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Chapitre 1 - Dans le papier

« I'm still holding on to everything that's dead and gone
I don't wanna say goodbye 'cause this one means forever
Now you're in the stars and six-feet's never felt so far
Here I am alone between the heavens and the embers
Oh, it hurts so hard for a million different reasons
You took the best of my heart and left the rest in pieces »

« Je m'accroche toujours à tout ce qui est mort et parti
Je ne veux pas te dire au revoir car cela signifie pour toujours
Maintenant tu es dans les étoiles et six pieds n'ont jamais été aussi loin
Me voici seul entre les cieux et les braises
Oh, ça fait tellement mal pour un million de raisons différentes
Tu as pris le meilleur de mon cœur et laissé le reste en morceaux »

In the stars
Benson Boone

Chapitre 1 - Dans le papier : Samedi 24 février 1940

La montagne était silencieuse et glaciale de toute part. Un silence de mort régnait dans la vallée lorsque soudain, une porte claqua, loin dans les hauteurs.

La maison était minuscule, aussi fragile qu'une feuille de papier et aussi sommaire qu'un morceau de bois, elle semblait là depuis des siècles, face aux intempéries et aux vents violents qui frappaient les sommets en ce sinistre hiver de 1940.

Un homme recourbé et ridé par les années pénétra dans la maison en refermant bruyamment la porte derrière lui. Un froid tout aussi perforant que dehors assaillit l'arrivant qui marcha hâtivement en direction de la cheminée où il jeta quelques bûches et une allumette. Il tira sèchement un fauteuil vert usé jusqu'à la corde et s'installa en grelotant avant de pencher ses mains fripées vers le foyer. Il fit courir son regard sur le sommaire ameublement de la bâtisse et déplora, comme chaque jour, la simplicité de cette pièce spartiate.

Une table de bois écorchée par des dizaines de couteaux trônait au centre de la pièce entourée par six chaises disparates. Juste à gauche, une minuscule cuisine abritait une cuisinière à gaz, un placard plein à craquer et une modeste cafetière. Derrière la table, le salon, ou ce qui s'en approchait le plus, avec deux fauteuils qui avait fait leur temps, une cheminée au fond de laquelle brillait un feu qui peinait à prendre et un mur en pierres apparentes recouvert de photos délavées en noir et blanc.

Edgar - tel était le nom de l'homme d'un âge certain qui tentait de se réchauffer - se leva et grimpa en grimaçant les escaliers branlants derrière le salon. Une fois sur le palier, il s'adossa au mur et tenta de ralentir son rythme cardiaque en inspirant de grandes bouffées d'air.

« Foutue maladie », grommela-t-il.

Il reprit son chemin sur le parquet grinçant et passa sans s'arrêter devant les deux pièces qu'occupaient auparavant ses quatre fils. Arrivé au bout du minuscule couloir, il poussa la porte de sa chambre et s'assit sur le lit qui lui faisait face avant de s'enfoncer brusquement dans le matelas usé et délavé. Il profita de la relative chaleur qu'offrait la pièce puis la quitta en adressant un regard sombre au coté gauche du lit. C'était celui de sa femme. Celui de Sarah. Celui qui était inoccupé depuis huit ans. Edgar se mordit la lèvre puis se dirigea au bout du couloir où un baquet remplit d'eau servait de salle de bain. Il se rafraichit le visage puis redescendit les escaliers en tentant de maitriser son souffle haché alors que son palpitant s'emballait.

« Elle m'aura avant leur retour », pesta-t-il à voix basse en reprenant son souffle après les escaliers.

Edgar se rassit sur son fauteuil délavé et observa, mélancolique, le feu. Tant de souvenirs s'étaient forgés dans cette maison... Il avait vu ses enfants gambader à travers la fenêtre, sa femme lui sourire depuis le palier, son chien aboyer en courant... Et désormais il était seul. Sa femme, emportée par une chute idiote huit ans plus tôt, son chien abattu par un chasseur et, le pire, ses quatre enfants partis combattre dans une guerre d'où ils ne reviendraient peut-être jamais.

Comme chaque jour, Edgar repoussa ces pensées dépitantes et tourna le regard vers les photos accrochées au mur. Ses enfants les avaient épinglées ici le jour où ils étaient tombés sur un carton retraçant, en images, la vie de leur père. Alors, bien que guère convaincu d'avoir son histoire devant les yeux à longueur de journée, Edgar s'était résolu à les laisser.

La première image le représentait, le jour de sa naissance, le 31 Janvier 1886, dans le même village que celui où il vivait désormais. Sa mère le tenait et, bien qu'épuisée, elle souriait à l'objectif. Son père, plus ferme, esquissait un petit sourire en tenant l'épaule de sa femme, la fierté se lisait sur ses traits : après quatre filles, un garçon enfin naissait de son union avec Margaret Degarde. Pris de tristesse, Edgar se leva de son fauteuil au prix d'un grand effort et caressa délicatement le visage figé et souriant de sa mère. Sa gentillesse et sa générosité avait fait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui et, même si elle était responsable de cette terrible maladie cardiaque qui le rongeait jour après jour, il n'avait jamais cessé de l'aimer.

Ses yeux se détournèrent à grand peine de cette première photo pour se poser sur la seconde ou il était entouré de ses quatre soeurs. Elisa, Jeanne, Louise et Marie. Vêtues de leurs plus belles robes, elles souriaient toutes, radieuses. Toutes sauf une, Elisa bien sur. Occupée à réprimander ses soeurs pour leur indiscipline elle avait les traits tordus par l'agacement et Edgar la trouvait particulièrement laide, plus que d'ordinaire même. Cette bonne femme était tout bonnement infecte. N'ayant jamais supporté d'être détestée pour sa condition d'ainée féminine, elle tentait de compenser en étant désagréable au possible avec ses jeunes soeurs et son frère...

Son regard refusa presque de se poser sur la photo suivante qui, bien que toute simple, entraînait chez lui des souvenirs d'une justesse troublante. L'image représentait le lycée de la vallée. Ce lycée qui l'avait accueilli durant trois ans, qui l'avait fait évoluer, mûrir, changer. Il en était ressorti transformé et prêt à affronter les réalités de la vie. Dans cet établissement, pourtant de niveau médiocre, il avait appris à se montrer digne et à ne jamais fléchir face à la menace. Cependant, les souvenirs qui marquaient ses années lycées étaient loins d'être tous joyeux. Entre 1902 et 1905, sa mère était décédée, son adorable petite Maman qui avait toujours été là pour lui les avait quittée ce terrible 18 février 1903, atteinte d'une maladie cardiaque que l'on s'apprêtait à diagnostiquer à Edgar lui même. Il tremblait encore au souvenir de cette affreuse nuit du 18 au 19 juin 1904...

***

Un noir plombant régnait sur le village et le jeune homme au cheveux encore blond était sorti en compagnie de quelques amis pour une escapade interdite dans les hauteurs. Ce n'était pas la première mais cette fois-ci, alors que la petite bande gravissait la montagne en courant à toute allure, Edgar avait sentit que quelque chose n'allait pas.

« Les gars ! Oh les gars ! Pourquoi ne pas redescendre et revenir demain ? Il fait froid vous ne trouvez pas ? avait-il quémandé, en vain.

- Enfin Degarde ! Tu te dégonfles ? »

S'il s'était écouté, il serait redescendu directement chez lui et se serrait blotti dans ses maigres couvertures en tentant de calmer les battements intarissables de son coeur qui faisait trembler toute sa cage thoracique. Mais il avait bien trop d'honneur pour cela et il était resté avec ses amis, à gravir, mètre après mètre, pierres après pierres... Avant de s'interrompre brusquement alors que son palpitant s'emballait encore d'avantage et que la force quittait ses muscles un à un. Il tint encore quelques instants debout avant de s'effondrer brusquement contre un rocher, blanc comme neige.

« Degarde ? Degarde ? Degarde ce n'est pas drôle ! Réveille toi !

- A quoi tu joues Edgar ! »

Mais contrairement à ce qu'avançaient ses amis, Edgar ne jouait pas. Bien loin de là.

***

Il s'était réveillé le lendemain soir, dans une chambre inconnue, aux murs blancs et avec pour seul meuble une unique chaise en bois où, le visage rongé par l'inquiétude, son père lui tenait la main. A côté de lui, Edgar avait remarqué le médecin du village qui s'apprêtait à lui annoncer la pire nouvelle de sa vie : « Le gosse à le coeur aussi pourri que la mère ! ».

Ces mots ne voulaient pas dire grand chose et pourtant ils avaient heurté le jeune homme comme un couteau qu'on enfonce, comme un poing qu'on envoie. Sa mère et sa terrible maladie. Sa mère qui était morte il y a à peine un an. Sa mère qui lui avait transmis sa maladie.

Le médecin, qui se faisait de plus en plus vieux, ne trouva pas de remède approprié à prescrire à Edgar et le renvoya chez son père avec comme seule consigne de ne plus jamais monter dans les hauteurs de la vallée et limiter au maximum les efforts physiques...

Il n'avait jamais eu de nom, jamais eu de terme scientifique à placer sur cette maladie cardiaque qui le rendait incapable de fournir le plus mince des efforts. Edgar s'était résolu à l'appeler « sa foutue maladie », cette héritage que sa mère, pourtant si formidable, lui avait laissé. Cette héritage qui faisait de lui un bon à rien, un incapable. Alors que chacun de ses amis partait pour le service militaire, il restait chez son père avec pour seule compagnie la vieille boulangère qui le tirait de ses lectures chaque matin avec un morceau de pain.

Il se pensait condamné à mourir d'une crise cardiaque avant ses vingt ans, destiné à vivre seul, persuadé qu'aucune jeune fille de la vallée ne voudrait jamais d'un mort en sursis. Et pourtant, alors que ses yeux divaguaient vers la quatrième photo, le visage de Sarah, sa douce Sarah, s'imposa à lui. Elle était représentée en gros plan, le photographe avait su capturer la délicate forme de ses lèvres, son regard saisissant, ses lourds cheveux noirs jais, son menton pointu adouci par ses joues roses et sa peau bronzée par le travail au champ. En posant son regard sur le visage de cette femme qui avait marqué sa vie, qui lui avait redonné le gout de vivre alors qu'il se pensait destiné à la mort, Edgar sentit sa gorge se serrer. Elle aurait mérité de vivre à jamais et elle était morte à même pas cinquante ans. Mais elle avait eu les plus belles quarante-six années possibles - Edgar s'en était assuré. Entouré de ses quatre fils qu'elle aimait plus que tout au monde, au bras d'un mari qui l'aimait par dessus tout... En ce terrible jour de septembre 1932, en tombant des escaliers, elle était partie heureuse, et fière de la famille unie qu'elle laissait derrière elle, il en était certain.

Jugeant que les souvenirs étaient bien assez remontés, Edgar passa à la photo suivante. A l'arrière-plan, une petite maison en pierres, trônait fièrement devant les montagnes environnantes, et devant elle, un couple de jeune mariés, main dans la main. Le soleil éclairait ce paysage figé dans le temps et Edgar peinait à se reconnaitre en ce jeune homme fringant et souriant de bonheur. A cette époque il avait tout, une femme, une belle maison, un adorable petit chiot et même un petit garçon tout juste né. Aujourd'hui, tout ce qui lui restait, c'était une vieille bâtisse qui tombait en ruine et des photos sur lesquelles pleurer... On lui avait même volé ses propres enfants. Que tout ceux qui lui avaient dit que l'avenir ne réservait que des bonnes choses aillent au diable. La vie s'était bien fichue de lui. Elle lui avait fait miroiter une vieillesse radieuse avec sa femme et ses quatre fils avant de tout lui prendre d'un coup.

« Je ne sais même à quoi ça sert de continuer... Ils ne rentreront sûrement jamais » pensa t-il.

Ses enfants étaient les seuls personnes au monde qui le poussait à se battre, à continuer, ce serait tellement simple de se laisser aller, de tomber endormi et de rejoindre pour de bon Sarah... Mais si en rentrant, ses fils trouvaient un corps mort à la place de lui-même, il s'en voudrait à jamais. Il n'avait pas le choix. Pas le choix de continuer et de ne s'arrêter que lorsque son temps serait vraiment passé. Pour eux.

Le coeur lourd - et battant encore beaucoup trop vite - Edgar fit dériver ses yeux vers... vers des pierres, des pierres, des pierres et encore des pierres, vides et d'une tristesse infinie. La cinquième et ultime photographie se trouvait tout au bout du mur, à quelques centimètres de la cheminée. Ce blanc entre les deux images n'était pas là par hasard, on remarquait qu'entre la quatrième et la cinquième photo, vingt ans s'étaient écoulés, les visages des mariés avaient vieillis, des rides avaient commencé à se former au coin de leurs lèvres souriantes, quelques cheveux gris pointaient leur nez mais surtout : quatre nouveaux personnages avaient fait leur apparition dans la vie d'Edgar.

Le premier, tout à gauche de la photo - un portait de famille en vérité - semblait avoir une douzaine d'années, peut être plus, et se tenait très droit. Ses cheveux bruns coiffés à la perfection, ses vêtements vieillis lissés soigneusement, son ferme regard bleu océan et son léger sourire, qui tranchait avec sa carrure rigide. Il s'appelait Allan et était l'ainé des quatre garçons Degarde.

Juste à droite de leur grand frère, deux garçons de sensiblement le même âge - dix ans, peut être moins - souriaient à l'objectif, de toutes leurs dents de lait. Le premier, Joseph, avait des cheveux blonds pailles, deux yeux noisettes plissés par son rire et passait son bras par dessus l'épaule de son jumeau, Theophilus, qui lui ressemblait en tous points, si on exceptait ses cheveux noirs jais. Somme toute, les deux garçons partageaient une énergie folle et un sourire presque naïf. Deux boules de joie encore pleines de l'innocence de leurs premières années.

Les parents suivaient, les traits fatigués mais indéniablement heureux avant que la photographie ne se termine sur le visage d'un tout petit garçon d'à peine huit ans et de tout juste un mètre vingt. Sa chevelure brune aux teintes dorées était coupé à ras et de larges lunettes mangeait son visage, cachant presque ses yeux d'un bleu étincelant. Ses pupilles rayonnaient de curiosité et il dévorait l'appareil du regard alors même que tout dans sa posture indiquait qu'il mourrait d'envie de s'échapper et de retourner à la lecture - sensiblement passionnante - de l'épais ouvrage qu'il tenait entre ses minuscules mains.

Le tout, cette image insouciante et prise en pleine action, formait un adorable portait de famille où l'on semblait pouvoir lire toute une vie. Rien n'indiquait, dans ces visages insouciants, que bientôt ils ne seraient plus que cinq, que bientôt, la vie volerait leurs innocences à ces garçons pleins d'envies, de rêves et d'ambitions.

« Mais c'est ce qu'elle finit par faire » lâcha amèrement Edgar.

Elle leur avait ôté une mère, sans regrets ni remords, sans se dire qu'elle tuait une innocence dans l'oeuf.

Mais Allan, Joseph, Theophilus et Rodolphe avaient été heureux... Ou du moins, Edgar avait fait tout son possible pour. Il s'était démené pour les faire sourire, pour les faire avancer, pour qu'ils ne ratent pas la porte de leurs vies. Il espérait de tout coeur avoir réussi, car ces quatre garçons, plus que quiconque, méritaient une vie de rêves, de sourire, d'illuminations et d'amour.

Eux, plus que quiconque, parce qu'ils l'avaient empêché de sombrer, parce qu'ils avaient été son roc, son attache alors que tout semblait vouloir s'écrouler. Aujourd'hui ils n'étaient plus là, et Edgar comprenait à quel point tout serait dur jusqu'à leur retour. Vivre sans ses fils, c'est vivre sans bouffée d'air, sans raison, sans motivation, sans amour aussi...

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