Je fixe l'asphalte. Les gouttes plongent dans les flaques et s'y noient.

Il fait encore nuit et il faut lever les yeux vers les lumières des lampadaires pour y voir la pluie.

Il pleut dans ton torse. Tu vas arriver et pleuvoir ta haine sur moi. Je n'ai pas de parapluie et des gouttes gelée s'écrasent sur mon visage, c'est douloureux.

Tu es là. Tu jettes ton encre en sortant du bus, et la traîne jusqu'à moi. Je me précipite pour te la porter.

La pluie, ça ne s'arrête pas en lui demandant. Il faut patienter et se mettre à l'abri. Je n'ai pas de parapluie.

Tes yeux nuageux laisser filer de grosses larmes. Ta bouche hurle comme le vent. Tes paroles me frappent tel un ouragan. Il y a une tempête sur ton visage.

Tu es ce pauvre déchet aux couleurs éclatantes mais vide de l'intérieur, on t'a déchirée pour dévorer ton contenu, et tu traînes sur le sol. Personne ne te voit, tout le monde te piétine.

Je te ramasse et te glisse dans ma poche, près de mon cœur. Si près qu'avec ta voix vermeille tu me meurtris.

Sol, La dièse, Do. Les unes après les autres, ces notes me compressent les côtes, m'étouffent le cœur, me coupent le souffle.

L'hiver arrive. Je n'ai toujours pas de parapluie.