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03.


— 정신

Namjoon posa sa valise au pied du lit. Les motifs des draps étaient démodés depuis plus de trente ans et la tapisserie vieillotte faisait paraitre la chambre plus petite encore, alourdissant la vue et envahissant son nez d'une drôle d'odeur. Il y avait tout juste la place pour une personne.

L'air sentait le moisi, alors Namjoon alla ouvrir l'unique fenêtre pour aérer. Un instant, il eut du mal à décoincer le battant, si bien qu'il craignit de ne pas pouvoir refermer plus tard et de dormir à la merci des moustiques. De l'air tiède entra, balayant la poussière qui s'était accumulée sur le plancher. Namjoon se pencha par l'ouverture et jeta un coup d'oeil dehors.

Sa chambre donnait sur l'avant de l'auberge, et il voyait presque le chemin qu'il avait fait pour venir jusqu'ici, au-delà des toits inégaux, des poteaux électriques et des jardins en friches. Comme il s'y attendait, il n'y avait pas un chat dans la rue. Le soir approchant n'attirait personne dehors. D'ailleurs, il ne devait pas y avoir un seul bar par ici, et peut-être même que la seule supérette avait fermé. Quelques nuages s'amassaient dans le lointain en prévision d'un orage.

Le silence était tel que, au bout de longs instants sans rien faire, Namjoon ressentit un mal-être insidieux et collant. C'était si étrange de se retrouver ici, dans ce village presque mort, où il avait passé quasi tous ses étés étant petit. Dans ses souvenirs, les ombres des habitants étaient vivaces, toujours en mouvement. À présent, elles semblaient toutes fanées, emportées ailleurs. Dans les tombes ou les villes.

Namjoon alla s'asseoir sur le lit. Le matelas dur émit un court grincement. Il hésita à enlever ses chaussures mais se ravisa. Le soleil n'était pas encore couché, et il n'avait aucune envie de dormir aussi tôt. Il se redressa, saisit son veston, l'enfila à nouveau et sortit, son chapeau dans une main. Il n'y aurait bientôt plus de soleil mais il préférait le prendre. En bas des escaliers et à la réception, il ne croisa personne. La vieille femme n'était pas ici. Il sortit sans un bruit.

Namjoon remonta la rue sans véritablement savoir où il se dirigeait. Il ne reconnaissait pas grand chose, et pourtant rien ne semblait avoir bougé depuis des années. En témoignaient les jardins laissés à l'abandon, les volets clos et le calme absolu. Il n'y avait pas d'école dans le village, et pas d'enfant non plus pour animer le paysage. Namjoon se souvenait que, plus jeune, sa grand-mère l'envoyait faire les courses à l'unique épicerie du coin. À l'époque, il y avait quelques gamins qui sortaient jouer au ballon dejorsans les rues où jamais une voiture ne s'aventurait. Tous ces enfants devaient avoir son âge à présent. Ils étaient peut-être tous partis, faute d'avenir ici.

Ce n'est qu'en tournant à gauche à une intersection, puis en obliquant à droite après une fontaine asséchée que Namjoon réalisa où ses pas le menaient. Inconsciemment, il se dirigeait vers la maison de sa grand-mère, qu'il trouva quelques mètres plus loin. Il s'arrêta devant le portillon et observa un instant la façade ternie et les volets clos. Avec un poids sur le coeur, Namjoon poussa le portique grinçant et avança sur les dalles jusqu'au perron. Il grimpa les deux marches et se retrouva sur le seuil sans savoir quoi faire ensuite.

Il hésita longuement à entrer. Après tout, ça pouvait attendre demain, il avait prévu du temps pour ça. Pourtant, Namjoon fouilla dans la poche de son veston et en sortit un trousseau de clés. La première qu'il essaya dans la serrure fut la bonne. Le destin ou le hasard, deux mots auxquels Namjoon ne voulait pas penser.

À l'intérieur, absolument rien n'avait changé. Pas un seul centimètre carré. Son regard passa sur la commode à l'entrée, puis sur la tapisserie et le porte-parapluie en bois. Par réflexe, il s'essuya les pieds sur le paillasson avant d'entrer, bien que le temps était sec. L'odeur était pire que dans sa chambre à l'auberge; la maison empestait le renfermé, car elle n'avait pas été ouverte depuis plus de trois ans. Depuis le décès.

En y songeant, Namjoon sentit une vague de tristesse passer sur lui, comme si quelque chose venait de le traverser. Il aurait beau tendre l'oreille, il n'entendrait pas la voix de sa grand-mère lui demander s'il n'avait pas oublié les œufs. Le coeur serré, Namjoon n'alla pas plus loin que le bout du couloir. Il sortit, referma à clé et retraversa l'allée jusqu'au portillon. Il n'était plus d'humeur à ressasser de vieux souvenirs.

À présent morose, il continua sa balade à travers le village. Plus il pensait à sa grand-mère, et plus il se sentait mal. Quelque part au fond de lui, il s'en voulait. Était-ce parce qu'il n'était pas venu à l'enterrement ? Parce qu'il ne revenait que maintenant, après un si long silence ? Il ne lui avait même pas dit adieu.

Namjoon repéra un temple non loin. Confus, il ne se souvenait pas de ce bâtiment, et encore moins dans cette rue. Il approcha avec son chapeau en main. Peut-être pourrait-il rendre un dernier hommage –celui qu'il n'avait pas donné– à sa grand-mère et se soulager de ce poids ? Il lui devait bien ça.

L'ancien bâtiment, debout au fond de la rue, se dressait là parmi l'herbe en friche d'un terrain délimité par de grandes barrières de roseaux. Le temple n'était pas très grand et en bien piètre état. La peinture rouge du bois était écaillée, quasi inexistante par endroit, et le toit abîmé et vieux. Les tuiles étaient envahies de mousse et ternies par le temps, bien plus que sur les autres maisons du village, comme s'il avait été construit bien avant tout le reste.

Tout était à l'abandon, c'était évident. Les villageois n'avaient probablement pas de quoi l'entretenir ou peut-être que plus personne ne voulait s'en occuper. La question resta en suspend.

Namjoon avança sur le terrain en friche et marcha d'un pas hésitant sur les larges dalles qui traçaient un chemin sinueux jusqu'à l'entrée. Les pauvres pierres étaient recouvertes de mauvaises herbes, lesquelles formaient comme de longs doigts entremêlés.

Namjoon s'arrêta à l'entrée de la bâtisse. De plus près, elle ne lui inspirait plus confiance. L'endroit était imposant et le temple paraissait dormir d'un sommeil profond, telle une créature en hibernation. Deux statues défigurées aux corps de chien gardaient l'entrée de chaque côté, et la fontaine qui servait à la purification était asséchée.

« Il y a quelqu'un ? lança Namjoon, sans obtenir de réponse si ce n'est le souffle du vent, semblable à de longs soupirs de désolation. »

La porte coulissante était fermée, interdisant tout passage. Les bras ballants, il n'osa pas faire le moindre geste. Namjoon n'osait pas entrer, de peur de tomber nez à nez avec quelqu'un, ou quelque chose. L'idée que, peut-être, des esprits malfaisants occupaient les lieux provoqua chez lui un froncement de sourcil. Il se rassura immédiatement en se disant que ce genre de chose n'existait pas. Les esprits ou les démons, ce n'étaient que des éléments de contes et de légendes, rien de concret, rien de réel. Il n'avait pas à s'en faire pour ça.

Il s'apprêtait à abandonner son idée et à faire demi-tour lorsque la porte coulissa dans un claquement sec. Namjoon sursauta et manqua de trébucher quand il recula par réflexe.

Avait-il rêvé ou la porte s'était ouverte toute seule ?

« Il y a quelqu'un ? lança Namjoon. »

Pas de réponse. Personne ne se montra à lui, et encore moins celui ou celle qui avait libéré la voie. Namjoon avança de quelques pas prudents, croyant à une mauvaise plaisanterie. Il jeta d'abord un furtif coup d'œil à l'intérieur et, en constatant qu'il n'y avait vraiment personne, se décida à entrer pour assouvir un élan de curiosité.

Un pas après l'autre, il avait la désagréable impression d'être un intrus dans ce lieu dédié à une divinité dont il ignorait le nom. Il avança dans la semi-obscurité. Un bruit de fracas le fit brusquement sursauter. Namjoon se retourna, le cœur battant. Il n'y avait plus de lumière. La porte s'était refermée aussi violemment qu'elle s'était ouverte. Immobile dans l'obscurité, Namjoon sortit son téléphone et activa la lampe de poche. La poussière dans l'air flottait dans le faisceau de lumière. Il constata avec une stupeur dérangeante que derrière lui, la porte coulissante était belle et bien close. Il éclaira tout autour de lui en serrant son chapeau dans sa main libre.

Namjoon avança et découvrit un autel à quelques mètres devant lui. Il y avait une statue dorée, couverte de poussière, qui représentait un bouddha assis, ses bras étendus paumes vers le ciel. Il fut très surpris de voir un objet aussi précieux ici, dans un temple aussi délabré. Que personne ne l'ait volé ou vandalisé relevait du miracle.

Dans la complexité de la sculpture, Namjoon crut aussi reconnaître une forme animale en harmonie avec l'élément centrale, en plein mouvement malgré l'immobilité certaine de la matière. L'animal sculpté dans le même or que le bouddha représentait un renard doté de plusieurs queues. Ces dernières se confondaient avec les bras du bouddha.

« Qui ose venir en ce lieu ? »

Namjoon sentit son corps se tétaniser et son téléphone lui échappa. Il fut momentanément aveuglé avant d'être plongé dans le noir complet quand l'objet heurta le sol. Il voulut se baisser mais une forte bourrasque l'en empêcha. Un vent s'éleva dans la pièce, sifflant dans ses oreilles si fort que Namjoon en fut désorienté. Il se laissa tomber à genoux, de peur d'être renversé. Son chapeau lui échappa et ses mains tâtèrent le sol à la recherche de son téléphone.

Le vent battait si fort autour de lui qu'il crut être au coeur d'une tornade. Puis les bourrasques tombèrent d'un coup, disparaissant comme par magie alors que dans toute la pièce, des bougies s'embrasèrent, éclairant de leurs flammes tremblantes les murs de papier.

Namjoon écarquilla les yeux de stupeur et regarda autour de lui avec frénésie. Là, juchée en équilibre sur la statue d'or, se trouvait une silhouette tournée vers lui.

C'était un homme en kimono. De lourds bracelets pendaient à ses poignets et il semblait resplendir à la lumière des flammes.

Mais ce qui laissa Namjoon sans voix, ce furent les longues queues qui se balançaient doucement derrière lui. Des queues de renard.

— 정신

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