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16.

— 정신

Namjoon attendait les bras croisés, assis en tailleur sur le tatami. Devant lui s'affairait une femme du village qui disposait des plats sur la table basse: deux larges assiettes de poissons, deux bols de riz et une flopée de raviolis encore fumants. Un petit festin qui pouvait déjà contenter une famille, sans compter ce qui avait déjà été amené.

Lorsqu'elle eut terminé, la villageoise se releva et s'inclina avec beaucoup de déférence. Puis elle recula jusqu'à la porte pour ne pas lui tourner le dos, où elle disparut dans le couloir. Le manège se répéta avec un autre habitant, qui lui apportait cette fois des fruits frais coupés en petits quartiers.

Namjoon était traité comme un roi –ou comme un dieu– il devait bien l'admettre. Malgré tout, il n'avait touché à rien. Que ce soit les noix, le riz, les petits gâteaux et même l'eau. Rien y faisait. Quand on lui tendait un plat pour qu'il se serve, Namjoon secouait la tête et regardait ailleurs en s'excusant parfois à demi-mot.

Il n'était pas réellement en colère... mais il voulait que les autres le pensent et le laissent tranquille, ce qui ne marchait qu'à moitié. Les villageois n'osaient peut-être pas lui adresser la parole, ils n'arrêtaient pourtant pas d'aller et venir avec des cadeaux depuis qu'il avait débarqué. Les visites s'enchaînaient, mais Seokjin n'était toujours pas de retour. Namjoon l'attendait pourtant de pieds fermes avec cette même attitude depuis qu'il l'avait laissé sous la surveillance des archères, et accessoirement d'un village tout entier.

Quand son escorte et lui étaient revenus vers les maisons, quelques habitants étaient venus accueillir les archères. La prêtresse avait aussitôt annoncé que Namjoon était l'invité de son Excellence et le mot s'était répandu comme une trainée de poudre.

Dès lors, le village entier s'était mis en branle. On avait conduit Namjoon dans la plus grande maison pour l'installer dans un salon confortable. Après un temps qui lui sembla bien court, il fut conduit dans une pièce adjacente où l'attendait un bain chaud. Bien que Namjoon était réticent, il s'était laissé convaincre ne serait-ce que pour être un moment seul et se débarrasser de la terre sous ses ongles. À la sortie, ses vêtements sales avaient été remplacés par un nouveau kimono et de nouvelles getas; rien de luxueux, mais la rapidité avec laquelle les habitants avaient déniché tout ça était troublante. À croire qu'ici, tous le monde vénérait Seokjin au point de se plier en quatre pour ses invités...

À moins que ça ne soit à cause de la peur d'un châtiment ?

Songeur, Namjoon n'était pas en mesure de trancher. Sa logique lui dictait qu'une créature aussi sévère que Seokjin ne pouvait qu'être crainte. Une conclusion renforcée par la démonstration de force de tout à l'heure. Son cœur, en revanche, lui disait que ce n'était pas de la peur qu'il lisait dans les gestes des villageois. Au final, c'était peut-être un savant mélange des deux.

Un énième visiteur toqua et entra avec une soupe au fumet odorant. Namjoon fit tout son possible pour l'ignorer alors qu'il massait distraitement sa cheville. La nuit était tombée, et l'attente ainsi que le bain avaient creusé son appétit. C'était difficile de résister devant tant de cadeaux, et c'était terriblement gênant de voir des anciens s'incliner devant lui. Le villageois déposa son offrande et s'éclipsa comme les précédents: en marche arrière. Le tableau aurait pu être parfait s'il n'y avait pas eu deux détails déplaisants.

Une archère était postée devant la porte –Namjoon l'apercevait chaque fois que quelqu'un ouvrait– et les autres devaient sans doute faire le pied de grue ailleurs dans la maison. Craignaient-elles une attaque ? Mais de qui ? Namjoon avait la dérangeante sensation d'être soit un seigneur important, soit un prisonnier de luxe qui ne devait pas s'échapper.

La prêtresse au sabre semblait d'ailleurs faire de sa sécurité une affaire personnelle. Elle veillait sur lui sans relâche, assise en tailleur de l'autre côté de la table. Son katana reposait à ses côtés, mais elle n'y accordait aucune attention; cette dernière était entièrement dirigée vers Namjoon. Son attitude défensive de tout à l'heure avait laissée place à une déférence toute particulière à son égard, comme s'il avait soudain le même statut que Seokjin à ses yeux. Celui d'une divinité, ou de quelque chose d'équivalent.

Namjoon avait d'ailleurs essayé de la questionner deux ou trois fois pour en apprendre plus sur cet endroit, mais sans grand succès jusque-là. Il ne posait peut-être pas les bonnes questions.

« Vous ne mangez pas ? lança Namjoon en regardant les plats qui s'accumulaient sur la table.

– Tout ça est pour vous, répondit-elle poliment.

– Mais pourquoi ?

– Vous êtes un invité.

– J'ai plutôt l'impression d'être un prisonnier, avoua Namjoon.

– Vous pouvez aller où bon vous semble, assura la prêtresse. Mais il n'est pas prudent de sortir la nuit sans escorte. »

Namjoon ne répondit rien. Il plissa les lèvres et son expression en disait pourtant long. Peut-être que c'était vrai, qu'il pouvait réellement se lever et partir sans qu'on le retienne. S'il le faisait, allait-elle le suivre ? Namjoon se dit que même s'il demandait où se trouvait les toilettes, elle serait sur ses talons. De toute façon, il n'avait aucune raison de partir et il n'était pas dupe; s'il voulait des réponses, il devait sagement attendre le retour de Seokjin. Il ne pouvait pas non plus traverser le puit sans aide.

Namjoon réprima un soupir. Son regard s'attarda sur un bol de riz encore chaud. Un met simple, mais qui suffisait à donner l'eau à la bouche. Il ne se rappelait pas de la dernière fois qu'il avait vu autant de nourriture. La soupe et le pain qu'il mangeait au temple faisait pâle figure à côté de tout ça. Sauf qu'il n'osait pas se servir.

« Vous ne voulez vraiment rien manger ? marmonna Namjoon, gêné par le nombre de plat sur la table. Ça va refroidir. »

La prêtresse fit signe que non, si polie et si neutre que c'en était presque agaçant.

« Ce sont des cadeaux, dit-elle. Pour vous.

– Je n'ai pas faim.

– Comme il vous plaira. »

Elle ne perdit rien de son sérieux, alors Namjoon abandonna encore la discussion. À la place, il regarda en direction de la fenêtre pour tenter d'apercevoir quelque chose –et accessoirement éviter la tentation– sauf que ce n'était qu'un carré de noirceur. Dehors, les grillons délivraient un concert discret. Il réprima un bâillement.

« Voulez-vous que je prépare un futon ? proposa la prêtresse, déjà prête à se lever.

– Non merci, refusa Namjoon. Qu'est-ce qui lui prend autant de temps...?

– Son Excellence ne va sans doute plus tarder.

– Vraiment ? marmonna Namjoon en croisant les bras, bougon. Il n'est pas pressé. »

Le silence reprit ses droits, lourd et désagréable. La prêtresse ajouta soudain:

« Il vous a attendu longtemps sans perdre espoir. Alors s'il vous plaît, patientez encore quelques minutes de plus. »

Son ton n'avait rien d'accusateur, au contraire, il sonnait comme une demande. Mais les mots résonnèrent autrement pour Namjoon, qui décroisa les bras.

« Il m'a attendu ?

– Bien sûr, acquiesça la prêtresse sur un ton d'évidence. Comme nous tous ici, nous avons attendu votre retour.

– C'est impossible et ça n'a aucun sens, répliqua Namjoon. Rien de tout ça n'a de sens, je ne connaissais même pas Seokjin il y a... »

Il se tut, incapable de donner un chiffre précis. Combien de semaines s'étaient écoulées depuis qu'il séjournait au temple ? Il avait la sensation incorrecte d'y avoir toujours vécu, parce qu'il n'y avait rien avant cela, sauf que c'était tout bonnement impossible. Ce trou de mémoire soudain le perturba, si bien qu'il commença à avoir mal au crâne.

« Je ne le connais pas depuis longtemps, conclut Namjoon en cachant son trouble derrière un froncement de sourcil. Alors je ne vois pas quand il aurait pu m'attendre et encore moins pourquoi...

– Vous ne vous souvenez vraiment pas de lui ? demanda la prêtresse, tout à coup intriguée.

– Non.

– Et le village ?

– Comment je le pourrais ? s'étonna Namjoon. Je n'ai traversé le puit que deux fois, dont une aujourd'hui. Si je vous connaissais, je m'en souviendrais.

– Pourtant vous êtes venu de nombreuses fois, corrigea la prêtresse. Même si vous avez grandi depuis, je me souviens que vous veniez souvent au village. Vous aimiez surtout vous baigner dans le ruisseau et jouer dans les bois. Une fois, vous vous êtes aventuré si loin que nous vous avons perdu de vue, et tous le village s'est mis à votre recherche. Son Excellence était morte d'inquiétude.

– Quoi ? Ça ne me dit rien du tout...

– Les enfants oublient beaucoup de chose en grandissant. »

Ce n'est pas que ça, songea Namjoon, frustré. Parce qu'il ne se souvenait vraiment pas de cet endroit et de ces gens. Pas une seule image, même pas le plus petit fragment. Quant à imaginer Seokjin être mort d'inquiétude pour lui, ce n'était pas impossible mais tout de même... Les souvenirs qu'elle évoquait n'existaient tout simplement pas dans sa mémoire, comme si ce n'était pas lui qui les avait vécu, mais une autre personne.

Soit tout le monde ici avait un problème, soit... c'était lui, le problème.

« Vous devez me confondre avec quelqu'un d'autre, insista Namjoon.

– C'est impossible, certifia la prêtresse, convaincue. Son Excellence n'a eu qu'un seul protégé et il n'oublie jamais un visage, surtout le vôtre. »

Elle semblait si persuadée que Namjoon ne remit pas en cause ses paroles troublantes une seconde fois. À la place, il tenta de les assimiler. S'ils avaient tous raisons, alors comment avait-il pu tout oublier...? Il essaya de s'imaginer étant petit, dans ce même décor. Plus il y songeait, plus il avait mal au crâne. La douleur tapait à présent dans sa tempe gauche tel un métronome.

« Donc vous me connaissez, conclut Namjoon avec difficulté. Et tout le monde au village me connait aussi...?

– Bien entendu, acquiesça la prêtresse. Je suis désolée de ne pas vous avoir reconnu tout de suite, tout à l'heure. Tant d'années se sont écoulées...

– Pas grave, marmonna-t-il. Vous êtes des esprits ? »

Elle fit signe que non.

« Nous vivions de l'autre côté, expliqua-t-elle. Mais c'était il y a très longtemps.

– Comment ça se fait que vous soyez là maintenant ?

– Son Excellence était satisfaite de nos offrandes et de nos prières, alors elle nous a accordé le droit de vivre ici éternellement, à condition que nous prenions soin de cet endroit. Nous lui en sommes très reconnaissants. »

Il y a très longtemps, avait-elle dit... Perturbé à l'idée d'être sans doute en présence de fantômes qui ne vieilliraient jamais, Namjoon repoussa l'idée pour ne pas s'y attarder. À ce moment-là, on toqua deux coups à la porte et quelqu'un entra.

Namjoon s'attendait à un énième villageois. Il se leva précipitamment en voyant Seokjin entrer et chercha ses mots sans les trouver. La prêtresse se redressa également et l'homme-renard s'adressa à elle:

« Tu peux disposer. »

La femme s'inclina avec respect, ramassa son katana et quitta la pièce sans tarder. Namjoon se retrouva seul à seul avec Seokjin, et il devait avouer que même s'il l'avait attendu, il ne se sentait pas pour autant préparé à cette entrevue.

Et les mots lui faisaient toujours défaut.

Seokjin inspecta très rapidement la pièce du regard. Quand il vit la table garnie, il eut l'air satisfait et s'en approcha. Il scruta également Namjoon de pied en cap.

« Voilà qui est bien mieux, commenta-t-il avant de s'installer à table. Qu'est-ce que tu attends ? Rassieds-toi. »

Namjoon obéit maladroitement. L'homme-renard eut l'air de considérer les plats plus en détail et de les jauger. Quelque chose le dérangeait et Namjoon s'en rendit compte bien assez tôt.

« Tu n'as rien mangé ? demanda Seokjin en arquant un sourcil. Il y a un problème avec les plats ? Ce n'est pas bon ?

– Non aucun problème, bafouilla Namjoon. Mais tout ça... c'est beaucoup trop et je ne peux pas accepter.

– Je croyais que ta timidité s'était envolée mais il faut croire que non, observa le renard. En tout cas, c'est la moindre des choses pour les torts qu'ils ont causés. Allez, sers-toi. »

Namjoon aurait sans doute argumenté il y a dix minutes, mais son estomac lui dictait le contraire à présent. Il prit des baguettes et se concentra sur les plats. Incapable de se décider, il opta pour le plus simple; du riz. Au départ, ce fut très étrange, car le renard semblait l'observer manger. Namjoon eut du mal à déglutir, si bien qu'il toussa au moins deux fois.

« Ne mange pas trop vite, conseilla Seokjin.

– Pardon, bafouilla Namjoon, gêné. Et toi, tu ne manges pas ?

– Cela te mettrait-il plus à l'aise ? »

Namjoon acquiesça, alors Seokjin prit enfin des baguettes et ils mangèrent dans un silence partiel, sans échanger. C'était la première fois qu'il prenait un repas avec le renard et ce dernier, fidèle à son caractère, se révéla très sélectif avec la nourriture. Il s'écoulait de longues secondes entre chacune de ses bouchées, comme si le dieu cherchait à gagner du temps.

Namjoon se remémora ce que Jimin lui avait dit un jour. Seokjin n'appréciait pas la nourriture humaine, à l'exception du thé. Est-ce qu'il se forçait pour lui faire plaisir ?

Quoi qu'il en soit, Namjoon termina de manger bien avant lui. Son mal de tête s'était suffisamment atténué pour lui donner les idées claires. Il n'attendit donc pas que Seokjin ait posé ses baguettes:

« J'aimerais comprendre ce qui se passe ici, annonça-t-il. Les autres disent qu'ils me connaissent et que je suis déjà venu plusieurs fois quand j'étais enfant. C'est vrai ?

– Oui, répondit calmement Seokjin. Ils disent vrai. »

Ça ne semblait pas le ravir de l'admettre aussi clairement, bien au contraire. S'il l'avouait, c'était qu'il y était forcé. Il reposa ses baguettes et entremêla ses doigts. Namjoon le trouva bien imperturbable, mais d'une immobilité anormale. En fait, il lui paraissait même un peu inquiet, sans qu'il ne sache vraiment comment justifier cette impression. Ses queues de renard ne remuaient pas dans son dos et même sa posture n'était pas tout à fait comme d'habitude. Craignait-il tant ses questions ? Avait-il retardé sa venue pour cette raison ?

« Pourtant je ne me rappelle de rien, annonça Namjoon. Ni de toi, ni de tous ces gens. C'est comme si c'était la première fois que je venais dans ce village. Le seul truc qui me dit vaguement quelque chose, c'est cet arbre...

– Ton cerisier, corrigea Seokjin. »

Namjoon ne releva pas l'usage du possessif. Étrangement, ça ne l'intriguait pas.

« Ça fait un moment que j'en rêve toutes les nuits, continua-t-il. Et presque à chaque fois, il y a quelqu'un qui m'accompagne.

– Qui donc ? pressa Seokjin.

– Je n'en sais rien, c'est tellement flou et confus. C'est peut-être quelqu'un du village... »

Il avait émit cette hypothèse, mais il n'y croyait pas lui-même; si les villageois résidaient ici depuis longtemps, ils ne traversaient sans doute jamais le puit. Hors, Namjoon était quasi certain que l'inconnu de son rêve l'amenait depuis l'autre côté. Ça ne pouvait être que quelqu'un du temple...

L'homme-renard se servit une tasse de thé, mais ses gestes étaient raides. Chose surprenante également, c'était bien la première fois que Namjoon le voyait se servir tout seul. Il passa outre cette anomalie.

« Je rêve aussi d'un tas d'autres trucs, mais impossible de me souvenir, ajouta Namjoon en voyant que l'autre ne répondait rien. Je suis sûr que c'est aussi en rapport avec cet endroit.

– Les rêves n'ont parfois pas de significations, trancha Seokjin.

– Ceux-là en ont, répliqua Namjoon.

– C'est pour ça que tu as fait appel à ce baku ? »

Son ton sonnait comme un reproche. Namjoon déglutit, mais fit face.

« Jungkook m'aide à me souvenir. Il dit qu'on peut découvrir un tas de chose avec les rêves et je le crois.

– Il profite de toi. Tout ce qui intéresse, c'est ce qu'il te prendra en échange. Tu ne devrais pas t'associer à lui, tu as mieux à faire. »

Namjoon secoua la tête pour objecter. Il avait l'intuition que Seokjin ne craignait pas pour sa sécurité, mais pour autre chose encore. Sinon, il aurait fait le nécessaire pour éloigner Jungkook bien avant cela, il en était persuadé.

« C'est vrai que c'est mieux d'astiquer le plancher jusqu'à la fin des temps, ironisa Namjoon en croisant les bras. »

Seokjin garda le silence. Comme sa pique ne créa aucun rictus sur le visage imperturbable du dieu, Namjoon eut l'envie irrépressible de le faire réagir en frappant plus fort. Il décroisa les bras, décidé à se faire entendre.

« De toute façon, le temple tombe en ruine. S'il ne finit pas par s'effondrer, alors il sera démoli. C'est pareil pour le cerisier. »

Seokjin sourcilla. Namjoon sut qu'il avait touché une corde sensible. C'était la deuxième fois qu'il réagissait à la mention du cerisier.

« Ça n'arrivera pas, assura la divinité. Pas tant que je serai là.

– Tout finit par disparaître, insista Namjoon. Dieu ou pas, tu ne peux pas tout contrôler. Même les arbres vieillissent et tombent. »

Il ne laissa pas Seokjin répliquer et enchaîna, prit dans sa lancée:

« De toute façon ce n'est qu'un arbre, il n'a rien de spécial.

– C'est ce qu'il représente qui lui donne sa valeur, pressa Seokjin.

– Et qu'est-ce qu'il représente alors ? »

Ils y étaient. Le cœur du sujet, ce que Namjoon cherchait à découvrir. Le regard de Seokjin tomba au fond de sa tasse.

« Une promesse, dit-il.

– Quel genre de promesse ? »

Seokjin balaya sa question d'un geste de la main. Il avait sans doute été trop loin. Une idée qui se confirma quand l'homme-renard délaissa sa tasse pour se lever. Il n'avait même pas bu une gorgée.

« Tu t'en vas déjà ? lança Namjoon sur un air de défi. Le sujet te dérange alors tu t'enfuis ? »

Seokjin ne tourna pas la tête pour le regarder, ce qui ne fit que confirmer les accusations. Il demeura pourtant bien en place, figé sur ses pieds. Frustré, Namjoon se leva à son tour malgré sa cheville qui le lançait, et contourna la table basse pour forcer Seokjin à lui faire face.

« C'est quoi cette promesse ? insista Namjoon. Qui l'a faite ? Et à qui ?

– Ça ne te regarde pas, essaya Seokjin, sans grande conviction. Ta cheville, tu es tombé ?

– Bien sûr que ça me concerne, argua Namjoon en ignorant sa question. C'est mon cerisier. Ça a un rapport avec toi ? »

Seokjin le regarda brusquement et détailla rapidement son visage. Il semblait si proche de tout avouer... et à la fois à des milliers de lieues.

« La seule chose qui compte est que tu sois là maintenant, assura-t-il. Le reste n'a pas d'importance, crois-moi.

– Mais c'est important pour moi, insista Namjoon, qui sentait que la discussion lui échappait alors qu'il était si près du but. J'ai besoin de savoir. Il faut que je me rappelle, il faut que... »

Seokjin leva une main pour effleurer le col de son kimono et remonter jusqu'à sa joue, qu'il n'osa pas toucher pour une raison inconnue. Il secoua lentement la tête et son ton sembla presque suppliant:

« Je t'en prie, n'essaie pas de te souvenir... »

La demande était si étrange qu'elle laissa Namjoon sans réponse. Il se demanda un instant si le renard n'essayait pas de le protéger de quelque chose de véritablement grave. Mais dans ce cas, pourquoi tant de mystère ? Qu'y avait-il de si dangereux au bout de ce chemin ? Comme il semblait hésiter, Seokjin ajouta encore:

« S'il te plaît, Namjoon. »

Ce dernier tourna la tête pour ne plus voir l'expression sincère de Seokjin. C'était la première fois qu'il le voyait ainsi, et ça le perturbait pour une raison qu'il ignorait. Son cœur tambourinait au fond de sa gorge, et plus encore lorsque l'homme-renard se rapprocha pour passer une main hésitante dans son dos, comme s'il craignait que Namjoon ne s'en aille. Mais là encore, comment le pourrait-il ? Il se laissa étreindre sans opposer de résistance.

« Ce qui compte, c'est que tu sois là, répéta Seokjin. Tu n'auras plus jamais à t'inquiéter du reste. »

Namjoon posa ses mains dans son dos sans oser le toucher vraiment, tant ce contact lui paraissait incongru. En réponse, Seokjin passa ses doigts derrière son crâne, puis sur sa nuque; ils étaient à peine plus chauds que sa peau.

Namjoon songea à parler, à briser ce silence étrange, mais il ne trouva rien à dire et l'étreinte se cassa à ce moment-là. La tiédeur commençait à peine à s'installer lorsque Seokjin le lâcha pour faire un pas en arrière.

« Il faut s'occuper de ta cheville, annonça Seokjin. Tu n'auras plus à t'acquitter des tâches ou des corvées dorénavant. Ton corps a besoin de repos. »

Après quoi il zieuta la porte.

« Tu ne restes pas ? lança Namjoon, encore perturbé par ce qu'ils venaient de partager.

– Si c'est ton souhait, alors je resterais.

– C'est juste que... je ne connais personne ici, se justifia Namjoon. Et puis ils ne sont pas très bavards. »

Seokjin sembla esquisser un sourire, très bref et léger. D'un geste embarrassé, Namjoon passa ses doigts dans son propre cou; pile là où ceux du renard s'étaient posés. Il ôta sa main lorsqu'il le réalisa.

« Je vais faire quérir les futons, annonça Seokjin, l'air de ne pas avoir remarqué son trouble. »

[...]

Namjoon se réveilla peu avant l'aube, alors que les oiseaux n'avaient pas encore entamé leur chant matinal. Quand il se tourna sur l'autre flanc, il vit que le deuxième futon était déjà vide et plié. Seokjin n'était plus là, mais il ne doutait pas qu'il reviendrait bientôt, sans doute pour déjeuner avec lui et le raccompagner au temple. Namjoon vivait sûrement les dernières heures de ce côté-là du puit, dans cet été infini où il avait laissé des souvenirs inatteignables.

La veille, Seokjin lui avait demandé de ne pas se souvenir, et il n'avait rien dit, comme s'il avait accepté cette demande étrange. En réalité, ses convictions n'avaient pas changées. Namjoon n'avait pas l'intention d'abandonner, pas maintenant alors qu'il savait que c'était si important. Pas alors qu'il se sentait proche du but.

Pourquoi Seokjin se donnerait tant de peine pour dissimuler des choses si ce n'était pas capital ? Namjoon devait se souvenir, peu importe comment.

Et il avait déjà une idée de plan.


— 정신

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