Chapitre 13
Je me réveille tôt alors je commence à regarder mes devoirs pour la rentrée.
May me rejoint dans ma chambre vers 11h et nous décidons de partir tout de suite et de manger au centre commercial.
Nous y sommes en vingt minutes. Je ne me souviens plus de la dernière fois où j'ai été dans un centre commercial. C'est tellement grand. Il y a une foule immense. Tout le monde fait ses achats de dernière minute.
-Par quoi tu veux commencer, Ape ?
-On peut commencer par toi, si tu veux.
-Moi, je fonctionne au coup de cœur, je trouverai n'importe où.
-Qu'est-ce qui pourrait plaire à tes parents ?
-C'est pas la peine de leur faire un cadeau, t'inquiète pas.
-Si, ça me fait plaisir, ils sont tellement gentils avec moi.
-Dans ton budget, il y a des boucles d'oreilles fantaisie que ma mère adore mais elle a peur d'être trop vieille pour les porter. Je pense que ça lui ferait super plaisir que tu les lui offres, ça la rassurerait sur son idée idiote qu'elle est trop vieille. Et pour mon père... Il est fan de star wars alors peut-être une figurine yoda ou quelque chose comme ça ?
-Merci beaucoup, c'est super gentil de m'aider.
Nous allons dans une boutique de vêtements colorés où il y a les boucles d'oreilles. Elles sont vraiment jolies. Ce sont des petites maisons de toutes les couleurs. Je les achète puis nous trouvons une figurine Yoda au magasin de jouet. Pour son frère, elle me conseille un support pour poser ses manettes de console que j'achète dans le magasin d'électronique. May a autant de sacs que moi, elle n'a pas pu résister et a acheté des choses dans chaque boutique où nous sommes passées et dans d'autres encore. Il ne reste plus que Will et May. Je ne sais pas quoi offrir à May alors qu'elle peut avoir tout ce qu'elle veut... j'ai peur de la décevoir. Nous nous séparons en nous donnant rendez-vous près du panneau interactif à 13h.
J'entre dans une boutique de chaussures dont May aime bien la marque et fais le tour du magasin quand je vois de somptueuse bottines basses avec un léger talon et qui sont parsemées de strass bleu clair. Elles sont absolument magnifiques ! Je suis sûre que ça plaira à May. Elles sont à -30% car c'est un destockage de l'année passée, ce qui revient à 75€. Je peux me le permettre grâce à ce que j'ai économisé. Elles sont parfaites pour May. Je les achète en 38 et sors de la boutique, contente de moi. J'ai encore du temps pour trouver le cadeau de Will. Je voudrais que ce soit vraiment bien, que ça lui plaise vraiment mais j'ai l'impression que toutes mes idées sont nulles. Je vois soudain une boutique où ils gravent des bijoux en plaqué or. Je regarde ce qu'ils ont pour les hommes quand je vois un adorable porte-clé en forme de petit singe. C'est exactement ce qu'il me faut. Ils peuvent le graver dans la demi-heure. Je fais graver « Tu es le seul, depuis toujours et à jamais. Ape ». Ce sera parfait pour ses clés de voiture, s'il aime. J'ai encore un peu de temps alors je lui achète un caleçon spiderman parce qu'il m'a dit que c'était son super-héros préféré.
Puis je rejoins May, elle n'a pas chaumé. Elle a des étoiles plein les yeux, elle a l'air vraiment heureuse de faire les boutiques.
-Tu as trouvé ce qu'il te fallait ?
-Oui, j'ai fait graver quelque chose pour Will, je dois le récupérer dans vingt minutes.
-Oh, c'est quoi ?
-Tu verras bien !
-Et pour l'autre personne, tu as trouvé ?
-Oui et je ne te dirai pas ce que c'est !
-Pourquoi tant de haine ?
-Tu peux bien attendre quelques jours, non ?
-Snif...
Nous rions et allons nous asseoir dans un snack où nous prenons une salade et un café frappé. (Même en hiver, le café frappé c'est délicieux !) Nous mangeons en bavardant puis allons récupérer le cadeau de Will avant de rentrer chez May. Dans la voiture, elle me raconte tout ce qu'elle a acheté. Elle gâte vraiment sa famille ! Et Thomas aussi. Et même Tessa. Et elle beaucoup aussi.
Quand nous rentrons, je fais une courte sieste puis Will passe me chercher. Il salue May et Gabriel (leurs parents sont au cinéma) puis nous montons dans la voiture. Pour une fois j'ai pu prévoir des habits de rechange et un pyjama. J'ai aussi pris les habits propres de sa sœur pour les lui rendre. C'est dur de ne pas lui dire le cadeau que j'ai pour lui, je suis tellement contente et excitée. J'ai trop hâte qu'il le voit ! Je ne parle pas du caleçon mais du porte-clé, bien sûr !
Will passe sa main dans mes cheveux et je pose ma joue contre son bras.
-Vous avez fait quoi aujourd'hui ?
Je réponds d'un air détaché :
-Du shopping pour Noël.
-Ah ouais ? Tu as acheté quoi ?
-Des trucs pour May et sa famille.
-C'est tout ?
Je jubile.
-Oui. A qui d'autre pourrais-je offrir des cadeaux à Noël ?
Je le regarde d'un air taquin.
-Aucune idée.
Je dois avoir un air diabolique parce qu'il se met à rire de bon cœur et m'embrasse.
Nous sommes arrivés. Nous montons directement dans sa chambre car sa mère n'est pas encore rentrée.
Arrivée dans sa chambre, je pose mon sac et retire mes chaussures et mon manteau. Je me laisse tomber sur le lit. Il est tellement moelleux, j'adore ce matelas. Will s'allonge à côté de moi et je mets ma tête sur son épaule. Nous restons là un moment à regarder le plafond et ce silence est confortable jusqu'à ce que Monsieur le brise !
-Tu devais pas me faire un strip-tease ?
-Tu rigoles ? C'est toi qui dois me faire une sérénade, tu as perdu, je te signale !
Il passe sa main sur mes hanches et m'attire plus contre lui avant de m'embrasser délicatement.
-S'il te plaît.
Son ton se fait plaintif.
-Arrête, on dirait un chiot maltraité.
-Je suis aussi mignon qu'un chiot et je suis maltraité, tu es trop méchante !
-Ok, ok.
Will met une musique grotesque de cabaret et je ne peux pas m'empêcher de rire.
-Un peu de sérieux, voyons ! C'est une représentation.
Je l'étranglerais bien si je ne l'aimais pas tant.
Je retire mon pull et le fait tourner au-dessus de ma tête. J'ai l'air tellement ridicule, c'est horrible.
La partie compliqué, c'est le pantalon. Comment l'enlever de manière sexy sans me casser la figure ? Je le fais tant bien que mal et Will reste assis sur le lit à me regarder, les yeux grands ouverts.
Il ne reste plus que mes sous-vêtements mais je suis un peu gênée de les retirer comme ça devant lui. C'est pas pareil quand il me scrute que quand on est en train de s'embrasser. Je suis un peu gênée et je lui dis timidement que c'est fini. Il se lève et se met derrière moi.
-Je vais t'aider.
Il m'embrasse dans le cou et je penche ma tête en arrière. Il défait mon soutien-gorge et le laisse tomber par terre avant de prendre mes seins dans ses mains. Ses mains sont tellement chaudes et douces. Je me retourne et l'embrasse. Ses baisers se font plus insistants et il me porte jusqu'au lit. Je suis allongée en culotte et il me regarde. La manière qu'il a de me regarder est délicieuse, j'ai l'impression d'être la septième merveille du monde.
-Tu es tellement incroyablement merveilleusement magnifique.
Et nous faisons l'amour pour la deuxième fois. C'est si intense et à la fois si rassurant d'être dans ses bras. C'est merveilleux d'être avec lui comme ça.
Après, nous restons un moment à parler dans les bras l'un de l'autre avant de nous rhabiller.
-Tu me dois toujours une sérénade.
-Oui tu l'as bien méritée. Je te donne 9/10 pour ton strip-tease.
-Seulement 9 ?
Je prends un air outré et nous rions avant de descendre faire à dîner. Mais en bas, la mère de Will est déjà rentrée et finit de faire le repas.
-Bonsoir Lucy, vous allez bien ?
-Bonsoir April, ça me fait plaisir de te voir ! Oui et toi ?
-Très bien, merci.
-Ça va mon Will ?
Elles nous embrasse.
-A voir le sourire radieux que tu arbores, j'imagine que oui.
Will et moi rougissons.
Nous mangeons tous les trois sur la table du salon et discutons du lycée, de ma décision de rencontrer Ed, de mes vagues souvenirs de Will et du travail de Lucy jusque tard avant de tous monter nous coucher.
Je me brosse les dents et mets mon pyjama puis me couche contre Will.
-Bonne nuit, mon amour.
-Bonne nuit, mon ouistiti.
DIMANCHE
Je me réveille de bonne humeur dans les bras de Will. Je prends ma douche puis descends avec Will. Il me fait des œufs brouillés au bacon. Lucy n'est pas encore réveillée. Nous rangeons la vaisselle puis remontons dans sa chambre. Il sort son violon. Je suis touchée qu'il le fasse vraiment.
Il me joue une suite magnifique en fermant les yeux tellement il est emporté par sa propre musique. Je suis très touchée et émerveillée qu'il soit aussi bon. Il devrait s'en vanter, je trouve ! Ça valait bien l'effeuillage !
Nous nous allongeons sur le lit et discutons de mes attentes envers Ed, de comment je vis cette découverte, de comment je vais gérer la situation avec Alicia. Puis il me parle de mon enfance et ça fait bizarre de l'entendre racontée par quelqu'un d'autre.
Il me dit que j'étais un peu garçon manqué mais que j'aimais aussi mettre des robes roses. J'aimais jouer au foot avec mon frère et lui, même si ça embêtait Joshua. Sa sœur passait du temps à me faire des tresses car j'adorais ça.
Will m'a toujours bien aimée. La première fois qu'il m'a vue autrement que comme la sœur de son ami, c'était quand j'avais douze ans. J'avais mis du rouge à lèvres et du mascara pour essayer et une robe patineuse blanche. Il était entré dans la salle de bain quand je finissais d'appliquer le mascara et il m'avait regardée un instant, comme médusé puis s'était excusé et était parti.
Après ça, il avait commencé à venir quand il savait que Joshua n'était pas là, juste pour pouvoir passer du temps avec moi. Et nous étions devenus très amis. Ensuite, il m'a proposé d'aller au cinéma avec lui, à vélo. Nous y sommes allés et dans le noir, il a pris ma main dans la sienne. A la fin de la séance, il m'a embrassée alors que nous parlions puis s'est excusé. Et je l'ai embrassé à mon tour.
Je suis très triste de ne pas avoir de souvenirs de tout ça. Ça a l'air merveilleux à se remémorer. Je fais un câlin à Will et enfouis ma tête dans son épaule.
-Je suis désolée de ne pas m'en rappeler.
-C'est pas de ta faute, Ape, ne t'excuse pas.
Nous restons un instant dans les bras l'un de l'autre puis descendons pour prendre la voiture. Lucy est en bas et je la salue et la remercie pour son hospitalité. Elle m'enlace et me répète que je suis la bienvenue quand je le désire. Je lui souhaite un joyeux Noël et nous sortons.
Nous mangeons un plat hawaïen à base de riz, légumes, fruits et poisson cru, dans un restaurant du centre-ville.
Puis Will me ramène chez May. Quand j'arrive devant la maison et que j'embrasse Will pour lui dire au revoir, j'ai beaucoup de mal à me décoller de lui et de ses lèvres. Quand finalement j'y arrive, je l'enlace puis rentre dans la maison.
Avec May, nous décidons d'aller vers midi au commissariat pour ne pas empiéter sur les heures de bureau. J'ai le trac. Nous peaufinons ce que je vais lui dire mais je crois que je vais tout oublier quand je le verrai.
May décide de m'emmener au cinéma pour me détendre et nous regardons une comédie girly bien idiote qui nous détend beaucoup.
Quand nous rentrons, nous discutons sur le lit de May avant le dîner.
Nous dînons avec ses parents et son frère puis je vais me coucher. J'ai envie de lire un peu seule pour me détendre avant demain.
Will m'envoie un message : « Tu es très courageuse. Raconte-moi tout demain. Je t'aime, mon ouistiti. »
Je réponds à son message puis m'endors après avoir lu une quarantaine de pages de mon roman policier.
LUNDI
Je me réveille vers dix heures, pas détendue du tout. Et même très stressée. Quand je sors de la chambre, habillée, après ma douche, May est en train de prendre son petit-déjeuner avec Gabriel. Leurs parents sont déjà partis jouer au golf avec des amis, je crois.
May me caresse gentiment la main quand je m'installe mais se tait car Gabriel et ses parents ne savent rien et je ne veux pas qu'ils l'apprennent avant que je sache si mon père va me rejeter ou non.
Gabriel part jouer au foot avec des amis. May et moi regardons un épisode de notre série du moment qui se passe dans un internat en Espagne.
Vient l'heure de partir et je suis une boule de nerfs.
May essaye de me détendre dans la voiture en mettant une musique entraînante mais le cœur n'y est pas.
Devant le commissariat, May me fait prendre de profondes inspirations et souffler lentement pour me détendre. Elle prend ma main.
-Je ne te quitte pas une seconde, sauf si tu me le demandes. Je suis avec toi, April, ça va aller. Quoi qu'il arrive, je suis là, pour toujours.
Nous entrons et demandons à la réceptionniste de nous indiquer où trouver Ed Maxwell en précisant que je suis une amie de sa famille. (Gros mensonge...)
Elle est très gentille et me croit sur parole (du coup, je culpabilise un peu). Elle nous indique son numéro de box dans l'open-space et nous y allons.
Quand nous arrivons devant lui, il ne lève pas tout de suite les yeux de son ordinateur. J'ai le temps de l'observer. Il a les cheveux châtains comme moi et je peux trouver une certaine similarité dans nos nez mais je me fais peut-être des films.
-Bonjour, lieutenant Maxwell.
Il lève les yeux sur moi. Ses yeux sont verts.
-Oui ?
Quelque part, j'aurais aimé qu'il me reconnaisse au premier coup d'œil mais on n'est pas dans un film. Je suis tout de même un peu déçue.
Je tends ma main pour serrer la sienne.
-Je m'appelle April Addams, je...
-April ?
Il me regarde de haut en bas.
-Mon Dieu, April... Je peux vous emmener déjeuner ?
-Euh...oui. Voici May, ma meilleure amie.
-Enchanté. Je prends mes affaires et je vous rejoins sur le parking.
May et moi sortons l'attendre. Je suis toute tourneboulée, je ne l'ai vu qu'un instant mais ça m'a procuré une espèce de sensation de chaleur dans le ventre. Comme si mon corps me disait que c'était mon père.
May me caresse gentiment le dos pendant que nous l'attendons. Il arrive très rapidement et nous allons dans un restaurant italien au coin de la rue. Nous nous asseyons en silence. May est à côté de moi et Ed en face. Il nous demande si nous voulons quelque chose à boire et nous répondons que nous voulons juste de l'eau.
Je ne peux pas cesser de le fixer du regard. Je détaille tout son visage. Il me regarde également et dit finalement :
-April... ça fait longtemps que...
-Oui ?
-J'ai fait des recherches sur toi mais je n'osais pas... et j'avais peur que ma famille...
-Oui, je comprends. Moi, je viens tout juste de l'apprendre. Vous savez qui je suis depuis longtemps ?
-Quand tu étais bébé, ta mère et moi avons cessé de nous voir et je n'ai découvert qui tu étais qu'après l'accident. J'en ai parlé à ma femme qui était prête à t'accueillir, puis à ma fille qui s'est mise en colère et a fait une fugue. C'est pour ça... J'ai été lâche, j'aurais dû être celui qui est allé vers toi et non l'inverse. J'avais tellement peur de détruire ce que j'avais construit... c'est stupide. Mais aujourd'hui, je te vois et tu es magnifique et tu as l'air merveilleuse... J'aimerais tellement faire les choses bien. Tu vis toujours chez ton oncle ?
Je suis presque sans voix mais je parviens à répondre :
-Non, il me maltraitait.
-Je suis désolé, je n'en avais aucune idée, sinon... Où vis-tu ?
-Chez May.
-Tu n'as plus de famille du côté de ta mère ?
-Non.
-Ma fille, Alicia, a presque ton âge. Peut-être que vous vous entendriez bien ?
-Non, elle me fait la misère au lycée.
-Tu la connais ? Je ne savais pas. Je suis vraiment désolé. Je lui parlerai si tu veux.
-Non, je pense que c'est justement parce qu'elle a découvert notre lien qu'elle se comporte comme ça.
-Elle a dû faire le rapprochement avec la fois où je lui avais parlé de toi.
-Sûrement.
Je ne devrais pas mais je suis un peu sur la défensive, j'ai un peu d'amertume. En fait, je n'arrive pas à comprendre qu'il n'ait pas essayé de me contacter.
La serveuse vient prendre notre commande et je prends des pâtes bolognaise même si je n'ai pas très faim.
-April, je suis vraiment désolé, je ne sais pas quoi faire pour arranger les choses.
-Est-ce que vous seriez prêt à me revoir ?
-Bien sûr, je ne demande que ça, si toi tu le veux. Et tu peux me tutoyer. Je suis ton père, après tout.
Ça me fait bizarre d'entendre ça. Je n'ai pas lâché la main de May sous la table tout au long de la conversation.
-Moi aussi, j'en ai envie. Mais j'ai peur de mettre Alicia en rage.
-Je m'en occuperai. Elle a un comportement d'enfant unique mais elle a un bon fond. Tu es ma fille au même titre qu'elle et je te donnerai la place nécessaire.
Il prend ma main qui est posée sur la table et je le laisse faire. Sa main est chaude et grande par rapport à la mienne et rassurante. Les plats arrivent rapidement et nous mangeons en silence. Mais le silence n'est pas pesant, il est plein de méditations.
Quand nous avons fini, Ed nous propose des desserts mais nous n'avons plus faim. Alors il paye le repas pour nous et nous sortons. Ça me fait bizarre que « mon père » m'invite au restaurant. Je suis habituée à me débrouiller seule. Je donne mon numéro de téléphone à Ed puis nous marchons jusqu'au commissariat. Il fait froid, il devrait neiger cette semaine. Devant le commissariat, il me prend dans ses bras. C'est un peu inattendu mais je le laisse faire et c'est agréable et réconfortant.
-Prends soin de toi, April. Je te recontacte très vite. Au revoir May, merci de veiller sur elle.
Nous repartons en voiture.
-Je n'ai pas les mots.
-Moi non plus. C'est comme si j'avais retenu ma respiration tout du long. C'était très intense.
-Comment tu te sens ?
-Fatiguée. Rassurée. Triste. Contente. En colère. Et émue.
-Ça fait beaucoup mais je comprends tout à fait. On va rentrer regarder des films, ça te détendra.
-Oui, merci beaucoup de m'avoir accompagnée et soutenue.
-C'est normal.
-Tu sais bien que non. Tu es la meilleure amie qu'on puisse rêver d'avoir.
-J'accepte le titre honorifique.
Nous rions et je me détends un peu. Je me demande ce que me réserve l'avenir avec mon père.
Nous passons l'après-midi devant des films de science-fiction (l'envie du jour) après être passées au centre-ville chercher des cafés macchiato au caramel que nous adorons toutes les deux.
Je crois que je me suis endormie devant le dernier film ou en tout cas j'ai somnolé un certain temps avant de me réveiller en entendant Gabriel rentrer en claquant la porte. May somnolait aussi et se réveille en sursaut.
Gabriel monte dans sa chambre l'air énervé et nous nous regardons avec May sans comprendre.
Nous mettons en pause le film et montons le voir. May toque à sa porte.
-Ça va Gabriel ?
-Non, laisse-moi.
Elle ouvre quand même la porte et nous le trouvons assis sur son lit, la tête dans les épaules.
-Qu'est-ce qu'il se passe ?
-C'est rien...
Il lève les yeux vers nous et son visage s'adoucit en me voyant.
-Des mecs de la fac ont cassé une vitre et rayé ma voiture. Je suis énervé mais ça va passer.
May s'approche et s'assied à côté de lui sur le lit pour lui caresser le dos. Ne sachant que faire, je me mets de l'autre côté.
-Ils ont pris quelque chose ?
-Non, c'était juste pour le plaisir de faire du mal.
Il se tourne vers moi et me prend dans ses bras. Je suis un peu surprise mais passe mes bras autour de lui en retour car je sais qu'il est bouleversé. Il pose sa tête sur mon épaule. Je ne sais plus où me mettre. May me regarde d'un air interrogateur et je lui fais comprendre avec mon visage que je ne comprends pas non plus.
Gabriel met fin au câlin et me remercie. Je hoche la tête et nous quittons sa chambre avec May. Nous descendons et réchauffons des surgelés pour le dîner puis allons nous coucher.
MARDI
Ce matin, j'ai mon premier rendez-vous avec le gynécologue de May, je suis un peu nerveuse. Le rendez-vous est à 10h30 donc nous partons à 10h.
Dans la salle d'attente, je tiens la main de May et elle essaye de me distraire en me racontant toutes sortes de choses que j'ai dû mal à écouter.
Le médecin arrive, c'est mon tour. Je presse la main de May et le suit dans son bureau. Il a la cinquantaine et a un air plutôt rassurant ainsi qu'une voix douce. Il me demande d'abord des choses banales comme mon âge, mon nom etc. Quand il me demande si mes parents savent que je le consulte, je lui réponds que je n'en ai pas et que je vis chez les parents d'une amie. Il hoche la tête en signe de compréhension et de compassion mais ne s'apitoie pas, ce qui est bien. Il me demande pourquoi j'ai pris rendez-vous : si c'est juste de la routine ou s'il y a une raison en particulier. Je lui dis que j'aimerais prendre la pilule, sur les conseils d'une amie. Viennent les questions sur ma sexualité. Si j'ai déjà eu des rapports, quand était ma première fois, avec combien de partenaires ai-je eu des rapports, est-ce que c'était toujours protégé, est-ce que je ressens une gêne ou un inconfort depuis, si j'ai bien mes règles tous les mois, etc...
Une fois que j'ai répondu à toutes ses question, je retire mes chaussures, mon jean et ma culotte et m'allonge sur la table d'examen à sa demande.
Je suis très stressée. Il me dit de me détendre et de respirer profondément en pensant à autre chose. Il regarde d'abord sans toucher puis m'explique qu'il va utiliser un spéculum pour mieux examiner. C'est un outil qui écarte les parois du vagin pour voir à l'intérieur. J'ai très mal quand il le met, alors il le retire en me disant que ce n'est pas grave, que les patientes réagissent plus ou moins bien, surtout la première fois mais que ça ne fait pas toujours mal et que c'est même indolore chez certaines femmes.
Il me dit que tout est bon pour l'examen et je me rhabille. Ouf !
Il me demande si j'ai des allergies ou d'autres médicaments et me conseille une pilule qui est bien pour les jeunes filles de mon âge. Il me dit qu'il n'y a pas trop d'effets secondaires et je lui dis que je veux bien celle-là. Il m'explique que c'est une pilule qui se prend en continu même pendant les règles et que c'est donc tous les jours. Il me dit que c'est remboursé et c'est un soulagement. Il me fait la prescription et je règle la consultation qui est en partie remboursée, elle aussi. Je le remercie puis lui serre la main avant de rejoindre May dans la salle d'attente. Il était très gentil et compréhensif, je comprends pourquoi May le trouve bien.
Nous allons au centre-ville et prenons un café latte que nous buvons en regardant les vitrines. May a été super avec moi, je suis hyper contente que ça se soit bien passé et d'avoir une pilule. Comme ça, je n'ai pas à m'inquiéter. Nous allons à la pharmacie et j'achète la boîte pour ce mois-ci en prenant la facture pour l'assurance malade. Je la mets avec la facture du médecin et me note d'envoyer celles que j'ai aussi chez May demain. May me conseille de me mettre une alarme sur mon téléphone tous les soirs à 18h comme elle pour me rappeler de prendre la pilule. Elle m'explique que c'est une habitude à prendre mais qu'après, tu la prends machinalement.
Nous continuons de flâner devant les boutiques et May m'entraîne dans un magasin d'accessoires. Elle y achète un très beau collier à strass avec une pierre rouge au milieu qui ressemble à un rubis.
Nous mangeons une très bonne salade dans un café puis rentrons.
Nous passons l'après-midi à faire une partie de nos devoirs pour la rentrée.
Le soir May me propose de faire une soirée pyjama et nous regardons des films sur son ordinateur dans son lit avant de nous endormir au milieu du deuxième.
MERCREDI
Aujourd'hui je passe la journée avec Will, nous allons au cinéma cet après-midi.
Il vient me chercher vers 11h et je salue May, Gabriel et leurs parents avant de sortir.
Will me prend dans ses bras et m'embrasse puis m'ouvre la portière.
Nous nous arrêtons pour prendre un café au centre-ville et marchons dans le parc en face. Je lui raconte ce qu'il s'est passé avec Ed en détail et il me prend dans ses bras. Je crois qu'il est vraiment très content pour moi et ça me fait plaisir. Je ne sais plus comment le sujet vient mais je lui raconte le câlin de Gabriel l'autre jour.
-Tu t'entends bien avec lui ?
-Oui, il est gentil avec moi.
-Evidemment.
-Quoi, évidemment ?
-Tu lui plais.
-Je ne plais pas à tous les mecs que je croise.
-Tu ne t'en rends même pas compte. Il te fait souvent des câlins ?
-Non, je ne crois pas. Il m'a embrassée une fois mais nous avons mis les choses au clair.
Je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça, c'est sorti tout seul.
-Il t'a embrassée ? Quand on était ensemble ?
-Non, on était pas ensemble.
-Tu lui plais et il essaye de se rapprocher de toi, ça ne me plaît pas.
-Tu n'as aucun souci à te faire. Il ne me plaît pas, c'est juste le frère de May pour moi. Et je ne te tromperais jamais de toutes façons.
Il prend ma main gelée dans sa grande main chaude et me regarde.
-Je suis désolée, mon ouistiti, c'est juste que tu vis avec lui alors ça me gêne un peu.
-Tout va bien, Will. Je t'aime, c'est tout.
Je l'embrasse et il sourit.
-Je t'aime aussi.
Nous continuons à discuter en quittant le parc et je lui dis que j'ai commencé la pilule. Il me dit que si j'ai besoin de retourner chez le médecin, il m'accompagnera.
Nous mangeons un sandwich dans la voiture en attendant le début de notre séance de cinéma. (Nous n'avions pas le temps de manger un vrai repas.)
Nous regardons un film de super-héros en mangeant du pop-corn et Will prend ma main pendant le film, juste pour l'avoir dans la sienne. J'aime bien que nous soyons un vrai couple.
Quand nous sortons du cinéma, j'ai un nouveau message... de mon père.
« Bonjour April, j'espère que tu vas bien. J'aimerais beaucoup t'inviter à la maison vendredi avec qui tu veux pour te présenter à ma famille. Prends soin de toi. Ed »
C'est concis mais c'est une gentille attention de sa part. Mais aller chez Alicia alors que je lui « vole » son père... ça me paraît angoissant et risqué. Il faut que j'y réfléchisse. Je vais en parler à Will et à May.
Will pense que je devrais y aller et que May et lui serons là pour me protéger.
Que faire ?
Nous passons l'après-midi chez lui à discuter sur son lit. Je crois que je m'assoupis même à un moment.
Le soir, il me ramène et je l'embrasse.
-Merci pour cette journée. Je t'aime, à demain.
Je dîne avec May et sa famille. Il ne font pas vraiment le réveillon mais ils font quand même un beau repas de famille.
Ann a hâte de rencontrer Will, contrairement à Gabriel qui émet un grognement.
Après manger, j'emballe mes cadeaux et me couche.
Mon premier Noël en famille depuis l'accident. Ce sera mon premier souvenir d'un beau Noël.
JEUDI
Je me lève tôt pour aider Ann en cuisine avec May. J'ai mis une robe bleu qui brille un peu et qui, je trouve, fait Noël.
Dans la cuisine, Ann a mis des chants de Noël et je me sens vraiment dans l'ambiance. J'épluche et j'écrase les patates douces pour faire une purée tandis qu'Ann farcie le chapon et que May ouvre les huîtres. Le père de May est sorti acheter la bûche glacée.
-Gabriel ne se lève jamais pour aider, maman, il est vraiment pas sympa.
-Je sais que tu peux trouver ça injuste mais je ne peux pas faire grand-chose. Je suis allée le réveiller deux fois.
-Peu importe, au moins on est entre filles.
-Ta robe est très jolie, April, tu es resplendissante.
-C'est vrai ! Elle est trop belle et elle te va trop bien ! C'est celle qu'on a acheté l'an dernier dans la boutique Luciana ?
-Oui tu as bonne mémoire ! Merci beaucoup Ann. J'aime beaucoup vos tenues aussi.
-T'as vu les talons que j'ai mis ? Ils sont sublimes !
-Oui ils sont top !
Quand nous avons fini avec May, nous allons mettre la table puis nous montons dans sa chambre et mettons de la musique en nous maquillant.
Je me maquille peu mais mets quand même du rouge à lèvres à cause des supplications de May.
Quelqu'un toque à la porte de May.
-Oui ?
Gabriel ouvre la porte. Il porte seulement un bas de jogging qu'il doit utiliser comme pyjama même si le temps est glacial à cette saison.
-Enfin levé ? Merci pour ton aide !
-J'ai joué tard hier.
-Pauvre chéri.
-Est-ce que tu pourrais me prêter du papier cadeau s'il te plaît ?
-Sers-toi.
Il prend le papier puis se tourne vers moi.
-Tu es très jolie, April.
-Merci.
Il sort. Je n'aime pas être tendue en sa présence, je n'aime pas avoir l'air gênée ou désagréable mais j'ai l'impression qu'il me drague et ça me met mal à l'aise.
-Qu'il est agaçant !
-Pourquoi ?
-Il est fou de toi, toujours à ramper à tes pieds comme un chien. Il faut qu'il passe à autre chose.
-Je crois juste qu'il veut être gentil.
-Tu crois vraiment qu'il avait besoin de papier cadeau ?
-Bah oui...
-En tout cas, c'est vrai que tu es superbe, Will va adorer cette robe.
La porte sonne. Ça doit être Will. Je suis nerveuse à l'idée de le présenter aux parents de May. J'espère qu'ils l'aimeront.
Nous descendons. Ann ouvre la porte.
-Bonjour Will.
Elle l'enlace. Je regarde Will, il a mis un costume pas trop formel, il est très beau.
Il me regarde aussi et je lui souris. Il offre un beau bouquet de lys à Ann et une boîte de chocolats. Il serre la main d'Emile et enlace May avant de me faire un baisemain. Je suis gênée mais je suppose qu'il ne voulait pas m'embrasser devant tout le monde. Gabriel est encore dans la douche. Nous nous installons dans le salon pour boire du champagne. Je crois que je n'en ai jamais bu. Je suis entre May et Will sur un canapé et Ann et Emile sont sur l'autre.
-Merci beaucoup de m'inviter.
-Will, c'est un vrai plaisir de t'avoir.
Ann interroge Will sur sa famille, ses ambitions pour la fac, ses passe-temps, etc... quand Gabriel arrive. Il s'assoit dans un fauteuil et fixe Will.
-Will, comment va Alicia ?
Je regarde May, elle fait mine de s'excuser. Elle a dû lui en parler sans s'en rendre compte. Ann regarde Will.
-Qui est Alicia ?
-Mon ancienne copine.
Je n'ai toujours pas parlé de mon « nouveau père » aux parents de May et donc de ma « nouvelle sœur ».
May regarde son frère d'un air énervé.
-Gabriel, pourquoi tu parles de ça ?
-Je sais pas, comme ça. C'est juste une des nombreuses ex-copines de Will.
Ann se tourne vers Gabriel.
-Arrête Gabriel, s'il te plaît.
Je suis au bord des larmes. Je voulais juste que tout se passe bien et qu'il fasse bonne impression... et Gabriel a tout gâché. Will reste figé, je sais qu'il bout de colère mais il se contient. Si Gabriel a vraiment des sentiments pour moi, je ne pourrai pas rester vivre ici. Où irai-je ?
Nous passons à table et Emile nous parle de sa passion pour la flûte traversière. Il promet de la montrer à Will après le repas, que ça intéresse beaucoup, lui-même étant musicien.
Le repas est délicieux et Will ne cesse de le dire.
Après le repas, Emile nous joue quelques morceaux de flûte tandis que nous prenons le café avant d'offrir les cadeaux.
Emile et Ann offrent à May une robe rouge à strass, des livres et une montre plaqué or. Ils offrent à Will une partition de violon et à Gabriel une nouvelle console avec des jeux.
Quand vient mon tour, ils me tendent une enveloppe. Je l'ouvre et dedans, je trouve une carte représentant une forêt. Je la retourne, il y est écrit : bon pour des cours de conduite. Je ne comprends pas, je suis abasourdie. Je les regarde sans arriver à parler.
-Nous avons déjà prépayé les vingt premiers cours, s'il en faut plus, tu nous le diras. C'est à dix minutes à pied d'ici.
-Merci mais c'est beaucoup trop. Merci. Ça me fait vraiment plaisir. Merci beaucoup.
Je suis presque en larmes. Je me lève pour les enlacer tous les deux. Je suis très émue. C'est un énorme cadeau.
May et Will me caressent le dos pour m'apaiser.
Gabriel offre des livres à ses parents, un rouge à lèvres à sa sœur et se tourne vers moi. Je ne pensais pas qu'il aurait un cadeau pour moi. Je rougis et essaye de ne pas regarder Will ou May. Il m'offre un dvd d'un film de vampires récent que je n'ai pas encore vu. Je le remercie, gênée.
May m'offre une longue robe blanche en dentelle qui fait très romantique 19e siècle. Elle est sublime. Et elle m'offre un paquet dont elle me dit de l'ouvrir plus tard. Je soulève juste le dessus et aperçoit de la lingerie rouge en dentelle. Je la regarde et rit avant de l'embrasser pour la remercier.
C'est à mon tour d'offrir mes cadeaux, j'espère qu'ils plairont. J'offre donc les boucles d'oreilles à Ann, la figurine à Emile et le support de manettes à Gabriel.
Ils me remercient chaudement et sont très touchés, ils adorent leurs cadeaux.
Je me tourne vers May et lui tends la boîte. Quand elle l'ouvre, elle pousse un hurlement strident.
-Oh mon dieu !!!!! Je les ai vues l'autre jour, elles sont magnifiques !!!!!!!!! Je suis trop contente !!! Merci April !!!
Elle est très très excitée et je suis contente que ça lui plaise. Elle les essaye en continuant de pousser des petits cris d'excitation et les montre de plus près à sa mère qui aime beaucoup. Elle me prend dans ses bras et m'embrasse.
-Merci, merci, merci ! Je t'aime !!
-Moi aussi.
Elle se rassied et je tends à Will une boîte. Il l'ouvre et part dans un fou rire.
-Il ne fallait pas prendre sérieusement « spiderman est mon super-héros préféré » !
-Ça n'a rien de sérieux ! Tu vas avoir l'air malin !
Je lui tends un petit paquet.
Il l'ouvre et découvre le ouistiti en plaqué or. Il le retourne et lit la gravure avant de m'embrasser sur le joue, il a l'air touché.
Nous discutons encore un moment après les cadeaux puis Will et moi devons partir comme il était prévu.
-Merci beaucoup pour votre invitation.
-Merci beaucoup. Je reviendrai demain.
Je passe dans ma chambre prendre des affaires et je rejoins Will dehors.
Nous montons dans la voiture de Will et roulons en silence jusqu'à chez lui puis allons dans sa chambre.
-Je suis désolée pour ce qu'a dit Gabriel.
-Je t'avais dit qu'il était amoureux de toi.
-Je ne pensais pas...
-C'est pas grave. Ça va. Ça va aller.
Il prend de grandes inspirations et s'assoit sur son lit.
-Je t'aime. Ça va aller.
Je m'assieds à côté de lui et prends sa main.
Il se tourne vers moi et m'embrasse puis me serre fort dans ses bras.
-Tu vois cette commode dans le coin ?
-Oui, elle n'était pas là la dernière fois.
-C'est un cadeau.
-Comment ça ?
-C'est pour que tu installes des affaires.
Je le regarde, les yeux écarquillés.
-Tu veux que j'installe des affaires chez toi ?
-Oui si tu le veux, tu peux même tout installer chez moi si tu veux.
Je ris et l'embrasse.
-Merci, je vais réfléchir. Mais je pourrais peut-être laisser un pyjama et une culotte de temps à autre. C'est un très beau cadeau. Merci Will.
-C'est pas tout.
Il prend dans son sac deux paquets et me les tend.
Je l'embrasse puis en prends un. A l'intérieur d'une petite boîte se trouve une chaîne avec un médaillon en forme de cœur.
-Ouvre-le.
J'ouvre le médaillon et y découvre une photo de nous deux que je ne connais pas. Je dois avoir dix ans dessus. Et Will est toujours aussi beau. Je suis très touchée de voir cette photo. Je prends Will dans mes bras et murmure « merci » à son oreille.
Il me met le médaillon et sourit.
-Il te va très bien. Tiens, ouvre celui-là.
J'ouvre le paquet et y découvre un carnet rose pâle.
-Ouvre-le.
Je l'ouvre et à la première page est écrit un texte.
« Tu es la lumière rose des soirs d'été,
Tu irradies tellement qu'on en oublie le soleil,
Tu es le phare des naufragés,
Tu es l'impulsion qui fait battre mon cœur,
Tu es une étoile qui ne cesse de filer devant mes yeux,
Tu es mon ciel, mon soleil, ma lune, mes nuages et mes étoiles,
Tu es mon éternité. »
Je fonds en larmes. Ce poème est magnifique et il est pour moi. Will me prend dans ses bras et me berce pour faire sécher mes larmes.
-Merci Will. Je t'aime. Plus que tout. Ça peut paraître idiot mais je crois que si j'avais eu à choisir entre ne pas être orpheline et amnésique et toi, je t'aurais choisi toi.
Will a un mouvement de recul.
-Dis pas ça.
-Pourquoi ? Je le pense.
-Non, April.
-Qu'est-ce qu'il y a ?
-Tu aurais choisi ta famille.
-Non, je ne pense pas.
-J'en peux plus. Il faut que je te dise quelque chose.
Des larmes coulent sur ses joues.
-Dis-moi.
-Peu avant ton accident, je venais chez vous et je suis passé à côté de votre garage. J'ai entendu ton père parler avec son frère. Il lui disait : « Je vais les tuer dans cet accident, April ne doit pas survivre. ». Il m'a surpris et m'a plaqué contre un mur. Il m'a dit que je devais oublier ce que j'avais entendu sinon il tuerait ma sœur. J'étais terrifié. Je ne comprenais pas ce qu'il se passait. Je n'y croyais pas vraiment. Alors je n'ai rien dit. Et ta famille est morte et je te croyais morte aussi. Et je me sentais de plus en plus mal. Je m'en voulais tellement de n'avoir rien fait. Ma sœur a eu un cancer et est morte comme pour me punir de n'avoir rien fait. Quand j'ai vu que tu étais en vie, j'ai pensé que c'était une seconde chance pour moi, que je pouvais me rattraper.
Au fil de son récit, je m'éloigne de lui. Il pouvait sauver ma famille et il n'a rien fait. Il pouvait me sauver moi et il n'a rien fait. J'ai envie de vomir. Je me sens mal. J'ai la tête qui tourne. Mon oncle a menti, il savait. Ça ne m'étonne pas de lui. J'ai besoin de m'en aller tout de suite. Je me lève et sors.
-April, s'il te plaît, ne pars pas !
Je l'entends qui essaye de me rattraper mais je suis dehors et je cours.
Je cours. Je cours. Je cours.
Je cours.
Mais à un moment donné, je revois Will jeune sur cette photo, je le vois dans ma tête. Comment aurait-il pu savoir, comment aurait-il pu comprendre ce qu'il se passait ? C'est mon père le responsable et c'est mon oncle qui l'a laissé faire, Will n'a rien à voir là-dedans. Ils auraient pu tuer sa sœur. Qui aurait cru qu'un père tuerait sa famille ? Même moi, je n'y aurais pas cru. Je reviens sur mes pas en courant encore plus vite. Je monte dans la chambre de Will. Il pleure, la tête dans les mains. Il lève la tête vers moi, surpris. Je cours à lui et l'embrasse.
-Je suis désolée, tu n'es pas responsable Will. Je t'aime. Je suis là.
Il me prend dans ses bras et nous nous allongeons sur son lit l'un contre l'autre. Il ne pleure plus, sa respiration s'est calmée. Je me blottis contre lui et ferme les yeux.
-Je te choisis toi, Will.
FIN
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