Voilà que meurent de nouveau mes certitudes, parmi les dernières qu'il me reste. Si je n'ai plus comme alliés que ceux pour qui je n'ai ni amour ni haine, que suis-je donc devenu ? Une simple ombre, un défaut de fabrication. Je l'aime, vraiment. Et pourtant, que suis-je sensé faire lorsque tout n'est qu'incompatible entre nous ? Elle aime, et elle aime fort, mais ce n'est pas à moi qu'est adressée cette tendresse. De ce froid naquit mon besoin, et pourtant je suis devenu isolé par moi-même et par les autres. « Pourquoi tant de solitude ? » demanderait un certain homme, perdu et seul. Un spectre dissimulé en moi, mon ombre et ma lumière à la fois. Que dis-je ? C'est mon désespoir et des rêves sans réponse, un malédiction que je vivrai seul avant de mourir inconnu. Je l'aime réellement, et pourtant, alors que je la vois flotter, je chute vers ma fin sans savoir comment voler. « Agite les bras, » me dit-on ; mais à quoi bon, je réponds ? Je ne suis pas un oiseau, mais un musicien. Un musicien sans groupe, sans voix, sans inspiration. Un musicien armé d'une basse et de trop grandes ambitions, mais démuni face aux femmes et aux démons. N'ai-je pas le droit de connaître mes ennemis, dans ce féroce combat dont je ne peux expliquer l'origine ? Pas encore, il me semble. Je dois d'abord vaincre ce traître nommé par ma mère et élevé en secret. Je suis nu et faible lorsque j'affronte cette bête, et pourtant je le dois : oh, oui, je l'aime encore autant ! D'où et pourquoi, je ne saurais savoir ; comment me laisse incrédule ; et qui n'est pas une question à laquelle je peux répondre. Mon cœur, il est encore vivant, mais mon âme sera bientôt vidée et éreintée. Une petite pause d'une éternité : tentation ou damnation ? C'est là la même chose, et ce n'est pas à moi de décider. Pas quand je suis si près de savoir à quel point je devrai souffrir.