurait été long, douloureux et sans but, mais rien n'y faisait, j'avais cette petite boule dans le ventre qui me disait qu'à tout moment il pouvait recommencer à se jouer de moi et sûrement en abuser. Je dormais peu voir pas, fixant inlassablement mon plafond de plaquo blanc parsemé de petites tâches noirâtres de vieux moustiques écrasés en plein été, comme si cela allait m'aider à avancer dans cette situation foireuse que j'avais moi-même créé. J'allais de plus en plus souvent chez Christopher, lui rendre visite à lui et sa famille parfaite, sa femme aimante et son gosse adorable, on mangeait ensemble, parlait de tout et de rien, puis je rentrais à reculons jusqu'à mon appartement où je voyais chaque jour la même vision : Jisung, assis en tailleur à côté d'un mur, près de la porte d'entrée, attendant sûrement mon retour pour je ne savais quelle raison, et chaque jour mon cœur se brisait chaque fois plus, se fissurait douloureusement, et chaque jour je prenais une couverture sur le canapé et dans le même silence, je viens la poser sur son corps qui semblait frêle d'apparence. C'était chaque jour la même chose, et chaque fois je l'évitais lorsqu'il essayait de m'interpeller avant que je n'aille au travail mais je prétextais que j'étais déjà en retard et qu'on parle plus tard.
Mais aujourd'hui était différent, j'étais en repos, Christopher et sa petite famille était partie dans le sud pour le week-end et je ne pouvais pas me réfugier chez mon frère sans qu'il ne me pose des questions et ne me fasse la morale sur mes actions immatures. Il était sept heures du matin, le soleil s'était déjà partiellement levé, laissant la lumière naturelle pénétrer lentement dans mon cocon et se dessiner sur ma couette protectrice que je ne voulais quitter pour rien au monde, mon regard bloqué sur le plafond que je connaissais à présent par cœur et le silence, ce silence de plomb qui n'aidait en rien. Jusqu'à un bruit, un grattement à la porte. Paniqué, sachant pertinemment que c'était le démon, je fermais fortement les paupières comme si je dormais encore, entendant déjà ma porte grincer lentement et la petite voix murmurant :
"- Minho ? Vous dormez ?"
Je ne voulais pas lui répondre, pas le regarder et de nouveau avoir peur de lui, je voulais juste qu'il s'imagine que je dorme encore un peu et me laisse seul l'espace d'encore quelques minutes pour que je prenne mon courage à deux mains et que je me lève. Hors, il n'avait pas décidé de quitter ma chambre. Au contraire, j'entendis ses pas leger sur le parquet sûrement frais jusqu'à entendre un son plus fort comme s'il s'était agenouillé ou un truc dans le genre, près de moi. Mon cœur battant à la chamade, le souffle plus court, j'essayais de paraître le plus naturel mais un sentiment de peur reprit possession de mes tripes. Qu'allait-il faire ? Allait-il me faire du mal ? Me brûler ? Me crevé les yeux ? M'étouffer dans mon sommeil ? Me frapper ? Ou... ou...
Rien de tout ça. Un simple contact, sur ma joue sensible à tout mouvement, un touché glacial qui fit frissonner mon échine de la tête aux pieds, des doigts effleurant mon épiderme délicatement, traçant ma paumette, ma mâchoire, ma joue, mes lèvres, laissant derrière eux une sensation de manque inexplicable et cette voix, si merveilleuse à mon oreille mais qui me fit tout aussi mal :
"- Je suis désolé Minho, je n'ai rien voulu de tout ça, je ne savais pas, un silence où il traça le fine line qu'était mon arc de cupidon, avez-vous peur de moi?, demandait-il comme pour lui même, vous en avez l'air..."
Il retira sa main de mon visage, l'entendant inspiré bruyamment et soupirer dans un grand silence, tandis que je déglutis difficilement alors que j'aurais eu envie de lui crier que nous je n'avais pas peur de ce qu'il était mais cela revenait à mentir, et les mensonges commençaient à un peu trop s'accumuler.
"- Ne vous inquiétez pas, le bruit de ses vêtements se fit entendre, je m'en vais, je vous laisse tranquille, je vous ai assez causé de soucis comme cela."
Puis j'entendis le mouvement de ses vêtements se froisser comme s'il se levait, s'éloignant de moi et je sentis mon cœur se serrer, mon égoïsme me perdrait c'est certain, et là c'était bien une partie de moi qui semblait partir avec lui, parce que j'avais merdé. Oui j'avais peur, on nous rabâchait sans cesse que les démons et les anges ne doivent pas se fréquenter car ça amènerait forcément la perte d'un des deux et que la suite pouvait considérablement se dégrader, sans qu'on ne nous disent en comment, j'avais forcément peur de le perdre et que je ne perde complètement la raison ou inversement. J'avais peur parce que les anciens ne cessaient de nous inculquer qu'ils sont mauvais, et veulent nous tué pour tout genre de sacrifice, boire notre sang pour acquérir nos capacités et devenir invincibles, que leurs présences nous est toxique. En bref; j'avais sans cesse peur de tomber sur un de ces êtres diaboliques et nocifs alors que mon âme-soeur, mon alter-ego, mon soleil en était un. Il avait déjà essayé de me manipuler pour, aussi sûrement que l'eau mouillait, boire mon sang et me transmettre son venin pour me tuer sans que je m'en rende vraiment compte, parce qu'il ne savait pas, qu'il ne se rappelait pas, ce que nous sommes l'un pour l'autre. Malgré tout, j'avais du mal à concevoir qu'il veuille ma perte de son plein gré, alors que tout semblait le prouvé.
Un pas, puis deux, puis une dizaine d'autres, un bruit sourd qu'on soulevait comme un sac qui ramassait par terre, et ce sentiment qu'il ne devait pas partir, pas maintenant, jamais. Je luttais contre cette peur incessante et ce brisure de l'avoir blessé et rejeté.
"- Pourquoi tu voulais boire mon sang ?, avais-je articulé avec autant de confiance que je pouvais avoir quand je me retrouvais derrière lui, à distance raisonnable, devant la porte."
Il s'arrêta net, se tournant avec espoir vers moi, la bouche entre-ouverte comme s'il voulait protester ce fait qui s'était passé, des jours plutôt, et je m'étais reculé inconsciemment, mon cœur battant à la chamade et mes tripes se tordaient dans tout les sens, j'avais peur qu'il ne me saute dessus et n'atteigne finalement son objectif. Son visage si lumineux s'était en une demi-seconde décomposé, ses yeux perdirent cette lueur d'espoir qu'ils avaient quelques millièmes de secondes auparavant, les coins de se bouche s'affaissèrent, il pinça ses lèvres avant de baisser ses magnifiques prunelles vers le sol et de me mentir sans aucune conviction :
"- Je ne sais pas."
Un moment de silence, pesant, s'installât entre nous, laissant le temps se perdre indéfiniment dans la pièce, dans le bâtiment, le monde, l'univers, comme si tout s'était mit en pause pour nous. Il se mordit la lèvre inférieur en fermant les yeux fortement non sans détourner son joli visage en direction de la porte. Avait-il peur qu'en disant la vérité, je ne sois encore plus effrayé ? D'un certain sens je le comprenait mais je voulais savoir pourquoi il avait voulu planter ses crocs démoniaques dans la chair tendre de mon cou.
"- Je ne sais pas, chuchota-t-il avant de déposer ses délicats doigts sur la poignée de ma porte.
- Ne me mens pas, demandais-je en appuyant ma paume sur le battant encore non ouvert, m'étant, sans réfléchir, rapprocher de lui, pourquoi tu ne me le dis pas ?
- Parce que... parce que... commençait-il alors que sa voix se cassait, vous avez peur de moi, et que.. je... enfin..."
Mon cœur se brisa encore plus, mon souffle s'était coupé aussi, oui j'avais peur, peur qu'il ne me fasse du mal, mais sans m'en rendre compte, je l'avais blessé inconsciemment avec mes peurs et mes distances. Il était venu trouver refuge ici, sans sa mémoire, cherchant quelqu'un qui pourrait l'aider et je l'avais laissé tomber comme une vieille chaussette, et jamais ô grand jamais il ne méritait ça, démon ou non. Culpabilisant plus que je ne voudrais me l'avouer, je viens coller mon torse contre son dos, enlaçant délicatement sa taille de mon bras, déposant mon nez dans cou, essayant de le réconforter, de me faire ne serait-ce qu'un pourcent pardonner de mes actions d'enfant de huit ans alors qu'il souffrait sans m'en dire un mot, pour sûrement ne pas me déranger. De mon autre main valide, je viens frôler toute la longueur de son bras, avant d'arriver à sa main, de la caresser délicatement et de lui retirer le sac de sport qu'il avait entre les doigts. Je l'entendais sangloter comme un enfant, ses mots s'étouffant dans sa voix :
"- Vous... vous devez m... me détester...
- Non, non.."
De manière douce, je le fis se tourner pour qu'il me fasse face, mais son visage restait rivé au sol, comme honteux que je le vois pleurer. Enlevant ma main de ses reins, je viens prendre son visage chaud, étrangement, entre mes paumes, venant essuyer ses gouttes d'eau salées qui parcouraient ses joues rougis.
"- Jisung..."
Il leva ses prunelles translucides vers moi, les cils humides, les chemins de ses larmes à peine effacer sur son doux visage, ses deux-trois mèches blondes lui tombant devant les sourcils parfaitement coiffés, j'avais sentis ses mains s'accrocher à mon tee-shirt gris déjà froissé.
"- Je... je ne comprends pas ce qui m'arrive !, lâchait-il d'une traite avant de venir enfouir son visage contre mon cou, pleurant sans s'arrêter sur mon épaule."
A court de mot, je restais surpris pendant quelques instants avant de venir l'encercler de mon bras et caresser ses cheveux d'une douceur incroyable de mon autre main, j'avais envie de pleurer aussi, car ses larmes m'étaient douloureuses, elles ne devraient pas exister sur son visage, pour rien au monde.
"Je suis désolé, Jisung.
Mais souviens-toi que je ne te détesterais jamais.
Que pour rien au monde je ne me séparerais de toi."
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