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La petite école

C'était en 1978. J'avais vingt ans et je venais de terminer ma formation d'institutrice. J'étais arrivée dans un village de huit cents habitants avec deux écoles : l'école communale et l'école catholique où j'allais effectuer mes premiers pas dans l'enseignement. La classe qui m'était dévolue comptait huit élèves âgés de huit à dix ans ! C'était un plaisir de travailler dans ces conditions : je pouvais m'occuper de chaque enfant.

Juan

La veille de la rentrée, on m'avait mise en garde concernant un élève particulièrement difficile. Juan était un enfant révolté qui avait déjà fugué plusieurs fois l'année précédente. Son père était décédé dans un accident de travail et Juan vivait avec son petit frère et sa maman souvent absente, car elle devait travailler.

Les premiers jours de classe, j'étais un peu anxieuse. Un épisode est resté gravé dans ma mémoire. Il faisait encore chaud et les fenêtres étaient ouvertes. Nous étions en train de recouvrir les livres et les cahiers de papier coloré. Pour une raison que j'ignore, Juan s'est mis en colère et a jeté tous ses livres et ses cahiers par la fenêtre. Par chance, personne ne passait par là ! Il y eut un silence. Tous les enfants retenaient leur souffle. Comment la nouvelle institutrice allait-elle réagir ? Devant cette situation inattendue et plutôt cocasse, je n'ai pu m'empêcher d'éclater de rire. Juan a été déconcerté. D'habitude, il se faisait gronder. Mon fou-rire passé, je ne savais pas que dire. Que faire pour ne pas perdre mon autorité ? J'ai décidé de me donner le temps de réfléchir. J'ai dit à Juan : « Maintenant, tu vas chercher tes livres et tes cahiers, et, ce soir, après la classe, nous allons parler, tous les deux. » L'enfant avait le temps de se faire un peu de souci et j'avais le temps d'élaborer une stratégie. Après la classe, nous nous sommes retrouvés seuls, tous les deux. Je le voyais mal à l'aise, se demandant quelle punition allait lui tomber sur la tête.

– Ça t'arrive souvent de te mettre en colère comme ça ?

Juan regardait le bout de ses chaussures.

– Heu, des fois.

– La prochaine fois que ça t'arrive, tu n'as pas besoin de jeter tes livres et tes cahiers par la fenêtre. Tu n'as pas besoin de me dire quelque chose. Tu sors de la classe, tu vas dehors, tu cours tout autour de l'école jusqu'à ce que tu sois calmé. Et après, tu reviens en classe.

Juan est allé une ou deux fois calmer sa colère dehors. Ensuite c'était fini. Je n'ai plus eu de difficultés avec lui.

François et Christian

On ne parlait pas encore de « famille recomposée ». Pourtant... Christian venait d'avoir une demi-sœur. Quant à la famille de François, elle avait accueilli et adopté une petite fille d'un autre continent. J'ai été témoin d'une discussion très animée entre les deux enfants autour de la question : laquelle des deux filles était « la plus sœur ». C'est François qui a gagné cette joute oratoire en disant d'un ton péremptoire : « C'est ma sœur qui est « le plus ma sœur » parce que nous, on l'a choisie ! »

Sylvie et Laurent

Sylvie était l'unique fille de la classe. Elle devait apprendre à tricoter tandis que les garçons pouvaient réaliser des bricolages dans les activités manuelles. Sylvie aurait bien aimé parfois abandonner le tricot pour laisser libre cours à sa créativité. Laurent, lui, regardait avec envie Sylvie tricoter. Les autres garçons se moquaient de lui. J'ai vérifié s'il souhaitait vraiment apprendre le tricot et je lui ai enseigné la maille endroit et la maille envers en lui promettant une surprise. Une fois qu'il avait compris les rudiments du tricot, je lui ai proposé de réaliser un petit chat au tricot. Les moqueries ont cessé. Bientôt tous les garçons voulaient apprendre à tricoter... Bien sûr, en ce temps-là, il n'était pas encore question du « genre » !

Daniel et Pierre

Daniel et Pierre étaient frères. Pierre était l'aîné. Joli garçon, il était doué pour tout. On admirait son écriture soignée. Daniel avait quelques kilos de trop, une bouille ronde avec des cheveux qui lui tombaient dans les yeux, un regard fuyant. Il était pataud et peu à l'aise dans son corps. Pour couronner le tout, il était gaucher et ses travaux écrits étaient souvent ornés de taches ou de pâtés... Un jour où nous avions réalisé en groupe un beau tableau avec des collages, Daniel s'était lancé sur le chef-d'œuvre et l'avait en partie détruit. Là aussi, il fallait trouver une stratégie. Je me suis procuré un cobaye qui a été prénommé Caroline. C'était un petit animal à fourrure tricolore, qui était affectueux et aimait les caresses. J'aurais aimé que la responsabilité de Caroline soit confiée à Daniel. Nous avons tiré au sort qui s'occuperait de Caroline. Le sort est tombé sur Daniel. Les enfants n'ont pas su que le nom de Daniel figurait sur tous les papiers qui se trouvaient dans le chapeau ! Daniel s'est acquitté consciencieusement de sa tâche jusqu'au jour où... Caroline ne supportait pas la voix du curé qui venait pour la leçon de catéchisme. Elle se mettait à crier dès qu'elle l'entendait et le curé en était agacé. Pour éviter des problèmes, j'avais pris l'habitude de déposer Caroline sur le bord de la fenêtre, à l'extérieur, quand c'était le moment du catéchisme. Ce jour-là, nous avions enlevé sa maison de carton qui était sale. Nous n'avions pas encore mis un nouveau carton dans sa cage. Le soleil a tapé un peu trop fort et Caroline, sans abri, est morte, victime d'une insolation. Je m'inquiétais pour Daniel... mais les enfants voulaient tous se cotiser pour acheter un nouveau cobaye, pour consoler l'institutrice !

Daniel, lui, commençait à aller mieux. À la gymnastique, je lui avais expliqué que ce n'était pas important s'il n'arrivait pas à sauter aussi loin que les autres. L'important, c'était qu'il s'entraîne à améliorer son propre record. J'avais convoqué la maman de Daniel pour parler avec elle des difficultés de son fils. Elle est venue avec Daniel – ce qui n'était pas prévu – et elle n'a pas cessé de parler de son aîné Pierre qui avait toutes les qualités et était visiblement son préféré, tandis que Daniel ne lui donnait que des soucis. Ce jour-là, j'ai compris que la vie serait difficile pour Daniel et je l'ai toujours encouragé. On obtient davantage d'un enfant en l'encourageant plutôt qu'en le punissant. Les encouragements sont aussi précieux pour les adultes, non ?

***

Que sont-ils devenus ?

J'ai perdu la trace de Juan. Son petit frère est mort d'une overdose quelques années plus tard. François, l'enfant qui défendait avec véhémence sa sœur adoptive, a fait des études de droit et est actuellement maire de la ville où il habite ; c'est à lui que je m'adresse quand j'ai des questions d'ordre juridique. Laurent, qui voulait apprendre à tricoter, est devenu peintre en bâtiment et a repris l'entreprise paternelle. Daniel et Pierre ont créé ensemble une entreprise de construction. Je pourrais imaginer que Pierre en est le directeur.


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