1er désespoir
Il y avait des arbres tout au long de la route. Ils se dressaient bizarrement, comme s'ils ne savaient pas vraiment ce qu'ils avaient à faire là, et comme s'ils ne voulaient surtout pas que les automobilistes le remarque. Pourtant, c'était raté: au fin fond de la Twingo bleu, je voyais leur cîmes partir en arrière ou s'affaler sur un côté, leurs feuilles frémir de pudeur et leurs branches se tordre dans des danses labyrinthiques quasi-anticonstitution elles.
J'étais assise sur la banquette arrière de la voiture. À quoi ressemblait mon visage ? Je ne sais pas. À quoi ressemblait le visage de la personne qui conduisait ? Je ne sais pas non plus. Il s'agissait de mon père ou de ma grand-mère. Elle, je l'imagine à manches courtes, dans un T-shirt aux tonalités africaines, si fades sur sa peau d'Europénne. Lui, je l'imagine en costume-cravate, comme d'habitude. De la graisse coule des bras de ma grand-mère. Ce gras me fascine. Dans la voiture, je le voyais ce déhancher à chaque virage, mouvement extraordinaire d'une excroissance sublime. Je le fixais, longtemps, en quête du plus petit tremblement qui pourrait avoir lieu sur ces grandes ailes de chair.
Quoique en soit, la route était longue, mais au fil des détours, la voiture s'arrêta devant une maison en carton noir, une petite cabane au toit de papier pailleté.
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